Ma 1ère conférence de presse sous casque de réalité virtuelle !

Une première dimanche soir à Barcelone où la grande conférence de presse de Samsung, à la veille de l’ouverture du Congrès annuel mondial des mobiles, s’est faite en grande partie sous des casques de réalité virtuelle. 

En arrivant des centaines de Gear VR étaient alignés sur les chaises, reliés au réseau dans un enchevêtrement de fils, attendant les conférenciers placés tout autour d’une scène centrale. Effet 360° bien sûr !

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Samsung a alors présenté son nouveau smartphone Galaxy S7 et S7 Edge (plus de puissance, plus de batterie, meilleur appareil photo, water proof …) et nous a demandé d’enfiler les casques pour en découvrir les contours !

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Le casque Gear est offert pour toute précommande du S7, qui arrivera sur le marche le 11 mars.

Puis le constructeur coréen a annoncé le lancement d’une caméra 360° grand public la Gear 360.

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Et, hop, replongée dans les casques pour profiter d’images très immersives de foot dans les rues de Barcelone !

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En les enlevant, surprise ! Mark Zuckerberg, himself, sur scène, dans son T-shirt gris !

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Pour nous vanter le renforcement du partenariat d’Oculus avec Samsung et confirmer son engouement pour la réalité virtuelle : « LA prochaine grande plateforme sociale », sur laquelle travaillent désormais « des centaines d’ingénieurs » de Facebook. Il a bien dit social ? Une équipe dédiée est sur le coup.

Grand spectacle ! Ruée des photographes ! Zuck a volé la vedette !

Mais bon, finalement, personne n’est malade autour de moi. Et personne ne repart avec le casque. Ils sont attachés !

L’heure est aux tapas !

 

 

 

 

 

 

Liens vagabonds : moins de TV à la BBC, guerre du chiffrement, nouvel algo Netflix

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Liens vagabonds : Quartz réinvente l’info mobile, Apple se lance dans les séries

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Danses polynésiennes : un record Facebook dans le dos de la télé

C’est l’histoire d’un joli coup réalisé il y a quelques jours par une journaliste TV de Polynésie 1ère lors du record du monde de danse traditionnelle « Ori Tahiti ».

Les droits de retransmission du direct étaient détenus par la TV publique concurrente TNTV, mais Heidi Yieng Kow, qui couvrait l’évènement sur un golf au sud-ouest de Tahiti pour le JT du soir, a eu le réflexe de sortir son iPhone et de tourner de brèves séquences, légendées en français et en anglais, et de les poster rapidement sur Facebook.

Résultat bluffant en terme de viralité et donc d’audience touchée !

En quelques jours, les cinq principaux « posts » Facebook consacrés à l’évènement ont touché 3,6 millions de personnes ; leurs vidéos ont été vues plus de 800.000 fois.

Liés à la popularité de cette danse en dehors de l’archipel, notamment au Japon, ces chiffres sont sans commune mesure avec la taille de la population polynésienne (289.000 habitants), de Tahiti (183.00) et donc de l’audience TV traditionnelle !

Une des vidéos, vue près de 600.00 fois, a généré 6.800 commentaires et 13.600 partages.

Cette couverture Facebook a aussi apporté 2.323 nouveaux « amis » à la page de Polynésie 1ère (groupe France Télévisions) et produit près de 80.000 « like » !

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Pour ceux qui ne sont pas sur Facebook, voici une des vidéos :

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A noter, enfin que dans les Caraïbes, les carnavals ont aussi « rayonné » ces derniers jours sur les pages Facebook des Premières, à l’image de la publication consacrée à l’élection de « Miss pli bel travesti » sur Martinique 1ère avec près de 600.000 vues. 

 

Pour un journalisme à 360 degrés

Par Dominique Quinio, Directrice de la Croix de 2005 à 2015. Billet invité

Journalisme constructif, journalisme de solution, « impact journalism », disent les Anglo-Saxons, pour ne pas dire positif…

Bizarre, non, de devoir qualifier le journalisme que l’on pratique ? Du journalisme à contre-emploi, jugera-t-on, si l’on se réfère à la trop fameuse formule d’Albert Londres, encourageant la presse à porter la plume dans la plaie : dans les plaies du monde, les plaies lointaines qu’on pourrait ne jamais voir, les plaies toutes proches que certains s’emploient à masquer pour ne pas être reconnus responsables.

