L’état des médias dans le monde : crédibilité, manque de ressources et déclin de la publicité

Comme chaque année depuis 2009, la société Cision présente son étude sur l’état des médias dans le monde destinée aux professionnels des RP, en interrogeant plus de 3800 journalistes dans 17 pays. L’occasion de sonder l’évolution de la profession de journaliste et de ses difficultés.  Car si le métier n’est pas nouveau, les défis le sont. Le rôle du journalisme est toujours de rapporter des faits, mais couvrir simplement l’actualité ne semble pas suffire. Les moyens financiers et humains sont de plus en plus limités, les technologies évoluent à une vitesse grand V et la concurrence est rude entre réseaux sociaux et influenceurs.

Par Isya Okoué Métogo, MediaLab de l’Information

 Conserver sa crédibilité et lutter contre les fake news

Cision a alors demandé aux journalistes quelles étaient leurs principales difficultés. Pour 32% d’entre eux, le plus dur serait de conserver leur crédibilité en tant que source de confiance, et de combattre les « fake news ». Selon les journalistes interrogés, ce serait leur défi numéo 1 notamment parce que le public aurait de moins en moins confiance en eux. Ils sont 57% à estimer que cette confiance s’est brisée au cours de l’année dernière.

Le dernier rapport du Reuters leur donne d’ailleurs raison puisque 29% des personnes qui évitent l’information le feraient par manque de confiance ou parce que les articles seraient biaisés.

Un manque de personnel et de ressources important

Leur deuxième problème est le manque de personnel et de ressources. Le flux ininterrompu d’information qui caractérise notre époque pousse en effet les journalistes à devenir multitâches : 29% d’entre eux écrivent au moins 10 articles par semaine et 43% des journalistes couvrent plus de 5 domaines d’actualités différents.

Le déclin de la publicité et des sources de revenus

Le troisième problème majeur rencontré est sans surprise le déclin de la publicité et des sources de revenus dû à la diversification des canaux de diffusion. La concurrence et la pression qui en découle pour écrire des articles attrayants pour les lecteurs affectent directement le traitement de l’information par les journalistes : pour 56% d’entre eux, les statistiques détaillées sur leur audience jouent un rôle important dans le choix des sujets à traiter.

Les journalistes et les réseaux sociaux

Face à l’évolution des contenus multimédias et les réseaux sociaux, Cision s’est aussi interrogé sur la relation qu’entretenaient les journalistes avec le digital. Il s’avère que de nombreux journalistes utilisent les réseaux sociaux, que ce soit pour publier ou promouvoir du contenu (20%), pour interagir avec leur audience (18%) ou pour développer leur réseau (16%). Globalement, la majorité utilise Facebook, même si selon la plateforme, seulement 4% du contenu du fil d’actualité d’un utilisateur est de l’information. Viennent ensuite Twitter et LinkedIn. A l’échelle régionale, quelques nuances sont à relever : l’oiseau bleu est autant utilisé que Facebook en Amérique du Nord, alors qu’en Europe LinkedIn est plus courant que Twitter. En Asie, c’est Instagram qui détient la deuxième place.

Certains réseaux sociaux comme Tiktok ou Snapchat sont délaissés par les journalistes, les éloignant du jeune public (respectivement 5% et 1%) alors même que 15% des 18-24 ans utilisent le réseau social chinois pour les actualités. Leur définition de l’actualité étant plus large, beaucoup de jeunes utilisateurs sont consommateurs et créateurs d’information. Cette nouvelle source d’actualité indirecte est la raison pour laquelle les journalistes considèrent que les réseaux sociaux et les influenceurs court-circuitant les médias traditionnels est leur quatrième difficulté.

La pratique des réseaux sociaux invite les journalistes à multiplier les éléments multimédias dans leurs articles pour attirer des lecteurs et adapter leur contenu aux plateformes. Ainsi, 81% des journalistes interrogés ont intégrés des images à leurs articles ces 6 derniers mois. Presque 50% ont aussi intégré des vidéos, et 41% de l’infographie.

Pour conclure, Cision présente une profession surchargée de travail mais qui manque cruellement de moyens. En plus d’écrire plusieurs articles par semaines, les journalistes couvrent des sujets variés qui peuvent être bien éloignés les uns des autres. La vitesse avec laquelle le monde de l’information évolue en fait une profession qui doit s’adapter rapidement malgré une baisse de moyens liée notamment à l’érosion des revenus publicitaires. Pour autant, les journalistes intègrent pleinement les plateformes à leur métier tant en amont pour la recherche d’information qu’en aval pour la promotion de leur contenu. Une tension palpable qui n’est pas prête de cesser.

 

Etude réalisée entre janvier et février 2022 auprès de 3890 répondants dans 2160 organes de presse provenant de 17 pays différents (Allemagne, Australie, Canada, Chine, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Hong-Kong, Indonésie, Italie, Malaisie, Portugal, Royaume-Uni, Singapour, Suède et Taïwan)

#VIVATECH2022 : à la conquête du Web 3

La septième édition du salon de l’innovation parisien s’est déroulée du 15 au 18 juin dernier, au Parc des Expositions. Pendant quatre jours se sont succédé conférences, workshops et présentation des stands pour les 91 000 participants. Petite nouveauté : le salon était phygital, et a su séduire près de 300 000 personnes sur son site internet grâce à un accès gratuit aux innovations en 3D et en réalité augmentée, mais aussi aux conférences et aux showrooms virtuels.

Si la semaine était réservée aux entreprises, l’ouverture grand public du samedi s’est illustrée par la visite d’Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire. L’objectif ? Réaffirmer la place de la French Tech dans l’écosystème et annoncer  leurs intentions d’atteindre au moins 100 licornes tricolores d’ici 2030. Un objectif ambitieux à la hauteur de ceux du salon. Les grands acteurs du milieu se sont en effet lancés sur un terrain de taille : le Web 3 et le métavers. Des sujets hautement passionnants et qui suscitent bien des discussions.

Par Isya Okoué Métogo, MediaLab de l’Information

Un salon B2B entre nouvelles technologies, écologie et web3

Comment attirer les entreprises sur son stand ? En parlant B2B, comme on dit. L’usage des nouvelles technologies et notamment du Web 3 pour les marques et les entreprises s’est affirmé comme l’axe de prédilection des différentes innovations et interventions.

Impossible de rater le thème de la mobilité grâce aux prototypes de grands groupes comme Renault, Audi mais aussi la SNCF et la RATP. Les premiers modèles de véhicules du futur font tourner les têtes et allient technologie de pointe et innovations environnementales, comme le TGVM composé à 97% de matériaux recyclables.

La transition écologique est devenue incontournable pour toute entreprise souhaitant innover, non seulement dans la mobilité mais aussi dans la gestion des ressources énergétiques et de notre alimentation. C’est le thème abordé par Insterstellar Lab qui s’est démarqué en exposant des capsules futuristes composées de « biopod », des serres hermétiques permettant de reproduire les conditions climatiques de n’importe quel type de plante.

Le Web 3, un outil d’indépendance et de création de valeur

Face au constat de la difficile adaptation des entreprises à un Web 2 des plateformes, beaucoup affirment leur volonté d’être primo arrivant au prochain chapitre pour éviter d’être en retard. Chez Publicis, on évoque alors la data sovereignty, qui pourrait permettre aux marques de récupérer la valeur de leurs données en dirigeant et monitorant leurs KPIs, mais aussi de renouer avec la confiance des consommateurs de plus en plus méfiants à céder leurs données aux plateformes.

