Liens vagabonds : Les éditeurs américains face à Google et Meta

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Aux Etats-Unis, un projet de loi sur la concurrence et la préservation du journalisme – a été publié lundi soir à l’initiative d’un groupe bipartite de sénateurs et membres du congrès américain. Cette loi, dite JCPA (Journalism Competition and Preservation Act), permettrait aux organes de presse de négocier plus facilement avec Google et Meta pour la reprise de leurs contenus. La version de la loi publiée lundi ne concernerait cependant que les médias locaux et les petits points de vente nationaux : seuls les éditeurs de moins de 1 500 employés à temps plein sont concernés. L’objectif est d’apaiser les républicains, traditionnellement opposés aux lois réglementant la concurrence entre les industries. 

La proposition législative intervient face au détournement de milliards de dollars de revenus publicitaires des agences de presse par Google et Meta, et un mois après l’annonce du groupe de Mark Zuckerberg de ne plus rémunérer les éditeurs américains pour leur contenu suite à la baisse des revenus du groupe. La loi JCPA intervient également dans un contexte particulier pour la presse locale américaine, alors que le pays a perdu plus d’un quart de ses journaux depuis 2005 et que près de 70 millions de citoyens se retrouvent dans un “désert d’actualité”, dépourvus d’information locale. Pour de nombreux médias, la loi sur la concurrence et la préservation du journalisme est le dernier espoir pour une presse locale américaine libre, vitale pour une démocratie saine. Selon un rapport sur l’état des nouvelles locales de 2022, il y aurait en effet une corrélation entre le manque de source crédible d’information locale et la baisse de la participation électorale. 

La loi JCPA répond à une problématique journalistique globale autour des droits voisins des éditeurs de presse. La France n’est pas le seul pays à avoir réagi législativement face aux dangers des GAFA pour les revenus publicitaires de la presse : l’Australie a adopté cette année une loi similaire qui a apporté 140 millions de dollars de revenus aux organes de presse, et le Canada envisage la même solution.

Le nouveau problème de Twitter s’appelle Peiter « Mudge » Zatko – “La sécurité de Twitter est un énorme fiasco”, a accusé l’ancien chef de la sécurité de Twitter, Peiter « Mudge » Zatko. Ce dernier aurait déposé une plainte auprès du ministère de la Justice, de la FTC et de la SEC dans un contexte déjà très tendu par la bataille juridique entre Elon Musk et Twitter. Célèbre pirate informatique et pionnier d’internet, Peiter Zatko avait été engagé dans le cadre de la faille de sécurité de Twitter en juillet 2020, qui avait compromis les identifiants d’importants comptes comme ceux d’Elon Musk, Barack Obama et Bill Gates. Cette affaire avait permis de révéler qu’à l’époque plus de 1000 employés avaient accès aux outils nécessaires pour compromettre ces comptes. Toutefois, selon les informations partagées par Peiter Zatko, en 2022, plus de la moitié du personnel de Twitter – soit 8000 personnes – ont désormais accès à l’environnement de production en direct et aux données sensibles des utilisateurs. 

“Mudge”, qui aurait quitté ses fonctions quelques semaines avant l’annonce de rachat par Musk, a déclaré que les outils informatiques de la plateforme seraient obsolètes au point de mettre en danger des données sensibles des utilisateurs. Cette audience s’inscrit dans une contexte où les législateurs américains se sont engagés à protéger la confidentialité des données et à demander plus de comptes aux Big Tech. La SEC n’a d’ailleurs pas attendu les révélations de Peter Zatko pour enquêter sur les pratiques de Twitter, avait déjà échangé avec le réseau social au mois de juin sur ses doutes dans la méthodologie de calcul utilisée pour les faux comptes. 

BeReal en plein décollage – L’application française BeReal vient de passer les 10 millions d’utilisateurs. Fondée il y a seulement 2 ans, elle s’impose comme la plateforme du moment auprès de la génération Z en se positionnant comme “l’anti Instagram”. Alors qu’Instagram a justement été vivement contesté dans les mois précédents quant à son possible impact sur la santé mentale des jeunes comme l’avait révélé la lanceuse d’alerte Frances Haugen, BeReal souhaite mettre l’emphase sur la vie quotidienne, “sans artifices”. Le fonctionnement de plateforme est simple : prendre une double photo de soi (avec la caméra avant et arrière) au moment où l’application nous l’ordonne, à un moment précis de la journée. Le succès de cette application “qui ne vous rendra pas célèbre » n’a pas tardé à arriver aux oreilles d’Instagram qui prévoirait de lancer la fonctionnalité “Candid Challenge” qui repose sur les mêmes mécanismes que BeReal. Cette offensive s’inscrirait dans l’ambition de Mark Zuckerberg de retenir les jeunes qui passent de plus en plus de temps sur d’autres plateformes que celles de Meta. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

18 – c’est le nombre de journalistes assassinés cette année au Mexique après la mort de Fredid Roman ce lundi 

40 millions – cela devrait être la valeur des transactions mondiales de NFT d’ici 2027 d’après Juniper 

25% – c’est la part d’audience que les principales chaines russes menées par l’Etat ont perdus depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, au profit de Télégram 

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Musique : vingt ans de mutation économique | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

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DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

Source : capture d’écran de l’application InAppBrowser.com via Felix Krause qui permet de répertorier les commandes JavaScript exécutées par une application (ici Tiktok)

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

Source : capture d’écran de Brendan Gahan via Twitter

Les signaux d’alerte se multiplient autour du réseau social de Trump

Le contenu le plus populaire sur Facebook appartient à la poubelle

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

Source : capture d’écran de Kelsey Piper via Vox

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

Source : capture d’écran de l’étude “Sonder la réalité et le mythe dans le métaverse” de McKinsey

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

Source : capture d’écran du métavers Paradox via BeyondGames

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Liens vagabonds : Une modération mitigée des Big Tech pour les élections américaines

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Les Big Tech se préparent à la désinformation des Midterms américaines – Les élections de mi-mandat approchent aux États-Unis. Les plateformes sociales nous partagent comment elles comptent lutter contre la désinformation en hausse durant la période électorale pour aider les utilisateurs à faire des choix plus éclairés sur leurs votes. TikTok lancera une section “Elections Center” qui rassemblera des informations utiles aux internautes concernant les bureaux de vote, les candidats et les élections en général. Twitter prévoit de déployer des stratégies antérieures  notamment en plaçant des étiquettes devant certains tweets trompeurs et en insérant des informations fiables dans les timelines. Pareil pour Meta qui souhaite mettre en œuvre les mêmes efforts qu’en 2020, et empêchera les annonceurs politiques de diffuser de nouvelles publications une semaine avant l’élection. 