Bref, le journalisme de solution, constructif, ne serait pas du vrai journalisme, à la hauteur de sa noble mission ; ce serait un « journalisme de parti pris », selon les mots de l’auteur d’un essai sur «  les défricheurs », Eric Dupin, lors d’un débat.

Ah bon ! Pratiquer un journalisme de la peur, de la dénonciation permanente, de la recherche frénétique de coupables, de préférence puissants, un journalisme de la dérision, de la sinistrose, ne serait pas une autre forme de parti-pris ? Lors d’un débat avec un confrère du Monde, alors que je m’interrogeais sur le suivi des attentats (de janvier dernier) et sur le risque pour les médias d’alimenter la tension et les peurs, celui-ci me rétorquait : « nous ne sommes pas là pour rassurer la population ».

Sommes-nous là pour l’angoisser ?

Depuis de longues années, à la Croix, nous nous efforçons de ne pas oublier la face éclairée des événements; sans occulter la noirceur, l’horreur, les magouilles et les crimes, mais en montrant ce qui va bien ou, en tout cas, ce qui va mieux. Une rubrique s’intitule ainsi d’ailleurs.

Et chaque jour, un court article, « une idée pour agir », met en lumière des initiatives individuelles ou collectives qui visent à  « réparer» le monde, ses inégalités, ses divisions, ses souffrances. Non pas par optimisme béat, par culture bisounours ou simplement par fidélité à l’espérance chrétienne liée à l’identité de ce journal, mais parce que ce sont – tout simplement – des informations. Pas anecdotiques, pas minuscules, pas négligeables. Des actus, des infos, quoi ! Oui, que l’extrême pauvreté ait reculé dans le monde dans les 20 dernières années, c’est un fait ; oui, que la scolarisation des filles ait progressé, c’est une réalité ; oui que certaines maladies aient été quasi éradiquées, c’est une nouvelle.

Rien n’est gagné ; les pauvretés et les injustices subsistent. Raison de plus pour montrer qu’il est possible d’agir.

Des personnes, des associations, des élus, des syndicalistes, des religieux, des institutions « se bougent » pour changer ce qui est grippé dans nos sociétés : cela vaut le coup d’être expliqué, d’être évalué, car cela peut avoir un effet d’entraînement. Sinon, la tentation de chacun est de se replier sur son pré-carré, sur ses intérêts propres et immédiats, en considérant que tous (les autres) sont pourris et que rien ne changera jamais. Et, frappé d’accablement et d’inquiétude, de cesser de lire, de regarder ou d’écouter les médias d’information.

Les lecteurs de la Croix, interrogés sur leur lien avec le journal, relèvent unanimement cette volonté de présenter un monde où existent des raisons objectives d’espérer, alors même que l’équipe de journalistes n’a pas toujours le sentiment de tenir cette promesse, emportée par une actualité nourrie de catastrophes en tous genres. Ces lecteurs, en un temps où la diffusion des quotidiens nationaux souffre, restent fidèles à leur quotidien. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?

Des initiatives se font jour en France (l’association Reporters d’Espoir, l’agence Sparknews, des enseignements spécifiques dans certaines écoles de journalisme …) pour inciter les professionnels à regarder l’actualité porteuse de solutions, à leur proposer des sujets et des reportages.

Une sorte de discrimination positive, en quelque sorte, pour forcer la nature et les habitudes des médias. Peut-être une étape nécessaire, comme toute discrimination positive, mais sûrement pas suffisante. Car il ne s’agit pas de se cantonner à une positivité systématique et spécialisée, mais de faire naître un journalisme sans qualificatif, ni constructif ni destructif, ni de solution ni de dénonciation, un journalisme qui regarde l’actualité sous tous les angles, qui porte sa plume dans les plaies qui se creusent et montre les plaies qui guérissent.

ps : le quotidien la Croix a publié mercredi son enquête annuelle sur la confiance des Français dans leurs médias.

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Liens vagabonds : le futur de la télé, pour la BBC

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Facebook, la fin de la presse en ligne ?

