#VIVATECH2022 : à la conquête du Web 3

La septième édition du salon de l’innovation parisien s’est déroulée du 15 au 18 juin dernier, au Parc des Expositions. Pendant quatre jours se sont succédé conférences, workshops et présentation des stands pour les 91 000 participants. Petite nouveauté : le salon était phygital, et a su séduire près de 300 000 personnes sur son site internet grâce à un accès gratuit aux innovations en 3D et en réalité augmentée, mais aussi aux conférences et aux showrooms virtuels.

Si la semaine était réservée aux entreprises, l’ouverture grand public du samedi s’est illustrée par la visite d’Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire. L’objectif ? Réaffirmer la place de la French Tech dans l’écosystème et annoncer  leurs intentions d’atteindre au moins 100 licornes tricolores d’ici 2030. Un objectif ambitieux à la hauteur de ceux du salon. Les grands acteurs du milieu se sont en effet lancés sur un terrain de taille : le Web 3 et le métavers. Des sujets hautement passionnants et qui suscitent bien des discussions.

Par Isya Okoué Métogo, MediaLab de l'Information

Un salon B2B entre nouvelles technologies, écologie et web3

Comment attirer les entreprises sur son stand ? En parlant B2B, comme on dit. L’usage des nouvelles technologies et notamment du Web 3 pour les marques et les entreprises s’est affirmé comme l’axe de prédilection des différentes innovations et interventions.

Impossible de rater le thème de la mobilité grâce aux prototypes de grands groupes comme Renault, Audi mais aussi la SNCF et la RATP. Les premiers modèles de véhicules du futur font tourner les têtes et allient technologie de pointe et innovations environnementales, comme le TGVM composé à 97% de matériaux recyclables.

La transition écologique est devenue incontournable pour toute entreprise souhaitant innover, non seulement dans la mobilité mais aussi dans la gestion des ressources énergétiques et de notre alimentation. C’est le thème abordé par Insterstellar Lab qui s’est démarqué en exposant des capsules futuristes composées de « biopod », des serres hermétiques permettant de reproduire les conditions climatiques de n’importe quel type de plante.

Le Web 3, un outil d’indépendance et de création de valeur

Face au constat de la difficile adaptation des entreprises à un Web 2 des plateformes, beaucoup affirment leur volonté d’être primo arrivant au prochain chapitre pour éviter d’être en retard. Chez Publicis, on évoque alors la data sovereignty, qui pourrait permettre aux marques de récupérer la valeur de leurs données en dirigeant et monitorant leurs KPIs, mais aussi de renouer avec la confiance des consommateurs de plus en plus méfiants à céder leurs données aux plateformes.

L’opportunité offerte par le Web 3, la blockchain et les NFT pourrait aussi permettre de créer de la valeur : c’est la thèse de LVMH qui y voit la possibilité d’étendre son parcours client en offrant une expérience améliorée, plus complète et exclusive par le développement d’un écosystème digital.

Cette indépendance n’est pas seulement au service d’un marché, mais tout simplement au service des utilisateurs. Alors que Binance voit les NFT comme une manière pour les habitants de zones instables de se doter d’une monnaie intangible indépendante d’une banque, l’Estonie voit en la blockchain une opportunité d’améliorer et de sécuriser les données de ses services publics. Le salon a aussi été marqué par l’apparition holographique du Président ukrainien Zenlensky, qui a appelé les entreprises tech à investir dans son pays et a rappelé le niveau avancé de numérisation de l’Ukraine. Un avantage de taille pour résister aux conséquences de la guerre avec la Russie, puisqu’il permet notamment aux pays européens de continuer à délivrer des paiements dans des zones de guerre.

Des questionnements éthiques, organisationnels et culturels

Face à ces innombrables possibilités se dresse une série de questions, notamment éthiques, organisationnelles et culturelles. Les nombreux conférenciers présents à VivaTech ont bien saisi l’ampleur du sujet et de nombreuses problématiques ont été avancées face au développement du Web 3. En plus de l’habituelle question environnementale, la régulation a été abordée. Comment en effet soutenir ce nouveau monde digital en garantissant la sécurité de ses utilisateurs ? Pour Roblox, spécialiste dans le jeu vidéo multijoueur, la solution est la responsabilité collective dans un premier temps, puis une régulation progressive.

Avec la responsabilité vient aussi la question du modèle à adopter : si le Web 3 est caractérisé par la décentralisation, comment choisir ce qu’il est judicieux de décentraliser ? D’après Sandbox, une des entreprises qui proposent leur métavers, il est important de connecter le digital au physique sans chercher à répliquer le monde réel. Tout l’intérêt d’un autre monde est de pousser les limites de son imagination, puisque toute révolution s’allie avec une idée de magie et de fantaisie. Voilà d’ailleurs le secret de la réussite des jeux vidéo dans le métavers.

L’imagination n’est pas le seul secret des jeux vidéo. De nombreux conférenciers se rejoignent sur la culture qui gouverne le métavers et qui fait partie des difficultés à séduire pour l’instant un large public. Pour vivre et interagir dans une réalité parallèle, notamment lorsque la propriété est concernée, il est nécessaire d’en avoir la culture. Un défi de plus à relever pour le Web 3 et pour ses futurs acteurs.

Et ensuite ? Que se passe-t-il lorsque l’on acquiert ses NFTs et que notre avatar devient partie intégrante de notre identité ? A ces questions aucune réponse pour le moment, si ce n’est la conclusion d’Epic Games : ce qui restera et ce qui marchera, comme dans chaque révolution, est ce qui permettra de garder l’aspect social inhérent à nos besoins. A vos imaginaires, tout reste à inventer.