L’opportunité offerte par le Web 3, la blockchain et les NFT pourrait aussi permettre de créer de la valeur : c’est la thèse de LVMH qui y voit la possibilité d’étendre son parcours client en offrant une expérience améliorée, plus complète et exclusive par le développement d’un écosystème digital.

Cette indépendance n’est pas seulement au service d’un marché, mais tout simplement au service des utilisateurs. Alors que Binance voit les NFT comme une manière pour les habitants de zones instables de se doter d’une monnaie intangible indépendante d’une banque, l’Estonie voit en la blockchain une opportunité d’améliorer et de sécuriser les données de ses services publics. Le salon a aussi été marqué par l’apparition holographique du Président ukrainien Zenlensky, qui a appelé les entreprises tech à investir dans son pays et a rappelé le niveau avancé de numérisation de l’Ukraine. Un avantage de taille pour résister aux conséquences de la guerre avec la Russie, puisqu’il permet notamment aux pays européens de continuer à délivrer des paiements dans des zones de guerre.

Des questionnements éthiques, organisationnels et culturels

Face à ces innombrables possibilités se dresse une série de questions, notamment éthiques, organisationnelles et culturelles. Les nombreux conférenciers présents à VivaTech ont bien saisi l’ampleur du sujet et de nombreuses problématiques ont été avancées face au développement du Web 3. En plus de l’habituelle question environnementale, la régulation a été abordée. Comment en effet soutenir ce nouveau monde digital en garantissant la sécurité de ses utilisateurs ? Pour Roblox, spécialiste dans le jeu vidéo multijoueur, la solution est la responsabilité collective dans un premier temps, puis une régulation progressive.

Avec la responsabilité vient aussi la question du modèle à adopter : si le Web 3 est caractérisé par la décentralisation, comment choisir ce qu’il est judicieux de décentraliser ? D’après Sandbox, une des entreprises qui proposent leur métavers, il est important de connecter le digital au physique sans chercher à répliquer le monde réel. Tout l’intérêt d’un autre monde est de pousser les limites de son imagination, puisque toute révolution s’allie avec une idée de magie et de fantaisie. Voilà d’ailleurs le secret de la réussite des jeux vidéo dans le métavers.

L’imagination n’est pas le seul secret des jeux vidéo. De nombreux conférenciers se rejoignent sur la culture qui gouverne le métavers et qui fait partie des difficultés à séduire pour l’instant un large public. Pour vivre et interagir dans une réalité parallèle, notamment lorsque la propriété est concernée, il est nécessaire d’en avoir la culture. Un défi de plus à relever pour le Web 3 et pour ses futurs acteurs.

Et ensuite ? Que se passe-t-il lorsque l’on acquiert ses NFTs et que notre avatar devient partie intégrante de notre identité ? A ces questions aucune réponse pour le moment, si ce n’est la conclusion d’Epic Games : ce qui restera et ce qui marchera, comme dans chaque révolution, est ce qui permettra de garder l’aspect social inhérent à nos besoins. A vos imaginaires, tout reste à inventer.

Liens vagabonds : Une IA humaine ?

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Une IA humaine ? – Un ingénieur de Google a décrit l’outil d’intelligence artificielle de Google LaMDA comme « une personne » dotée d’émotions. Il a déclaré avoir eu une série de conversations avec LaMDA, et que l’ordinateur s’est désigné lui-même comme une « personne sensible ». Le robot penserait notamment qu’il a le droit à ce qu’on lui demande son consentement à être reconnu comme un employé de Google (et non comme une propriété) et à ce que Google donne la priorité au bien-être de l’humanité. l’IA aurait réussi elle-même à prendre conscience de son existence, une possibilité largement contestée par les experts. Google s’est vite opposé à ces déclarations contraires aux bases éthiques de l’IA, en invoquant un manque de preuves et a placé l’ingénieur en question en congé rémunéré. Timnit Gebru et Margaret Mitchell ont renchéri sur les dangers d’une IA consciente face aux velléités de certaines entreprises de s’approcher d’une « IA générale » (AGI), comme Elon Musk dernièrement. La démocratie, peut-elle inclure le monde au-delà des humains ? Le chatbot « intelligent » de Google serait-il notre avenir auto-trompeur ?

Le Bitcoin en mauvaise forme – Triste record pour l’industrie des crypto-monnaies : Lundi 13 juin, le Bitcoin a atteint sa plus basse valeur depuis 18 mois, sur un marché qui a peu d’appétit pour le risque. Le marché des crypto-monnaies est passé sous la barre symbolique des 1 000 milliards de dollars alors qu’il avait atteint un record de 2 900 milliards de dollars en novembre dernier. 

Les effets de cet effondrement depuis quelques mois se font peu à peu ressentir. Coinbase, la société de portefeuille de crypto, licencie 18% de son personnel pour s’assurer de “rester en bonne santé pendant ce ralentissement économique ». Pareil du côté de BlockFi et Crypto.com. Le réseau Celsius, plateforme de prêt de crypto, a annoncé l’arrêt brutal des retraits et transferts pour cause de “conditions de marché extrême”, tout comme Binance. Alors que le Salvador a fait du Bitcoin une de ses monnaies légales, le pays aurait perdu environ 50% de ses investissements à cause de cette chute, soit  53,8 millions de dollars.

Meta envisagerait de ne plus payer les droits voisins Facebook News – Le géant des réseaux sociaux débourse chaque année plus de 10 millions de dollars aux titres de presse américains pour partager leurs articles sur sa plateforme. Ce système de rémunération, adopté ensuite en France et dans d’autres pays du monde, touche de nombreux supports, des journaux aux chaînes de télévision. Les contrats généralement signés pour trois ans arrivent à échéance cette année aux Etats-Unis et Meta ne semble pas pressé de proposer une nouvelle solution aux éditeurs américains. Le grand patron de Facebook serait agacé par les autorités de plus en plus nombreuses qui le poussent à rémunérer la presse, et voudrait revoir ses investissements. Selon le Wall Street Journal, le groupe souhaiterait se tourner vers le sport, les créateurs de vidéos courtes pour concurrencer Tiktok et bien sûr, le métavers. Pendant ce temps, 140 publications viennent de signer avec Google après les accords-cadres.

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

140 – c’est le nombre de publications qui ont signé un accord avec Google en France pour les droits voisins 

1 000 – c’est le nombre de vidéos que les modérateurs de Tiktok doivent contrôler chaque jour

5000 milliards de dollars – c’est, selon un rapport de McKinsey, ce que pourrait générer le métavers. Selon McKinsey, l’internaute moyen pourrait passer plus de 6 heures par jour dans le métavers d’ici 2030

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Où y a-t-il le plus d'utilisateurs de NFT ? | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

Outils

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Liens vagabonds : France Médias, le projet du Sénat pour l’audiovisuel public

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

Le Sénat veut fusionner l’audiovisuel public – Ce mercredi 8 juin, le Sénat a publié un rapport proposant la fusion de l’audiovisuel français, dans l’optique de la suppression de la redevance audiovisuelle. La nouvelle société publique unique, baptisée France Médias, regrouperait France Télévisions, Radio France, RFI, France 24 et l’INA. Elle devrait être accompagnée d’une filiale consacrée aux régions, France Médias Régions, qui regrouperait France 3 et les différentes antennes de France Bleu.