Par Clara Schmelck, journaliste médias à Socialter, billet invité

« La radio annonçait, la télévision montrait, la presse expliquait. Aujourdhui, la notification sur iPhone annonce, les réseaux sociaux montrent, la vidéo en ligne explique »*.

Sur la version mobile de Facebook, il y a à la fois des notifications, des newsfeeds où l’actualité est présentée de manière personnalisée, et 8 milliards de vidéos vues quotidiennement. En 2015, 44% des 13-18 ans ne lisent pas les journaux, et ne consomment l’information qu’à condition qu’elle ait une destination sociale.

Pas étonnant que le géant américain soit une plateforme qui serve de modèle pour les sites des médias traditionnels en ligne soucieux d’attirer une nouvelle génération de lecteurs. Le réseau social est devenu un infomédiaire, qui met en place des dispositifs de lecture de la presse « pluggés » sur sa plateforme. Au risque que certains articles soient pourvoyeurs de trafic sur Facebook plutôt que sur les sites dont ils sont issus. Facebook est-il entrain d’aspirer la presse d’information en ligne au point de remettre en question l’existence autonome des médias qui produisent et signent des contenus d’information ?

Puissance de Facebook

Le géant américain compte environ 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde, dont 800 millions sur mobile. En France, Facebook a franchi mardi la barre des 30 millions d’utilisateurs actifs (c’est-à-dire qui postent ou partagent des contenus ou «aiment» un article au moins une fois dans le mois) par mois, soit 2 millions de plus qu’en novembre 2014, a annoncé le groupe.

Les usages de Facebook s’étendent de plus en plus à la consultation de lactualité, puisque la plate-forme offre des solutions d’affichage et d’hébergement de contenu éditoriaux produits par des sites de presse d’information. Ainsi, un Facebook native ne se rend pas spontanément sur la homepage de ses grands titres d’actualité favoris, mais attend qu’une information soit embarquée directement sur sa timeline pour la consulter.

L’intérêt pour Facebook, outre celui que représente la commercialisation de données personnalisées, est d’intégrer des contenus d’actualité est de gagner la bataille de l’attention, autrement dit d’attirer une audience qui reste un grand nombre de minutes sur sa plateforme, cela pour augmenter les recettes publicitaires : chaque fil d’actualité est composé à «5 à 7% de liens sponsorisés en moyenne », selon Laurent Solly, DG de Facebook France. En clair, plus vous restez, plus vous voyez d’annonces, et plus les annonceurs restent aussi.

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Facebook a donc lancé le service « Instant articles ». Parmi ses 9 premiers participants: The New York Times, The Washington Post, Buzzfeed, National Geographic, The Atlantic, The Guardian, BBC News, Der Spiegel et Bild. Aujourd’hui, près de 350 médias dans le monde sont partenaires d’Instant Articles. En France, de nouveaux médias deviendront très prochainement partenaires d’Instant Articles, qui permet un visionnage sans délai, a annoncé Laurent Solly le 22 janvier lors du débat « Médias dinformation : où sont les jeunes ? » organisé vendredi par l’INA dans les murs de l’AFP.

La plateforme de Zuckerberg a aussi lancé Notify, une application permettant à ses utilisateurs de se tenir au courant de l’actualité ou de sujets qui les intéressent en recevant des notifications mobiles, tirées de contenus fournis notamment par des groupes de médias.

Facebook a aussi étendu les notifications envoyées par l’intermédiaire de son réseau lui-même pour ajouter des résultats sportifs ou de l’actualité locales aux avertissements déjà existants quand un ami de l’utilisateur fêtait son anniversaire ou commentait une de ses publications.

Enfin, le réseau social a récemment renforcé son moteur de recherche interne pour permettre à ses utilisateurs de retrouver davantage de publications sur des thèmes d’actualité, et cherche globalement à renforcer son offre de contenus avec des partenariats avec des magazines, sites d’informations et autres médias, ou encore une montée en puissance dans l’offre de vidéos. Et il vient d’annoncer son arrivée dans le sport avec Stadium.

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Opportunité pour les médias de sadapter

Si Facebook peut se permettre une telle offensive, c’est qu’il sait que les médias ont besoin de lui.

