Liens vagabonds : nouveau coup de tournevis dans l’algo de Facebook, la dépendance croît
A RETENIR CETTE SEMAINE :
- ? Facebook change son algorithme et intègre désormais le temps passé dans les contenus proposés ; une bonne nouvelle pour le journalisme ?, Comme d’habitude personne ne sait
- ?Amazon propose désormais son offre SVoD comme Netflix et s’ouvre aux partenaires extérieurs
- ?Explosion de la chrono des médias et pied de nez à Canal+ : TF1 diffuse les 1ers épisodes de Marseille (Netflix) ; Menaces de Bolloré face aux pertes de Canal
“MUST READ” :

- Les réseaux sociaux vu par un ado : Instagram, Snapchat et les autres…
- Un vrai problème dont les médias ne veulent pas parler : leur mépris de l’audience


A VOIR
A ECOUTER
ABUS DE POSITION DOMINANTE – The winner takes all !

SURVEILLANCE vs. CONFIANCE
- Seul 6% des Américains font pleinement confiance aux médias d’informations (l’étude)
- Le navigateur Opera intègre un VPN par défaut
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- L’audience de l’info TV pourrait diminuer d’un tiers en 10 ans, selon un ancien dirigeant de la BBC
- L’info télé dégringolerait encore plus vite que les journaux papiers
- 30% des britanniques estiment que la qualité de la télévision se dégrade
- Nuit Debout : à la rencontre des fans de Periscope
- Palier dans le binge watching
- Chute des ventes de PC: Intel se sépare de 11% de son staff
- Secret des affaires : Nicole Ferroni revient sur sa vidéo virale
DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
- Les médias numériques se rapprochent des modèles d’Hollywood et de la TV
- Main basse de la Silicon Valley sur Hollywood
- Les médias réalisent finalement que la croissance de l’audience ne fait pas tout
- Yahoo, 200 millions d’utilisateurs et 3ème site mondial : que s’est-il passé?
- L’iPlayer de la BBC accueille désormais des contenus tiers
- Web-série recherche business model désespérément
- Les sites de média en difficulté ; le Financial Times touché par la chute de la pub
MOBILITÉS / WEARABLES

RÉALITÉ VIRTUELLE / RÉALITÉ AUGMENTÉE

- Réalité virtuelle : nouvelle frontière des médias
- 9 millions de casques VR seront vendus dès cette année
- YouTube lance la vidéo 360° en direct
- La nouvelle caméra 360° 8K de GoPro + une plateforme VR
ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Les bots arrivent sur Twitch
- Comment Blockchain va changer votre vie
- NPR utilise un bot pour mesurer l’engagement de ses lecteurs
- L’arrivée des bots sur messagerie instantanée bouleverse les stratégies marketing des annonceurs
- Avant de partir la médiatrice du NYTimes exhorte la rédaction à résister aux algorithmes; mais ils ont déjà gagné
- Comment les ordis gèrent la nudité
NOUVEAUTES
SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS :
NETFLIX
- Netflix : près de 7 millions nouveaux abonnés au 1er trim. Total = 81,5 millions, dont 42% à l’étranger. Et 35% de marge aux US
- Netflix songe à la possibilité de visionnage offline ; le pdg confirme
- Pas si simple pour Netflix d’être le premier réseau mondial
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
4K / U-HD / 8K / HDR
JEUX VIDEOS / eSport
PUB
- La pub en ligne est cassée
- Google prétend que les pubs sur YouTube sont plus efficaces qu’à la TV
- L’avenir de la pub TV
JOURNALISME 2.0