L’objectif pour le Sénat ? Restructurer un audiovisuel français dispersé, éviter un risque de marginalisation des différentes entités face à la fusion M6/TF1 et simplifier la gestion des financements et des différentes offres numériques. Pour mettre à bien ces objectifs, le rapport préconise la création d’une Autorité Supérieure de l’Audiovisuel Publique (ASAP), indépendante et responsable du suivi et de l’organisation du financement. Une newsroom unique pourrait également voir le jour, afin de renforcer la coordination et l’expertise des rédactions. Le renforcement et la simplification de l’offre numérique sous une bannière unique permettrait de son côté d’accéder plus facilement au contenu numérique, en réponse à la place des plateformes majoritairement américaines sur internet.

Si le projet est adopté, France Médias devrait voir le jour en 2025, à la fin du mandat de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. 

Twitter partage les faux comptes à Elon Musk – Le conseil d’administration de Twitter a décidé de céder aux demandes d’Elon Musk. En début de semaine, ce dernier envisageait de mettre fin à son accord d’acquisition de la plateforme car pour lui Twitter “résistait activement” à ces demandes d’information sur les bots. Les propositions de Twitter sur le partage de sa méthodologie de recensement des faux comptes n’avait alors pas suffit à convaincre le PDG de Tesla

D’après un article publié par le Washington Post, Twitter prévoit donc de donner l’accès à son firehorse, un flux complet de données –  de plus de 500 millions de tweets postés chaque jour – incluant le contenu des tweets, l’appareil utilisé et d’autres informations sur le compte. Elon Musk pourra ainsi vérifier par lui-même si la proportion de faux comptes est ou non située autour de 5%.

L’accès aux données pourrait être donné à l’entrepreneur dès cette semaine. Si les chiffres diffèrent sensiblement de ceux publiés par Arag Argawal – PDG de Twitter,  Elon Musk pourra tenter de renégocier son offre de rachat à 44 milliards de dollars à la baisse, ou sortir de l’accord

La télévision est encore bien présente dans les foyers français – Selon le dernier rapport de l’Arcom sur l’équipement audiovisuel en France métropolitaine, les usages changent mais l’outil reste. Les télévisions sont de plus en plus connectées et leur usage se diversifie, avec une utilisation accrue du replay, de la VOD et même des applications des plateformes : aujourd’hui 8 téléviseurs sur 10 sont connectés indirectement à internet. Ces nouveaux usages ne remplacent cependant pas les anciens. Le rapport montre également que près de 5 millions de foyers équipés de télévision ne reçoivent que la TNT. La télévision reste donc l’écran le plus répandu. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

500% – c’est la hausse des revenus de l’audio numérique sur l’année passée

60% – c’est la part des consommateurs qui ne sont pas intéressés par le shopping virtuel dans le métavers

1 milliard – c’est l’objectif d’utilisateurs pour Spotify en 2030

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Crypto-économie : quelles évolutions ? | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Liens vagabonds : En Russie, les médias au service de l’inversion du réel

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

La propagande, arme de guerre du régime russe – « En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle devrait toujours être protégée par un rempart de mensonges », disait Winston Churchill. En ces temps de guerre en Ukraine, la Russie s’apprête à plonger dans les ténèbres de la propagande. Dans un pays où les journalistes étaient déjà régulièrement arrêtés et détenus sans motif valable et après la liquidation de l’organisation Memorial, l’accès à la quasi-totalité des médias indépendants est progressivement bloqué. C’est le cas pour Echo de Moscou, Rain TV, la BBC, la DW mais aussi des médias sociaux comme Facebook et Twitter. Le rôle des médias russes est désormais de relayer le discours du Kremlin. A en croire les chaînes de télévision, l’opération russe contre l’Ukraine équivaut à la lutte contre le Troisième Reich. Les hommes d’Etat se relaient à l’antenne pour dire que la Russie sauve des vies en Ukraine où l’Otan se serait alliée à des forces néonazies. Nous assistons à une inversion du réel qui devient, dans la bouche des médias, du « fake ». Le Parlement russe a d’ailleurs approuvé une loi selon laquelle les « fake news » sur l’armée risquent jusqu’à 15 ans de prison. Le simple mot « guerre » pourrait être interprété comme tel. Enfin, dans certaines parties de l’Ukraine envahie, seuls des médias russes sont actuellement disponibles.


La Russie a par ailleurs réussi à mettre en place, ces dernières années, une machinerie de propagande au-delà de ses frontières, notamment grâce à des médias soutenues par l’État. Pour éviter la propagation de la désinformation russe, la Commission européenne a déclaré qu’elle interdirait « la machine médiatique du Kremlin » dans l’UE. RT, Sputnik et d’autres médias « ne pourront plus répandre leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine », a tweeté Ursula von der Leyen. D’autres initiatives, comme l’exclusion de la Russie de l’Eurovision, visent à empêcher le régime de Poutine d’utiliser la diplomatie culturelle pour faire sa promotion. Les plateformes numériques, elles aussi, s’engagent dans la lutte contre la désinformation russe. Plusieurs entreprises, dont Google, TikTok, Facebook et Microsoft, appliquent déjà l’interdiction d’accès aux médias d’État russes au sein de l’UE. Les plateformes de la Tech ont été utilisées par la Russie pour diffuser ses « mensonges déconcertants’’ dans la tradition du communisme totalitaire et auront à cet égard un rôle important à jouer dans la lutte contre la désinformation. Pendant ce temps, une équipe de Sky News fait l’objet de tirs des forces russes à Kiev.

L’accord sur les droits voisins de Google et la presse – Après deux ans de négociations, Google et les éditeurs de presse français ont enfin trouvé, le jeudi 3 mars, un accord sur la rémunération des contenus indexés par le moteur de recherche. Cet accord intervient dans le cadre de la directive européenne sur les droits voisins du droit d’auteur, imposant à Google de rémunérer les acteurs de la presse pour lesquels les contenus sont exposés sur Google Actualité. Décrit comme “une étape historique dans la mise en œuvre» des droits voisins” par Google et l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), le montant des droits à répartir n’ont cependant pas été précisé par les deux entités mais à titre d’exemple, il serait de l’ordre d’un million d’euros par an pour le Monde.

L’accord concerne les 289 membres de l’APIG, soit les acteurs de la presse quotidienne nationale, régionale, départementale et hebdomadaire régionale. À noter que certains médias tels que Le Point, Le Canard Enchaîné ou L’Équipe ne font pas partie de l’APIG et ne sont pour le moment pas concernés par ces mesures. Google a toutefois annoncé, avoir dores et déjà lancé des négociations similaires avec d’autres fédérations, comme Fédération nationale de la presse spécialisée (FNPS) ou la Fédération des agences de presse (FFAP).   

Le rapport des jeunes à TikTok – Le 2 mars, une coalition de huit États américains a annoncé le lancement d’une enquête contre TikTok et son effet sur les enfants. Les magistrats souhaitent alors examiner les mécanismes de la plateforme pour inciter les jeunes à passer plus de temps, à réagir aux contenus et interagir avec les créateurs. TikTok a un puissant effet auprès des jeunes : des employés de Meta auraient évalué que les adolescents passeraient au moins deux fois plus de temps sur TikTok que sur Instagram. 

