CES 2012 : foire d'empoigne pour le contrôle du salon

Le CES 2012 de Las Vegas confirme l'arrivée d'une vie de plus en plus connectée, en temps réel et à haut débit ubiquitaire.

Concrètement:

  • il est aussi important pour les terminaux d'être branché à Internet qu'au réseau électrique
  • la bataille pour prendre le contrôle de nos poches à peine entamée (smartphones), celle du salon est désormais lancée.

L’objectif étant bien sûr de profiter de l’union inédite en cours de la télévision et d’Internet pour s’intercaler entre le public et ses loisirs, en vendant à des annonceurs l’énorme quantité de temps qu’il y consacre et lui proposer de nouvelles offres multimédia très enrichies et mieux organisées.

Au CES, les fabricants de téléviseurs ont donc multiplié les nouvelles possibilités de regarder autrement la TV : magasins d’applications dédiées, intégration de la Google TV, accords passés avec des fournisseurs de contenus (mais pas d’autres) et de services (VOD, SVOD …), interaction vocale et gestuelle avec le poste, télécommande-pointeur, 3D avec ou sans lunettes, recours au « cloud » pour les jeux en réseaux, techno OLED pour la super HD, etc…

Au bout du compte subsiste une impression de confusion, de redondance et surtout de complexité, qui risque – pour l’instant—de freiner une vaste adoption par le public. On imagine d’ailleurs assez bien d’ici la perplexité des vendeurs des grandes surfaces – rarement connectées--  quand ils devront expliquer et vendre ces nouvelles TV. Pas aussi facile que des écrans plats ou la haute définition !

En témoigne LG qui chasse deux lièvres à la fois  :

Mais ce n’est qu’un début. Car tous les géants du web ont lancé l’assaut. Après une tentative avortée l’an dernier, Google s’est fortement relancé au CES, Apple, en embuscade, devrait sortir du bois d’ici quelques mois et Microsoft pousse les feux en accélérant l’intégration de sa Xbox avec des contenus tiers en attendant la généralisation à tous les écrans de Windows8 (le jeu n'est que la 2ème utilisation des 16 millions de Xbox!). Facebook et Twitter sont désormais toujours présents et toujours bien placés sur les « home » de ces nouveaux écrans, tout comme Amazon ou Netflix.

On aperçoit bien toutefois quelques pistes qui se confirment sur le futur de la télévision : elle sera bien connectée à Internet et aux autres terminaux de nos existences, elle sera regardée de plus en plus souvent en différé et à la demande. Elle pourra nous reconnaître et en saura beaucoup sur nous, nos goûts et nos amis. L’expérience télévisuelle sera d’ailleurs de plus en plus souvent enrichie grâce à un autre écran compagnon (smartphone, tablette) et personnalisée.

Notre façon d’interagir avec le poste va aussi évoluer : la commande vocale (à la Siri) ou gestuelle (à la Kinect) commence à être proposée par les fabricants (Samsung par exemple). Les nouvelles télécommandes perdent des touches, sont dotés de mini-claviers (à la Blackberry), de touchpads (à la Apple) et de pointeurs. Chacun jure travailler à rendre le plus simple possible l'utilisation.

La télévision, désormais « smart », va aussi devenir un nouveau champ d’opportunités pour les développeurs d’applications. La lutte pour accéder à la première page d’ouverture du poste s’annonce féroce.

Le numérique sauvera-t-il l’Occident ?

D’une manière plus générale, les dirigeants du secteur de l’électronique grand public et du numérique sont optimistes. Pour eux, les innovateurs sont les nouveaux héros de l’époque, à l’image de Steve Jobs, disparu l’an dernier. Et le secteur l’un des rares espoirs pour atténuer la crise économique et surtout sociale. Sa croissance a été de 8% en 2011 aux USA et devrait encore atteindre 4% cette année alors que le reste de l’économie est atone. Pour la première fois, son chiffre d’affaires a dépassé 200 milliards $ en Amérique et 1.000 milliards $ au niveau mondial.

Il est d’ailleurs frappant de voir de plus en plus de secteurs présents au show de Las Vegas – parfois massivement, comme l’automobile—. Mais aussi la santé, l’environnement, la sécurité, l’éducation, le sport et la forme, la banque.

« Et on a encore rien vu ! Tout ce qui est ici n’est rien par rapport à ce qui se profile à l’horizon », assure le président d’Intel, Paul Otellini, évoquant notamment l’essor de l’informatique qui oeuvre à effacer les frontières entre mondes physiques et virtuels.

Reste que la classe politique, elle, est toujours aussi « fièrement étrangère à Internet », comme l’a déploré Gary Shapiro, le président de l’Association de l’électronique grand public et patron du salon.  Pourtant, a assuré le patron de la FCC, l'instance de régulation US, Julius Genachowski, Internet créé actuellement 2,6 emplois pour chacun de ceux qu'il détruit.

Les autres vedettes du CES

Au niveau des usages, et hormis la télévision connectée, les vedettes du salon ont été une fois encore les terminaux de la mobilité (smartphones et tablettes) au centre désormais de nos vies connectées et sans conteste les moteurs du secteur. A noter dans la première catégorie, la nouvelle offensive de Nokia, aidé par Microsoft, et sa nouvelle gamme Lumia sous Windows qui séduit, les débuts de la 4G, et dans la seconde, les Galaxy Notes de Samsung (7 pouces), très remarqués.

Autre star du CES : l’ultrabook (ordinateur portable ultra fin et léger sur le modèle du MacAir d’Apple pour la création et la consommation), mis en exergue notamment par Intel. Une douzaine ont été présentés (Dell, Samsung, …) et une soixantaine sont dans les tuyaux pour cette année. La rentrée des classes 2012 devrait se faire avec lui !