Orange demain : un nouvel assistant vocal, une banque gratuite, la box dématérialisée et du wifi intelligent
Par Kati Bremme, Direction de l’Innovation, France Télévisions
A l’occasion de la keynote d’Orange présentée par son PDG Stéphane Richard, le leader des télécoms français montre ses dernières nouveautés et innovations, sous le leitmotiv de l’accessibilité à tous.
« Nous pensons que nous pouvons aller vers une planète augmentée, un moi amélioré », introduit Stéphane Richard, en élevant dès son entrée dans la salle Pleyel comble la présentation commerciale vers la confirmation philosophique.
Face aux GAFAs, l’opérateur aux 263 millions de clients (fixe et mobile) sait surtout qu’il doit rapidement évoluer s’il ne veut pas voir ses activités premières captées par les nouveaux acteurs du Web.
Voici les quelques nouveautés à retenir :
Djingo, le premier assistant vocal dont la langue maternelle est le français
Ce nouvel assistant vocal, qui « permet d’interagir avec tous les contenus et services de l’écosystème Orange », sera intégré dans les applis de la marque, la commande de la livebox et dans une enceinte développée en partenariat avec la Deutsche Telekom. Sa sortie est prévue début 2018.

Comme tout assistant vocal, il contrôlera les objets connectés, mais, fidèle aux racines d’Orange, sa nouveauté est surtout sa capacité de téléphoner et d’envoyer des SMS, action aujourd’hui impossible avec le Home ou la gamme Echo.
Orange devient une banque assistée IA
L’opérateur veut lancer la « première banque apprenante » qui s’appuie sur l’assistant Watson d’IBM. Accompagné de son conseiller virtuel (plus on l’utilise plus il apprend), on pourra ouvrir un compte instantanément sur le mobile en photographiant ses pièces d’identité, suivre en direct ses virements et prévoir ses dépenses grâce à l’analyse de l’historique de comportement.

Orange veut ouvrir une nouvelle ère pour la banque et les usages nativement en digital et en mobilité. Avec un smartphone, on enverra désormais « mots, photos, vidéos… et euros ». Sans préciser le business modèle, Orange annonce la gratuité entière du service, compte, gestion et carte. Cette dernière sera connectée et contrôlable depuis le mobile, en cas de perte elle pourra être bloquée instantanément, et débloquée aussi facilement. Orange Bank sera ouvert le 15 mai aux employés d’Orange et le 6 juillet prochain à tous. Orange prévoit 2 millions de clients d’ici 10 ans.
Orange Live Button – la vie augmentée grâce à un bouton
Orange présente un bouton semblable au Pop Home Switch de Logitech ou encore au Dash Button d’Amazon. On peut configurer jusqu’à quatre actions, comme lancer un appel téléphonique, avertir en cas de sinistre, ou encore envoyer un message. Il communique avec des objets ou services via le réseau LoRA ou GSM, et sera bien sûr compatible Djingo.
La box se virtualise
Orange renforce son rôle de distributeur de contenus en améliorant les fonctionnalités de sa box. Il compte virtualiser un certain nombre d’éléments de la Live Box, le boîtier laissera la place à une machine plus petite qui puisera ses ressources intelligentes sur le réseau et les serveurs d’entreprise. Mise à jour logicielle à distance, enregistrement vidéo multiple – et perte de contrôle ? Déjà disponible en Roumanie, le service d’enregistrement a distance (nPVR) sera lancé en France en 2018. Cette connexion vers l’extérieur permettra également à Orange de comprendre les préférences de ses abonnés et de rendre « plus intelligentes » les boxes (et plus intéressantes pour les annonceurs). L’appli « My Livebox » deviendra la « tour de contrôle » de votre consommation vidéo.

Le wifi intelligent
Pour accompagner cette nouvelle agilité, Orange propose un wifi « intelligent » qui peut prioriser les différents débits nécessaires selon l’utilisation pour rendre la connectivité ambiante et intelligente. D’ici fin 2017, la box priorisera la connexion pour vidéo, et dès 2018 le wifi intelligent s’ajuste automatiquement au besoin des différentes pièces de la maison connectée. Le tout s’accompagne d’un « bouton Pause Internet », parce qu’Orange « croit au droit à la déconnexion ».
Et en mobilité :
Après avoir testé une connexion mobile a plus de 10 GB par seconde début 2017 dans les laboratoires d’Orange, Stéphane Richard confirme un déploiement de la 5G en 2020, voire 2021.
Orange se met à l’eSport
Orange va intégrer à la TV d’Orange d’ici fin 2017 un bouquet eSport avec une sélection de contenus, services interactifs et événements. Le portail eSport sera disponible sur la TV d’Orange au quatrième trimestre.
Face à la concurrence des GAFAs, Orange tente donc de rester dans la course, en apportant une touche française que Stéphane Richard qualifie de « Human inside ». Cette « augmentation du moi » est accompagnée d’un principe éthique qui comprend les maîtres mots autonomie, liberté de choix et accessibilité.
Orange veut devenir un acteur de l’IoT et de la data tout en rassurant ses clients avec l' »Orange Cyber Défense ». Parce que « la société nouvelle doit se baser sur un principe de confiance« .

Suivi de l’opinion : nous avons testé les Big Data et l’IA
L’élection de Trump n’a été prévue ni par les rédactions, ni par les sondages. Mais par des machines.
Avant les scrutins français, nous voulions donc en avoir le coeur net.
Le pari
Pouvait-on grâce aux énormes nouvelles capacités informatiques, aux technologies cognitives, au « data-mining » et aux progrès extraordinaires réalisés en matière de traitement du langage naturel et des images, tester une nouvelle manière de scruter l’opinion ?

En nous éloignant des sondages, pouvions-nous donc, grâce à l’analyse des signaux émanant de millions de messages publics triés par intelligence artificielle surtout sur les réseaux sociaux, être — un peu avant les élections— plus perspicace et au plus près des « vraies » préoccupations des gens ?
Et, avec encore plus d’ambition, caresser l’espoir de :
- Réduire la distance entre la bulle médiatique et les vrais gens.
- Proposer à la rédaction un outil pour ne plus rater des mouvements de fond de l’opinion (Brexit, Trump, Fillon, Hamon, …)
- Diminuer donc, à terme, la défiance du public à l’égard des médias.
En gros: Make Journalism Great Again !
Tout simplement !
Alors, nous avons fait le test !
Avec la firme Havas Cognitive qui, travaillant depuis plusieurs mois avec l’intelligence artificielle d’IBM Watson, a développé une plateforme « Eagle AI » , qui a notamment anticipé, lors des derniers mois de la campagne électorale US, les intentions de votes des Américains, avec succès.
Mais sans méthodologie aguerrie, sur un nouveau territoire, dans une nouvelle langue, et avec de modestes moyens, nous n’allions pas tenter de deviner des intentions de vote. Le MédiaLab a donc opté pour un « proof of concept » sur un thème unique, mais central : « monde ouvert vs. monde fermé ».
C’est-à-dire tenter de déceler une structure de l’opinion via ce prisme par rapport à l’Europe, la mondialisation, le protectionnisme, le patriotisme, le repli sur soi, l’accueil des réfugiés, l’immigration, les frontières, etc…
Avant de pouvoir analyser, Ekino, filiale Technologie et Innovation d’Havas a donc recueilli de la data, donné à « manger » aux machines d’IBM Watson, qui ont commencé à apprendre, puis à classer.
Près d’un million de tweets et des milliers de commentaires YouTube, apparus liés à cette problématique entre le 1er mars et le 6 avril 2017, ont été analysés. Mais pas de Facebook Live, de Periscope ou de commentaires sur les sites de France Télévisions.