Dans le cas d’Instant Articles, il s’agit pour la presse en ligne de passer d’un système fermé à un système ouvert : les médias adhérents perdent des visites de lecteurs sur leurs propres sites, mais peuvent en échange vendre des espaces publicitaires à côté de leurs articles et en conserver les revenus, ou choisir de passer par la régie publicitaire du réseau social. Pour les médias qui consentent à aller là où sont les sources de clics, l’intérêt à s’associer avec les infomédiaires est donc de récupérer des revenus des espaces publicitaires.

L’éditeur récupère 100% des revenus des espaces qu’il commercialise lui-même et 70% de l’inventaire vendu directement par le réseau social. Par exemple, 20 Minutes France, a la possibilité de mettre à profit ses 1,4 million de fans en proposant une offre packagée de ses espaces sur mobile et sur le réseau aux 30 millions d’utilisateurs.

Reste à vérifier si les conditions de l’échange économique équitables sont toutes remplies. On peut constater que l’intégration d’offres de native advertising n’est pas prévue. The Washington Post, et The New York Time se sont récemment plaint d’avoir des difficultés à monétiser leurs pages sous le format Instant Articles en ne disposant que d’une seule bannière (250X320mm) tous les 500 mots, les bandeaux en «rich media» n’étant pas prévus.

Alors, les médias sont-ils perdants ? « Instant Articles nest-elle pas tout simplement une manière de faire travailler toutes les rédactions du monde gratuitement ? », se demandaient Alexandre Michelin et Laura Ghebali à l’occasion d’un débat organisé à la Sorbonne par le think tank Massive Open Online Disruption (MOOD), et intitulé « Les médias sociaux: la Facebookisation du web est-elle inévitable ? ».

Sans titre

Sadapter

A moins que les sites d’information, grâce à leurs liens resserrés avec la marque de Zuckerberg, ne toucheront à long terme un public plus étendu et diversifié. Eric Mettout estime qu’à LExpress, « Les réseaux sociaux nous amènent à explorer des terrae incognitae éditoriales et nous ramènent de nouveaux lecteurs. En ces temps de désaffection généralisée pour les médias et le journalisme, ce nest pas rien. ».

Ainsi, les médias traditionnels font-ils massivement le pari de la vidéo, qui répond à un intérêt croissant pour les contenus visuels et à une opportunité de distribution sur les plateformes sociales : encore plus qu’ailleurs dans le monde, la vidéo est en France le moteur numéro un du réseau social. Le nombre de vidéos postées sur Facebook France a doublé en un an (+93%) contre +75% au niveau mondial.

«Parmi les Français qui se connectent à Facebook tous les jours, plus de 50% regardent une vidéo», fait remarquer Laurent Solly. Effet : les médias d’infos investissent massivement dans la vidéo. AJ+ (Aljazzeera) a diffusé via Facebook 2,2 millions de vidéos en 2015. Süddeutsche Zeitung Magazin, quant à lui, produit des vidéos dédiées à sa page FB , qui atteignent souvent 100.000 vues chacune.

Certaines plateformes d’info n’hésitent pas à s’assumer carrément comme pure-players de contenus, selon le mot du sociologue Jean-Marie Charon : pour les sites du groupe Reworld media, par exemple, la satisfaction de la demande est une priorité, les algorithmes sont les rédacteurs en chef et le travail avec les régies publicitaires un quotidien. Pas de revendication journalistique, mais une interface aussi intuitive que celle de Facebook et l’hyper-couverture des sujets à buzz comme méthode pour générer du clic : les contenus peuvent ainsi se plugger aisément sur Facebook. Le risque est que ces modèles aiguillonnent sournoisement les éditeurs de la presse traditionnelle, comme le formule le journaliste Nicolas Becquet.

Innover sera t-il encore possible ?

Pour attirer durablement de nouveaux lecteurs sur un site et se démarquer de la concurrence, il faut innover.

Or, le journaliste américain Ezra Klein prévoit que la principale victime du phénomène de cannibalisation par Facebook des médias d’information en ligne sera l’innovation : « Dès à présent, les règles qui président à ces plate-formes de distribution ont mis linnovation en sommeil », se désole-t-il. En se multipliant et se superposant, ces règles vont gagner en pouvoir de castration. Imaginez quand un papier devra répondre aux impératifs conjugués, et encore une fois souvent incompatibles, « de Facebook, Apple, Snapchat, Flipboard, des développeurs dapplication mobile, etc. ». Avec des algorithmes de recommandation, Facebook est dans une logique client-centric qui n’est pas celle du journalisme. Il s’agit de produire du contenu qui ne dérange pas le lecteur, qui ne génère guère d’incertitude.