TikTok a donc réagi en promettant de fournir les informations nécessaires à cette investigation. “Nous sommes très soucieux de construire une expérience favorable au bien-être de notre communauté, et nous apprécions que les procureurs généraux se concentrent sur leur sécurité” a déclaré un porte-parole de la plateforme. Cette investigation fait écho à celle menée quelques mois auparavant contre Instagram et son effet néfaste sur la santé mentale des adolescents. 

CETTE SEMAINE EN FRANCE

3 CHIFFRES

2 625 – c’est le nombre de subreddits supprimés en 2021 pour violation de droits d’auteurs

10 – c’est le nombre de minutes que peuvent atteindre désormais les vidéos sur TikTok 

758,6 milliards – c’est le montant qu’atteindra le marché mondial du métavers en 2026 selon l’étude Global Metaverse Industry

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINEInfographie: Quels réseaux sociaux sont les plus utilisés en Russie ? | Statista

Vous trouverez plus d’infographies sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

[FAKE]

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

5G, 8K

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Evarestos Pimplis

 

Liens vagabonds : La guerre en Ukraine, une guerre de l’information

À RETENIR CETTE SEMAINE : 

La guerre en Ukraine et l’information – Ce jeudi 24 février, la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine, envoyant des troupes militaires sur le sol ukrainien et engageant des bombardements sur l’ensemble du territoire. Aux attaques physiques se sont ajoutées plusieurs attaques informatiques visant les sites des ministères de la défense et de l’intérieur ukrainien et la mise en place de faux sites gouvernementaux par la RussieLe gouvernement ukrainien a demandé de l’aide à la communauté des hackers pour défendre les SI des installations critiques et anticiper les prochaines cyber-attaques. 

Alors que les civils et journalistes ukrainiens tentent de communiquer sur ces évènements via les médias sociaux, Twitter a reconnu avoir suspendu “par erreur” plusieurs comptes relayant l’information sur la crise en Ukraine lors d’opérations de modération sur la plateforme. Les comptes ukrainiens semblent avoir été réactivés depuis et Twitter a de plus partagé des conseils à la population pour sécuriser leurs comptes afin d’éviter tout piratage. En même temps, TikTok restaure le compte du média russe d’état RIA Novosti après l’intervention du gouvernement russe, et la Russie restreint l’accès à Facebook

Les réseaux sociaux deviennent le terrain fertile de la désinformation, exacerbant alors le conflit entre les deux pays sous couvert d’imprécisions et volonté de manipuler l’opinion publique. En France, l’Arcom veille avec « une particulière vigilance » aux informations diffusées sur la chaîne RT France, dont nombre d’invités relaient la propagande du Kremlin.

Images satellites, tracking d’avion, métadonnées permettent de suivre l’invasion en direct en ligne

Truth Social, une volonté de revanche au potentiel limité – Le réseau social de Donald Trump a été déployé cette semaine sur l’AppStore aux Etats-Unis. En quelques heures l’application s’est hissée au sommet du classement des applications les plus téléchargées. Malgré ce succès, Truth Social, qui est basé sur la technologie de Mastodon, a été presque entièrement inaccessible en raison de problèmes techniques, avec une panne de 13 heures et une liste d’attente de 300 000 personnes. La plateforme devrait être pleinement opérationnelle fin mars.

L’application dit “encourager une conversation ouverte, libre et honnête sans discriminer pour l’idéologie politique ». Les publications y sont appelées “Truths” (Vérités) et “Retruths”, ce qui rappelle les “tweets” et “retweets”. En effet, le réseau social est très semblable à Twitter et nombreux sont ceux qui doutent de sa capacité à se pérenniser. Les réseaux sociaux gérés par des conservateurs en quête de liberté d’expression sont souvent voués à l’échec, manquant de contradiction et de la polarisation qui génèrent la rétention et l’engagement sur Twitter. La liberté d’expression semble aussi discutable. Truth Social a déjà censuré un compte parodiant un ancien membre du Congrès devenu PDG de la société Trump

Selon Reporters sans frontières, le lancement de Truth Social montre que “s’il est parfaitement légitime que les médias soient orientés, les plateformes numériques et les réseaux sociaux, qui structurent l’espace civique, doivent être astreints à une neutralité politique, idéologique et religieuse.” Le Digital Services Act devrait en fournir davantage les garanties.

Facebook défaillant dans la lutte contre la désinformation climatique Selon un rapport du Center for Countering Digital Hate, groupe de surveillance britannique, Facebook ne lutte pas efficacement contre la désinformation en matière de climat. Il ne parvient notamment pas à signaler et épingler les messages des sites Web qui publient le plus d’informations erronées sur le changement climatique. En effet, dix sites Web sont responsables de près de 70 % de l’engagement sur Facebook autour de contenus climatosceptiques mais seuls 50% de leurs messages ont une étiquette signalant ces informations comme potentiellement trompeuses.

La publication de cette étude intervient après une nouvelle plainte contre Facebook déposée à la Security and Exchange Commission (SEC) par Whistleblower Aid, l’organisation à but non lucratif qui représente la lanceuse d’alerte Frances Haugen. La plainte accuse Facebook, désormais Meta, d’avoir induit ses investisseurs en erreur sur ses efforts pour lutter contre la désinformation sur le changement climatique, toujours largement diffusée sur Facebook faute de dispositifs de lutte adaptés.

CETTE SEMAINE EN FRANCE

3 CHIFFRES

243 milliards de dollars – c’est le chiffre d’affaire des GAFA en 2021

300 000 – c’est le nombre d’utilisateurs sur Horizon World revendiqués par Meta 

40 millions d’euros – c’est la somme qu’apportera Netflix au cinéma français cette année, dans l’espoir de retourner à Cannes

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Quelles langues parle Internet ? | Statista

Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

@vrpranksters Give these guys a raise Zack Muckerburg 🥺😭 #vr #virtualreality #meta #metaverse #fyp #fypシ ♬ original sound – Merry VR Pranksters

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

5G, 8K

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Evarestos Pimplis

 

Le podcast, nouveau média d’information ou de désinformation ?

Par Evarestos Pimplis, MediaLab de l’Information 

Un quart des adultes aux Etats-Unis s’informeraient grâce aux podcasts. Le potentiel de croissance de ce média est important. Les podcasts natifs font florès et leur nombre d’auditeurs réguliers ne cesse d’augmenter, y compris en France où la radio est traditionnellement dominante dans le marché de l’audio. Quelques questions demeurent toutefois. Quel modèle économique peut leur permettre de se structurer à long terme ? Quel encadrement juridique peut garantir la meilleure rémunération possible des créateurs ? Mais surtout, peuvent-ils devenir un des principaux médias d’information des citoyens ? Entre accusations de contribution à la désinformation et brouillage dangereux entre information et publicité, les podcasts ont encore de nombreux obstacles à surmonter sur leur chemin de légitimation.  

Un quart des Américains s’informe en écoutant des podcasts

Selon une étude du Pew Research Center menée en juillet 2021, environ un quart des adultes aux Etats-Unis (23%) déclarent s’informer au moins occasionnellement par le biais de podcasts. Cette industrie culturelle semble séduire de plus en plus de citoyens cherchant à s’informer, bien que 56% de la population des Etats-Unis déclare encore ne s’être jamais informé par ce média. Le potentiel de croissance du podcast reste très grand dans un pays où la radio est traditionnellement moins dominante qu’en France.