- Le nouveau redchef de Vice News vient du NYTimes
- Mashable s’éloigne de la news pour se concentrer sur la culture tech
OUTILS
- 3 outils pour aider les journalistes à gérer les licences d’utilisation des photos
- 7 outils pour faire une appli sans écrire de code
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
Web-série recherche business model désespérément
Par Maud Vincent, Journaliste – Rédactrice – Consultante éditoriale indépendante. Billet invité
La création est au rendez-vous et les projets affluent, mais la web-série n’a pas encore trouvé son modèle économique.
C’est en 2005 que le format commence à émerger des limbes du Web à la faveur de la montée en puissance des plateformes vidéos de partage (YouTube, Dailymotion, Viméo). Mais le modèle d’affaires de ces mêmes plateformes rend difficile, voire quasi impossible, le retour sur investissement, ont expliqué il y a quelques jours à Paris les participants à la table ronde « Webcréation, transmédia et business model » du WES Festival organisée par l’Institut Français de Presse.
Imposant un drastique partage des revenus publicitaires, YouTube donne en effet la prime au volume : seuls ceux qui génèrent des millions de vues peuvent espérer une rentabilité. Il faut obtenir 1 million de vues pour gagner en moyenne 1.000 euros.
« Dans les web-séries il n’y a pas d’argent, mais on a de la créativité,du désir,de la folie,de la liberté « @AmelieEtasse @WesFestival2016
— Virginie Sassoon (@ViSassoon) 15 avril 2016
YouTube et la prime au volume
Si ce modèle fonctionne pour quelques YouTubeurs, il n’en est pas de même pour les producteurs de websérie. « On confond souvent le podcast et la webcréation qui relèvent de deux mécanismes différents : dotée d’une simple webcam, le plus souvent filmé dans sa chambre, le YouTubeur est en capacité de produire à une fréquence régulière des vidéos à faible coût », explique Ken & Ryu, réalisateurs de la web-série En Passant Pécho.
Si les YouTubeurs peuvent aisément et à moindre coût alimenter leur chaîne YouTube et en tirer des revenus rentables, les producteurs de web-fiction n’ont pas le même cahier des charges : bien que le budget moyen d’une web série soit deux à trois fois moins élevé que celui d’une série diffusée à l’antenne, une websérie reste coûteuse à produire et nécessite un temps de réalisation conséquent. « Au global, de l’écriture jusqu’à la post-production, il faut compter un minimum de 5 mois et maximum de 1 an pour produire une websérie, contre un an à trois ans pour une série à l’antenne », rapporte Ségolène Zaug, chargée des nouvelles écritures et du transmédia à France Télévisions.
Opter pour le crowdfunding : une option limitée
Pour financer leurs projets de web-fiction, beaucoup misent sur le financement participatif (crowdfunfing). Mais le système a ses limites : sauf exception, les sommes récoltées ne parviennent pas à couvrir les coûts de production.
@Olydri_Noob est un cas atypique. Record européen de la plus grosse levée de fonds via du crowdfunding @JeanIvanoff #WESFestival #webséries
— #Wes (@WesFestival2016) 14 avril 2016
« Sur Ulule, la moyenne des financements s’élèvent à 5.000 euros », relève Jean Ivanoff, chargé de projets chez Ulule.
Outre la maitrise des codes marketing pour bien savoir valoriser son projet, la réussite d’un projet de crowdfunding s’appuie sur la constitution d’une forte communauté pré-existante. Enfin, l’envoi des contreparties aux financeurs sous forme de t-shirt ou goodies est à prendre en compte dans l’enveloppe budgétaire.
Le parcours du combattant mené par Ken & Ryu, réalisateurs d’En Passant Pécho, une web-série de six épisodes produites entre 2012 et 2016 et diffusée sur YouTube, est éclairant : après avoir financé sur fonds propres les deux premiers épisodes, l’équipe s’est tournée vers MyMajorCompany pour continuer l’aventure, faute de producteurs. « Vu la couleur du projet [la série traite sur un mode humoristique du quotidien de jeunes fumeurs de joints et de petits dealers], il était difficile de trouver un financement auprès d’une maison de production classique ». Le projet a finalement été financé à hauteur de 35.000 euros et deux nouveaux épisodes ont pu voir le jour.
Enfin, pour financer le 5e et le 6e épisode, Ken & Ryu ont bénéficié du soutien de Studio Bagel et d’un partenariat avec la marque de vêtement Tealer. Le résultat : avec une audience moyenne de deux millions de vues, « En Passant pécho a le mérite d’exister mais ne permet en aucun cas de vivre de notre travail ».
Pour Ken&Ryu, les producteurs de @enpassantpecho, « les #webseries donnent une grande liberté dans l’écriture » #WESFestival
— #Wes (@WesFestival2016) 14 avril 2016
La TV : futur de la web-série ?
Et si le business model de la webcréation passait par la télévision ? Les chaînes TV investissent de plus en plus le champ de la websérie. Le département des Nouvelles Ecritures de France Télévisions dispose de 4 millions par an pour des projets narratifs innovants, dont une partie est allouée aux web séries de Studio 4. « Ces dix-huit derniers mois, nous avons mis en ligne une série par mois, sans compter les projets en développement », précise Ségolène Zaug.
Pour Pierre Laugier, adjoint au développement de Septembre Production qui co-produit « Vénérations » pour Arte Créative, web-série de 10 épisodes de 7 minutes mêlant fiction, création musicale originale et scènes de concert en live, « la question de s’adosser à un diffuseur, en l’occurrence était évidente ». « Nous avons pu utiliser les procédés traditionnels pour financer le projet (aides du CNC, de la Sacem…) et Arte nous a apporté 200.000 euros. ».
Préparer l’avenir
Non soumise à de stricts impératifs de rentabilité du fait de son statut de chaîne publique, France Télévisions botte en touche quand on l’interroge sur l’impasse économique que représente aujourd’hui la web-création : « Ce n’est pas le but, ni notre ADN en tant que chaîne publique. En tant qu’entité autonome, Studio 4 a vocation à défricher les nouveaux territoires d’expression audiovisuelle nés du Web », affirme Ségolène Zaug.
La web-création reste pour l’heure un laboratoire créatif qui vise à tester des formes innovantes de narration s’inspirant du jeu vidéo, explorant la réalité virtuelle et jouant des possibilités ouvertes par l’interaction.
Elle est aussi un moyen pour les diffuseurs de s’adresser à une audience jeune dont la consommation média est de plus en plus éloignée de l’antenne au profit de contenus web délinéarisés. « La web-série Reboot qui affiche une audience de 50 à 100.000 vues selon les épisodes est majoritairement regardée par des jeunes qui ne regardent pas la télévision », appuie Ségolène Zaug. Plus qu’une rentabilité à court ou moyen terme, les diffuseurs veulent avant tout occuper le terrain en se constituant un catalogue de programmes courts au ton neuf.
« La #websérie permet une liberté de ton et de format, de fournir des contenus qui ne sont pas les bienvenus à l’antenne » @SZaug #WESFestival
— P:S • Arts & Ent. (@Pr_Scribe) 14 avril 2016
Pour Ken&Ryu, les producteurs de @enpassantpecho, « les #webseries donnent une grande liberté dans l’écriture » #WESFestival
— #Wes (@WesFestival2016) 14 avril 2016
Liens vagabonds : au tour des médias numériques de dévisser
A RETENIR CETTE SEMAINE
- BuzzFeed rate ses objectifs 2015 et réduit ceux de cette année; licenciements chez Salon; bain de sang parmi les médias digitaux, le début de la fin? ou l’entrée dans un nouveau territoire?
- Le NYTimes remet plus de 50 M $ dans le numérique
- Des courses de drones dès cet été sur ESPN
- Facebook: Zuckerberg présente sa roadmap à 10 ans ; mieux vaut désormais suivre F8 que le NAB !
- Vivendi prend 15% de la Fnac
“MUST READ”
- Comment Snapchat a tué la home page et imposé les réseaux sociaux aux éditeurs
- Le “chatbot” ou bot conversationnel, le truc le plus important depuis l’iPhone
ABUS DE POSITION DOMINANTE – The winner takes all !
- Quand Facebook dévore lentement l’ensemble d’Internet ou au moins devient la couche supérieur de tout l’Internet
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- YouTube atteint plus de jeunes que n’importe quelle TV
- TV : où sont les jeunes ?
- Les YouTubers deviennent grand public
- Pour les jeunes, l’email est devenu un rite de passage vers le monde des adultes
- Les mobiles seront acceptés dans les salles de cinéma aux US

DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
- Après 20 ans déclin, reprise des ventes mondiales de musique. Et les ventes digitales ont dépassé les ventes physiques
- A quoi sert un site web? se demande The Economist
- Tout le monde veut faire de la vidéo, mais pas facile de gagner de l’argent
- Comment la radio publique NPR pourra-t-elle survivre?
- Pourquoi votre entreprise doit aller maintenant sur Snapchat
MOBILITES / WEARABLES
- Facebook ouvre son API Live
- Telegram lance sa plateforme de bots
- Instagram : la stratégie gagnante du New Yorker
REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE

- Snapchat utilise désormais la réalité augmentée
- Les pubs natives pour financer la VR
- D’après Zuckerberg, les lunettes de VR/AR ressembleront à des Ray-bans
ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Il est plus que temps pour les journalistes de réclamer des comptes aux algorithmes
- Reconnaissance visuelle : comment les ordis réussissent
NOUVEAUTES
SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS
- iPlayer : la BBC lance une version pour enfants
- Comment la rédaction de La Montagne valorise les commentaires de ses lecteurs avec des vidéos
NETFLIX
- Netflix, 1er réseau vidéo US en 2019
- Netflix veut passer à 10$ / mois
- Netflix se lance dans le documentaire court
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
- Facebook s’est emparé des médias : une mauvaise nouvelle sauf pour Facebook
- Twitter reste un modeste pourvoyeur de trafic pour les sites d’infos
- Les breaking news arrivent sur Slack
- Pourquoi les emojis rencontrent-ils autant de succès chez les dirigeants?
- Twitter s’associe à Soundcloud et permet d’écouter de la musique sur sa plateforme
- Vine se rapproche du look de Snapchat
4K / U-HD / 8K / HDR
PUB
- The Atlantic teste un modèle nouveau de pub mobile
- Le temps de chargement moyen d’une pub mobile est de 5 secondes
JOURNALISME 2.0
- Les journalistes devraient être plus impliqués dans le développemtn des produits
- Comment l’équipe data de Bloomberg fait ses visualisations
- #PanamaPapers : « wikileakisation » du journalisme tradi forcé de travailler avec hackers, blogueurs, activistes (NYT)
- Attention à ne pas être trop dépendant des data
OUTILS
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
F8 : Mark Zuckerberg présente sa roadmap à 10 ans
Par Jérome Derozard, consultant pour France TV Editions Numériques et entrepreneur
Ouvrant la conférence « f8 » à San Francisco, Mark Zuckerberg s’est prêté cette semaine à l’exercice de la « keynote », passage obligé pour tout dirigeant d’une grande firme technologique américaine. Preuve de l’empreinte mondiale du service, elle était aussi diffusée en direct dans 29 « meetups » autour du monde, depuis Paris à Nairobi en passant par Dacca ou Bogota. Mais la diffusion (aussi accessible sur internet) n’utilisait pas la nouvelle plateforme Facebook Live Video, sans doute encore en rodage…
L’assemblée au « meetup F8» de Paris
Devant un parterre de journalistes, développeurs et partenaires ; Mark Zuckerberg articula donc la mission de Facebook : permettre à tout le monde de tout partager avec n’importe qui. « Tout le monde » doit pouvoir avoir accès à internet, d’où les nombreuses initiatives du réseau social (drones, antennes relais plus performantes, accès gratuit aux services basiques…) pour réduire les coûts d’accès, améliorer la couverture et convaincre les 3 milliards de personnes non connectées de rejoindre le réseau.
« Tout partager » c’est permettre de partager des contenus de plus en plus riches et immersifs, depuis la photo à la vidéo à la captation à 360°. « Avec n’importe qui » c’est la possibilité de partager différentes choses avec des cercles différents, depuis sa famille et ses amis jusqu’à ses fans et relations plus éloignées, par l’intermédiaire des différentes applications du groupe (Messenger, Instagram, Whatsapp…).
Cette mission s’inscrit dans une roadmap à 10 ans qui passe par l’extension de l’écosystème de Facebook, de ses différents produits (dont la recherche et la vidéo) et de technologies comme l’accès à internet pour tous, l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle ou augmentée.