C’est sur ce fonctionnement que Facebook parvient à aspirer indéfiniment la valeur. « Il faut comprendre Facebook comme un trou noir dans la galaxie des médias en ligne », souligne Fabien Loszach, directeur de la stratégie interactive chez Brad. La force de Facebook étant de capitaliser sur des contenus et des services sans ne jamais rien produire ni posséder soi-même, Facebook crée des apps dans des apps, multiplie les services à l’utilisateur, lequel pourra bientôt commander son chauffeur, son coiffeur et son dîner personnalisé depuis Messenger.  

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Saffranchir de Facebook pour rajeunir

En attendant, les groupes de médias en ligne cherchent la bonne organisation pour renforcer leurs business models tout en diminuant leur degré de dépendance vis-à-vis de Facebook. « Labs », cellules internes, co-créations de contenus, relations avec l’externe via des hackathons et ateliers créatifs …Quand la force de Facebook est de capitaliser sans produire, par action de vampirisation, il s’agit pour les médias de produire et de faire fructifier de nouvelles richesses fondées sur des valeurs qui sont celles du journalisme, à savoir l’analyse, la confrontation de points de vue et la créativité.

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Arte, par exemple, a organisé en septembre dernier des Hackathons associant des créatifs issus de la scène média – auteurs, programmateurs et webdesigners. En trois jours, on leur demandait de créer des prototypes qui pourront enrichir le Web de manière innovante. Le Radio Canada Lab a crée quant à lui son Accélérateur d’Idées, dont le concept consiste à mettre en place un processus de prototypage simple, social et ludique qui permet de faire émerger et de réaliser des idées novatrices tout en diminuant les risques liés aux projets audacieux. Autant de manières de s’adapter aux usages digitaux affranchie du modèle de Facebook tout en attirant les jeunes.

Enfin, avec la crise de crédibilité de l’info sur les réseaux sociaux, il se pourrait bien que le journaliste revienne dans le cadre, et sa marque média avec lui, souligne Boris Razon, ancien directeur des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Lorsqu’un média traditionnel veut toucher les jeunes, il y parvient sans doute mieux en se posant en repère face aux flux d’informations qui circule en continu sur et via Facebook qu’en essayant d’être un média de jeunes qui parle aux jeunes.

La Facebookisation des médias en ligne est-elle donc inévitable ?

par @ClaraSchmelck

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* Eric Scherer à la conférence « Comment les jeunes s’informent-ils aujourd’hui », à l’AFP, le 22 janvier 2016.

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L’instinct plus fort que l’algorithme. Même chez Netflix. Plus pour longtemps

Netflix, qui a annoncé mardi des résultats records, a beau employer plus de 2.000 ingénieurs moulinant des milliards de données, le choix des œuvres proposées revient toujours en dernier ressort à l’intime conviction de l’éditeur. Pour combien de temps encore? 

Des algos et des hommes, ou « l’intuition informée »

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« Certes, le choix se fait au départ à partir des données, des talents et des genres. Puis intervient le jugement. Il s’agit donc d’une intuition informée. La décision finale revient toujours à notre instinct, à notre intime conviction », a assuré cette semaine à Münich, Reed Hastings, le pdg de Netflix, connu pour recourir massivement aux algorithmes pour satisfaire ses utilisateurs.

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YouTube reconnaît, lui, que l’algorithme a désormais pris le dessus. « Plus vaste que Netflix (…), nous sommes comme une grosse plateforme de TV par câble impossible à organiser humainement», décrit Robert Kyncl, directeur commercial, lors de la conférence annuelle Digital Life Design (DLD).

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« L’apprentissage automatique (« machine learning ») et les bonnes métadonnées, nous permettent d’assortir le bon contenu au bon utilisateur. Ajoutez à cela, le tri fait par l’audience, plus une nouvelle couche d’algorithmes ». La série française Marseille est ainsi en post-production.