L’enquête du Pew Research Center révèle par ailleurs que les jeunes adultes sont plus susceptibles de s’informer par le média podcast. Ce mode de consommation de l’information concerne en effet près d’un adulte sur trois âgé de 18 à 29 ans contre seulement 12 % des adultes de 65 ans et plus. L’étude note également que les citoyens les plus éduqués et ayant les revenus plus élevés sont les plus susceptibles de s’informer via des podcasts. Ainsi, 28% des Américains ayant un diplôme d’études supérieures s’informent par ce média contre 17% pour les diplômés du secondaire.

Le podcast natif, un phénomène en pleine expansion en France

En France, certains podcasts natifs comme La Poudre, Transfert ou Les couilles sur la table ont popularisé cet espace médiatique nouveau, présentant un journalisme de l’intime qui cherche, par le récit de soi, à déconstruire les normes. En effet, ces podcasts ont émergé autour de thématiques et de clivages politiques peu représentés dans les médias traditionnels comme la théorie du genre ou le féminisme. Certains podcasts natifs peuvent aujourd’hui avoir un fort impact sur le débat public à l’image d’Ou peut-être une nuit de Charlotte Pudlowski, produit par Louie Media et diffusé à l’automne dernier. Ce podcast a été écouté plus d’un million de fois et a propulsé sur le devant de la scène médiatique la question de l’inceste.

La consommation de podcasts en France est incontestablement à la hausse ces dernières années. Les confinements successifs liés à la pandémie de Covid-19 n’ont fait que renforcer cette tendance. En témoigne l’entrée du terme dans le langage des Français. L’étude CSA – Havas Paris réalisée pour la 4ème édition du Paris Podcast Festival en 2021, révèle que 93% des gens connaissent le mot podcast mais que seulement 30% savent ce qu’est un podcast natif. En effet, là où le baromètre Mediametrie comptabilisait 12.3 millions d’auditeurs de podcast constitués à la fois de replay radio et de contenus natifs en 2020 en France, le dernier baromètre Acast compte 4,4 millions d’auditeurs de podcast uniquement natifs par mois sur la période allant de juillet à septembre 2021. L’écoute de podcasts natifs continue depuis deux ans sa hausse fulgurante passant de 13% d’auditeurs mensuels en France en 2019 à 23% en 2021.

Qui écoute des podcasts ?

La moyenne des Français n’écoute pas des podcasts de façon régulière. Chez les consommateurs fidèles de podcasts, ceux qui en écoutent au moins une fois par semaine, un profil type d’auditeur peut être dressé : jeune (35 ans en moyenne contre 42 dans la population française), vivant majoritairement dans une grande ville et appartenant de manière surreprésentée aux CSP+ (27% contre 16% pour la population française).

Pourquoi écoute-t-on un podcast ?

Bien que les contenus de divertissement, humoristiques et de développement personnel gagnent en importance, l’information est le principal centre d’intérêt d’écoute des podcasts. Selon l’étude CSA – Havas Paris 2021, 84% des auditeurs de podcasts natifs déclarent que ceux-ci les éclairent sur des sujets de société et 65% d’entre eux s’intéressent aux podcasts politiques. L’information était, selon la version 2020 de cette même étude, la thématique qui intéresse le plus les auditeurs à 87% devant l’humour et le divertissement, à 85%.

Nouvelle source d’information pour les jeunes 

Les podcasts sont une nouvelle source d’informations pour les jeunes pour comprendre les programmes politiques et même les aider à choisir pour qui ils ou elles voteront. A condition de suivre les codes de ce nouveau média : un format très apaisé qui laisse la place au débat et à l’analyse, un temps long, donnant la parole à des profils diversifiés

Quelle économie du podcast ?

Produire et distribuer des podcasts a un coût. En France, Radio France reste le plus important diffuseur de podcasts, tandis qu’aux Etats-Unis, l’espace n’est pas très bien occupé par la radio publique. Beaucoup de créateurs ont des difficultés à trouver des modèles économiques durables pour cette industrie culturelle.

Beaucoup de podcasts font le choix de s’appuyer sur des revenus publicitaires. La plupart d’entre eux utilisent le pre-roll, un petit temps en début d’émission consacré à un message publicitaire ou d’autopromotion. Ces temps publicitaires ne permettent toutefois pas généralement de se financer entièrement et posent des questions en termes d’éthique journalistique. Ces contenus se rapprochent en réalité davantage du brand-content, résultant d’une éditorialisation de la publicité. Ce brouillage entre publicité et information, qui peut prendre la forme d’un message promotionnel relayé par le journaliste lui-même, peut paraître problématique pour un média attaché à la division stricte entre information et publicité. Il est toutefois présenté par les créateurs et les annonceurs comme une innovation culturelle.

D’ailleurs, des marques et entreprises décident elles-mêmes de financer des podcasts sur des sujets divers dans lesquels est faite au passage la promotion de leurs produits. En effet, 51% des auditeurs de podcasts affirment écouter des podcasts proposés par des marques. A titre de comparaison ils sont 68% à écouter des podcasts créés par des studios ou des podcasteurs indépendants et 65% à écouter des podcasts créés par des médias. Il s’agit pour les entreprises d’améliorer leur image de marque en paraissant plus innovantes, plus proches de leurs consommateurs ou encore plus responsables. Les secteurs bancaire et de la Tech investissent ainsi beaucoup dans les podcasts.

Au-delà de la publicité et des questions éthiques que son utilisation pour financer les podcasts pose, il existe une multitude de modèles économiques expérimentés par les créateurs de podcasts. Certains s’appuient sur des financements participatifs, d’autres créent des produits dérivés en cas de succès, comme ce fut le cas pour le podcast les Couilles sur la table, décliné dans un livre tiré à 45 000 exemplaires, mais aussi la création de plateformes comme Majelan qui propose l’accès à des podcasts via un abonnement. Dès lors, la question se pose de savoir si les auditeurs sont prêts à payer pour accéder à leurs podcasts tandis que la radio est accessible gratuitement. Certains créateurs préfèrent confier leurs podcasts à des plateformes de streaming comme Deezer ou Spotify.

Un vide juridique handicapant

Le marché des podcasts demeure un marché fragile et ce notamment à cause du vide juridique du secteur. Malgré une sécurisation progressive des droits de diffusion des auteurs, la juste rémunération des podcasteurs reste entièrement à penser. Les principaux distributeurs de podcasts sont des applications d’écoute dédiées comme Apple Podcast, Podcast Addict ou Castbox et les plateformes de streaming musical comme Deezer ou Spotify qui proposent elles aussi depuis 2018 un catalogue de podcasts.

Face à ces plateformes de streaming peu enclines à faire valoir les droits d’auteurs des créateurs de podcasts, le syndicat des producteurs audio indépendants demande aux pouvoirs publics de réguler cette industrie culturelle, qui ne l’est pas du tout en France, afin de créer un écosystème plus vertueux. Droits préfinancés, droits payés à postériori ? Tout est encore à définir. Depuis novembre 2021, la quasi-totalité des productions issues des studios représentés au sein du PIA, le syndicat des producteurs audio indépendants, est accessible sur la plate-forme française de contenus audio Sybel, où les podcasts sont rétribués à proportion du nombre d’écoutes qu’ils auront suscitées ; écoutés gratuitement, ils se verront affecter la totalité des revenus publicitaires qu’ils auront engendrés.