On reproche dors et déjà aux plateformes de manquer leur cible sur plusieurs enjeux. Entre autres par l’absence de modération dans les groupes fermés et de comptes personnels de politiciens, où avaient par exemple éclos les prémices de l’assaut du Capitole. De nombreux analystes s’inquiètent également du fait que les plateformes de médias sociaux ont peut-être consacré moins de ressources à la lutte contre la désinformation au cours de l’année dernière, n’en faisant une priorité que lors des élections majeures. Alors que Facebook se concentre davantage sur le métavers, la société a réduit le nombre d’employés travaillant sur l’intégrité des élections de 300 à 60 plus tôt cette année, selon le New York Times.

Capture d’écran Meta via Social Network Today

Horizon World est disponible en France et en Espagne – depuis cette semaine et annonce le lancement de l’expansion européenne du métavers de Meta. La plateforme métavers du groupe était jusque là disponible uniquement aux Etats-Unis et au Canada depuis décembre 2021 pour toute personne majeure en utilisant le casque VR de Meta. L’Espagne est particulièrement stratégique : le pays apparaît au premier plan de la tech européenne, grâce notamment aux deux hubs de Barcelone et de Madrid. Meta a donc choisi le pays hispanophone comme pied à terre européen, afin de profiter de son émulation technologique entrepreneuriale et des partenaires locaux. Le groupe investit aussi dans la construction d’un data center dans la région de Talavera de la Reina. Une des contraintes de la société de Zuckerberg sera de se conformer aux lois nationales en termes de collecte et de gérance des données de ses utilisateurs, un point non négligeable pour l’Espagne. 

Le déploiement de Horizon World en Europe ne fait que souligner le développement croissant du métavers. La courbe de Gartner, qui représente le cycle de maturité des nouvelles technologies, fait d’ailleurs apparaître l’innovation dans son hype cycle cette année. Cependant, tous les défis de l’implantation pérenne du métavers sont loin d’être réglés et les utilisateurs se sont montrés très critiques du lancement de Horizon World. De nombreux usagers ont pointé du doigt le niveau de graphisme et la qualité peu flatteuse du design du monde imaginaire de Meta, en le comparant à l’esthétisme des jeux vidéo du début des années 2000. 

Le streaming dépasse la télévision linéaire – Selon les nouvelles données de Nielsen, le streaming a officiellement dépassé le câble pour la consommation de contenu télévisuel par les Américains, avec Netflix en tête en termes de part d’audience (0,8%). Le streaming représente désormais plus d’un tiers de la consommation de télévision aux États-Unis (34.8% pour le streaming contre 34,4% pour la télévision) bien que la télévision traditionnelle demeure numéro une en quantité de temps d’écoute pour le moment. Si le rythme de déclin se poursuit, le streaming pourrait très bien dépasser la télévision traditionnelle en tant que principal moyen de consommer du contenu télévisuel dans les prochaines années. Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, au Royaume-Uni, le rapport de l’Ofcom révèle que pour la première fois, les jeunes adultes passent plus de temps sur TikTok que devant la télévision. Le média est bel et bien en perte de vitesse. 

Données : Nielsen ; Graphique : Visuels Axios

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

1 milliard – c’est le nombre d’adultes touchés par les publicités TikTok par mois 

1 million – c’est le nombre d’abonnés à la version payante de Snapchat en seulement 6 semaines 

200 millions de dollars australiens – c’est la somme versée par Google et Facebook aux éditeurs Australiens suite aux accords du Code

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Comment est financé l'audiovisuel publique en Europe ? | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

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DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

Watchful via The Wall Street Journal

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

Capture d’écran : The Mooknayak

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

Spotify

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

capture d’écran Tiktok via The Verge

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

Incarnation de la cérémonie des VMA sur Roblox : MTV Networks

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

OUTILS

 

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Liens vagabonds : La Russie veut aussi contrôler l’Internet ukrainien

A RETENIR CETTE SEMAINE :

La Russie prend doucement le contrôle de l’internet ukrainien – dans les territoires occupés. Dans la ville de Kherson, les soldats russes ont obligé les fournisseurs internet à renoncer au contrôle du réseau, afin de dévier ce dernier vers le réseau russe. Le New York Times montre grâce à une carte interactive comment internet est dévié par la Crimée vers la Russie. Dans les régions ukrainiennes concernées, Facebook, Instagram, Twitter mais aussi les sites d’information ukrainiens et les sources d’information indépendantes ont été supprimé au profit de l’information russe contrôlée. Les réseaux cellulaires ont aussi été impactés pour obliger les habitants à utiliser des fournisseurs russes et les puces téléphoniques du nouveau réseau sont vendues après un contrôle d’identité. Dans d’autres villes, le réseau cellulaire et internet ont simplement été fermés. De l’autre côté du globe, les entreprises de médias sociaux ont pris des mesures pour restreindre la prise d’influence de la Russie sur l’information par les comptes contrôlés par l’Etat russe, mais le New York Times met en avant la propagande sans limite de Poutine qui se déploie en espagnol ou encore en arabe pour toucher un public le plus large possible. Pour de nombreuses ONG, la vigilance des médias n’est pas assez importante face à l’ampleur du phénomène. Tiktok est notamment pointé du doigt par Tracking Exposed pour rendre accessible de la propagande russe dans ses recommandations algorithmiques de manière plus ou moins discrète. Une pratique baptisée shadow promotion

En plus des réseaux sociaux, Tracking Exposed met en lumière la multiplication des sites de désinformation russe depuis 6 mois. L’ONG est passée de 116 sites qui étaient identifiés en mars à 250 aujourd’hui. Des sites qui profitent en plus de revenus issus de la publicité, alors même qu’un code de conduite de la Commission européenne avait prié d’engager les géants du web à plus de vigilance. 

Source : Kentik (données sur le trafic) ; Institute for the Study of War avec le Critical Threats Project de l’American Enterprise Institute (territoire occupé).

Disney+ rattrape Netflix – selon une annonce du groupe mercredi. Avec ses offres de streaming, Disney a rattrapé Netflix, leader du marché depuis de nombreuses années. Les services Disney+, Hulu et ESPN+ ont totalisé environ 221 millions d’abonnés au cours du dernier trimestre. C’est à peu près le nombre qu’avait Netflix après avoir perdu environ un million d’abonnés. Une hausse de 14,4 millions qui dépasse les attentes, fixées à 10 millions. Le groupe en a profité pour annoncer un abaissement de ses prévisions pour 2024, une révision à la baisse motivée par le lancement récent de la plateforme en Inde, même si pour l’instant les débuts de la compagnie en Inde et Asie du Sud-est leur a ammencé 8,3 millions d’abonnés. 

La Walt Disney Compagny a aussi annoncé l’augmentation du prix de son abonnement sans publicité aux Etats-Unis, qui passera à 10,99$ contre 7,99$ auparavant. Une augmentation qui correspond au lancement d’un abonnement avec publicité au prix de l’abonnement classique aujourd’hui. 