« D’ici quelques années, prédit Hastings qui travaille depuis 30 ans sur l’intelligence artificielle, vous ne saurez pas qui vous parle de l’homme ou de la machine (…) Nous sommes engagés dans une course entre humains biologiques, faits à base de carbone et machines, faites à base de silicium ».

Humains de plus en plus aidés par l’intelligence artificielle

Une course, ou plutôt « une coopération qui se généralise en ce moment partout dans les médias, le cinéma et les industries des loisirs », note Jim Breyer, informaticien, VC, directeur de Legendary Entertainment et administrateur de la 21st Century Fox et du MOMA.

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« Pour le film Interstellar, nous avons mesuré attentivement les données venant de Facebook et Twitter après le 1er trailer, puis le second et le troisième, pour encore modifier des choses. »  

« Avec les bons experts en données, nous sommes en mesure de faire des paris différents, de trier le signal du bruit, de tirer parti de l’apprentissage automatique des machines ».

« Pour le film Godzilla, l’analyse des données nous a permis d’économiser 55 millions de dollars sur le budget marketing ».

Les données ajoutent de la valeur à … un peu tout.

Là aussi, Google met le paquet

 « L’intelligence artificielle est la grande révolution de notre époque », renchérit Philipp Schindler, N°2 de Google, directeur des revenus. « Nous y investissons beaucoup. Notamment dans les réseaux neuronaux dit profonds ».

Les applications sont nombreuses : reconnaissance faciale et gestuelle sur les photos, traductions linguistiques, reconnaissance vocale, assistant personnel, gestion du spam, etc.

L’IA va tout changer

Optimiste à long terme, Jim Breyer, le VC informaticien culturel, s’avoue inquiet aujourd’hui par le manque de compétences techniques d’un trop grand nombre de personnes travaillant dans le secteur large des médias.

« L’informatique est devenu indispensable. C’est comme l’anglais il y a 50 ans !  ».

L’autre problème est l’hégémonie américaine. « Aucune entreprise allemande n’est en mesure de rivaliser avec les sociétés américaines sur les data », déplore le secrétaire d’Etat allemand à l’Economie, Jens Spahn.

« En tout état de cause, la progression de l’intelligence artificielle va transformer tous les aspects de nos organisations », prévient le professeur Jürgen Schidhuber, directeur du laboratoire suisse IDSIA. « D’ici 50 ans, la puissance des ordinateurs aura été multipliée par 100. Dès que nous aurons atteint le niveau d’intelligence d’un animal, l’écart avec l’homme ne sera pas loin. Et ça ne s’arrêtera pas. Notre civilisation va changer, notre philosophie aussi ».

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« La TV connaîtra le sort du téléphone fixe : c’est générationnel »

Côté TV, Netflix comme YouTube sont convaincus, en tous cas, du basculement vers le tout Internet, comme de la fin de la TV de rendez-vous, remplacée progressivement par l’avènement de la consommation fluide de vidéo à la demande.

« Aujourd’hui, explique Reed Hastings, la télé est à la demande, tout écran, et personnalisée. Et l’expérience est sans cesse actualisée et améliorée. C’est l’Internet TV.  Et tout comme le téléphone mobile a remplacé la ligne fixe, l’Internet TV est en train progressivement de remplacer la TV linéaire. C’est générationnel. » 

Fort désormais de plus de 75 millions de clients, Netflix en a engrangé 17 millions nouveaux en 2015, dont un record de 5,6 millions au dernier trimestre.

« La BBC ou la ZDF en Allemagne vont devenir des networks sur Internet »

« Dites-moi qui va être disposé à attendre les infos à 18 ou 20h ? Nous sommes dans un monde à la demande ». 

« Aucun diplômé sortant de l’université n’achètera désormais de box, souligne l’entrepreneur Jon Steinberg (ex président de BuzzFeed et DailyMail US), Ce n’est pas une question d’argent, mais d’expérience ». 

Le binge watching appliqué aux documentaires

Hastings en a profité pour confirmer l’extension aux documentaires du traitement réservé par Netflix aux grandes séries. Une série-documentaires en 10 parties « Making a murderer » est ainsi diffusée depuis fin décembre.

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Vers une licence mondiale

Et forcé à contre coeur, dit-il, par Hollywood pour ménager les fenêtres d’exploitations géographiques, de faire le ménage dans l’utilisation de proxys (VPN) qui permettent le saute-frontières, Hastings se dit persuadé que l’industrie se dirige « vers des licences mondiales ». C’est en tout cas ce vers quoi Netflix tend. « Et cela montre aussi que le public est prêt à payer ».