Dans le domaine de l’I.A. : modules en open source
Facebook multiplie les applications concrètes, depuis « moments » qui classe les photos et identifie les personnes, à son traducteur qui comprend le langage SMS, au flux d’actualité, son algorithme de classement ou plus récemment l’outil de description automatisé des photos pour malvoyants. L’entreprise a annoncé à f8 mettre à disposition en « open source » certains des modules d’IA – matériel et logiciel – issus notamment de son laboratoire FAIR.
Deborah Liu, la directrice de la gestion produit, rappela ensuite les nombreux atouts de la plateforme Facebook : 1,6 milliard utilisateurs, 9,5 milliards de dollars reversés aux développeurs qui sont à 70% basés en dehors des Etats-Unis, plus de 90 langues supportées. Pour continuer à les séduire de nouveaux outils logiciels sont proposés, comme « Account kit » qui simplifie la procédure d’inscription en utilisant un email ou un numéro de téléphone, ou les « people insights » pour mieux connaître l’audience de son application via des informations démographiques (anonymes). Les éditeurs de site web n’ont pas été oubliés, avec le nouveau bouton « sauver sur facebook » pour mettre de côté un contenu ou le « plugin de citation» pour partager un extrait d’article en un clic. Enfin le service « instant articles » est maintenant disponible pour tous les propriétaires de pages facebook, permettant la lecture directe des contenus dans l’application Facebook sans passer par le navigateur – et sans sortir du réseau social.
Messenger ouvre la porte aux bots, « intelligents » ou non
Autre front pour Facebook : la messagerie instantanée. Messenger, l’application développée en interne, compte à présent 900 millions d’utilisateurs actifs, contre plus de 1 milliard pour Whatsapp acheté en 2014. Plus de 60 milliards de messages sont à présent échangés chaque jour sur ces deux applications, soit trois fois le volume maximal atteint par le SMS.
Face à ce succès, Facebook tente depuis un an de transformer Messenger en une plateforme à part entière. Le but est de l’imposer comme point d’entrée alternatif sur le mobile pour les marques et les médias, face aux points d’entrée traditionnels contrôlés par l’opérateur mobile (les services vocaux ou SMS) ou Apple et Google (les applications). L’année dernière le groupe avait annoncé le service « entreprises sur messenger » permettant aux sociétés de dialoguer avec leurs clients. Cette année Facebook a dévoilé la « plateforme messenger » permettant de développer des « chat bots » pouvant dialoguer avec les utilisateurs pour leur proposer de nouveaux services sans installer d’app, visiter un site web ou appeler un serveur vocal.