Les jeunes générations pensent mieux détecter la désinformation en ligne – selon une étude menée par l’Institut Poynter MediaWise, des données de recherche internationales YouGov et Google. L’étude, qui porte sur la maîtrise de l’information, compare la façon dont chaque génération navigue sur internet et détermine si elle peut faire confiance ou non à un contenu en ligne. Le rapport de l’étude avance que les génération Z, Y et X se sentent plus confiantes dans leur capacité à vérifier de l’information, en comparaison avec les baby-boomers et la génération silencieuse. Plus de la moitié des moins de 26 ans ont aussi déclaré craindre l’exposition de membres de leur famille à la désinformation. Pour autant, les critères pour juger la véracité d’une information restent les mêmes dans la majorité des générations : la source et les faits. L’étude, qui examine aussi les outils et les techniques préférées de chaque génération pour vérifier du contenu, montre cependant que la génération Z est plus équipée et utilise des outils plus pertinents. La jeune génération va avoir tendance à vérifier les commentaires mais aussi à effectuer une lecture latérale, qui consiste à ouvrir de nombreux onglets dans des moteurs de recherche et comparer les informations de différents sites internet.  

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

1/3 : c’est la proportion d’adolescents américains qui utilisent encore Facebook 

50% : c’est la part du prix des objets virtuels vendus sur HorizonWorlds qui sera prélevé par Meta 

525 millions – c’est le prix de vente en dollars d’Axios, racheté par Cox Entreprises cette semaine

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographic: War & World Economy Spark Mass Tech Layoffs | Statista You will find more infographics at Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

Source : Twitter

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

Source : capture d’écran du site internet de Roca News

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

Source : Spotify

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

Source : Sandbox

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

Source : Netflix

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Sendit, Yolo, NGL : les applications sociales anonymes reprennent le dessus, mais elles ne sont pas sans risques

Avez-vous déjà confié à un inconnu un secret sur vous-même en ligne ? Avez-vous ressenti une certaine liberté en le faisant, notamment parce que le contexte était éloigné de votre vie quotidienne ? La divulgation de renseignements personnels et l’anonymat sont depuis longtemps un mélange puissant qui se retrouve dans nos interactions en ligne.

par Alexia Maddox, chargée de recherche, Blockchain Innovation Hub, RMIT, RMIT University

Nous l’avons vu récemment avec la résurgence des applications de questions anonymes destinées aux jeunes, notamment Sendit et NGL (qui signifie « not gonna lie »). Cette dernière a été installée 15 millions de fois dans le monde, selon des rapports récents.

Ces applis peuvent être liées aux comptes Instagram et Snapchat des utilisateurs, ce qui leur permet de poster des questions et de recevoir des réponses anonymes de leurs followers.

Bien qu’elles soient très tendance en ce moment, ce n’est pas la première fois qu’on les voit. Parmi les premiers exemples, citons ASKfm, lancé en 2010, et Spring.me, lancé en 2009 (sous le nom de « Fromspring »).

Ces plates-formes ont une histoire mouvementée. En tant que sociologue de la technologie, j’ai étudié les rencontres entre l’homme et la technologie dans des environnements conflictuels. Voici mon point de vue sur les raisons pour lesquelles les applications de questions anonymes ont une fois de plus pris d’assaut l’internet, et sur l’impact qu’elles pourraient avoir.

L’application NGL est destinée aux « adolescents » sur la boutique d’applications Google. Capture d’écran/Google Play Store

Pourquoi sont-elles si populaires ?

Nous savons que les adolescents sont attirés par les plateformes sociales. Ces réseaux les relient à leurs pairs, les aident à se forger une identité et leur offrent un espace d’expérimentation, de créativité et de rapprochement.

Nous savons également qu’ils gèrent la divulgation en ligne de leur identité et de leur vie personnelle par une technique que les sociologues appellent « ségrégation d’audience » ou « changement de code ». Cela signifie qu’ils sont susceptibles de se présenter en ligne différemment à leurs parents et à leurs pairs.

Les cultures numériques utilisent depuis longtemps l’anonymat en ligne pour séparer les identités du monde réel des personnalités en ligne, à la fois pour préserver la vie privée et en réponse à la surveillance en ligne. Des recherches ont montré que l’anonymat en ligne favorise la divulgation de soi et l’honnêteté.

Pour les jeunes, il est important de disposer d’espaces en ligne pour s’exprimer à l’abri du regard des adultes. Les applications de questions anonymes offrent cet espace. Elles promettent d’offrir ce que les jeunes recherchent : des occasions de s’exprimer et des rencontres authentiques.

Risqué par conception

Nous avons maintenant une génération d’enfants qui grandit avec l’internet. D’un côté, les jeunes sont salués comme les pionniers de l’ère numérique, de l’autre, nous craignons pour eux en tant que victimes innocentes.

Un article récent de TechCrunch a fait état de l’adoption rapide des applications de questions anonymes par les jeunes utilisateurs, et a soulevé des inquiétudes quant à la transparence et à la sécurité.

NGL a explosé en popularité cette année, mais n’a pas résolu le problème des discours haineux et de l’intimidation. L’application de chat anonyme YikYak a été fermée en 2017 après être devenue truffée de discours haineux – mais elle est revenue depuis.

Ces applications sont conçues pour attirer les utilisateurs. Elles tirent parti de certains principes de plateforme pour offrir une expérience très attrayante, comme l’interactivité et la gamification (qui consiste à introduire une forme de « jeu » dans des plateformes non ludiques).

En outre, étant donné leur nature expérimentale, elles illustrent bien la manière dont les plateformes de médias sociaux ont été développées au fil de l’histoire, avec une attitude consistant à « aller vite et casser les choses ». Cette approche, énoncée pour la première fois par Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a sans doute atteint sa date limite d’utilisation.

Casser des choses dans la vie réelle n’est pas sans conséquence. De même, s’affranchir d’importants garde-fous en ligne n’est pas sans conséquence sociale. Les applications sociales qui se développent rapidement peuvent avoir des conséquences néfastes pour les jeunes, notamment la cyberintimidation, la cybercommunication, l’abus d’images et même le grooming en ligne.

En mai 2021, Snapchat a suspendu les applications de messagerie anonyme intégrées Yolo et LMK, après avoir été poursuivi en justice par les parents désemparés d’adolescents qui se sont suicidés après avoir été victimes d’intimidation via ces applications.

Les développeurs de Yolo ont surestimé la capacité de leur modération de contenu automatisée à identifier les messages nuisibles.

À la suite de ces suspensions, Sendit a grimpé en flèche dans les palmarès des boutiques d’applications, les utilisateurs de Snapchat cherchant à le remplacer.

En mars de cette année, Snapchat a ensuite interdit la messagerie anonyme sur des applications tierces, dans le but de limiter l’intimidation et le harcèlement. Pourtant, il semble que Sendit puisse toujours être liée à Snapchat en tant qu’application tierce, les conditions de mise en œuvre sont donc variables.