Nouveaux bouquets OTT

Face au dégroupage des anciennes offres, jugées dépassées, de nouveaux bouquets OTT à la demande se mettent en place dans l’industrie de la TV US impliquant des acteurs comme Apple, Roku, AT&T, et bientôt sûrement Google, estime Steinberg.

« Après Facebook et Snapchat, nouveaux géants de la vidéo, Spotify pourrait même devenir un distributeur d’images animées ».

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Liens vagabonds : aux US, Al Jazeera ferme sa TV mais accélère sur le numérique

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CES 2016 : la vraie nouveauté n’était pas exposée !

Dans la progression rapide de l’Internet de tout, qui cimente l’invraisemblable orgie technologique exposée au CES cette semaine à Las Vegas, ce qui frappe c’est la montée en puissance — en toile de fond invisible – de l’intelligence artificielle, à la demande, agrégée, partagée en temps réel, qui est en train de tout changer.

 

Tout changer dans l’automobile, la médecine, le sport, l’éducation, la finance, la pub, Hollywood, les villes, grâce à des systèmes qui comprennent, calculent, raisonnent, apprennent, prédisent, partagent et… décident. Sans avoir été programmés pour cela.

La voiture autonome n’a pas besoin d’avoir été déjà confrontée au surgissement d’un chevreuil sur la route pour prendre sa décision dans la milliseconde. Elle agit grâce à l’expérience partagée de milliers d’autres véhicules. Idem pour l’airbag du skieur qui s’adapte dans l’instant au type de chute, pour le diagnostic médical ou le geste du robot qui opère.

Cette nouvelle forme d’intelligence agrégée fonctionne grâce à la combinaison de l’Internet de milliards d’objets connectés de notre environnement, de millions d’individus en mobilité, équipés de plus en plus de capteurs bon marché, produisant toujours plus de données dans le cloud.

« Le numérique n’est pas un point d’arrivée ou une simple destination, mais une fondation », a résumé à Las Vegas la pdg d’IBM, Ginni Rometty.

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La techno devient une extension de nous-mêmes. Tous les secteurs sont forcés de se réinventer en raison de la connectivité permanente. Et nous n’en sommes qu’au début. Car aujourd’hui, ajoute-elle, dans cette informatique cognitive et neuronale, qui acquiert, met en œuvre et transmet des connaissances à la vitesse de la lumière, « 80% des données ne sont pas encore comprises et sont donc inutilisées ».

« C’est terrible, mais nous en savons aujourd’hui plus sur notre voiture que sur notre corps », observe le pdg d’Under Armour qui transforme son groupe d’articles de sport en leader de « la forme connectée » et du « coaching cognitif » en exploitant les données des utilisateurs, « nos prochaines ressources naturelles ».

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Même mouvement pour Medtronic (biotechnologie) qui assure être en mesure d’anticiper de 3 heures une crise d’hypoglycémie chez les diabétiques, des firmes de reconnaissance faciale pour les malades d’Alzheimer, ou de Softbank qui équipe son robot Pepper d’une connexion permanente avec les ressources d’IBM Watson.

Animée aussi par les géants Intel, Google, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Samsung, Qualcomm, cette nouvelle vague technologique (Internet des objets, robotique, intelligence artificielle), qui privilégie l’expérience sur les produits, repose sur la puissance informatique débridée, l’intelligence distribuée et l’Internet personnalisé. Sur une meilleure reconnaissance des humains et compréhension de l’espace par les machines.

Selon le Ericsson Consumer Lab, l’intelligence artificielle va mettre fin à l’ère des écrans, y compris des smart phones.

Ce n’est donc pas un hasard si la part de la TV, jadis au coeur du salon, est aujourd’hui dissoute dans une vaste diversification des fabricants d’électronique grand public (smart, électroménager, santé, sièges avions, voitures…).

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De nouveaux écosystèmes technos de plus en plus matures

Pas de nouveaux gadgets prédominants cette année pour ce rendez-vous annuel des acteurs du numérique, mais beaucoup de choses autour des voitures connectées, avec la présence de 9 sur 10 des plus grands constructeurs mondiaux, des wearables en très forte progression, liés notamment à la santé et au fitness.