30 entreprises ont déjà pu prendre en main la plateforme et développer leurs propres « bots », disponibles dans un « appstore » dédié, dont CNN ou le Wall Street Journal,. Concrètement, Facebook met à disposition des développeurs une API permettant d’envoyer et recevoir de façon automatisée des messages (ave texte, images ou vidéos) aux utilisateurs Messenger depuis une application hébergée sur un serveur. L’utilisateur doit toujours être à l’origine de la prise de contact; l’application peut ensuite répondre à sa demande via des « éléments conversationnels », listes visuelles de commandes pouvant être comprises par le bot.
Facebook souhaite ainsi éviter l’utilisation de mots clé en mode « ligne de commande » comme on le connaissait déjà dans le mode du SMS (« envoyez 1 pour voter pour Loanna ») en proposant des écrans type se présentant sous forme de « cartes » à choix multiples. Dans le cas de CNN, l’utilisateur peut ainsi consulter la liste des titres d’actualité, avec pour chacune la possibilité de demander un résumé dans Messenger ou être redirigé vers une page web. Il peut également saisir un mot clé pour obtenir une sélection d’actualités correspondantes. Certaines applications peuvent proposer des messages en « push » pour suivre l’actualité.
Messenger n’est pas la première application de messagerie à proposer ce type d’intégration ; outre les services SMS+ lancés au début des années 2000, WeChat ou Telegram proposent déjà leurs propres bots depuis plusieurs années. Microsoft a aussi annoncé une plateforme pour son service Skype le mois dernier lors de la conférence Build, et il ne serait pas étonnant que Google face de même lors de sa conférence Google I/O.
Ces nouvelles plateformes vont favoriser l’émergence de nouveaux acteurs prêts à fournir des « solutions conversationnelles » clés en main aux marques et aux médias, ce qui provoquera l’arrivée d’une vague de « bots » de marques dans les services de chat. Le risque principal est que la plupart se révèlent d’une intelligence très moyenne, incapables de comprendre les questions qui leurs sont posées ou d’apporter un réel bénéfice aux utilisateurs, se contentant de renvoyer ceux-ci vers les outils existants que sont le site web ou l’application.
Facebook a bien compris ce risque et met à disposition des développeurs sa plateforme de bots intelligents « wit.ai », issue du rachat de la startup du même nom en 2015. Celle-ci permet aux utilisateurs de discuter avec un bot en langage naturel, et à celui-ci de prédire les actions à exécuter ; elle se rapproche du « bot framework» annoncé par Microsoft le mois dernier. Au cours de sa seconde keynote Facebook a aussi démontré les possibilités de conversation vocale avec un bot intelligent, en combinant reconnaissance vocale, reconnaissance d’image et analyse du langage naturel.
Facebook Live Video, un pas de plus vers la Facebook TV
Autre centre d’intérêt pour Facebook, la vidéo en direct. En Janvier le réseau social avait étendu la fonctionnalité de diffusion en direct à l’ensemble de ses utilisateurs. Ceux-ci peuvent maintenant se filmer depuis leur mobile et diffuser la vidéo à leurs amis ou à leurs fans en direct. Constatant que ces vidéos génèrent 10 fois plus de commentaires que les vidéos à la demande, et que certaines attirent des audiences supérieures à celle d’une émission TV, Mark Zuckerberg a décidé en Février de passer la vitesse supérieure et a multiplié par dix la taille de l’équipe en charge de la plateforme.

Cette montée en puissance s’est déjà traduite par l’arrivée de nouveaux lecteurs vidéo, permettant aux spectateurs d’exprimer leurs émotions comme sur Périscope, ainsi que par une meilleure visibilité des émissions en direct sur le site et dans les applications Facebook. Cependant la diffusion des vidéos ne pouvait se faire que depuis une application mobile. A F8 la société a donc annoncé ouvrir sa plateforme Live Video pour permettre la diffusion de vidéos en direct par exemple depuis une caméra portative, un drone ou une régie TV, le tout via une nouvelle API.

Pour l’instant seuls les éditeurs vérifiés et certains développeurs pourront utiliser cette possibilité. Parmi les premiers partenaires, Buzzfeed (qui a attiré la semaine dernière plus de 800.000 spectateurs pour l’explosion d’une pastèque) prépare un concept de jeu télévisé diffusé depuis ses locaux autour du monde. CNN de son côté s’est intéressé à la possibilité de communiquer avec son audience pendant la diffusion, et d’intégrer les réactions dans le flux vidéo.
Facebook n’oublie pas la vidéo à la demande et a annoncé un nouvel outil de gestion des droits permettant aux éditeurs de contrôler l’utilisation de leurs contenus et d’empêcher le « freebooting », la publication sauvage de vidéos récupérées sur d’autres services – pratique qui contribua au décollage de la vidéo sur le réseau social.
En outre la vidéo bénéficie des avancées de l’intelligence artificielle. Facebook proposera prochainement la possibilité d’ajouter des sous titres automatiquement à une vidéo via la reconnaissance vocale, d’identifier quelles personnes apparaissent et à quel moment dans un clip via la reconnaissance facile, ou d’identifier toutes les diffusions Live d’un même évènement pour proposer une fonction « multicam ».
Facebook investit ainsi massivement pour attirer les professionnels du secteur de la vidéo sur sa plateforme, allant même jusqu’à en rémunérer certains. Pourra-t-il s’imposer face aux acteurs établis comme Youtube ou Twitch ? Tout dépendra de sa stratégie de monétisation, qui reste à préciser.
La réalité virtuelle et augmentée, étape ultime ?