Les enfants sont-ils manipulés par les chatbots ?

Il semble également que ces applications puissent comporter des chatbots automatisés se faisant passer pour des répondeurs anonymes afin de susciter des interactions – c’est du moins ce qu’ont constaté les équipes de Tech Crunch.

Bien que les chatbots puissent être inoffensifs (ou même utiles), des problèmes se posent si les utilisateurs ne peuvent pas dire s’ils interagissent avec un robot ou une personne. À tout le moins, il est probable que les applications ne filtrent pas efficacement les robots dans les conversations.

Les utilisateurs ne peuvent pas faire grand-chose non plus. Si les réponses sont anonymes (et qu’aucun profil ou historique de publication ne leur est associé), il n’y a aucun moyen de savoir s’ils communiquent ou non avec une personne réelle.

Il est difficile de confirmer si les bots sont répandus sur les applications de questions anonymes, mais nous avons vu qu’ils causaient d’énormes problèmes sur d’autres plateformes, en ouvrant des voies à la tromperie et à l’exploitation.

Par exemple, dans le cas d’Ashley Madison, une plateforme de rencontres et de drague qui a été piratée en 2015, des bots ont été utilisés pour discuter avec des utilisateurs humains afin de les garder engagés. Ces bots utilisaient de faux profils créés par des employés d’Ashley Madison.

Que pouvons-nous faire ?

Malgré tout ce qui précède, certaines recherches ont montré que la plupart des risques auxquels les adolescents sont exposés en ligne n’ont que des effets négatifs de courte durée, voire aucun. Cela suggère que nous accordons peut-être trop d’importance aux risques auxquels les jeunes sont confrontés en ligne.

Dans le même temps, la mise en place d’un contrôle parental pour atténuer les risques en ligne est souvent en contradiction avec les droits numériques des jeunes.

La voie à suivre n’est donc pas simple. Et interdire les applications de questions anonymes n’est pas la solution.

Plutôt que d’éviter les espaces en ligne anonymes, nous devrons les traverser ensemble, tout en exigeant des entreprises technologiques autant de responsabilité et de transparence que possible.

Pour les parents, il existe des ressources utiles sur la manière d’aider les enfants et les adolescents à naviguer dans des environnements en ligne délicats de manière raisonnable.

 

Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l‘article original.

Liens vagabonds : L’empire Musk contre-attaque

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Musk / Twitter, suite du feuilleton – Elon Musk réplique à la suite de dizaines d’assignations à comparaitre du réseau social. Le patron de Tesla demande aux banques de remettre des documents et des communications sur la manière dont elles ont conseillé Twitter pendant les négociations. Elon Musk cherche aussi à savoir si d’autres acheteurs étaient envisagés pour l’accord. Ces nouvelles assignations rejoignent la défense principale du milliardaire, qui est le manque de transparence du réseau social sur les données des faux comptes de la plateforme mais aussi le licenciement récent de cadres supérieurs et d’un tiers de l’équipe d’acquisition de talent. Deux éléments qui nuiraient premièrement aux revenus publicitaires de Twitter (si les annonceurs n’atteignent pas de clients avec la présence de nombreux faux comptes) et à l’obligation du réseau social de “préserver pratiquement intacts les composants matériels de son organisation commerciale actuelle”. 

Les experts juridiques avancent de leur côté que Twitter essaie de prouver que le milliardaire avait délibérément torpillé le financement de son achat. Le réseau social, de qui vient le procès à venir, voudrait forcer Musk à respecter l’accord initial. Un procès qui s’ajoute à celui déposé vendredi dernier par un actionnaire de Twitter. L’actionnaire en question demande cette fois au tribunal d’ordonner à Musk de conclure un accord pour non respect de son obligation fiduciaire en raison de sa participation dans la société et pour le droit de veto sur certaines décisions de la société qu’il aquiert. Elon Musk avait commencé à acquérir des actions de Twitter en début d’année et était devenu l’actionnaire principal en avril, en rejettant l’offre de Twitter de rejoindre son conseil d’administration et en optant à la place pour une tentative de prise de contrôle rapide et agressive. Une stratégie dont le milliardaire et son entourage – aussi convoqué – voient aujourd’hui le retour de bâton.

Des pays européens veulent faire payer les télécommunications aux GAFAM – et réclament une nouvelle réglementation à la Comission européenne. La France, l’Italie et l’Espagne souhaitent équilibrer le coût de développement des infrastructures réseau entre les fournisseurs d’accès internet et les géants du web les six plus gros diffuseurs de contenus en ligne représentant 55% du trafic internet en Europe. Google, Meta et Netflix sont de la partie. La proposition de loi déposée par les trois pays européens a été révélée par Reuters, qui a pu s’en procurer une copie. Ce n’est pas la première fois qu’une telle idée émerge : un appel similaire avait été lancé par les treize plus gros opérateurs télécoms européens en décembre 2021 et la Fédération française des télécoms avait formulé 15 propositions en ce sens pour le quinquennat 2022-2027. Si le projet permettrait à l’Europe de booster son économie à hauteur de 52 à 72 milliards d’euros, il inquiète aussi les défenseurs de la neutralité d’internet, qui avaient signalé en juin le danger d’un tel financement. 

Nouvelle vague de piratage dans la cryptomonnaie – après la chute vertigineuse de la devise digitale. Si les méthodes varient, les butins, eux, restent à chaque fois colossaux. Un Youtubeur français, à l’origine de la chaine Crypto Gouv, est arrivé à dérober plusieurs millions d’euros à ses abonnés grâce à une stratégie qui a visé entre 200 et 300 personnes. La chaine, qui disait donner des conseils en cryptomonnaie, s’est très rapidement constitué une communauté de plus de 4000 membres. Le Youtubeur, pas encore connu à ce jour des services de gendarmerie, échangeait avec ses abonnés via Discord et Telegram. Des conversations qui ont rapidement mis en confiance les abonnés, au point de confier à leur mentor les fonds amassés pour investir dans les cryptomonnaies avec la promesse d’un retour sur investissement. Les sommes volées s’élèvent à plus de 4 millions d’euros. 

