Posséder une route n'autorise pas à choisir les voitures qui l'empruntent (#NetNeutralité)

"Posséder une route n'autorise pas à choisir les voitures qui l'empruntent. Sur Internet tous les paquets naissent libres et égaux en droit", ainsi débute la dernière courte vidéo de la mini-série "Data Gueule". Ce programme web de datavisualisation de France TV vise ici à alerter sur les menaces qui pèsent sur la neutralité du Net, principe qui garantit l’égalité de traitement des données circulant sur le réseau.

Le but est bien d'éviter:

  • que le facteur -- ici les FAI-- ouvre l'enveloppe et réécrive la lettre selon ses besoins.
  • que ces FAI bouchent les tuyaux ou mettent en place une voie rapide "VIP" pour quelques grosses berlines ayant les moyens pendant que les autres resteraient coincés dans les embouteillages.
  • un Internet à deux vitesses.

"En visant la neutralité du Net, les FAI s'attaquent à la liberté d'expression en ligne et glissent vers un modèle qui a fait ses preuves, celui de la télévision où quelques uns décident ce que la masse doit voir."

Le débat fait actuellement rage des deux côtés de l'Atlantique. Le président Obama s'est clairement prononcé à l'automne pour considérer Internet comme un service public, qui doit rester neutre et ouvert. La FCC, l'autorité de régulation américaine, doit se prononcer d'ici la fin février. Alors que les pressions des lobbies des telcos sont gigantesques, un ancien président de la FCC a apporté son soutien à Obama.

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En Europe, le parlement européen avait affiché son soutien clair en 2015 à la neutralité du Net. Le nouveau commissaire européen à l'économie numérique, Günther Oettinger avait indiqué mi janvier à Münich son attachement à ce principe et son opposition à toute discrimination, tout en évoquant la possibilité de prioritisation pour certains services publics. La présidence lettone fait actuellement circuler un texte parmi les 28, qui devrait laisser aux pays la possibilité de choisir eux-mêmes les services spéciaux. Puis ce sera aux ministres de décider.

Alors que cette question pourrait figurer dans la prochaine loi sur le numérique en France, le groupe public France Télévisions, défendant fermement depuis plusieurs années la neutralité du Net, vient de plaider de nouveau pour un Internet ouvert en contribuant à la plateforme publique contributive, mise en place par le Conseil National du Numérique pour aider les pouvoirs publics à adapter la société française au monde qui vient.

Même si la presse française reste étrangement silencieuse sur cette sérieuse menace contre les libertés d'expression, d'information et d'innovation, le Groupement des éditeurs et services en ligne (GESTE), qui rassemble la plupart des grands médias français, s'est aussi prononcé en ce sens, réclamant également la neutralité des plateformes.
L'Union Européenne de Radio/Télévision (UER), fort de ses multiples membres internationaux, ainsi que plusieurs autres organisations viennent aussi de demander à Bruxelles de garantir la neutralité du Net. Il y a quelques mois, France Télévisions avait déjà diffusé sur le web une vidéo expliquant les enjeux de cette question cruciale.

A suivre !