Dernier sujet, et pas des moindres, de la conférence f8 : la réalité virtuelle et augmentée. Beaucoup de choses se sont passées depuis le rachat d’Oculus il y a 2 ans, avec tout d’abord la sortie d’une nouvelle version du casque « low cost » Gear VR en 2015. Plus de 2 millions d’heures de vidéos 360° ont déjà été visionnées par les utilisateurs.
Le lancement commercial du premier casque grand public Oculus Rift ensuite, proposant 50 « expériences » de réalité virtuelle. Ce casque propose une meilleure immersion grâce à un système de suivi des mouvements de la tête ; de nouvelles manettes « Oculus touch » seront mises en vente dans les prochains mois pour une meilleur interaction avec l’environnement virtuel. Mark Zuckerberg a indiqué qu’il ne s’agissait que de la première version ; d’autres seront lancées pour bénéficier des progrès en termes de miniaturisation, avec pour objectif ultime (dans 10 ans ?) de proposer un casque de réalité virtuelle et augmentée de la taille d’une paire de lunettes de soleil. Dès lors certains appareils n’auront plus lieu d’exister, le PDG de Facebook indiquant par exemple qu’un téléviseur (qui permet à plusieurs utilisateurs de regarder une vidéo en même temps) ne sera plus qu’une simple application à 1$ !
Outre les casques Facebook investit aussi à l’autre bout de la chaîne pour améliorer les outils de production de contenus immersifs, et en particulier la capture vidéo. La société a ainsi présenté Facebook Surround 360, un prototype de caméra filmant en 3D et à 360° associé à un logiciel de « stitching ». Cette caméra peut produire des contenus à 8K par œil, pouvant ensuite être diffusés via un protocole de streaming spécifique (et une connexion internet très performante, on imagine) vers un casque VR. La caméra elle-même ne devrait pas être commercialisée, Facebook prévoyant d’en publier les spécifications et le code source cet été pour que d’autres les utilisent – sous réserve de pouvoir acheter les 30.000 $ de composants nécessaires. L’approche choisie par le réseau social s’approche de celle de Google et de son design de caméra « Jump » annoncé au dernier Google I/O.

Mais l’un des principaux objectifs de recherche de Facebook dans la réalité virtuelle, qui la relie au réseau social et à ses initiatives dans l’intelligence artificielle et la diffusion vidéo, est de perfectionner la « présence sociale virtuelle » : avoir le sentiment d’être en présence d’autres personnes dans la réalité virtuelle, alors qu’elles ne sont pas présentes physiquement. Une large part de la keynote du mercredi soir était consacrée aux différentes expérimentations dans la « VR sociale ». Une démo montrait ainsi deux personnes situées à deux endroits différents et équipées d’Oculus Rift, échanger dans un espace virtuel, chacune étant représenté par un avatar et une paire de mains. Elles pouvaient ainsi collaborer mais aussi se « téléporter » dans des photos à 360° et même prendre des « selfies » du paysage et bien sûr les poster sur Facebook.
L’un des responsables de la R&D d’Oculus présentait ensuite les challenges de la « présence sociale virtuelle ». Il faut pouvoir capturer les émotions des participants, pas seulement au niveau de leur visage (ce qui est compliqué quand on porte un casque) mais également au niveau de leur corps pour comprendre le « langage corporel ». Il faut pouvoir ensuite diffuser ces émotions en direct et les reproduire auprès des autres participants pour qu’ils puissent en comprendre les subtilités. Enfin, il faut pouvoir implémenter la « prédiction sociale », c’est-à-dire la possibilité pour le système d’anticiper un mouvement ou une intention afin de pallier les délais de transmission des données via internet.
Alors il sera possible pour les utilisateurs du futur ‘Facebook VR’ d’avoir le sentiment d’être en présence de proches ou inconnus situés à l’autre bout du monde, afin peut-être de ne plus jamais en sortir ?
Journaliste, dis-moi ton modèle économique, je te dirai qui tu es
Comme le rappelle Jeremy Druker (Fondateur de « Transitions Online Magazine » et professeur de journalisme à New-York et Prague) lors du 10ème Festival International du Journalisme, qui se tenait la semaine dernière à Pérouse en Italie, « la première question à vous poser quand vous parlez d’indépendance est: « de qui acceptez-vous de l’argent ? Comment financez-vous votre activité journalistique, au quotidien ? ».