La cryptomonnaie Solana, présente dans le top 10, a aussi fait face à un hack énorme cette semaine : plus de 8 000 portefeuilles ont été vidés par une attaque massive qui a profité d’une vulnérabilité sur la blockchain. Un peu plus de 6 millions de dollars ont été volés à des investisseurs. Une troisième attaque s’est déroulé du côté du bridge Nomad à cause d’une faille de sécurité qui aurait conduit au piratage de près de 200 millions de dollars en crypto. Presse Citron qualifie la faille de sécurité de particulièrement grossière : le pont Nomad, qui est régi par contrat intelligent en open source, permet à n’importe qui de consulter le code, débusquer les failles mais aussi en cas d’erreur de configuration de revalider des transactions déjà effectuées en changeant l’adresse du destinataire. Un procédé relativement simple qui a amené les utilisateurs à essayer de récupérer les sommes volées par le même moyen, en créant alors le premier “pillage” de masse de l’histoire des crypto. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

10 secondes – c’est le temps qu’un modérateur marocain de Tiktok a pour regarder chaque vidéo 

25 milliards de dollars c’est ce que YouTube a rapporté à l’économie des Etats-Unis en 2021, en soutenant l’équivalent de 425 000 emplois  

16 – c’est le pourcentage de journalistes américains employés au moins à temps partiel dans un média membres d’un syndicat au sein de leur organisation

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les services d'Apple en pleine expansion | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

5G, 8K

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

@brutamericaHave you heard of Pink Sauce? Here’s why the viral condiment is under fire …♬ Neutral synth BGM for news(1166762) – DaikixCousin

OUTILS

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Liens vagabonds : Meta court après TikTok

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Facebook et Instagram se transforment en TikTok – La nouvelle mise à jour d’Instagram et son algorithme poussé vers la mise en avant de courtes vidéos similaires à celles de TikTok ne plaît pas à tout le monde. L’objectif, selon le patron d’Instagram, serait d’orienter le réseau social vers la vidéo et de faire « découvrir des choses nouvelles et intéressantes » aux utilisateurs. De son côté, Facebook connaît des transformations similaires. Mark Zuckerberg a annoncé le retour d’un « flux chronologique » à côté d’un nouvel onglet d’accueil imitant la page « pour vous » de TikTok. L’application a aussi prévu d’investir dans les créateurs de contenus. A partir de lundi prochain, le réseau social permettra aux créateurs de gagner de l’argent grâce à des vidéos qui utilisent de la musique sous licence détenue par la plateforme.

Les récentes transformations des applications de Meta sont vues comme une réponse à la croissance continue de TikTok, en particulier chez les jeunes utilisateurs américains. L’application chinoise est en tête des téléchargements à l’échelle mondiale. Malheureusement, les influenceurs ne sont pas aussi convaincus que les responsables de Meta des bienfaits de ce rapprochement. Kylie Jenner et Kim Kardashian ont appelé Instagram à « redevenir Instagram » sur leurs comptes respectifs. On se souvient : en 2018, après que Kylie Jenner ait tweeté qu’elle n’utilisait plus Snapchat depuis les nouvelles mises à jour de l’application, le fantôme jaune avait perdu plus d’un milliard de dollars en capitalisation boursière. Instagram a finalement rétropédalé hier en mettant en pause ses dernières mises à jour, peut-être pour retarder le « Crépuscule des réseaux sociaux », annoncé par Scott Rosenberg. Innovation plutôt qu’imitation, Kylie et Kim, seraient-elles plus smart que Mark Zuckerberg ?

Les réseaux sociaux sont devenus la première source d’actualité des jeunes britanniques – selon un rapport de l’Ofcom. Instagram tient la première place du classement, à 29%, suivi de près par Tiktok et Youtube à 28%. BBC One et BBC Two, auparavant les sources d’information les plus populaires chez les jeunes, ont été repoussées à la 5ème place. Tiktok est pour sa part l’application qui connaît la plus forte croissance, principalement due aux 16-24 ans qui représentent la moitié de la consommation d’actualité sur la plateforme. Les utilisateurs de l’application chinoise disent obtenir plus d’informations de personnes qu’ils suivent (44%) que d’entreprises médias (24%), même si les informations provenant directement d’autres utilisateurs sont globalement vues comme moins fiables. Pour Gully Burrows, rédacteur en chef adjoint au National, les jeunes cherchent maintenant à accéder à de l’actualité brève et précise qu’ils peuvent facilement intégrer à leurs emplois du temps chargés et connectés. 

Selon le Pew Research Center, la Gen Z est la seule génération à avoir baissé son utilisation des médias sociaux au profit d’un éventail d’applications plus petites ayant chacune une fonction distincte. L’exception reste Tiktok car elle permet de créer des communautés en lignes fortes autour d’intérêts communs et non autour d’un réseau de connaissance, mais également de développer des relations personnalisées entre créateurs et utilisateurs. Le succès de Tiktok a poussé la plupart des réseaux sociaux à repenser leur formule et à axer leur contenu sur la découverte. Les outils de recherche, qui ont longtemps dominé internet, sont donc aussi remis en question. Et on aura peut-être bientôt le premier réseau social construit sur la blockchain. 

Les GAFAM en difficulté économique – selon les résultats du second trimestre. Pour la première fois de son histoire, Facebook a annoncé une baisse de ses revenus, faisant chuter le bénéfice global de Meta de 36%. Selon les prédictions du groupe, la tempête n’est pas encore passée et l’entreprise prévoit déjà une plus grande récession pour le troisième trimestre. Les difficultés financières de Meta sont dues à la baisse des revenus publicitaires et à la concurrence toujours croissante de Tiktok. Des difficultés que Mark Zuckerberg compte traverser en investissant notamment dans la vidéo, qui apporterait plus d’engagement sur Facebook et qui se monétiserait plus rapidement sur Instagram, sans oublier les investissements dans les casques VR.

Amazon, Microsoft, Apple et Google n’en sont pas en reste et enregistrent tous une baisse de leur croissance. Microsoft a annoncé des résultats plus bas que leurs attentes déjà revues à la baisse pendant le trimestre. Un ralentissement dans leur croissance expliquée par l’incertitude économique globale, le ralentissement de la production d’ordinateurs et la baisse de la demande des consommateurs. Malgré cela, Microsoft, Amazon et Google peuvent se reposer sur le cloud et la publicité, montrant ainsi que la diversification de leurs activités les rend plus résistants à un marché en mauvaise forme. Apple peut quant à lui compter sur ses fidèles iPhone, dont les ventes ont progressé de 2,3%. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

51 – c’est le pourcentage de Britanniques qui préfèrent la publicité au paiement d’un supplément

28,8 milliards de dollars – c’est le chiffre d’affaires de Meta pour le deuxième trimestre en milliards de dollars, -1% par rapport à un an plus tôt, Meta a perdu 2,8 milliards de dollars sur ses ambitions dans la VR au deuxième trimestre

433 millions – c’est le nombre d’utilisateurs actifs mensuels de Spotify dans le monde, une augmentation de 19% par rapport au premier trimestre

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les revenus de Meta déclinent pour la première fois | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

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ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Telegram, l’application obscure au flux d’information intarissable

Qu’est-ce que Telegram, cette application de messagerie cryptée qui connaît un succès grandissant depuis quelques années ? Le réseau social, qui se veut tout aussi discret qu’il est au cœur de polémiques, semble faire naître de nombreuses frustrations. Certains gouvernements tentent de lui imposer des politiques de régulation de contenu, et d’autres d’obtenir les données de certains utilisateurs. Une chose est sûre : Telegram est une source d’information intarissable. Mais est-ce un canal intéressant de diffusion de l’information pour les médias établis ? L’information diffusée sur l’application peut-elle être celle d’un média ? 