Qu’avons-nous appris ?
1/ Sur le fond, une forte majorité de signaux pointent vers un monde fermé.
Le test fait apparaître 56% de tweets « fermés », c’est-à-dire penchant vers un monde fermé, vers le protectionnisme et le repli sur soi. Bien plus vaste que l’estimation du vote FN, ce vivier aurait aussi permis de voir monter l’intention de vote Mélenchon plus tôt.
Et attention, il n’y a pas 40% qui penchent vers un monde ouvert. La partie neutre a été très importante dans les résultats pour représenter près de 20%. Ce qui laisse un faible attrait – autour de 25% — pour l’ouverture, l’accueil, l’attrait pour l’autre et la mondialisation.

2/ Sur la forme, nous avons davantage fonctionné dans une co-production hommes/machines que profité d’une pure automatisation.
Les API américaines ont du mal à classer certains contenus, notamment ceux qui sont ironiques. Aux Etats-Unis, les messages sont plus directs. D’où, chez nous, une indispensable coopération dans le tri et le premier écrémage.
(L’API de mesure des sentiments a également été utilisée, mais pas directement pour classer les contenus entre ouvert et fermé).
3/ Complémentaire et très expérimental, cet outil est à utiliser, pour l’instant, en complément d’un sondage et pour donner une évolution de l’opinion.
Il est plus pertinent sur la durée, moins de manière ponctuelle. Pour faire du Big Data, il faut du « Big », c’est-à-dire beaucoup de données !
Autres leçons de l’exercice :
Les tweets constituent un bon outil, une bonne source à utiliser.
Twitter a été représentatif. Les événements d’actualité (débats entre candidats, attentats de Londres ….) ont un fort impact sur le volume de tweets, très corrélés à l’info. Nous avons observé 25.000 tweets quotidiens en moyenne sur ces thèmes avec des pics autour de 100.000.
YouTube est beaucoup moins pertinent que Twitter pour l’analyse, car l’API fait remonter les commentaires ayant le plus de votes. La plateforme vidéo fonctionne aussi mieux en anglais et propose pour l’instant trop de résultats neutres. Mais, , avec des textes plus longs et plus écrits, elle fait ressortir moins de trolls.
Faut-il passer à l’échelle et industrialiser cet outil ?
Oui, mais en identifiant mieux les vrais lieux de débats, là où les gens discutent, en utilisant d’autres supports d’analyse comme les forums, notamment des jeux vidéo, très utilisés par certaines sphères politiques (en particulier le FN).
Il peut permettre de voir apparaître des thèmes peu traités par les médias dans des lieux qui échappent aux rédactions, où se développent des idéologies insoupçonnées.
L’outil, utilisé en relation avec l’actualité, peut permettre à la rédaction de suivre des évènements à la minute, comme des tendances étalées dans le temps. Il embrasse la masse et permet de voir comment des lignes de force se mettent en place.

Il peut être très pertinent pour suivre la préparation d’un referendum, plus facile à traiter (oui ou non), des grands mouvements d’opinion, ou des bassins d’expression en scrutant le plus grand nombre de support d’expressions publiques.
Chemin faisant, l’outil aura probablement une fonction différente des sondages.
Mais l’outil est encore au stade infantile : il faudra une IA plus entraînée et des bases de données plus importantes. Il faudra aussi lui apprendre à classifier plus finement, notamment les trolls, et à travailler plus sur les nuances.
Conclusion
L’enjeu était de voir si ce prototype d’analyse Big Data / Intelligence Artificielle pouvait s’avérer utile à la compréhension des enjeux de l’élection présidentielle et servir la rédaction.
Pour identifier des signaux faibles, l’IA doit continuer à travailler avec des humains. C’est encore prématuré d’utiliser l’IA seule.
Ce n’est donc pas encore une nouvelle martingale de prédictions. Mais le résultat est prometteur.
A suivre !
Liens vagabonds : la copie des stories Snapchat dépasse l’original, Facebook en position de force
A RETENIR CETTE SEMAINE
- Facebook compte 5 millions d’annonceurs chaque mois ; il faut plus d’alternatives à Facebook
- 200 millions d’utilisateurs quotidiens pour les stories Instagram, plus que sur Snapchat ; le 10 mai, Snapchat publiera pour la première fois ses résultats trimestriels
- Netflix a un nouveau concurrent sérieux sur le streaming : YouTube ; Netflix et un peu de réalité virtuelle dans la sélection du festival de Cannes
- YouTube : plus de 100 chaînes à 1 million d’abonnés en France
FAKE NEWS / POST TRUTH / TRUMP
- Facebook accélère dans la lutte contre les fake news ; et ferme 30.000 faux comptes en France
- Les sites de fake news continuent de gagner de l’argent des grandes plateformes pubs ; plus de 500 employés d’Amazon font pression sur leur direction pour stopper la pub sur Breitbart
- Le journalisme face à une crise d’ampleur mondiale
- La Maison blanche met en place des points presse par Skype, réservés aux journalistes pro-Tump

- La guerre de Trump contre les médias laisse les Américains confus
- La complexité de la désinformation
- Le Monde utilise Snapchat pour sensibiliser aux fake news
- L’interview de Mark Zuckerberg sur le rôle de Facebook face aux fake news
- Facebook achète de la pub pleine page dans les plus grands journaux allemands pour afficher sa position anti-fake-news
- Ce que les techniques de désinformation du 19ème siècle nous apprennent sur les fake news aujourd’hui
“MUST READ”
- Pour mieux vivre, couper Internet à la maison
- Le secret caché au coeur de l’IA : personne ne sait pourquoi les algorithmes font ce qu’ils font
- (Walt) Mossberg : le plan pour sauver internet
SURVEILLANCE / CONFIANCE / WINNER TAKES ALL
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- 55% des Américains souhaitent piloter leur high tech à la voix
- Comment rester concentré à l’heure de l’infobésité ?

DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
- News Corp Australia (Murdoch) vire ses photographes et relecteurs
- Netflix et Amazon vont dépenser plus de 10 milliards $ en contenus cette année
- Netflix et produits dérivés : un potentiel d’1 md $
- Le futur du sport dans les médias
- Dans les jeux vidéo, peu de CDI (payant)
- BuzzFeed, Mashable : comment les éditeurs se transforment peu à peu en studios de divertissement
- Apple intéressée par Toshiba
- Le journal allemand Bild booste ses souscriptions grâce à Facebook Instant articles ; et le London Times espère faire de même avec un groupe Facebook autour du Brexit
- Brut, la start-up française 100% vidéo veut conquérir le marché US
- Snaplications : McDonalds lance une campagne de recrutement via Snapchat en Australie
MOBILITES / LIVE
360° / REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE
- Nous sommes dans la première décennie de l’AR
- Le téléchargement d’applis de réalité virtuelle est monté en flèche en 2016
- Du wifi ultra rapide pour accélérer l’utilisation de la réalité virtuelle
- Le marché de la VR dans 5 ans
BOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING

- Le robot qui chante Duke Ellington
- Personne ne sait comment on arrêtera l’offensive des robots tueurs d’emplois
- Une pub de Burger King se joue de Google Assistant
- Google accélère sur Chrome VR
- Windows10 peut marcher sous Cortana à la voix
- Samsung : retard pour l’assistant vocal du Galaxy8
- Après Alexa, Amazon partage aussi la technologie Echo
- Le côté obscur de l’IA : pourquoi la technologie risque vite d’échapper aux utilisateurs et aux développeurs
- Comment protéger l’intelligence artificielle contre les illusions d’optique
NOUVEAUTES
SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS
AMAZON
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
- Les éditeurs US abandonnent Instant Articles de Facebook faute de monétisation
- Android central pour le futur de la TV/vidéo
- Snapchat, une appli réservée aux riches ?
- Facebook Messenger permet désormais des paiements groupés ; et atteint 1,2 Mrds d’utilisateurs mensuels
- Dailymotion va lancer sa nouvelle version « premium » en juin
PUB
- “Snap to Store” : un nouvel outil de mesure du taux de transformation pour les annonceurs
- NBC Universal et Kargo lancent “le plus grand écosystème” de publicités mobile
- Comment certains adblockers sont devenus des compagnons de route pour les éditeurs
JOURNALISME 2.0
- Le Washington Post : de nombreuses femmes aux rubriques sports
- La liste des Pulitzer 2017
- 2017, l’année de la collaboration
- Le journalisme « constructif » pour sauver une presse en crise ?
- Pour sauver la presse régionale, il faut penser local
- Facebook propose de devenir “journaliste certifié” avec ses cours en ligne en association avec Poynter
TECH NOSTALGIE
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
ES avec Kati Bremme
Fake News : après l’enfer, les journalistes croient au miracle à Pérouse (#IJF17)
Par Hervé Brusini, Direction de l’information, France Télévisions
« Le monde doit se repentir et Dieu lui pardonnera… ». Au beau milieu du corso, la rue principale de Pérouse, personne n’écoutait un étrange personnage, barbu, recouvert d’une sorte de chasuble toute rapiécée. Un prédicateur de rue, comme on n’en fait plus. La plupart des passants qui le croisaient étaient eux aussi des pèlerins, ceux de la 11ème édition du festival international du journalisme. A leur manière, ils semblaient porter une croix bien lourde. Quelques 300 sujets allaient être abordés durant 5 jours et près de la moitié remettait en question la raison d’être de tous ces gens : informer.

L’ermite aux pieds nus avait décidément toutes les audaces. Il s’était maintenant déplacé là où se passait l’essentiel de la manifestation. Le Brufani est le plus grand hôtel de cette cité médiévale. Avant de pénétrer dans leur lieu de prières, certains journalistes s’arrêtaient et confiaient à l’homme et à sa pauvreté affichée, les sujets du jour. Pour le plus grand nombre, ils concernaient les faiblesses, les alertes, les tourments du métier d’informer. Mais aussi des sources d’espoir, à la manière d’une contre offensive.
Constat et perspectives du journalisme : « panique morale » et prise de responsabilités
Un des premiers débats intitulé « Les fake news et l’écosystème de la désinformation » a résumé états d’âme et envie d’aller de l’avant.
Il promettait d’être animé. Aine Kerr, responsable des partenariats avec les journalistes chez Facebook allait devoir répondre de sa responsabilité en matière de fausses nouvelles et autres bullshits abondamment diffusés sur sa plateforme. Face à elle, quelques bons connaisseurs : Alexios Mantzarlis du Poynter Institute et sa connaissance du fact checking, Craig Silverman de Buzzfeed News, auteur d’un livre baptisé « Regret the Error », Mark Little, journaliste de Dublin créateur de Storyful et Claire Wardle de First Draft News. Histoire d’adoucir les intentions de ceux qui auraient voulu en découdre, des chocolats Baci (une spécialité de Perugia qui signifie en italien « baisers ») avaient été disposés juste avant l’entrée dans la salle Raphaël. Difficile de résister à la tentation.
« Nous devons constater la panique morale qui est la nôtre, affirmait la jeune femme. Nous vivons quelque chose de plus global que le phénomène Trump. Ce n’est pas seulement un effondrement de l’info que nous vivons. C’est une crise globale de ce que c’est que d’informer. J’en appelle aux armes qui sont à notre disposition, et d’abord les mots. Commençons par arrêter de parler de Fake news. A l’avenir ce sera un euro d’amende pour celui qui emploiera ce mot dans la discussion. Je le dépose dans cette coupe »