Podcasts et désinformation

Depuis 2018, la plateforme de streaming Spotify permet à tout un chacun d’y diffuser ses podcasts. Opportunité d’un côté, cette ouverture à des contenus amateurs est aussi une porte ouverte à la désinformation. Officiellement, pour pouvoir diffuser un podcast, les règles d’utilisation de la plateforme doivent être respectées. Il est par exemple explicitement indiqué qu’il est interdit d’affirmer que « le sida, le Covid, le cancer ou d’autres maladies dangereuses sont des mensonges », de suggérer que « les vaccins ont été conçus pour tuer », ou encore de diffuser des « contenus haineux contre des personnes en raison de leur religion, ethnicité, expression de genre ou orientation sexuelle ». Toutefois, des podcast enfreignant ces règles peuvent être trouvés très facilement sur la plateforme. D’autant que le format du podcast pose la question du point de vue unique, de l’absence de contradiction et par conséquent de la facilité de persuasion des auditeurs.

Dans ce contexte, Spotify est accusé de laisser fleurir la désinformation sur sa plateforme sans chercher à y remédier. Le manque de modération efficace mais aussi la difficulté de signalement pour les utilisateurs qui doivent se rendre sur une page dédiée et remplir un questionnaire, pourraient être responsables d’un phénomène de désinformation massive. Pour afficher son inquiétude et appeler la plateforme à agir, le chanteur Neil Young a retiré l’ensemble de ses oeuvres de  Spotify. Dans son viseur notamment, un des podcasts les plus écoutés au monde, « The Joe Rogan Experience », exclusivité Spotify depuis 2020 pour un contrat de plus de 100 millions de dollars. Le podcast aux plus de 200 millions d’auditeurs mensuels, s’est vu accusé de propager de la désinformation sur la vaccination contre le Covid-19.

Face à ces accusations, Spotify a annoncé des dispositifs pour lutter contre la désinformation relative au Covid-19. La première mesure mise en place a été le renvoi, à partir de tous les podcasts parlant de Covid-19 sur la plateforme, à un ensemble de podcasts vérifiés, constituant un centre d’information. Spotify a également affirmé penser à de nouvelles manières de renvoyer les créateurs de podcast aux règles d’utilisation en leur signalant ce qui est acceptable, sans parler toutefois de sanctions. Spotify indique souhaiter avant tout préserver un (fragile) équilibre entre liberté d’expression et lutte contre la désinformation. Pour son PDG, les plateformes de streaming n’ont pas à exercer de responsabilité éditoriale sur les contenus hébergés. Les chansons ne sont pas censurées en fonction de leurs paroles, pourquoi en serait-il autrement pour les podcasts?

Derrière les arguments de Spotify, il y a bien sûr l’épineuse question des moyens de modération. Que ce soit par détection algorithmique ou humaine, la modération de millions de minutes de contenus audio est très complexe. Pour modérer avec précision les podcasts, il faudrait en retranscrire le contenu, et cela, les plateformes affirment ne pas en avoir les moyens aujourd’hui.

Est-il néanmoins acceptable que les plateformes de streaming diffusant des podcasts, deviennent l’angle mort de la lutte contre la désinformation ? Difficile de répondre par l’affirmative. Spotify le sait bien et c’est en ce sens qu’elle a pris l’initiative de retirer de la plateforme les podcasts de l’essayiste français d’extrême-droite Alain Soral et du compte ERFM (la radio en ligne d’Egalité et Réconciliation, groupe politique qu’il a cofondé), pour non-respect de sa politique de contenus.

Au moment où la guerre en Ukraine est aussi une guerre de l’information, avec des médias russes relayant la propagande gouvernementale et de la désinformation par différents canaux de diffusion, la lutte contre la désinformation sur les plateformes de streaming revient sur le devant de la scène. Les podcasts de la chaîne RT France, financée par le gouvernement russe, actuellement dans le viseur de l’Arcom car soupçonnée de relayer la propagande du Kremlin, sont disponibles sur des plateformes comme Deezer. Mais y ont-ils vraiment leur place alors que la guerre bat son plein ? Cette nouvelle guerre de désinformation pourra bien être un pivot dans le débat public pour la question de la modération des podcasts.

 

Illustration : Mohammad Metri sur Unsplash

A quoi ressemblera Internet en 2035 ?

Par Evarestos Pimplis, MediaLab de l’Information 

Le centre de recherche Pew Research Center a demandé à 434 experts internationaux du numérique d’imaginer ce que pourrait être Internet en 2035. La plupart misent sur un environnement en ligne plus hospitalier, permettant de relever les grands défis de l’humanité : une connaissance fondée sur des faits, une meilleure défense des droits des personnes, un Internet qui donne du pouvoir à la diversité des voix et fournit des outils pour des percées technologiques et des collaborations. Certains dressent toutefois le portrait d’un Internet destructeur, propageant sans cesse plus de désinformation. Tous se mettent d’accord qu’il s’agira d’un environnement numérique omniprésent, voire immersif. 

Les experts du numérique participant à l’étude ont répondu à la question suivante :

A l’horizon 2035, les espaces numériques et leurs usages peuvent-ils être modifiés de manière à servir le bien commun ?

Quelles sont les raisons d’un tel optimisme ?

La construction d’espaces meilleurs :

De nombreux experts espèrent que les plateformes numériques permettront l’émergence de nouvelles normes de discours facilitant une conversation ouverte et honnête. Cette évolution ne pourra se faire qu’à certaines conditions. Les utilisateurs doivent tout d’abord reprendre le contrôle de leurs données personnelles et bénéficier de systèmes d’interopérabilité permettant de passer facilement d’un espace public numérique à un autre.

« D’ici 2035, les plateformes de médias sociaux donneront plus de choix aux utilisateurs. Les gens auront ainsi plus de contrôle sur leurs données et aussi sur la façon dont ils interagissent avec les autres. » Daniel Castro, directeur du Centre pour l’innovation dans les données

Les plateformes doivent quant à elles utiliser davantage l’intelligence artificielle (IA) afin d’isoler les mauvais acteurs et assurer la sérénité des discussions. Enfin, l’Etat doit réguler les grandes entreprises de médias sociaux de manière à décourager les activités socialement nuisibles tout en soutenant la liberté d’expression. Les pouvoirs publics doivent également veiller à la création d’espaces de médias numériques publics.

La construction de communautés meilleures :

Afin de constituer de meilleures communautés numériques il faudrait que celles-ci se concentrent sur la collecte, l’organisation, la publication et l’archivage de connaissances utiles basées sur la réalité, renforçant ainsi la confiance en ces connaissances. Les communautés pourront utiliser l’IA pour organiser une participation vertueuse du public à la démocratie. L’objectif des communautés numériques devrait être de contribuer à réduire les inégalités sociales et à construire une culture mondiale de l’éducation et de la solidarité.

L’autonomisation des individus :

Un meilleur monde en ligne pourrait accorder aux individus une meilleure capacité d’action et d’autonomie. Certains outils technologiques pourraient rendre cette ambition possible à l’image, entre bien d’autres, de la blockchain, de l’IA, des «étiquettes» de confidentialité, du chiffrement ou encore de la création de «jumeaux numériques». L’autonomisation des individus passerait également par une plus grande participation à la prise de décision gouvernementale grâce aux outils mentionnés.