Louise Faudeux et Isya Okoué Métogo, MediaLab de l’Information 

Telegram, l’appli cryptée d’origine russe

Telegram est une application de messagerie basée sur le Cloud, créée en 2013 par Pavel Durov, un entrepreneur technologique d’origine russe. L’application, en plus de proposer un système de messagerie privé, est munie de deux fonctions de “flux” . La première fonction permet la création de “groupes” de chat de 200 000 personnes maximum où tous les membres peuvent interagir et publier du contenu. La deuxième fonction “canal”, non limitée en nombre d’utilisateurs, ne permet qu’aux administrateurs du flux d’y contribuer. A la différence d’une messagerie de groupe classique, les flux Telegram font apparaître les messages et le contenu partagé comme des posts, qu’il est possible de commenter ou de liker. Les utilisateurs peuvent partager messages, appels, photos, vidéos ou encore fichiers audio. L’option de crypter ses conversations, mise en avant par l’application, doit être activée manuellement par les utilisateurs pour chaque conversation. Les conversations publiques et privées sont donc rarement cryptées de bout en bout, et les données collectées sont stockées sur les serveurs de Telegram. 

Depuis sa création, l’application Telegram se distingue par un ADN contestataire. Son jeune créateur, Pavel Dourov, en est à sa deuxième application de messagerie. Son premier réseau social, VKontakte (le Facebook russe), protégeait déjà l’identité des blogueurs russes opposés au régime de Poutine en refusant de partager des informations avec les autorités. Lorsque le Kremlin rachète VK (et reprend ainsi le contrôle sur l’Internet russe), Pavel Dourov fuit la Russie. Il crée alors Telegram, dont le siège se situe à Berlin, avant de s’installer aux Emirats Arabes Unis. L’objectif de Telegram ? Garantir une totale confidentialité des communications et une liberté d’expression quasi sans limite – loin des restrictions de modération des autres plateformes.

Une application prisée aussi bien par des groupes terroristes que des politiques 

Avec son faible contrôle des flux et sa messagerie gratuite et cryptée, Telegram joue la carte de la sécurité des échanges : des qualités qui ont rendu l’application populaire auprès de nombreuses personnes et groupes militants, parfois liés à des activités illégales. L’application est de plus en plus prisée ces dernières années, suite aux différentes pannes de Facebook, au rachat de WhatsApp par Meta ou encore au durcissement des règles d’utilisation pour contrer la prolifération de contenus haineux sur les plateformes.

On y croise des militants d’extrême-droite, des négationnistes, des anti-vaccins ou encore des hackers ukrainiens qui s’attaquent aux sites officiels russes. Il y a quelques années, l’application a été accusée d’être l’interface préférée des djihadistes au regard de la présence sur le réseau des deux tueurs de Saint-Etienne-du-Rouvray et des chaînes officielles de l’Etat Islamique. 

Mais la popularité de l’application attire aussi les personnalités politiques. Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se servent de l’application comme canal de communication ou pour l’organisation de campagnes au sein de leurs partis politiques.

La faible régulation du contenu : une cible pour les gouvernements et un outil de protection pour les citoyens 

Le manque de régulation du contenu sur Telegram en fait la cible de nombreux pays. Beaucoup dénoncent la prolifération de messages haineux ou complotistes, comme l’Allemagne où le réseau est notamment utilisé pour des théories anti-covid. Aux Etats-Unis, l’association « Coalition for a safer web » a porté plainte contre Apple pour ne pas avoir banni Telegram de l’Apple Store suite à la propagation d’appels à la violence pendant l’assaut du Capitol. 

D’autres pays voient l’accès aux données de l’application comme une manière de faire taire les contestations. C’est le cas notamment de la Chine, où l’application protège l’identité des manifestants à Hong-Kong. En Russie, le pouvoir établi essaie tant bien que mal d’infiltrer les réseaux dissidents sur l’application pour orienter les débats publics

Telegram est une source d’information intarissable, et les flux sont beaucoup utilisés pour l’actualité. C’est le cas en Ukraine où de nombreuses personnes se servent du réseau social pour échanger des informations, des images ou des commentaires sur la guerre. Certains comptes sont affichés comme officiels, comme Ukraine Now qui publie des alertes de sécurité et des conseils pratiques pour se protéger. Il existe aussi des canaux d’information russes indépendants, comme Meduza-Live, du média russe Meduza. Ce dernier a récemment vu son accès interdit en Russie pour avoir « diffusé des informations en violation de la loi » depuis le début de la guerre, comme tous les autres médias indépendants.

Telegram, un outil pour se connecter avec son lectorat ? 

Est-ce que Telegram peut être un outil intéressant pour les médias d’information ? Certains ont investi la messagerie, avec pour but d’expérimenter de nouvelles pratiques et d’autres s’en servent pour relayer leurs articles. L’idée n’est pas nouvelle, et Le Monde Afrique avait déjà tenté de développer ce lien par le biais des flux sur WhatsApp dès novembre 2018. L’avantage de WhatsApp ? Les gens y sont déjà, notamment sur le continent africain.

Telegram a été investi par plusieurs médias pour développer des flux qui relaient les derniers articles publiés. C’est le cas de Bloomberg, The Independent, le Guardian ou encore le Washington Post qui propose une couverture de la guerre russo-ukrainienne. Tous les flux sont librement accessibles, mais il n’est pas possible d’interagir avec les équipes. On y trouve donc peu d’engagement. De manière générale, Telegram rencontre plus de succès dans les flux où il est possible pour tous les membres de participer, sauf dans des pays comme l’Ukraine ou la Russie où l’accès à l’information est déjà une plus-value. 

En France, le réseau social a été choisi par plusieurs médias indépendants, comme Rue 89 Strasbourg et Streetpress. Pour Mathieu Molard*, rédacteur en chef de Streetpress, les flux Telegram sont un moyen d’impliquer la communauté  autour du média, puisque Streetpress vit depuis 3 ans du financement participatif. La démarche s’inscrit dans une dynamique globale en lien avec des évènements organisés en présentiel depuis longtemps avec leur lectorat. Or, même si les petites communautés créées par Streetpress et Rue89 Strasbourg fonctionnaient, les deux canaux sont inactifs aujourd’hui. La raison est la même pour les deux rédactions : un manque de ressources pour alimenter un réseau social qui ne peut pas se contenter des mêmes posts qu’Instagram ou Twitter. Pour Mathieu Molard, c’est un des paradoxes de l’utilisation de la plateforme : « Un ton très formel ne va pas fonctionner parce que le ton doit rester naturel : c’est difficile pour un gros média de s’y mettre parce qu’en général les journalistes ne peuvent pas publier sans l’accord de leur hiérarchie, on perd donc le naturel et l’instantané du contact ; et les tout petits médias n’ont pas les ressources pour pouvoir bien le faire. ». 