La responsable de First Draft avait du mal à contenir son émotion. Bondée, la salle suivait mot à mot les échanges. Puis, ce fut au tour de l’homme de Buzzfeed. Il se voulait plus froid mais son constat était le même.
« Il faudrait parler plus de confiance que de vérité. Les mots, nos mots ont été retournés contre nous par ceux qui sont en guerre avec le journalisme. Trump par exemple, parle lui aussi de Fake news. En réalité, nous sommes en état de banqueroute conceptuelle. Dans tout cela les réseaux sociaux portent une lourde responsabilité. Car dans l’algorithme de Facebook, il n’y a pas le constat objectif des choses… »
L’Irlandais Little en rajoutait sur la transparence nécessaire des algorithmes, celui de Facebook comme celui de Twitter. En guise de première réponse, la représentante de Mark Zuckerberg versait son obole dans la vaste coupe, sa carte d’abonnement au métro de New York. Car elle était bien décidée à parler de Fake News. Ce fut un mea culpa et une série de propositions. « Les fausses informations sont contre nos valeurs, insistait-elle. Nous acceptons nos responsabilités. Nous voulons corriger nos erreurs. Sachez que nous considérons nous aussi que les fausses informations nous abîment ».
Et d’annoncer la mise en œuvre de procédures pour lutter contre les fake news et ceux qui les génèrent : des outils doivent permettre d’identifier les sites « spécialisés » en la matière, puis une équipe d’experts de Facebook évaluera la crédibilité de ces sites, et en dernier ressort des fact checkers délivreront leur verdict pour faire apparaître ou non un signal, une alerte sur la plateforme. Tout fut évoqué dans les échanges entre intervenants eux-mêmes, et avec le public. On a parlé des profits considérables réalisés par les producteurs de Fack News, des vidéos manipulées qui pullulent, jusqu’à évoquer la nécessité de lancer « un plan d’alphabétisation de l’info.»
A la sortie quelques chocolats ont aidé à réconforter cette foule qui venait de s’avouer à haute voix collective son désarroi mais aussi sa volonté d’entreprendre une reconquête.
Parler du pire pour mieux anticiper l’avenir
« Les journalistes existeront-ils encore en 2030 ? », « Pourquoi Trump est la meilleure chose qui puisse arriver au journalisme », « Vous êtes préoccupé par les fake news ? Ce qui vous attend est encore bien pire » Au fil des jours les tables rondes de Pérouse n’ont pas hésité à cultiver le paradoxe pour tenter de mieux comprendre la gravité de la situation et les décisions salutaires à prendre en urgence. Tout faire pour provoquer le « reset des esprits » comme a pu le dire Mark Little. Une conférence fut de ce point de vue particulièrement éclairante.

« Ses recherches sont pour la circulation de l’information sur internet, ce que Hubble est à la compréhension de l’espace. » L’introduction faite aux travaux de Jonathan Albright était ronflante… à juste titre. Ce spécialiste a tenté d’élaborer toute une cartographie de ce qu’il appelle « l’organisation des fake news ». Ces études sont éclairantes. Elles ne portent pas tant sur les contenus que sur le mode de relation entre sites producteurs, et diffuseurs de fausses informations. Une galaxie de la « micro propagande » a ainsi été mise à jour. YouTube semble être particulièrement utilisé par ces sites. « Les vidéos y prospèrent dans une guerre du clic effrénée » a dit l’expert. Et le classique email en est également le vecteur. La robotisation de cette « micro propagande » est renversante aux yeux du jeune chercheur.
« En y regardant bien, on voit assez vite qu’il y a peu d’humains dans toute cette mécanique de l’information où par exemple l’expression de la colère est puissamment automatisée. » Albright s’est alors interrogé sur la nécessité de créer une ONU du net devant un public resté silencieux. Le chercheur venait de faire apparaître une ampleur insoupçonnée de la fausse information.

« La question qui nous est posée est donc : que faire pour redonner une valeur à l’information ? ». Nathalie Malinarich est en charge des nouveaux formats pour mobiles à la BBC et sa préoccupation se veut pragmatique. « Une nouvelle ère est née. Avec la réalité augmentée, ou l’intelligence artificielle, les perspectives sont passionnantes, mais elles peuvent aussi devenir des menaces pour le journalisme. Nous devons être bien plus soucieux de ce que nous offrons et de ce que l’audience nous demande. C’est à ce prix que les journalistes pourront exister encore après 2030. » Et d’ajouter : « Gare à ce qui se met en place, tout un système où la médiatisation qui est notre rôle risque d’être balayée. »
La parole salutaire des piliers
La salle « dei notari » est si belle à Pérouse que dans leurs conférences tous les invités se sont sentis obligés d’affirmer à quel point « ils étaient honorés d’être là ». Par delà les magnifiques fresques du décor, le lieu en dit long sur la tradition de la ville. Une tradition en résonance absolue avec le moment présent. De même que la commune se réunissait là au Moyen Âge pour des échanges démocratiques sur la politique de la ville, de même les débats sur l’information numérique y furent riches et clairvoyants.
Cameron Barr
L’un des patrons du Washington Post, Cameron Barr a expliqué comment, face à la question de la vérité versus les faits alternatifs, il comptait relever le défi lancé par le président Trump. « Partir en conflit contre lui reviendrait à tomber dans un piège, a-t-il souligné. Nous avons adopté une maxime qui dit tout : nous ne sommes pas en guerre mais au travail. Notre évolution a été considérable. Nous sommes plus narratifs, nous produisons de nombreuses vidéos avec de vrais critères de qualité, nous innovons sans cesse.»
Un discours prononcé sans effervescence, comme pour mieux affirmer la sérénité du positionnement. « D’ailleurs nos lecteurs nous soutiennent, a-t-il ajouté. Les abonnements ont considérablement augmenté. C’est d’autant plus remarquable que nous avons commis des erreurs. Il est vrai que nous n’avons pas « vu » la montée du ressentiment, de la pauvreté dans le pays. Nous avons ignoré la désillusion. Retrouver les gens est un impératif et notre ADN de l’investigation peut y concourir. Notre propriétaire, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon a joué un grand rôle dans tout cela. On fait des choses qu’on n’aurait pas imaginées il y a quelques années. Par exemple nous travaillons beaucoup avec nos lecteurs ». Et l’homme plutôt placide a esquissé un sourire pour finalement lâcher : « on va regagner du terrain. »
Au même endroit, une légende du net a pris la parole quelques heures plus tard. Craig Newmark est arrivé sans coup férir, vieux veston et ample chemise, avec derrière sa paire de lunettes un regard particulièrement amusé. C’est un ancien informaticien qui a bâti une fortune grâce à des sites d’offres d’emploi, les fameuses Craigslist. L’homme est un militant, y compris de la qualité de l’information.

« Je suis très préoccupé par le manque de confiance du public dans les news. J’ai vu la lente dégradation de la véracité des discours politiques. Aujourd’hui mentir est devenu banal, c’est inacceptable. Je soutiens les initiatives de fact checking, les codes d’éthique, de déontologie. Ce qui m’intéresse n’est pas tant la vérité en soi que la recherche des faits dans la bonne foi. Mon projet s’intitule le Trust Project (projet confiance) pour toutes ces raisons. Il rejoint la « News Integrity Initiative » dont parle souvent Jeff Jarvis. C’est un mouvement d’ensemble aux États Unis et en Europe. »
Dans la grande salle, le public semblait enfin respirer. Après l’évocation des cauchemars, les constats de catastrophes présentes et à venir, quelqu’un à l’apparence crédible affirmait tranquillement son soutien y compris financier au journalisme.
Fin de journée. On poussait les lourdes portes de la salle historique. Les jeunes de Pérouse, les gens de l’information venus des États Unis ou d’Europe s’interrogeaient sur les stratégies à mettre en place face à la fausse information. Dehors, le prédicateur avait disparu.

