[Etude] Le data journalisme de plus en plus plébiscité par les rédactions

Par Lorraine Poupon, France Télévisions, MédiaLab

Le data est partout, dans toutes les bouches, vu tant comme une opportunité économique qu'une menace à la vie privée. Les citoyens exercent désormais leur droit d’accès aux GAFA  afin, supposément, d’en reprendre le contrôle. L’époque est à la demande de transparence et à l’open data. Mais ces données, même accessibles, ne sont pas toujours compréhensibles ! C’est le rôle du data journalisme dont le NewsLab de Google tente de clarifier les enjeux dans son étude.

La maîtrise du data comme enjeu

Beaucoup évoquent le Big Data sans avoir réellement conscience de la réalité que ce terme recouvre : quantité de données brutes aux formats variées, non structurées au point qu’elles sont inexploitables de manière automatisée. Elles représentent potentiellement une mine d’informations pour celui qui saura l’en extraire.

Leur origine est également à prendre en compte selon qu’il s’agit d’un acteur public ou d’une entreprise avec des intérêts privés à défendre. Au-delà de la rétention d’information, l’excès de données mises à disposition peut être une manière d’enfouir des révélations et de s’assurer qu’elles ne feront jamais surface.

C’est dans ce contexte que s’est développée, si ce n’est la profession, du moins la compétence de data journaliste. L’étude du Google Lab cherche donc à déterminer la place qu’elle prend dans les salles de rédaction et la valeur ajoutée que ces dernières lui attribuent.

Si les avis sur la question sont encore partagés, il y a consensus autour de l’idée que le data journalisme n’est pas un genre spécifique ou une sous-catégorie, tout au plus un outil au service des mêmes critères d’exigence.

Un outil à ne plus négliger

La pratique commence néanmoins à se banaliser puisque 42% des répondants font d’ores et déjà figurer des données régulièrement dans leur travail et 51% des rédactions interrogées emploient spécifiquement un data journaliste, prouvant ainsi qu’il s’agit bien d’une compétence spécifique qui réclame une formation particulière.

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Au fur et à mesure des témoignages se profile même une typologie des trois façons dont les données sont utilisées

  • Comme argument au sein d’un article pour appuyer sa thèse.
  • Comme fondement-même de l’article : c’est de l’analyse des données qu’est issue l’information dont l’article se fait l'écho.
  • Comme objet d’enseignement : la donnée doit être expliquée.

Ces pratiques s’affirment comme une manière de répondre de manière rationnelle à la montée des fake news et des affirmations infondées. Utilisées à bon escient, les données redonnent leur place aux faits plutôt qu’aux opinions ou aux croyances.

Concernant les sujets faisant appel au data, la politique arrive en tête : la donnée chiffrée prend tout son sens pour contredire ou tout simplement vérifier des déclarations chocs ou des propositions populaires.

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Le data journalisme est donc un solide complément et un soutien au journalisme traditionnel. C'est même une exigence nouvelle : 83% des répondants voudraient ainsi voir leur rédaction y avoir plus recours. L’idée séduit, reste désormais à former !