AOL / Huff Post: les blogueurs devraient payer Arianna !

Beaucoup de cris ces derniers jours sur l’air des blogueurs citoyens escroqués par Arianna, enrichie par leur travail non rémunéré.

Compte tenu de la personnalité über-mondaine de la patronne, le rachat du blog Huffington Post par AOL peut bien être résumé par ce dessin malin  :

(Matt Wuerker dans Politico)

Mais j’ai le sentiment que les blogueurs se contredisent.

Au risque de me répéter une millième fois, la révolution de l’information de ce début de 21ème siècle c’est, avant tout et pour tous, la liberté d’écrire, comme l’imprimerie entraîna, cinq siècles plus tôt, celle de lire.

Nous le savons aujourd’hui, cette démocratisation bienvenue de l’écriture, via la prise de contrôle par le public des outils de publication et de diffusion, est permise par la fin des monopoles de la parole (presse), la disparition des barrières à l’entrée (plus besoin d’imprimerie ou de station TV), la connectivité de tous vers tous.

Doit-on donc nécessairement rémunérer celui qui a envie de s’exprimer, même si c’est chez vous, dans votre espace d’écriture ? Est-ce que les chaînes de télévision paient les experts qui viennent s’exprimer à l’antenne ?  Est-ce que, comme s’interroge justement un blogueur du NYTimes, Facebook ou Twitter paient les centaines de millions d’utilisateurs qui y déposent leurs contenus ?

Est-ce qu’Orange rémunère nos conversations téléphoniques ? Non, elle nous les fait payer ! Et va bientôt faire payer encore plus cher quand nous nous exprimerons par vidéo. Les blogueurs devraient donc payer Arianna !

Car chacun voit bien l’avantage de profiter de nouvelles plateformes pour se faire entendre, se faire connaître. En cinq ans, l’Huffington Post a dépassé en ligne l’audience de tous les journaux américains à l’exception du New York Times.

C’est une des lois du marché : la fin de la rareté et l'hyper offre, entrainent la chute des prix. Ecrire, être publié et diffusé, est devenu banal et ne suffit plus !

Et c’est bien ce qui rend chaque jour plus complexe le métier d’informer. Quand face à un mur payant sur Internet, vous pouvez d’un clic, en un dixième de seconde, obtenir la même chose – ou presque—gratuitement.

Mais je ne crois pas que les gens vont s’arrêter d’écrire et de partager parce qu’ils ne sont pas payés.

Et vous ?