Liens vagabonds : la lutte contre la désinformation reçoit un soutien massif (et indépendant)
A RETENIR CETTE SEMAINE
- YouTube TV lance enfin son bouquet de chaînes à 35 $ / mois ; 10 choses à savoir
- HTC lance un abonnement mensuel payant pour des applis en VR
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- Après les mobiles, Netflix permet le téléchargement de vidéos sur PC
FAKE NEWS / POST TRUTH / TRUMP
- Facebook pourrait bientôt payer les fact checkers
- Google intègre sa brique fact-checking dans les résultats de recherche
- Un guide pour identifier les fake news ; les premiers chapitres
- Facebook veut vous apprendre à détecter les infos bidons
- Malgré les déclarations de bonnes intentions, les sites de fake news continuent de profiter de la pub

- Le pdg de News Corp se déchaîne contre Google et Facebook
- La confiance dans l’info peut elle revenir ?
- La satire est aussi un bon moyen de couvrir Trump
- Des dizaines d’annonceurs se retirent du show vedette de Fox News ; la liste
- La Suède propose un outil anti-bulle-de-filtre
- Le Huffington Post présente FlipSide pour classer les infos selon leur fiabilité
“MUST READ”
- 10 compétences clés pour le monde qui vient
- Comment le web est devenu l’enfer sur terre
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- Le futur de l’info n’est peut être pas ce que vous pensez

NEUTRALITE DU NET
- Le patron de la FCC veut démanteler rapidement la neutralité du Net
- L’avenir de la neutralité du Net sous Trump

SURVEILLANCE / CONFIANCE / WINNER TAKES ALL
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NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- Facebook : une vidéo sur 5 est live
- TV : la conso en direct continue de baisser
- Comment Netflix a bouleversé l’industrie de la télé
- Les mesures quatre écrans produisent des résultats différents
- Musique : le streaming devient la norme
- Le challenge de l’audio sur les réseaux sociaux
DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
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- Google accusé de forte discrimination salariale hommes/ femmes
- Les journaux US ont perdu la moitié de leur staff depuis 2001

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- Les GAFA sont-ils devenus trop gros pour être inquiétés ?
- A quoi ressemblera le futur après la mort du smartphone ?
- M6 recrute un journaliste mojo sur concours
- L’homme qui a inventé le web déçu par son évolution

MOBILITES / LIVE
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360° / REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE
BOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Facebook lance son assistant IA dans Messenger ; et il aurait des ressemblances avec Clippy, l’ancien assistant de Microsoft
- Alexa, votre nouvel ami ?
- Les limites de l’Intelligence artificielle et du deep learning
NOUVEAUTES
- AOL-Yahoo rebaptisé Oath
- Facebook teste un deuxième flux d’actualités, uniquement basé sur de la recommandation de contenu populaire personnalisé
SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS
- Motor Trends On Demand
- Le nouveau branding de Rakuten / Wuaki
- Le service de télévision par internet Molotov a dépassé le million d’utilisateurs
- MyCanal veut devenir l’interface principale d’accès à Canal dans 3 ans
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES

STORYTELLING
PUB
- YouTube ne mettra pas de pubs sur les chaînes qui ont moins de 10K vues
- Après Google et Facebook, la pub pourrait rapporter 5 mds $ à Amazon
OUTILS
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Liens vagabonds : la vie privée des internautes est désormais à vendre ?
A RETENIR CETTE SEMAINE
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FAKE NEWS / POST TRUTH / TRUMP
- La guerre de l’information est réelle et nous sommes en train de la perdre
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NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
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- Décollage du streaming : première croissance à deux chiffres pour la musique en 20 ans
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- Nouveau coup de canif dans la chrono des médias US
- Comment BuzzFeed met son staff aux data
- La qualité croissante des génériques de début

- The Atlantic ouvre un bureau mondial à Londres et sa filiale Quartz est profitable
- Le Guardian a du mal aux USA
- Le nouveau projet d’Elon Musk : fusionner l’IA à nos neurones
MOBILITES / LIVE
360° / REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE
BOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Le bot Brexit de la BBC
- L’arrivée de l’IA
- Comment les salariés de Facebook sont formés à l’Intelligence Artificielle
- Bixby, l’assistant du Galaxy 8 de Samsung ; ses limites
NOUVEAUTES
RESEAUX SOCIAUX
- Une série vidéo du Guardian atteint 200 millions de vues !
- Snapchat a doublé son audience sur Discover ; Le Monde et Snapchat renouvellent leur partenariat pour 1 an
- Pourquoi les stories risquent de remplacer les fils d’actualités
PUB
- Pub en ligne : Chase divise par 10 son exposition et ne sent pas la différence
- YouView : nouveau dispositif de personnalisation
OUTILS
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ES avec Kati Bremme
Liens vagabonds : Google sur la défensive face aux annonceurs, furieux du placement des pubs
A RETENIR CETTE SEMAINE
- Après la Grande Bretagne, le contrecoup publicitaire touche Google et YouTube aux USA ; les députés britanniques remontés contre les plateformes ; l’ensemble des annonceurs européens, inquiets pour leurs marques, est touché ; le programmatique en ligne est en cause ; et si la solution passait par la qualité ? et par les data ? et surtout pour les annonceurs à récupérer plus de data
- Basket : les 4 derniers matchs du championnat universitaire dispos en VR payante ; comment voir les matchs ; Intel accélère donc dans la VR
- La prochaine grande étape d’Apple: la réalité augmentée et Clip, la nouvelle appli vidéo d’Apple
- Twitter envisage de faire payer des services premium, ses gros utilisateurs, dont les médias
- Football US du jeudi soir : Facebook, Amazon, Twitter et YouTube déposent des offres
- Altice rachète Teads, 1ère place de marché pub vidéo
- Orange achète les droits exclusifs de HBO ; TF1 lance une offre d’infos 100% réseaux sociaux
FAKE NEWS / POST TRUTH / TRUMP
- Les annonceurs commencent à s’inquiéter du placement de leurs pubs
- Le Wall Street Journal de Murdoch commence à prendre ses distances avec Trump
- Voici ce qui arrive quand vous mettez une fake news sur Facebook
- Comment les Américains choisissent qui croire sur les réseaux sociaux
- Fake News : sous pression, Facebook sort un nouvel outil ; mais Facebook ne prendra jamais ses responsabilités
A VOIR
SURVEILLANCE / CONFIANCE / WINNER TAKES ALL
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- NYTimes : les millenials deviennent sa 1ère audience en ligne grâce à sa stratégie mobile first
- Vice tente de réinventer la TV pour les millenials mais les jeunes préferent le smart phone à la TV

- « Binge watching », streaming et multitâche : les modes de consommation aux Etats-Unis
DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
- Les studios d’Hollywood pourraient offrir les films à la sortie en VOD pour 30 $
- Les petites chaînes souffrent