A bien des égards, Telegram semble se différencier des autres réseaux sociaux et messageries. L’application est à l’écart des autres géants de la technologie et met un point d’honneur à n’en révéler autant sur elle-même que sur ses utilisateurs. Sa confidentialité en fait une application prisée tant par les politiques que par des personnes désireuses d’échapper à certaines autorités gouvernementales. Surtout, Telegram semble être une source intarissable d’informations. Si certains médias ont tenté de s’en saisir pour développer leurs communautés, peu semblent vraiment arriver à s’y installer durablement. Peut-être que son essence contestataire n’en fait pas un réseau social vers lequel on se tourne pour de l’information institutionnelle ou mainstream. Comme d’autres plateformes récentes à la manière de Twitch, la solution pourrait être dans le développement de flux d’informations propres au réseau : les médias d’information qui fonctionneront seront sûrement natifs de l’application et prendrons des codes propres au réseau social comme une forte interaction, une information de flux ou un fort militantisme.  

 

*entretien téléphonique réalisé le 25 juillet 2022

Liens vagabonds : L’Europe vole de ses propres ailes pour s’éloigner des GAFA

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Le DMA et le DSA sont approuvés –  Le 5 juillet dernier ont officiellement été votés par les députés du Parlement Européen, le Digital Market Act et Digital Service Act. Alors que les deux accords avaient été provisoirement adoptés en mars et avril dernier, ils ne leur manquaient plus que l’approbation du Parlement. Pour rappel, ces textes envoyant un signal fort au géant de la Tech, ont respectivement pour objectif de lutter contre l’abus de position dominante de ces derniers, et de faire d’internet un espace plus sûr et légiféré. Les deux devant être effectifs d’ici 2024. 

Ces projets ont été soutenus par la quasi unanimité des pouvoirs européens apparaissent comme des outils indispensables pour adapter le droit à la domination économique des plateformes numériques. Toutefois quelques inquiétudes persistent quant à l’efficacité des mesures mises en œuvre face à la puissance financière des GAFA. Inquiétudes auxquelles a répondu Margrethe Vestager en assurant que  les institutions seraient prêtes à l’arrivée du DMA entre autres en recrutant plus de personnel. L’Europe semble donc dans une dynamique d’autonomie face aux géants de la tech, aussi démontré par le désir de Bruxelles de faciliter l’innovation au sein de l’Union Européenne

Démarrage difficile pour l’introduction en bourse de Deezer – L’ancienne licorne du streaming musical français a perdu près de 30% de sa valeur dès sa première journée à la Bourse de Paris mardi 5 juillet. Deezer, qui avait déjà annulé son introduction en 2015, l’a cette fois bien maintenu grâce à une fusion avec la SPAC I2PO – une société écran cotée dédiée spécialement à l’acquisition d’une autre société-  fondée par la famille Pinault. 

Un effondrement qui s’explique déjà par le contexte difficile de la tech et notamment du streaming musical, qui rend les investisseurs frileux. Les marchés boursiers ont connu leur pire semestre depuis des décennies et la musique en a particulièrement souffert. Spotify a vu son cours divisé par 3 depuis octobre dernier, le français Believe a perdu la moitié de sa valeur depuis son introduction le mois dernier et même Universal, considéré comme le joyau de la musique côtée avait perdu 19%. De plus, le manque de rayonnement de Deezer à l’international n’a pas aidé. 

Le groupe français a quand même réussi à lever plus de 170 millions d’euros, ce qui semble suffisant pour alimenter un virage stratégique lui permettant de coexister avec les géants du streaming musical, et d’atteindre à long terme la rentabilité. 

La tech licencie massivement dans l’optique de rester rentable – Les vagues de licenciements qui secouent l’industrie depuis mai ne font que s’intensifier, entre politiques restrictives en Asie, rachat et chute des cryptomonnaies. Personne ne semble épargné. Niantic s’est séparé d’environ 90 employés, qui représentent 8% de ses effectifs, Unity 300 à 400 personnes et Argo AI environ 150 personnes. Tous ont aussi réduit leur rythme d’audience et souhaitent rationaliser leurs opérations

Les géants de la tech n’en sont pas en reste. Selon Reuters, Meta compte réduire ses prévisions d’embauche d’ingénieurs d’au moins 30% et alerte ses salariés sur la période difficile à venir, qui “pourrait être l’un des pires ralentissements connus dans l’histoire récente” du groupe. Twitter s’est aussi séparé d’une dizaine de personnes dédiées au recrutement, en souhaitant réduire ses coûts alors même qu’un gel des embauches avait été annoncé dans le même but. Quant à Netflix, il souffre cruellement de la perte d’abonnés et la société a licencié 300 personnes. Cette fois, certains postes à l’international sont concernés. 

L’Asie n’est pas non plus épargnée, et aux difficultés du marché global s’ajoute l’effet de la politique restrictive de Pékin contre la tech. Tencent va se séparer de plus d’une douzaine de salariés travaillant sur sa messagerie WeChat. Des mouvements similaires sont à prévoir dans la division des communautés de joueurs en ligne, et dans les studios de développement. ByteDance s’attaque aussi à sa branche jeux vidéo avec la fermeture de son studio à Shanghai. L’entreprise compte aussi se séparer de 3 000 emplois dédiés à l’EdTech. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

1 milliard de citoyens chinois – c’est le nombre de personnes dont ce hackers prétend avoir obtenu les données 

54% de ces experts interrogé dans une étude du Pew Research Center ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que, d’ici 2040, le métavers devienne un aspect totalement immersif et fonctionnel de la vie quotidienne d’un demi-milliard de personnes ou plus dans le monde, 46% n’y croient pas

90% – c’est la part de marché des casques VR que monopolise Meta (en attendant Apple)

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Liens vagabonds – Les GAFA en sandwich entre la Cour suprême et le droit à l’avortement

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Les GAFA et le droit à l’avortement – Depuis l’annulation de Roe vs. Wade aux États-Unis vendredi dernier, la toile s’est enflammée sur la régression des droits des femmes, mais aussi sur la sécurité des données des utilisatrices souhaitant mettre un terme à leur grossesse. Les appels dirigés vers les plateformes et les GAFA ont été nombreux pour demander une prise de position claire quant à la gestion des données personnelles. Dans de nombreux états, la loi pourrait en effet permettre de réclamer les données des utilisatrices dans le cadre d’une enquête. 

Si aucune entreprise n’a fait de déclaration sur le sujet pour le moment, beaucoup d’utilisateurs ont multiplié les messages de soutien, de prévention et de proposition d’aides aux personnes dans le besoin. Instagram et Facebook se sont empressés de supprimer ces publications, grace à des mots clés comme ‘avortement’ ou ‘pills’, en justifiant de l’interdiction de vendre des produits pharmaceutiques sur les plateformes de Meta. Plusieurs médias ont avancés l’hypocrisie du groupe, qui n’apporte que peu de contrôle à la vente d’armes pourtant elle aussi normalement interdite sur les plateformes. The Verge a alors tiré la sonnette d’alarme sur le contrôle de l’information qui pourrait toucher le contenu dédié aux informations sur l’avortements aux Etats-Unis. 

