Numérique : beaucoup d'emplois, peu de candidats

Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Directions de la stratégie et de la prospective

Secteur en pleine croissance dans un marché du travail très déprimé, le numérique fait figure d’exception : près de 10.000 offres d’emplois (dont 93% de CDI) auraient été proposées dans le domaine du numérique au dernier trimestre 2014 selon le premier baromètre publié par Cap Digital et Multiposting. Développeurs et spécialistes, particulièrement recherchés (plus des 2/3 des offres d’emplois), sont devenus une denrée rare et les entreprises manquent de candidats pour répondre à leurs besoins.

offres emploi

 Près de 30% de croissance pour les administrateurs et les métiers autour de la data

Probablement un phénomène unique sur le marché de l’emploi, les offres d’administrateurs et d’analystes de l’information connaissent une augmentation de près de 30% en un an. Pour Stéphane Distinguin, président de Cap Digital, "ce chiffre est un véritable indicateur de transformation", prouvant que les entreprises françaises basculent vers une activité plus numérique. La demande en spécialistes par exemple témoigne de l’émergence de questions de plus en plus spécifiques comme la sécurité, la gestion des données personnelles…

Chez les développeurs aussi, les métiers « data » (data scientist, ingénieur big data..) ont le vent en poupe, en augmentation de 25,5% en un an.

A l’inverse, les métiers marketing, vente et communication, ne représentent qu’1% des offres totales dans le numérique, en baisse de 24% par rapport à 2013. Cela s’expliquerait par le basculement des compétences classiques demandées vers des compétences plus « numériques », comme le référencement par exemple.

Pénurie de candidats

La mauvaise nouvelle, c’est qu’il est de plus en plus difficile pour les entreprises de recruter, et particulièrement des développeurs et des spécialistes ; alors même que ces derniers se voient souvent offert un CDI 4 mois avant la fin de leur formation, a précisé Stéphane Distinguin.

A contrario, le traitement de l’information et marketing, communication, vente sont les postes les plus attractifs pour les candidats.

attractivité

 « Ce premier baromètre confirme la montée du numérique avec une augmentation continue de la demande pour ces métiers. Tout semble indiquer qu’il s’agit d’un accroissement continu, mais il y a un réel décalage entre l'offre et la demande qui augmente progressivement. Mais le volume de candidats n'augmente pas suffisamment vite, ce qui accroît les tensions sur le marché du recrutement. Le baromètre Cap Digital nous permettra de monitorer cette tendance dans le temps » a affirmé Simon Bouchez, Directeur Général de Multiposting.

 Guerre des talents

 « Ce qui nous réunit tous, les petits, les grands, les industriels, les universitaires, les français, les internationaux, c'est la recherche de talents » a déclaré Stéphane Distinguin. Et de préciser, que pour certains métiers, il faut être plus que réactif. « Si un développeur ne trouve pas de travail ici, il part pour la Silicon Valley », où les stages de trois ou quatre mois sont rémunérés… $10 000 !

 tweet stage

Que faire face à cette tension du marché ?

Payer mieux les candidats ? Peut-être.

Proposer des offres plus en phase avec l’évolution des technologies ? Probablement. Le baromètre montre par exemple que pour les développeurs, les compétences les plus demandées dans les offres d’emplois sont la maîtrise de technologies plutôt anciennes, parfois même sur le déclin. Les langages de programmation plus récents, comme Javascript, Angular JS ou Scala semblent ne pas trop intéressés les entreprises, qui par conséquent, apparaissent moins attractives aux yeux des développeurs de pointe.

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Enfin, les centres de formations ont-elles aussi leur rôle à jouer pour attirer les jeunes vers ces métiers d’avenir. Pour Stéphane Natkin, titulaire de la chaire des systèmes multimédias au CNAM, il faut mettre en avant la variété des secteurs d’activité qui s’ouvrent au numérique : jeux vidéos, villes intelligentes, santé… et sortir de la logique de catégorie de métiers au profit de la valorisation de séries de compétences.