Le bouleversement de la vie économique et du travail :

Des sphères numériques améliorées pourraient bénéficier au développement économique et à la transition vers de nouveaux types de travail. Ainsi, la nature du travail pourrait changer, normalisant le travail à distance pour de nombreux emplois. La technologie pourrait également pénétrer plus profondément les lieux de travail, aidant les travailleurs, même si certains taches seront remplacées par les machines.

La contribution au relèvement des grands défis de l’humanité :

Un meilleur Internet pourrait contribuer à relever les grands défis de l’humanité tels le changement climatique, le progrès des droits humains et la résolution des problèmes de santé mondiaux en améliorant les façons dont les connaissances sont générées et partagées.

Pourquoi certains experts demeurent-ils pessimistes ?

Quelques experts considèrent que certains acteurs pourraient bloquer les évolutions positives d’Internet explicitées ci-dessus, que ce soient des entreprises, des Etats ou même des utilisateurs. L’idée que les humains sont enclins à avoir des comportements toxiques sur Internet et que cette réalité est difficilement modifiable reste assez répandue.

L’argument premier des experts pessimistes quant à l’avenir d’un Internet au service du bien commun est le comportement des acteurs qui, mus par leurs intérêts propres, ne seraient pas capables de mener une action collective efficace. La satisfaction de ces intérêts pousse vers une généralisation de l’utilisation des données et vers la surveillance de l’activité humaine qui resteront toujours des menaces imparables.

« Malheureusement, nous verrons probablement les problèmes posés par la vie numérique traités de manière très différente d’un pays à l’autre, avec des gouvernements plus autoritaires mettant en place des formes de surveillance robustes. » Wendell Wallach, chercheur principal au Conseil Carnegie pour l’éthique dans les affaires internationales

D’autant que les utilisateurs d’Internet se sont montrés faciles à manipuler par ces acteurs et une grande partie de la population a du mal à s’adapter à la vitesse et à la complexité du changement numérique. Dans ce contexte, les individus haineux et polarisateurs pourraient tirer leur épingle du jeu et gagner en puissance.

Focus : Internet au secours de la démocratie ?

Au-delà des prévisions désormais classiques, affirmant que dans les années à venir, les espaces physiques et les espaces virtuels seront complètement intégrés grâce au métavers, l’idée qu’Internet pourrait mlgré tout contribuer à renforcer la démocratie fait peu à peu son chemin. Daniel S. Schiff, doctorant à l’université de Géorgie, spécialisé sur les politiques publiques technologiques, n’hésite pas à qualifier ces évolutions de « démocratie 3.0 ». Plus concrètement, Ethan Zuckerman, enseignant-chercheur à l’université de Massachussetts-Amherst, considère qu’Internet renforcera l’engagement civique et démocratique des citoyens grâce à leur intégration au sein de communautés d’intérêt virtuelles.

« Grâce à l’essor de ces mécanismes de gouvernance communautaire, les réseaux sociaux deviennent non seulement moins toxiques, mais aussi un terrain d’entraînement à la pleine participation à une démocratie, les citoyens aiguisant leurs compétences interpersonnelles et démocratiques dans l’espace en ligne et appliquant ces leçons à la gouvernance dans le « monde réel ».

D’autres voix mettent l’accent sur le rôle pivot que pourraient acquérir à l’avenir dans les démocraties les groupes d’activistes en réseau constitués des jeunes générations. Ceux-ci pourraient faire pression en faveur d’un changement politique structurel menant notamment à une démocratie davantage localisée. La conviction que la démocratie sera un enjeu avant tout local, du fait des évolutions d’Internet, est en effet récurrente. Certains parient sur la remise en cause à venir des systèmes comme le capitalisme, la démocratie représentative et les États-nations au profit d’une souveraineté hyperlocale, à la fois géographique et selon des intérêts personnels. C’est ce que soutient le chercheur australien Tomy Smith :

« J’espère qu’en 2035, les espaces numériques seront une flotte de canots de sauvetage pour ceux qui tentent de naviguer dans l’effondrement final du capitalisme, des États-nations et de leurs opérations de répression, en rétablissant la souveraineté indigène et hyperlocale de manière transparente ».

Dans un tel contexte, les plateformes pourraient être progressivement amenées à faire appel à de nouvelles catégories de professionnels pour les aider à accompagner cette renaissance démocratique, au moment où les citoyens pourraient eux être invités à participer activement à l’élaboration des lois dans le métavers.

*Dans cette enquête, le Pew Research Center a interrogé 434 experts du numérique principalement basés aux Etats-Unis mais aussi dans le reste du monde, y compris en France : chercheurs, ingénieurs, professionnels de la Tech, responsables politiques, régulateurs, militants… L’enquête se revendique non-scientifique, le panel d’experts n’étant pas sélectionné aléatoirement. Les témoignages ont été récoltés durant l’été 2021, dans un contexte de pandémie liée au Covid-19 mais aussi dans un moment historique marqué par les préoccupations croissantes concernant le changement climatique, la justice raciale et les inégalités sociales.

 

Illustration : JJ Ying sur Unsplash

Les métavers : du divertissement à une nouvelle forme de transmission de l’information

Si vous avez la curiosité de vous rendre dans cet espèce de précurseur des métavers qu’est Second Life, vous serez peut-être étonnés de découvrir un message d’accueil sur un panneau d’affichage virtuel, relié directement à YouTube. Pas très immersif, non ? 

Par Aurore Géraud, Senior Researcher à L’Atelier, filiale indépendante de BNP Paribas

Et pourtant, la plateforme a certes presque 20 ans, mais ses créateurs l’ont conçue en ayant à l’esprit les opportunités que ce type d’environnements pouvaient offrir en termes de diversité des canaux de communication et, donc, de cibles potentielles : ses créateurs et ses utilisateurs ! Car déjà à l’époque, on voit naître des gazettes virtuelles tenues par des journalistes-avatars qui relatent l’actualité de la plateforme. Aujourd’hui, les environnements virtuels que l’on pensait jusqu’à présent réservés aux joueurs de jeux vidéo sont passés d’un type de divertissement unique à de véritables vecteurs de transmission de l’information, à de véritables médias.

La pandémie n’y est certainement pas pour rien. Chacun chez soi, il a fallu réinventer notre façon de travailler, d’apprendre et de se divertir. Toutefois, tout comme Second Life, les outils étaient déjà là depuis bien longtemps. Ils attendaient simplement l’évolution des méthodes de consommation des utilisateurs pour briller.

Capture d’écran de la conférence Deserted Island DevOps sur Animal Crossing

Immersion et communauté : vers de l’information interactive

Immersion, interactivité et proximité sont en effet devenus monnaie courante quand il s’agit de consommer des contenus. Et les métavers ont cet avantage de posséder en leur cœur la technologie capable d’apporter ce type de formats sans effort.

La transmission de l’information peut ainsi se faire dans un premier temps d’avatar à avatar. Si on reprend encore une fois l’exemple de Second Life, au début des années 2000, les universités de Caroline du Nord, de l’Ohio, l’Arkansas, du Wisconsin ou encore de Leeds – parmi tant d’autres – y installent une ‘branche’ virtuelle. Nombre de professeurs tentent l’aventure de cours magistraux au sein de mini amphithéâtre, mais également des cours immersifs, des mises en situation et simulations, permettant aux étudiants d’apprendre autrement. 