- Rencontre avec l’éditeur suédois qui a confié la Une de son journal à un algorithme
- The Guardian : nouvelles coupes dans la rédaction
- Le capitalisme des plateformes
- Quand un ancien de MTV se recycle dans YouTube
- Pinterest table sur un CA de plus de 500 M $ cette année
360° / REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE

- Comment AP forme ses journalistes au 360°
- La météo en VR
- Vous pouvez désormais attraper des objets réels en VR
BOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Le pari de google dans le search conversationnelle à la voix
- Videotron lance un bot conversationnel pour trouver des vidéos
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- Les bots commencent à parler leur propre langage
- Apple rachète Workflow, outil d’automatisation
- Pourquoi il n’y a pas de bon bot !
- AP songe aux infos activées à la voix
- Alexa, envoie moi ça sur l’écran !
NOUVEAUTES
NETFLIX
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
- Facebook s’associe à Chartbeat pour montrer les performances des médias distribués
- Twitter accélère sur le live
JOURNALISME 2.0
Introduction to and opening of News Xchange 2016 from News Xchange on Vimeo.
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ES avec Kati Bremme

South by SouthWest : sans IA, pas d’avenir !
Le boom et surtout les promesses de trois tendances technologiques — enchevêtrées les unes dans les autres — ont largement dominé le Festival annuel South by SouthWest à Austin, capitale mondiale d’Internet pendant quelques jours : l’intelligence artificielle (IA) qui s’immisce désormais partout et risque encore de tout changer, les nouvelles interfaces conversationnelles (bots et voix), et bien sûr les réalités altérées (virtuelle et augmentée) qui continuent de progresser.

1L’intelligence artificielle est désormais quasi partout !
⚡️L’essor de l’intelligence artificielle, nouvellement ubiquitaire, donne le sentiment puissant que les individus, entreprises ou institutions, qui s’en passeront seront vite laissés derrière.
« La prochaine révolution technologique est pilotée par l’IA. Le rythme d’innovations s’annonce massif », a assuré au Texas, la N°2 d’Intel, Diane Bryant. « En matière d’IA, nous sommes arrivés à un point d’inflexion », a confirmé Eric Horvitz, directeur du lab de recherche en IA de Microsoft.
« Et je peux déjà vous le dire, prévient l’investisseur milliardaire Mark Cuban, devant une salle comble : les premiers trillionnaires mondiaux seront issus de ceux qui auront maîtrisé l’IA et ses dérivés et les auront appliqué d’une manière dont nous n’avons pas idée ».

Dores et déjà l’IA a commencé à assister, renforcer, augmenter les capacités humaines, à accroître nos filets de sécurité, à permettre de déboucher sur une intelligence symbiotique qui associera hommes et machines, forçant les premiers à interagir – pour la première fois de leur histoire millénaire – avec des intelligences extérieures.
Certes, répétons-le, il ne s’agit pour l’instant que d’une intelligence faible, mais qui a commencé à percevoir, raisonner et décider.
Les agents d’IA sont toutefois devenus nettement plus mûrs, plus sophistiqués, en raison :
- du cloud et de ses capacités bon marché de stockage
- d’une meilleure connectivité et gestion des données de dizaines de milliards d’objets connectés
- de la loi de Moore et des progrès informatiques
- de l’essor des capteurs et des nouvelles architectures logicielles
- de percées en apprentissage automatique.

Grosso modo, et en simplifiant, grâce aux progrès des toutes dernières années, l’IA sait désormais faire la différence entre des photos de chats et de chiens, gagner au jeu de Go, comprendre le langage, et conduire une voiture.
Pourtant, « la confiance grandit de voir l’IA parvenir un jour au niveau de l’intelligence humaine. Je pense que nous atteindrons ce stade en 2029 », prédit le célèbre futurologue Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google. Le consensus des experts ne voit pas un tel basculement (dit de la Singularité) se produire avant 30 ou 40 ans. « Mais, corrige Kurzweil, ils disent cela en s’appuyant sur le rythme actuel du progrès. Or il ne sera pas linéaire. Il est en train d’accélérer ! ».

L’IA est déjà à l’oeuvre
⚡️D’ores et déjà l’IA (ou la perspective d’IA), transforme produits, services et modèles d’affaires.
La bascule s’est opérée il y a 5 ans, quand les machines ont commencé à augmenter ou remplacer les humains dans certaines tâches : recommandation, personnalisation, classification, prédiction, détection, simulation, perception, explique l’expert canadien Jean-François Gagné.
Puis en expérimentant elles ont appris. Et commencé à s’entraîner elles-mêmes.
« Nous sommes en train d’automatiser l’automatisation. Cela va changer la programmation », indique Steve Wolfram, à l’origine d’un outil de calcul mathématique reposant sur une gigantesque base de données.
Ces agents d’IA sont déjà en train de nous aider dans l’assurance, la finance, les médias, l’hôtellerie, la sécurité. La reconnaissance d’images fait ainsi gagner un temps énorme dans les disparitions d’enfants.
Demain, évidemment, nous voyagerons en transport autonome, dont la généralisation est attendue pour 2025, avec à la clé une forte réduction des accidents, de la pollution et des embouteillages. Compter aussi avec l’essor crucial de la médecine prédictive : déjà les interprétations de clichés de détection de tumeurs par IA seraient plus fiables que celles des radiologues. Aujourd’hui, des tétraplégiques se voient parfois mettre une interface dans le cerveau pour pouvoir bouger un curseur sur un écran.

Demain, on peut imaginer ainsi faire progresser notre mémoire et sans doute nos capacités d’apprentissage.
Réduire le nombre de nos décisions
⚡️ L’idée est aussi de s’en servir pour réduire l’abondance de choix qui nous submergent, et donc le nombre sidérant de décisions que nous devons prendre chaque minute.