La part des chinois avec des centaines de booths pour vendre des produits de masse, est toujours plus grande. Des coopérations se développent, et des passerelles se forment entre tous les secteurs. 

« Dans 5 ans, prévoit LG, chacun disposera de 25 objets connectés ».

Les capteurs sont déjà partout. Ils équipent les drones autonomes, qui ne sont plus des jouets, les hoverboards, les technos de réalité virtuelle, qui semble bien devenir la prochaine plateforme pour raconter des histoires, faire jouer les jeunes et montrer le sport, et même votre frigo qui ne pourra bientôt plus se passer de connexion Internet dans la nouvelle maison intelligente.

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Segway, oeuvrant avec Ninebot, Xiami et Intel, a montré son nouveau mode de transport qui peut se transformer en robot personnel autonome.

Le drone chinois EHang avec passager a aussi fait sensation :

L’impression 3D se démocratise et se professionnalise (on peut facilement acheter des consommables).

TV/vidéo : tout le monde travaille sur la découvrabilité

Dans le divertissement, les systèmes se multiplient pour aider l’utilisateur à se retrouver dans un océan de contenus vidéo. Samsung propose une télécommande unifiée pour tous les appareils connectés du salon et une nouvelle interface TV qui jongle sans friction entre les box, les offres OTT et les chaînes. Elle accueille même les jeux de la PlayStation de son concurrent Sony.

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Netflix, qui travaille aussi sur une amélioration de la découvrabilité de ses contenus, s’est ouvert 130 nouveaux pays, devant de facto la 1ère Internet TV vraiment mondiale (sauf la Chine).

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Et YouTube, qui va coopérer avec GoPro, a assuré que « la vidéo dépasserait la TV en 2020 ». Elle s’affiche en tous cas mobile et immersive (360°). Et se diversifie sur un nombre toujours plus grand d’écrans, même si les tablettes sont en train de s’effacer au profit des phablettes type iPhone 6 ou Galaxy ou des laptops convertibles. Les prix moyens continuent de baisser partout. Les deux bouts du marché aussi : low cost comme terminaux premium. Le LED ultrafin (plat et non courbé) en 4K HDR 55″ sera vendu à partir de 1.200 €. Le Chinois HiSense se donne les moyens de percer en Europe, notamment par les prix.

Et alors que les chaînes de TV traditionnelles accèdent péniblement à la HD, les constructeurs améliorent encore la 4K pour passer au format supérieur en attendant la 8K: le « HDR » (high dynamic range), adopté par les pure players à la Netflix ou bientôt YouTube. Sans se passer bien sûr d’une guerre de standard : Dolby Vision vs HDR 10.

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Le bouton Netflix sur la télécommande est désormais un « must have » pour toutes les marques dans tous les pays. On a même le sentiment que pour vendre des télés, il faut désormais ajouter Amazon, YouTube, Netflix Inside !

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LG, l’autre grand coréen, a montré son prototype d’écran enroulable, dit « papier peint » :

 Les start-up prennent de plus en plus de place 

Tous les besoins de niches (non traités par les géants) sont adressés désormais par le hall réservé aux centaines de start-ups (les futures GoPro, FitBit, IBeacon, …). L’internet des objets y domine presque exclusivement, avec des capteurs de tout et des contrôleurs (télécommande, panneaux tactiles, …). Le paiement NFC est en plein boom.

Là aussi une présence très internationale avec des dominantes : les américains, la FrenchTech bien sur (1/3 des 500 exposants start-ups), Israël (avec une vingtaine mais plus avancées), les allemands. Les start-ups se sentent plus fortes « en meute » pour émerger dans cette jungle ou s’intègrent à des clubs (délégation, ou sociétés comme Samsung, La Poste, Engie, Sigbee).

Une présence très hétérogène aussi : certains projets qui ressemblent à projet de fin d’études ou au concours Lépine, côtoient d’autres qui ont des perspectives de forte rentabilité immédiate. La plupart vendent déjà sur Amazon. Indiegogo et Kickstarter sont omniprésents.

(Avec Philippe Bourquin, directeur du développement et télévision connectée, France Télévisions Editions Numériques)

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