Et si l'internaute se mettait à gérer ses fournisseurs...(transferts de pouvoirs - suite)

Le mouvement de bascule des pouvoirs dans la société se poursuit. Le monde des médias, de la culture, du divertissement, du logiciels, des géants du web, et des fabricants sont -- comme d'autres industries-- de grands adeptes de "la gestion de la relation client" (CRM) qui leur donne le sentiment de piloter cet échange "top down", via tous les outils modernes de marketing. Cibler, capturer, garder, gérer …., quasiment un vocabulaire de propriétaires d'esclaves !

Mais aux Etats-Unis, un courant se développe qui entend rééquilibrer cette relation, redonner l'essentiel du pouvoir au client, et lui donner la possibilité à terme de la gérer et de la piloter progressivement lui-même.

On l'appelle la "VRM", la gestion de la relation fournisseur (Vendor Right Management). Elle vise à rendre de l'indépendance au consommateur (notamment de contenus numériques) et le mettre en position de force pour protéger à son tour ses droits, ses données, leur utilisation et sa vie privée, a expliqué cette semaine à Amsterdam au Picnic Festival, Doc Searls, l'un des inventeurs de ce concept et depuis longtemps un des grands avocats américains de l'open source.

Ce "reverse marketing", ce marché piloté par le consommateur et sa demande, cette bascule dans le pilotage de la relation sont permis par les nouvelles technologies qui favorisent actuellement l'essor de l'économie de la demande ("pull") face à l'économie de l'offre "push", dominante au 20ème siècle et désormais de plus en plus "challengée".

VRM : la vengeance de l'Internaute

Ce système de VRM permet ainsi à l'internaute "de contrôler ses données, de les bloquer, de les stocker ou même de les donner, mais toujours à ses propres conditions et selon ses besoins". C'est lui qui décide des termes de son engagement.

Ce sera d'autant plus utile que se développent rapidement l'e-santé, l'e-finance et l'e-gouvernement où la protection des données personnelles est bien sûr cruciale.

Travaillant toujours avec Harvard, Doc Searls  précise que de nombreux développeurs travaillent déjà sur les VRM et qu'une soixantaines d'entreprises américaines, qui estiment que des consommateurs libres valent plus que des consommateurs captifs, les ont mis en place.

Le mouvement s'est amplifié avec la création récente, des "Custommer communs", mis à la disposition de la défense des consommateurs, sur le modèle des Creative Commons, pour les créateurs.

Co-auteur du fameux "Clutrain Manifesto", Doc Searls vient de sortir aux USA un nouveau livre : "The Intention Economy" qui défend l'idée que l'économie se développera à l'avenir bien plus autour des acheteurs que des vendeurs.