La Google TV en France avant l'été

Google entend bien devenir l'OS de nos téléviseurs et organiser notre consommation passive de loisirs ("lean back experience"), comme il a su orchestrer la consommation active d'informations du Web sur ordinateurs et smartphones ("lean forward"). Et bien sûr ponctionner largement l'énorme manne publicitaire de la télévision, évaluée à 150 milliards $.

Pour cela, la V2 de la Google TV, présentée cette semaine au CES de Las Vegas, est nettement plus convaincante. Elle met moins en avant le "search", et beaucoup plus son magasin d'applications Android, ses accords avec des fournisseurs de films et séries (Netflix, Amazon, HBO) et bien évidemment YouTube, le 1er site mondial de vidéo, qui se professionnalise, le tout en browsant, mixant et organisant parallèlement l'offre des flux TV disponibles (live, différés et à venir).

En France ?

La plupart des grands constructeurs l'ont adopté (gratuitement) pour le marché américain où les premières livraisons sont parties: Samsung, LG, Sony, Vizio (1er aux USA). D'autres suivront. Nous retenons, des discussions que nous avons eu ici, que la Google TV sera lancée en France -- par au moins l'un d'entre eux -- dès le printemps. Une longue présentation de la Google TV a d'ailleurs été faite le 6 décembre à Nicolas Sarkozy dans les locaux de Google à Paris. Il nous avait dit, alors, l'avoir trouvé "formidable".

S’agit-il du nouveau serial killer d’Hollywood et du cinéma européen ?

« Il s’agit, avertit Google, d’amener des millions de nouvelles chaînes sur votre téléviseur en provenance de la nouvelle génération de créateurs, développeurs d’applications et des networks. » Le pari est bien sûr d'accroître l'offre -- limitée de la TNT en France -- par celle du web en organisant l'offre vidéo mondiale par un mix navigateur/moteur de recherche/moteur de recommandations interne.
Par rapport à la V1, la nouvelle version est plus simple d'utilisation, coopère avec plus de partenaires et intègre bien davantage Android (déjà 2.000 applis TV, télécommande par smartphone) et YouTube (plateforme ouverte de publication vidéo). Grâce à ses algorithmes et aux historiques de navigation, des suggestions pertinentes de contenus seront proposées à chacun. De grands éditeurs seront présents sur le magasins d’applications vidéo : le New York Times, le Wall Street Journal, USA Today, la radio NPR, des chaînes d’info comme CNN, Al Ja-zeera, des contenus adultes, du télé-achat, de la surveillance vidéo… Aux Etats-Unis, des chaînes du câble seront aussi présentes comme TBS ou TNT (de Time Warner) à condition d’en être déjà client.
La première version, lancée fin 2010 aux USA, n’avait pas rencontré l’adhésion du public, notamment en raison d’une interface peu agréable, d’un équipement et d’un clavier peu commode, et de l’opposition des networks et d’Hollywood réunis pour freiner l’arrivée du géant du Web dans leur pré carré.

Mais les constructeurs de téléviseurs continuent de réagir différemment.

C'est LG qui semble cette fois embrasser plus rapidement Google en mixant dans le téléviseur son propre magasin d'applications avec le logiciel de la Google TV.

Sa télécommande associe n pointeur et un petit clavier physique. D'ailleurs le staff de Google était présent sur ls tand de LG pour faire les démos. Selon Bloomberg, la coopération entre Google et LG pourrait même rapidement s'accélérer (mise à jour : pour s'orienter éventuellement vers la production d'un terminal à la manière du Nexus pour les mobiles).

Samsung et Sony sont plus prudents: ils proposent une box à côté du téléviseur, vendue séparément (autour de 200 $) qui gèrera la mémoire et les capacités de calcul.

Sony présente une téécommande touch pad et clavier physique.

La présentation des flux TV?

Elle sera faite au début en fonction des ratings Nielsen, et progressivement tiendra compte du parcours du télénaute. La contextualisation des programmes, films et séries est assurée par un tiers (la firme TMS aux USA).

Dans la version américaine, la VOD est assurée par Amazon, et la SVOD (abonnement) par Netflix, soit un catalogue de 80.000 films.

La publicité ?

Google pense la possibilité pouvoir toucher individuellement les télénautes séduira les annonceurs, lassés du bombardement aveugle du "broadcast". Google table aussi sur la continuité d'expérience d'un écran à un autre.

Les usages?

S'appuyant sur une étude de Nielsen, Google pense retrouver ceux du smart phones : 30% du temps consacré aux 20 applications les plus connues (ici les chaînes), 30% aux 250.000 autres (VOD, SVOD, applis...) et 30% au web. "Il est probable que le télénaute passera 30% de son temps avec des choses qui n'ont rien à voir avec la télévision", dit-on chez Google.

Google TV / le clip de présentation: