2013/société de surveillance : quels droits de l’homme à l’ère numérique ?

Pour résumer 2013 j’aurai pu évoquer les nombreuses tendances médias qui m’ont marqué : Netflix et la SVoD, les MCN de YouTube, l’OTT et le transfert TV/vidéo, les drones, UpWorthy, les réseaux sociaux visuels, la « Facebookisation » de Twitter et son incroyable valorisation boursière, la pub native, les Selfies, Amazon, Jeff Bezos et le Washington Post, Vice Media, la 4K, les robots et les algorithmes, SnapChat, la déconfiture des magazines, les phablets, la recherche naissante en informatique quantique ou Google qui pose de la fibre partout.

Mais 2013 restera avant tout l’année des menaces tangibles sur ce nouvel espace de liberté tout jeune qu’est Internet, avec en toile de fond l’inquiétante mise en place d’une société de surveillance.

Surveillance par les géants privés du web, traquant depuis des années le moindre clic à des fins commerciales, et désormais, surveillance publique dans les états démocratiques, révélée par Edward Snowden montrant comment Washington et Londres enregistrent les faits et gestes de millions de citoyens. Paris terminant l’année par une loi donnant à plus de fonctionnaires sur davantage de données la possibilité de violer notre vie privée sans contrôle a priori de la justice. 

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Face à un mouvement qui ne peut que s’amplifier avec l’essor des capteurs de l’Internet des objets, il n’y a qu’une réponse pour renouer notre pacte social fragilisé : impulser une nouvelle compréhension de la manière dont les normes des droits de l’homme doivent être appliquées à l'ère numérique.

A commencer par le respect absolu, l’application sans concession, par tous, de l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme :

« Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

Puissent nos fameux intellectuels, les médias, les élites d’aujourd’hui s’y référer et enfin se mobiliser pour défendre nos droits fondamentaux dans notre nouvelle époque, au lieu, par ignorance et sous prétexte d’être débordés par le numérique, comme le dit Le Monde cette semaine, de faire peur au public en diabolisant la culture web.

Réconcilier sécurité et liberté publiques est un débat vieux comme le monde, rappelait il y a quelques semaines, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dans le New York Times. Avant d’avertir : « la bataille pour la liberté d’Internet est la nouvelle ligne de front des libertés dans le monde. Mais les activités de surveillance dans les pays démocratiques ne peuvent avoir libre cours de manière automatique ».

Il faut donc des gardes fous régulièrement adaptés. Il en voit sept qu’il met en avant régulièrement et qui sont en phase avec les ONG de la société civile.

Il se dit à Paris que Carl Bildt pourrait faire des propositions en ce sens lors du prochain Forum de Davos fin janvier. Croisons les doigts.

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Pour le reste, dans notre monde des médias toujours en pleine mutation, il suffit de se rappeler, comme le fait cette semaine le site Grantland, qu’une personne née la même année que Napster (1999) aura 15 ans l’an prochain, pour réaliser que plus grand chose ne sera comme avant pour cette « génération à la demande ».  

Bonne année !