Dans le secteur des médias, elle aide déjà aux recommandations personnalisées, à l’optimisation de l’encodage et de la compression vidéo, parfois même en fonction du contenu, à la facilitation de la distribution vidéo en temps réel (CDN « élastique »), et bien sûr depuis quelques années dans la publicité dite programmatique.
« Chaque fois que nous avons l’opportunité de mettre un programme dans un algorithme, nous sommes gagnants. Car nous gagnons de l’audience », résume Bonnie Pan, présidente d’Endemol USA. Et ce, même si « l’algorithme est devenu mon propre dictateur », s’empresse d’ajouter Thomas Hughes, responsable numérique du studio de production indépendant Lionsgate.
Une intelligence incapable de généraliser
⚡️ Mais cette IA manque encore de perspective, d’émotion, d’empathie. Et surtout, très spécialisée, fonctionnant en silos, elle est est incapable de généraliser. Même comme un enfant de 2 ans.
L’IA dite générale est donc encore loin. Celle-là sera capable d’être consciente d’elle-même, d’inventer son propre langage.
Mais l’IA peut déjà avoir un visage. Regardez ces images stupéfiantes de Soul Machines, équipe néo-zélandaise, qui a donné figure humaine et émotionnelle à son IA : (et non, cet homme ne parle pas ici à sa fille !)
Déjà des avatars, animés dans le cloud, avec la voix de l’actrice Cate Blanchett aident les personnes handicapées en Australie pour des tâches administratives.
« L’homme s’est toujours servi d’outils. L’IA est un outil intellectuel. Nous allons fusionner avec, et elle nous rendra plus intelligent », assure Ray Kurzweil. De toute façon, « notre cerveau sera connecté au cloud ».
L’intelligence la plus incroyable ? La biologique
Au-delà de l’intelligence artificielle, les scientifiques planchent aussi sur une autre intelligence : la biologique. Celle de la vie. En tentant de la programmer. Si le 19ème siècle a été celui de la révolution industrielle, le 20ème celui des bits, le 21ème pourrait marquer un retour aux atomes, soulignent biologistes et neurobiologistes. Nous n’en sommes, là aussi, qu’au début.
2Bots et interfaces vocales
⚡️ Grâce aux progrès de l’IA et du traitement automatique du langage naturel, et après des années de search et de flux sur des interfaces graphiques, arrivent aujourd’hui aussi les nouvelles interfaces conversationnelles qui s’améliorent au fur et à mesure des discussions, et où la voix prend une part de plus en plus importante dans l’accès aux contenus.
De plus en plus nombreux sont ceux qui y voient la prochaine grande plateforme instantanée 24/7.
Tous les grands du web – Amazon, Google, Facebook… – parient en ce moment sur ce type d’interface, et cherchent à voir comment en profiter, notamment pour atteindre encore plus de gens.
⚡️ Nous allons donc devoir encore changer nos propres habitudes comme nous l’avons déjà fait avec les mobiles !
Une techno plus décontractée, plus pratique et plus rapide
«Avant les gens devaient apprendre un langage informatique pour parler aux machines. Aujourd’hui ce sont les ordinateurs qui ont appris le langage humain ! », résume Andrew Yaroshevsky, directeur des opérations de Chatfuel.
« Nous sommes dans un vrai nouveau territoire : faire en sorte que la technologie agisse et se comporte comme nous », ajoute Hector Ouilhet, patron du design du search de Google.
Déjà le moteur de recherche Bing note que le search s’y fait de moins en moins par mots-clés et de plus en plus par des phrases ou des questions.
⚡️Nous allons donc parler aux machines et elles vont se parler entre elles. Les marques aussi. Elles auront leur voix. La technologie s’adapte enfin à nous, elle est plus accessible, moins complexe, car la conversation est naturelle. Demain vous direz à votre table au restaurant de payer l’addition !
App fatigue
Télécharger une appli se fait de moins en moins. D’ailleurs ça prend 45 secondes ! Trop long ! « C’est comme se marier ! Alors que parler à un bot, c’est comme sortir ensemble », nous a confié Facebook ! « L’an prochain, 30% de nos interactions se feront par la voix », assure la firme d’innovation Huge.
Mieux : « les compétences passeront d’un objet à l’autre. Vous pourrez demander des infos à votre lampe et laisser votre lave-vaisselle appeler votre mère ou votre télé commander du papier toilette. On se saura plus ce que l’appareil saura faire ou pas », indique Ouilhet.

Après la génération « touch first », la génération « voice first » : les enfants américains ont vite appris à dire à leur borne Amazon : « Alexa do this ! ». Et comme toujours, les fonctions liées à la musique très présentes sur ces bornes assistants devraient aussi attirer les jeunes.
Pour gagner du temps – chaque seconde compte pour un millennial ! – Messenger ajoute à ses bots des boutons à cliquer, moins chronophages et plus structurés que les conversations qui, trop ouvertes, mènent parfois à une impasse. Il est donc crucial de bien définir les attentes de l’utilisateur dès le début de l’expérience. Après la vidéo, déjà des solutions de paiement s’installent dans les chatbots au service des marques.
Mais le grand public ne sait toujours pas ce qu’est un bot. Peut-être faudra-t-il trouver un autre nom ?
Enfin, Siri (Apple), Assistant (Google), Cortana (Microsoft) et consorts seront aussi les portes d’entrée (front end) des dispositifs de réalité virtuelle, commandés à la voix.
3VR/AR : « la réalité virtuelle c’est le monde qu’on veut »
⚡️En matière de réalités altérées, force est de reconnaître que nous sommes toujours dans une phase de démonstration. Au début de l’apprentissage de la grammaire et du vocabulaire d’un média très nouveau qui engage tout le corps.
« Notre monde numérique était en 2D. Demain, nos sites web ne seront plus plats ! Et nous y serons peut être avec nos amis. Le juré du futur pourra se retrouver au milieu de la scène du crime. », décrit une pionnière de la VR, la journaliste Nonny de La Pena.
La killer-app ne viendra d’ailleurs pas forcément de l’industrie du divertissement. Peut-être du sport : tous les grands parcours de golf US sont désormais scannés en 3D et s’équipent de capteurs pour être « joués » à domicile ou sur practice.
Déjà très utilisée en médecine et thérapie, c’est aussi peut être de l’éducation, du commerce de détail que l’étincelle viendra. Probablement d’Asie, d’ailleurs. Et pourquoi pas après le lancement du prochain iPhone qui devrait être équipé, préviennent certains.
Enfants « VR natifs »
En réalité virtuelle (VR), on peut taper du texte avec ses yeux et mettre le citoyen au milieu de l’info. Avec la réalité augmentée (AR), les titres d’infos flotteront dans l’air autour de nous, vous marcherez dans la rue le long de votre fil Twitter à qui vous commanderez à la voix les RT.
« On pourra capturer n’importe quel objet autour de nous pour le mettre dans l’histoire », assure Robert Scobble, un autre des pionniers des nouvelles réalités numériques. « Dans 4 ans, avec les caméras volumétriques, le match de foot se jouera sur votre table basse ! ».
La VR est un espace crucial pour les jeunes qui s’habituent, notamment via les jeux vidéo, à naviguer dans des environnements 3D. « Les enfants vont être très vite VR natifs ». Demain, ils trouveront tout naturel de jouer avec quelque chose en suspension dans l’air.
Vers la réalité mixte
Chacun a le sentiment que la ligne de mire du secteur pointe vers la réalité mixte (évolution de la réalité augmentée) visible grâce à des lunettes légères ou des implants. Mais il faudra aussi que l’expérience devienne naturelle et ne requière ni conseils ni menu !
« Lire et écrire prend bien 7 ans. Avec les interfaces d’aujourd’hui, il est devenu naturel d’effleurer un écran, de le pincer pour zoomer. Demain nous devrons apprendre le vocabulaire de la VR et de l’AR. Déjà s’y impose le +pointer et cliquer+ », explique Timoni West, qui dirige le lab d’Unity.
« Arrêtez de vous inquiéter des limites actuelles et de vous dire : on s’y mettra vraiment quand elle sera plus au point », nous disent les pionniers de la VR (déjà 40 ans). Ce sera vite plus léger, plus rapide, et avec une meilleure image ».
L’engagement de l’utilisateur va y être crucial et les réalisateurs/producteurs commencent à se mettre aux nouveaux outils pour des storyboards sphériques.
La qualité de la VR mobile devrait rapidement rejoindre celle liée à un desktop et aujourd’hui, le principal obstacle à son essor ne réside ni dans le hardware, ni dans le software, mais dans l’insuffisance de contenus.

IA : grosse pression sur l’homme pour se différencier et… superviser !
⚡️Aujourd’hui, et pour conclure, nous n’en sommes à l’équivalent du début de l’aviation pour ces trois tendances qui n’ont pas encore atteint le grand public. A quelques mètres au dessus du sol. Mais parfois, les accélérations sont foudroyantes.
L’IA va ainsi mettre une pression croissante sur l’homme pour qu’il s’en différencie ! « Après le droit au mariage pour tous, le droit à l’avortement, nous aurons le droit à l’évolution : le choix d’opter ou non pour une technologie à même de nous augmenter », assure Bryan Johnson, fondateur de la firme Kernel, qui entend faire progresser notre intelligence naturelle.
Kurzweil pense lui que dans quelques années, quand la VR sera plus ubiquitaire et plus réaliste, nous pourrons être quelqu’un d’autre. « Notre identité sera plus malléable. Nous en aurons même plusieurs. Les gens seront plus ouverts à accepter ces changements d’identité ». « Nous serons aussi en mesure de recréer en avatar nos disparus, même s’ils ne sont pas complètement réalistes ».
Comme tous les outils, l’IA va accroître les capacités humaines. Mais ce n’est pas non plus un outil comme les autres.
« Et s’il est probable que les Chinois l’adoptent sans vergogne, il n’est pas sûr que l’OS idéologique judéo-chrétien soit prêt aujourd’hui », ajoute Johnson.
? Il y a donc déjà nécessité de supervision humaine de l’IA, avertit le cabinet Booz Allen. Les armements autonomes font ainsi l’objet d’une convention internationale depuis 2012. Mais certains agents d’IA sont capables d’en entraîner d’autres dans des directions non souhaitées. Ou, par manipulation, de viser nos comportements en agissant sur notre manière de voter, ou en provoquant sciemment des actions quasi automatiques de notre part (exemple : impossible de ne pas cliquer sur lien !).
Attention aussi à la réduction des choix consécutive à ces technos censées aider la « découvrabilité » des contenus. Attention au contrôle accru par les géants du web de toutes nos expériences, vraie menace pour le web ouvert ! Facebook, Google et Amazon sont des agents d’intelligence artificielle et nous les entraînons toute la journée !! Et nous sommes nombreux : plusieurs milliards !

Que va-t-il se passer aussi quand nous serons dépendants tout au long de la vie de nos assistants virtuels, qui nous connaîtront intimement, nos atouts comme nos insuffisances ? Enfin quid du partage de la richesse, si comme l’affirme Microsoft, l’essor de l’intelligence artificielle va aussi provoquer une très probable explosion de richesse se mesurant en trillions de dollars ?
A suivre…
ES

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ES avec Kati Bremme
Deux fabricants non repentis de fake news s’expliquent
Gros malaise, mais aussi forte curiosité, mardi dans l’immense salle de conférence du Festival South by Southwest à Austin, quand Yasmin Green, directrice de Jigsaw, un des labs d’innovation de Google, a longuement interrogé deux anciens fabricants populaires –et non repentis– de « fake news » sur leurs pratiques et leurs motivations.
Jestin Coler et Jeffrey Marty. Deux Américains, âgés d’environ 35/40 ans. Le premier, motivé surtout par le remboursement de son prêt immobilier (mais aussi visiblement par le fun); le second, juriste et soutien de Trump, pour faire bouger les lignes d’un « établishment » qu’il exècre.
Jestin Coler a fondé Disinfomedia, qui a édité le National Report et le Denver Guardian, connu pour avoir publié trois jours avant l’élection une info bidon, vue 1,6 million de fois et partagée 500.000 fois : “FBI AGENT SUSPECTED IN HILLARY EMAIL LEAKS FOUND DEAD IN APPARENT MURDER-SUICIDE”. Il a aussi fait croire que les bons d’alimentation donnés aux plus démunis servaient de plus en plus à acheter de la marijuana, et suscité… un projet de loi de l’Etat de Californie qui a cru l’info.

Jeffrey Martin, lui, est derrière le compte Twitter et ses 30.000 abonnés d’un faux congressman américain Steven Smith, élu de la 15ème circonscription de l’Etat de Géorgie, qui en compte 14 !

N’affichant pas le moindre signe de culpabilité ou de regret, rigolant ouvertement des souvenirs de l’autre, ils disent tous deux avoir alimenté les théories du complot des plus crédules.
« Au début c’était pour rigoler entre potes. Puis la pub est venue… », raconte Coler. « L’histoire de la puce RFID insérée dans la couverture sociale Obamacare a bien marché […] Celle de l’arrestation de l’artiste Banksy nous a valu entre 6 et 7 millions de visites ». Avec ses 20 rédacteurs, il a encouragé les communautés en ligne à exagérer et partager les articles.
« Avec une voix différente et audacieuse, je parlais au nom des gens qui n’aimaient pas le vrai Congrès, qui en voulaient à l’establishment et aux médias », ajoute Marty qui a démarré le compte en achetant des faux followers. Il a créé les personnages du fils rebelle du congressman et du directeur de cabinet. « C’était bidon, mais les gens aiment quand la vie est mise en scène de manière satirique […] Il y a toujours eu des tabloids dans ce pays […] Nous avons produit des fake news de divertissement ».

A l’avenir pour lutter contre les infos bidons, le premier croit plus dans le partage avec le public d’une culture média que dans la technologie. « Le public doit savoir ce qu’il fait ».
Le second estime toujours que les plus gros fabricants de fake news sont les médias traditionnels « à l’image du New York Times en 2003 avec ses armes de destruction massive soit disant trouvées en Irak avec des milliers de morts à la clé ». « Le vrai danger c’est la crédibilité qui est mise dans ces médias là ».
Attention, prévient Jasmin Green : « aujourd’hui tout le monde diffuse sa propre TV et la plupart d’entre nous s’informe sur les réseaux sociaux. Or le prochain milliard d’internautes ne viendra pas de la Silicon Valley, de Londres ou d’Austin, mais d’endroits du monde ou l’Etat de droit est faible, où la liberté d’expression est fragile, l’intimidation courante, et la corruption importante ».
Entre temps, une bonne partie de la salle, dégoutée, s’est vidée.