« La presse libre n’est pas l’ennemi du peuple ». Mais comment le journalisme peut-il regagner la confiance des citoyens ?

Par Barbara Chazelle, France Télévisions, MediaLab et Prospective

Quelques 350 médias américains publient ce jour un éditorial coordonné en réponse aux attaques du Président Donald Trump contre la presse et les journalistes que ce dernier n’hésite pas à appeler des « organisations de fake news » ou « l’ennemi du peuple ». 

Cette initiative menée par le Boston Globe cherche à dénoncer une « guerre sale contre la presse libre ». Et il y avait urgence. Selon un sondage Ipsos, seuls 48% des américains pensent que les médias d’information ne sont pas l’ennemi du peuple.

13% des sondés estiment que le Président Trump devrait faire fermer des médias mainstream comme CNN, le NYT ou le Washington Post. Et 21% s’interrogent…

« La presse libre a besoin de vous »

N’étant jamais mieux servi que par soi-même, les médias américains ont entrepris de se défendre et de rappeler aux citoyens leur importance dans le système démocratique.

Le Bangor Daily News rappelle ainsi à son audience que « la presse est l'ennemi seulement si vous ne voulez pas savoir ce que fait le gouvernement » et le New York Times, qui a titré son éditorial « La presse libre a besoin de vous »,  encourage ses lecteurs à faire des retours aux journalistes, des critiques mais aussi des félicitations lorsqu’ils sont contents du travail du journal.

« Les journalistes et les éditeurs sont humains et commettent des erreurs. Les corriger est au cœur de notre travail. Mais dire avec insistance que les vérités que vous n'aimez pas sont des "fake news" est dangereux pour l'âme de la démocratie. Et désigner les journalistes les "ennemis du peuple" est dangereux, point. » écrit le quotidien.

« J’espère que cela va permettre aux lecteurs de réaliser qu’une atteinte au Premier Amendement est inacceptable. Nous représentons la presse libre et indépendante ; c’est un des principes les plus sacrés inscrit dans la Constitution » a déclaré Marjorie Pritchard, responsable éditoriale des pages d’opinion du Globe.

Ken Paulson, ancien rédacteur en chef du quotidien USA Today reste nuancé sur l’effet de cette campagne : « Les personnes qui lisent les éditoriaux n'ont pas besoin d'être convaincues. Ce ne sont pas elles qui hurlent [sur les journalistes] aux conférences présidentielles ».

Protester mais surtout agir

Pour regagner la confiance des citoyens, les médias ne peuvent se contenter de protester. Comme l’indique Martin Baronresponsable éditorial du Washington Post, le journalisme américain n’est pas « en guerre » avec l’administration Trump mais « au travail ». Il faut réussir à convaincre le public que les médias travaillent pour l’intérêt de la société dans son ensemble et non pour les élites ou même leurs propres intérêts.

Parmi les pistes souvent évoquées, plus de transparence dans la fabrication de l’info, en incluant davantage les citoyens dans le processus et la discussion ou encore un journalisme collaboratif entre professionnels de l'info, mis en pratique notamment en période d’élections mais qui pourrait probablement trouver d'autres sujets pertinents à traiter.

Et pour vous ? Comment le journalisme peut-il améliorer sa contribution à la société ? Rendez-vous sur Twitter pour en discuter.