Tirez sur la corde et c’est toute la pelote qui se déroule
« Les modèles économiques traditionnels ont définitivement montré leurs limites. Il faut tout réinventer, recréer de la confiance au niveau de la plus petite unité de production de valeur de notre activité: la relation qu’ont les journalistes avec les individus qui leur font confiance pour s’informer« , explique Mathew Ingram, du magazine Fortune, dans l’un des 250 panels et workshops qui ont marqué cette édition du Festival, digne désormais d’un South by Southwest du journalisme.
« Emparez-vous de vos datas ! «
« Regardez vos analytics, vous verrez que beaucoup de gens viennent lire les commentaires sous vos articles, sans forcément y participer. Ils y trouvent matière à reflexion, parfois-même bien plus que dans l’article lui-même ! », souligne Greg Barber (The Washington Post), en rappelant que Buzzfeed a d’abord construit une véritable machine de guerre technologique pour comprendre son audience avant de diversifier son offre au-delà des listes de chatons qui dansent et de bébé qui rigolent.
« Fermez vos commentaires, bouchez-vous le nez et refusez d’admettre que votre public n’est pas forcément celui auquel vous pensiez vous adresser, et vous vous tirez tout simplement une balle dans le pied », enchérit Nicholas Diakopoulos (University of Maryland) qui rejoint Mary Hamilton (executive editor audience The Guardian) dans son constat: « Si vous déléguez le soin à Facebook d’organiser les conversations autour de vos contenus, ne vous étonnez pas si son algorithme vous impose une ligne éditoriale dont Facebook seul tire le plus grand profit ».
A l’ère des robots de messageries instantanées, des algorithmes de prédiction et de personnalisation de l’info, le rôle des journalistes, des structures qui sous-tendent leurs activités et des chiffres qui constituent le ROI de nos médias, est bigrement challengé. Et c’est un euphémisme. Comme le souligne Stijn Debrouwere dans son workshop « les chiffres qui dirigent nos vies », jauger de la pertinence de nos publications sur les metrics qu’elles produisent n’a d’intérêt que si l’on est capable de questionner le processus-même de leur construction.
« Souvent, on reçoit d’excellentes réponses mais à de très mauvaises questions », explique-t-il, stigmatisant la sacro-sainte « page vue » et l’entêtement des annonceurs à ne valorisation que « les news au kilo ».

En dehors du native advertising, point de salut ?
Pas si sûr. « Mais s’il existait une martingale, cela se saurait. La seule solution, c’est d’innover, de tester, d’expérimenter et d’être capable de planter des projets pour en rendre d’autres performants. Pour cela, il faut un changement de mentalité, aussi bien dans les rédactions qu’auprès du public à qui l’ont demande de payer pour une info de qualité », souligne Gabriela Manuli, Deputy Director au Global Investigative Journalism Network.
A l’instar des solutions proposées par Julia Cagé dans son ouvrage « Sauver les médias: Capitalisme, financement participatif et démocratie« , les exemples de modèles hybrides, imparfaits, mais calibrés et adaptés en permanence aux feedbacks de leurs utilisateurs, émergent.
Que ce soient avec De Correspondant (1,3 M €), ou El Espagnol (3.6 M €), pour ne citer que ces exemples, l’appel au dons, avec prise de participations en « equity » dans le cas de l’Espagnol, semble constituer une « brique » indispensable dans le mix financier des médias de demain, avec l’organisation d’évènements, des produits dérivés en passant par la revente de sets de données retravaillées (à la manière de Pro Publica).
Au-delà des montants récoltés, les campagnes ont été de formidables activateurs de communautés. Le temps long et l’intensité dans lesquels elles se sont déroulées ont permis aux journalistes qui composent ces rédactions de s’impliquer d’une manière extraordinaire dans la réflexion autour du « Pourquoi » ils étaient en train de lancer ce média.
« La conséquence directe de cet état d’esprit est que la publication d’un article n’est plus considérée comme une fin en soi, mais bien comme un évènement parmi d’autres dans un continuum de temps où les commentaires (NDLR: qui s’appellent d’ailleurs « conversations » sur De Correspondent) des abonnés avant, pendant et après sont au centre de notre stratégie éditoriale« , explique Maaike Goslinga (International editor De Correspondent).
La preuve : chaque article partagé est consultable dans son intégralité, gratuitement, comme une sorte de homepage à lui tout seul invitant à la découverte des autres publications, gardées au chaud derrière le paywall de l’abonnement.
En France, le quotidien La Montagne met ainsi en valeur les commentaires de ses lecteurs avec un format vidéo dédié.