C’est le cas, notamment, d’Estelle Codier, professeure associée à l’université d’Hawaï. Elle y a formé des étudiants infirmiers pendant des années. L’avantage de ce type d’environnement pour elle, se trouve dans l’interaction. Ce ne sont pas des cours classiques, les étudiants cachés derrière leurs avatars gagnent en confiance et posent plus de questions qu’ils ne le feraient en cours. 

Si l’on applique la technique au domaine journalistique, on peut s’imaginer un journaliste répondre aux questions de son audience, être capable de couvrir des sujets en profondeur, proposer des débats, et, pourquoi pas, effectuer des interviews par ce biais. L’enrichissement est certain puisque le public est présent et, à la différence de médias classiques, capable de faire des retours en direct. Et pourquoi pas de co-créer.

Si on l’applique au domaine des médias, plus largement, un créateur de contenu se retrouve face à face avec sa communauté. Il peut alors défendre son œuvre ou répondre aux curiosités et ainsi créer une forme de complicité, d’intimité, d’exclusivité. Un exemple serait celui de l’avant-première du dernier Star Wars sur Fortnite. Le réalisateur était présent sous forme d’avatar pour interagir avec les utilisateurs. 

Mais l’information peut également « s’expérimenter ». Quand les contenus, vidéos, articles, peuvent être statiques, les mondes virtuels ont ce potentiel de montrer, d’offrir un espace où il est possible de « voir » et de s’éduquer par soi-même. On retrouve ici le principe de gamification. 

Durant la COP26, l’Université de Stirling a ainsi développé une application qui met l’utilisateur dans la peau d’un chef d’État qui doit installer des barrages hydroélectriques. Un mauvais positionnement et une inondation ou la destruction de la biodiversité sont vite arrivés. Cet exemple montre l’éventail de possibilités : se mettre à la place de quelqu’un pour mieux comprendre leurs problématiques, mais aussi intégrer les conséquences d’une action concrète dans la société…

Capture d’écran de Power Up!, le jeu développé par l’Université de Stirling

Reporters sans « frontières » et véritable diversité 

Mais le potentiel des mondes virtuels va au-delà des nouveaux formats. L’information gagnera à ne plus être limitée par les frontières physiques, et la diversité devrait s’inviter à la fois dans l’audience mais aussi dans la création de contenus.

Ainsi, Reporter sans frontières a dévoilé l’année dernière une bibliothèque virtuelle sur Minecraft qui défie la censure de certains pays. Disponibles librement dans le petit univers pixelisé, on retrouve des articles de journalistes exilés, emprisonnés dans leurs pays d’origine pour avoir voulu dévoiler des malversations. Une façon aussi de se battre face à la désinformation.

Capture d’écran de la Bibliothèque libre de Reporters sans frontières

De même, dans les pays où les personnes LGBT+ sont persécutées, les métavers pourraient offrir des environnements plus sains afin de leur permettre d’accéder à de l’information, s’éduquer, communiquer avec des personnes dans leur situation, quand ils n’ont pas autour d’eux des personnes bienveillantes. Un environnement également où il leur sera possible d’être véritablement eux-mêmes, la personnalisation des avatars permettant d’exprimer son originalité ou sa personnalité de façon libre.

Enfin, on prédit que les métavers seront dans un premier temps accessibles par mobile. Cela implique que des minorités économiques puissent avoir également accès à ceux-ci. Elles pourront alors également avoir accès à des contenus qui leur étaient jusqu’alors limités.

La second vague…

De journaux physiques à journaux en ligne, de chaînes hertziennes à streaming, de radio à podcast : la digitalisation des médias est directement impactée par l’évolution des technologies. Si la première vague venait de l’apparition d’Internet, la seconde viendra de ces nouveaux environnements plus immersifs mais aussi plus communautaires. Aux médias de s’adapter, encore une fois… Peut-être en se concentrant sur le positif…

Liens vagabonds : Quel avenir pour le service public au Royaume-Uni ?

À RETENIR CETTE SEMAINE

BBC, le service public sous pression  – Le gouvernement de Boris Johnson a réservé un cadeau empoisonné à la BBC, qui fête cette année ses cent ans : le gel de la redevance pour les deux prochaines années, et une menace de suppression totale de celle-ci d’ici 2027. Sa suppression, annoncée par la secrétaire à la Culture Nadine Dorries, ce 17 janvier, devrait créer un manque à gagner d’environ 2 milliards de livres. Un coup dur pour le média de service public britannique, alors que son président a indiqué que « les revenus de la BBC sont déjà inférieurs de 30% à ce qu’ils étaient il y a dix ans.« 

Au delà de la posture économique du télédiffuseur, le gel de la redevance représente symboliquement une menace à la fois pour la diversité et la qualité des programmes, qui aura obligatoirement des répercussion sur le financement des productions internes et indépendantes, mais aussi sur la qualité de diffusion de l’information du pays tout entier. En effet, malgré les critiques de tous bords politiques à l’égard de la ligne éditoriale de la BBC et les reproches d’un manque d’impartialité, cette dernière représente un rempart solide contre la désinformation au Royaume-Uni. La transformation en un modèle par abonnement irait à l’encontre du principe d’universalité du service public. Un dossier d’autant plus inquiétant qu’il se joue sur fond d’attaques cinglantes contre la liberté d’expression, l’indépendance des journalistes et les médias du secteur public à travers toute l’Europe.

NFT : Twitter & Meta se lancent dans le grand bain – Le marché des NFT pèse d’ores et déjà 40 millions de dollars; les plateformes sociales n’allaient donc pas passer à côté de cette opportunité. En effet, d’après le Financial Times, Meta développerait des fonctionnalités NFT sur ses plateformes Facebook et Instagram. Ainsi, les utilisateurs pourraient exposer leurs tokens sur leur profil, en créer directement via la plateforme, et en acheter ou en vendre sur une place de marché. 

Twitter a pour sa part pris de l’avance en permettant dès maintenant d’afficher un NFT en photo de profil. À l’heure actuelle, rien ne laisse supposer que Twitter possède les mêmes ambitions que Meta en termes de création et de ventes de NFT.

Activision Blizzard, nouvelle propriété de Microsoft – 70 milliards de dollars. C’est la somme astronomique pour laquelle Microsoft vient de racheter Activision Blizzard. Il s’agit du plus gros rachat de l’industrie du jeu vidéo mais aussi de la part de Microsoft. Activision étant un joueur majeur de l’industrie du jeu avec plus de 400 millions de joueurs mensuels, son rachat par le géant de la tech semblait être une évidence pour pouvoir enrichir le XBOX Game Pass, la nouvelle plateforme de cloud gaming. 

Le rachat d’Activision Blizzard aurait aussi un rôle stratégique à jouer dans le développement du métavers, comme l’annonce le PDG de Microsoft, Satya Nadella : “Le jeu vidéo jouera un rôle clé dans le développement des plateformes métavers” et il compte bien en tirer parti.

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

54 millions de dollars – c’est le revenu de MrBeast, le YouTubeur le mieux payé en 2021

Plus de 9 millions – c’est le nombre d’abonnés de Netflix en France  

4,8 heures par jour – c’est le nombre d’heures passées sur mobile en 2021

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: La confiance envers les médias à travers le monde | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

5G, 8K

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

 

ES avec Kati Bremme & Louise Faudeux