Nouveau journalisme : less is more

 

 Par Laure Nouraout, journaliste à New York - Billet Invité  

Internet a permis l’extraordinaire essor de nouvelles sources d'informations : réseaux sociaux, nouveaux sites, nouveaux usages... Avec l'inconvénient désormais majeur d'un ressenti de trop plein, alimenté par le foisonnement et la surabondance de contenus et sollicitations. Et si le futur du journalisme était justement dans la réduction des contenus pour faire moins, mais mieux ? C'est une des pistes évoquées lors de la conférence dd:IMPACT à Brooklyn la semaine dernière.

Des articles longs, sur des sujets non abordés dans les autres médias, c'est le parti pris de Narratively. Son fondateur, Noah Rosenberg, revendique une volonté de "ralentir le cycle des médias", en donnant la priorité au storytelling et en déclarant que "la narration est sexy".Narratively publie un article par jour, avec un thème différent chaque semaine. L'immédiateté est abandonnée, au profit d'une lecture à son rythme. Medium utilise le même procédé, en prônant un retour au format long. Le site Internet, encore en version bêta, floute la ligne entre contributeurs et lecteurs.

Medium

Les différents supports deviennent autant de plateformes où le lecteur peut s'arrêter pendant une minute, 30 minutes ou deux heures. Les médias ont donc le devoir de s'adapter à ces nouveaux usages en proposant différents formats, adaptés à différents moments. Une vision que défend Annie Correal, de Cowbird, qui propose "une plateforme simple, multimédia, qui permet l'expérimentation". Un parti pris par NowThisNews, avec des vidéos qui peuvent être lues sur tous les supports.

cowbird

La personnalisation est d'ailleurs un élément important, encore à ses balbutiements selon Jordan English, de Pulse. La valeur ira dans "la capacité des médias à combiner l'humain et les données", comme le souligne Brandon Melchior, du New York Times. Ce qui importe de plus en plus c'est de "prendre en compte l'audience pour laquelle sont réalisés les contenus", explique Drake Martinet, de NowThisNews. Le but du site est d'être "cet ami intelligent" qui vous propose des contenus de valeurs, qui vous intéressent. Un avis partagé par Brandon Melchior, qui assure que "c'est l'une des valeurs de base" du New York Times.

D'où l'importance de la curation (le tri sélectif) : c'est une nouvelle manière de faire du storytelling, "en donnant au public les outils nécessaires", explique Christine Kuan, d'Artsy. Elle ajoute que "la curation est un point de vue, un ordinateur ne peut pas le faire". D'autant que cette sélection permet aussi de créer des relations avec le public, une tendance qui peut profiter aux médias. "Il faut plus de curation de la part des médias, pour aider à faire sens de tous ces contenus", explique Erik Martin de Reddit, d'autant qu'un "ordinateur ne vous fournit pas de contexte".

Artsy

"Less is more", c'est finalement un retour au storytelling, à l'humain, à ce qui nous connecte les uns aux autres. Et donc finalement, à la base du journalisme, au-delà des outils, anciens ou nouveaux.

Laure Nouraout, Journaliste à New York - @LaureNouraout

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