Pendant ce temps, de nombreuses compagnies ont déployé des politiques de ressources humaines en faveur de l’aide aux employées souhaitant se rendre dans un autre état pour avorter, ou même chez Google pour y vivre. Popular Information, mais aussi The Verge ont relevé les nombreuses raisons qui poussent les entreprises à adopter des politiques douces suite à l’annonce de la Cour suprême. 

L’UE régule les transferts de fonds de crypto – Le 29 juin dernier, la Commission, le Conseil et le Parlement européen se sont accordés sur le Transfer funds regulation. Présenté comme le premier règlement de l’UE pour tracer les transferts de crypto-actif, il est destiné à “lutter contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et d’autres crimes”.

Les crypto-actifs seront alors soumis aux mêmes règles que la finance traditionnelle et la “règle du voyage”. Entre autres devront “voyager” avec le flux financier, les informations sur le bénéficiaire. Ce sont les prestataires de services sur actifs numériques qui auront l’obligation de partager ces informations aux autorités. L’adoption de ce texte a créé quelques contestations auprès de la communauté crypto qui craint que cela « étouffe l’innovation et sape les portefeuilles auto-hébergés que les particuliers utilisent pour protéger en toute sécurité leurs actifs numériques » d’après la startup française Ledger. Un second texte, le Markets in Crypto-Assets est lui en discussion pour réglementer les plateformes du secteur. 

TikTok développe son activité de livestreaming – Dans un message publié sur LinkedIn mercredi, Xiaowei Yan, responsable de la stratégie de l’application de vidéo à format court, a publié deux postes de stratégie TikTok Live basés à San Francisco et Los Angeles. Les personnes occupant ces postes seront responsables de la monétisation et des opérations pour le produit, une « activité avec un fort élan et un grand potentiel » d’après TikTok. 

TikTok a récemment développé la fonctionnalité livestream. Le mois dernier, il a introduit les abonnements Live, que les fans peuvent utiliser pour payer les créateurs un montant mensuel pour regarder des vidéos en direct et accéder à d’autres fonctionnalités bonus comme les chats réservés aux abonnés. Ce test est encore limité à certains créateurs. TikTok offre aussi la possibilité aux créateurs d’être rémunéré dans les lives via des cadeaux virtuels de la part des abonnés. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

100 millions – c’est le nombre d’abonnés d’Elon Musk sur Twitter

1 million de personnes – c’est la taille de l’armée de troll qui cible les militantes  iraniennes de #MeToo sur Instagram

1 quart – c’est la proportion de journaux américains qui ont mis la clé sous porte depuis 2005

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Liens vagabonds : Vers un standard du métavers ouvert

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Des grands groupes de l’industrie forment le Metavers Standards Forum – A l’initiative d’une quarantaine d’organisations, un consortium industriel hébergé par le groupe Khronos a été créé. L’objectif ? Développer une coopération à l’échelle industrielle pour créer des normes d’interopérabilités nécessaires à la construction d’un métavers ouvert. Le Metavers Standards Forum souhaite faire évoluer les normes en coordonnant les efforts, dans l’objectif d’accélérer leur mise en place. L’organisation, composée entre autre d’Adobe, Meta, Epic Game, Microsoft et Alibaba, souhaite augmenter la coopération et accélerer l’émergence d’un cadre strict et commun. Tous se sont déjà fait remarquer par leurs projets en lien avec le métavers, notamment Meta et Sony avec leurs casques en RV et en AR. Or, malgré des membres prestigieux, d’autres acteurs de taille brillent par leur absence. C’est le cas d’Alphabet, mais aussi d’Apple, de ByteDance et de Roblox. Aucune trace non plus d’acteurs de la blockchain. Le nouveau forum précise cependant être ouvert à toute organisation souhaitant les rejoindre et totalement gratuite. Ses activités seront organisées autour des besoins et des intérêts de chacuns, et impliquent plusieurs domaines technologiques comme la 3D, la réalité augmentée ou virtuelle, mais aussi des questions éthiques telles que la gestion de l’identité, la confidentialité ou le contenu créé par l’utilisateur. Les premières réunions devraient commencer le mois prochain.  

Google trouve un accord avec l’Autorité de la concurrence – cette dernière a annoncé mardi avoir accepté les engagements proposés par Google à propos des droits voisins. Depuis près de 2 ans et demi, les éditeurs de presse demandaient une rémunération pour l’utilisation d’extraits de leurs contenus par le géant du web, au titre de la loi sur les droits voisins de 2019. L’Autorité de la concurrence, qui estime que Alphabet n’a pas fait preuve de bonne foi avec les éditeurs de presse, a finalement fait plier la société américaine. Cette dernière renonce à son recours contre une amende de 500 millions d’euros – et plusieurs conditions. Google s’engage donc désormais à rémunérer la presse pour la reprise de son contenu sur ses plateformes, à transmettre les informations permettant d’évaluer les revenus issus de l’affichage du contenu, et à négocier la rémunération de manière transparente, objective et non-discriminatoire. Un mandataire extérieur et indépendant va également être désigné pour assurer le respect de ces engagements. L’engagement de Google sera effectif pendant 5 ans, renouvelable une fois. 

Zuckerberg présente sa vision du paiement dans le métavers – Facebook Pay devient Meta Pay et souhaite devenir le portefeuille indispensable du nouveau web. Dans le futur immédiat, très peu de changements sont à noter. L’annonce du changement de nom du système de paiement du groupe est vu comme le premier pas du développement de la vision du métavers de Mark Zuckerberg. Meta Pay devrait être interopérable, pour s’imposer comme le meilleur produit proposé sur le marché – tant en termes d’expériences pour les utilisateurs qu’en termes d’opportunités pour les créateurs. Il permettra notamment de « prouver la possession d’un objet digital créé ou acheté dans le métavers ». L’aspect propriété est le point sur lequel le grand patron a insisté, en mentionnant que son wallet pourra être utilisé pour créer et acheter des vêtements, de l’art, de la musique, des vidéos, des expériences, des événements et bien plus encore. Si Meta Pay paraît similaire aux wallets pour les NFT, l’entreprise n’a pas encore parlé de cryptomonnaies dans son métavers, même si ces dernières vont bientôt faire leur apparition sur les applications du groupe. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

701 millions – c’est le nombre de connexions 5G déployées à la fin du premier trimestre 2022 

260 000 – c’est le montant en dollars que devra payer Google pour non-respect des lois russes sur les données locales 

2,35 milliards – c’est la somme en dollars qui a été blanchie grâce à Binance entre 2017 et 2021

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