Les jeunes britanniques préfèrent regarder la télé sur leur ordinateur

Par Alexandra Yeh, France Télévisions, Direction de la Prospective

C’est officiel : les jeunes désertent la télé. La tendance était déjà clairement engagée et une récente étude de l’institut d’études de marché GfK est venue confirmer la profonde transformation des usages à l’œuvre au sein de la jeune génération. Si les 18-24 ans sont de grands consommateurs de vidéo, ce n’est définitivement plus sur un écran de télévision qu’ils la regardent.

Le fossé des usages se creuse

Le fossé des usages entre les 18-24 ans et leurs aînés n’en finit plus de se creuser. C’est ce que montre la dernière étude de GfK, qui a observé les habitudes de consommation vidéo de 1147 adultes britanniques. Première constatation : si 65% de la population adulte globale préfère regarder ses contenus sur un poste de télévision (contre 20% sur un ordinateur), chez les jeunes adultes, la tendance s’inverse, avec 35% pour la télévision et 41% pour l’ordinateur.

Un écart qui, selon GfK, s’explique d’abord par une différence de taux d’équipement : 95% de la population adulte globale possède un téléviseur, mais chez les jeunes adultes, ce taux descend à 85%. Autre explication, des habitudes de consommation différentes : les jeunes adultes consomment beaucoup moins de programmes en direct, pour privilégier la télé de rattrapage, la VOD et bien sûr le streaming. Pas étonnant donc que la majorité d’entre eux préfèrent l’ordinateur à la télévision.

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Un déclin à relativiser

Certes, la télévision connaît un recul sans précédent dans les pratiques culturelles des nouvelles générations. Mais ce déclin est à nuancer : les programmes de la diffusion linéaire classique et les films représentent encore 67% des contenus consommés par les adultes de plus 24 ans et 73% des contenus consommés par les jeunes adultes. Ces chiffres témoignent du poids encore important des programmes télévisuels traditionnels.

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Ce ne sont donc pas tant les contenus télévisés qui sont désertés que le poste de télévision lui-même, peu adapté aux exigences de mobilité et d’instantanéité des nouvelles générations. Une bonne nouvelle pour la télévision, mais aussi un immense défi : celui de réussir à rentabiliser ses contenus sur d’autres écrans et à trouver un nouvel équilibre entre producteurs, diffuseurs et annonceurs.

Ceux qui prédisent la mort de la télévision vont peut-être un peu vite en besogne, mais ils ont raison sur un point : nous assistons à une profonde transformation des usages et à l’émergence d’une génération de grands consommateurs de vidéos, sous tous les formats (TVR, VOD, streaming) et sur tous les supports (ordinateur, mobile, tablette…). Ce que veulent les jeunes aujourd’hui, c’est pouvoir commencer à regarder une vidéo sur leur ordinateur, la poursuivre sur leur smartphone et la terminer sur une tablette. Celui qui parviendra à proposer des contenus consultables sur toutes les plateformes aura définitivement relevé le défi que lui lance la nouvelle génération.