De l’argent, il y en a !
L’avenir des médias et celui des « big tech » sont désormais intrinsèquement liés – Twitter et Amazon figuraient parmi les sponsors du Festival – et si les finalités des uns des autres peuvent différer, les méthodologies appliquées par les entreprises du numériques en terme de développements de produits peuvent plus que jamais inspirer les rédactions.
« De l’argent il y en a, mais rarement activable de manière locale et encore moins pour ceux qui en ont le plus besoin ! », explique David Druker, qui a profité de la présence des 500 professionnels présents sur le festival italien pour annoncer le lancement de « Press Start« , une plateforme de crowdfunding, en partie financée par la Digital News Initiative de Google, dédié au financement de projets dans des pays où la liberté n’existe pas, ou peu.
L’idée: engager des audiences à l’échelle de la planète sur différents types de financement participatifs, de manière récurrente, afin de libérer la parole des journalistes accompagnés, formés et encadrés par Press Start. Une sorte de « meta-rédaction » capable à distance d’appuyer sur le bouton du financement de reportages qui n’auraient jamais pu voir le jour.
« Si les entreprises médias ne font pas leur révolution« , prévient Sameer Padania (consultant et ancien responsable @OpenSociety) « d’autres s’empareront des ces dynamiques participatives, avec sans doute d’autres intentions, sans doute moins bien moins louables que « le bien commun », prenant pour exemple le fact-checking qui mis entre de bonnes mains journalistiques a déjà permis de dégonfler quelques baudruches, mais qui aujourd’hui « est « waponisé » par des lobbys et groupes de pressions au service de leurs propres agenda politique et/ou économique ».
Et de rappeler que Google, Twitter, Facebook, Amazon & co ont eux aussi les leurs, et qu’ils savaient très bien « pourquoi » eux, ils étaient à Pérouse la semaine dernière.
Par @davanac

Liens vagabonds : Facebook, Twitter, la guerre de la vidéo live
A RETENIR CETTE SEMAINE
- Droits du Foot US : Twitter gagne face à Facebook et Amazon et va diffuser la #NFL et devient quasiment une TV du câble !
- Facebook renforce son offre vidéo Live face à YouTube et Periscope et rémunère même des médias pour cela
- Canal/Vivendi se réveille dans le numérique et vers les jeunes avec Studio+ (Netflix du mobile)
- Panama Papers : les dessous de la fuite la plus massive de l’histoire du journalisme ; ne vous attendez pas, hélas, à tout savoir
“MUST READ”
- Un futur sans appli ; après les applis, les bots
- Comment Zuckerberg entend conquérir la prochaine étape de la réavolution numérique
- Les prochains jobs de la Silicon Valley sont les poètes
SURVEILLANCE vs. CONFIANCE
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS

- 2.000 chaînes YouTube de plus d’un million d’abonnés
- Les designers mobiles doivent créer des micro-moments
DISRUPTION, RÉVOLUTION, DISLOCATION
- Les médias peuvent-ils vendre de la techno ?
- BBC3 : 1er bilan du passage de l’antenne au numérique only
- Mashable pivote vers la vidéo et licencie
- Verizon prend 25% de AwesomenessTV, la chaîne jeunes de Dreamworks
- Musique: la domination de YouTube en question
- La vidéo transforme Amazon
- Un magazine US supprime les pubs
- Le Boston Globe annonce un projet de réinvention
- Ce que j’ai appris en travaillant à l’innovation au NYTimes : ouvrez les fenêtres
RÉALITÉ VIRTUELLE / RÉALITÉ AUGMENTÉE
- Samsung travaille sur des lentilles de contact smart
- La réalité augmentée, le futur OS de nos cerveaux
- Test de la HTV Vive
- La nouvelle caméra 4K de Videostitch
- Comment The Economist recrée des situations grâce à la VR
- La réalité virtuelle est sur le point d’être mainstream mais en manque de contenus
ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Facebook commence à utiliser l’AI pour décrire les contenus aux mal-voyants
- Yahoo : guerre larvée entre éditeurs et algorithmes
- Quid des décisions morales des robots ?
SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS :
RÉSEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
- BuzzFeed attire 800.000 personnes en direct sur Facebook Live avec quelques élastiques et une pastèque
- Tiens, le trafic des éditeurs venant de Facebook diminue ; Facebook aimerait que vous postiez plus
- NPR a développé de fortes communautés sur Facebook
- Réseaux sociaux : des utilisateurs engagés sur plusieurs plateformes
- Facebook serait un meilleur indicateur pour l’embauche que Linkedin

JEUX VIDEOS / eSport
PUB
JOURNALISME 2.0
- Le journalisme d’investigation sponsorisé
- Se servir des données: une matière absente de la plupart des écoles de journalisme
CAMPAGNE ÉLECTORALE US :
OUTILS
- 10 trucs pour utiliser Facebook Live
- Splash, appli gratuite pour créer des contenus en 360°
- 8 étapes pour bâtir une petite équipe data dans la rédaction
- Medium lance une série d’outils pour les éditeurs
- Comment utiliser la messagerie Snapchat comme un pro
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
« Netflix, ben c’est de la télé ! »
La claque ! Mon accompagnatrice de Reed Midem n’en revient pas. Ces jeunes venus de plusieurs pays européens* et d’Australie ne ressemblent vraiment pas aux autres festivaliers. Et pourtant cette trentaine d’étudiants en média, audiovisuel, entertainment, cinéma, … est spécialement invitée au MIPTV, cette semaine à Cannes, pour découvrir le métier.

Résultat : je devais leur faire un speech, j’ai passé mon temps à les écouter !
Et jamais le fossé des usages médias ne m’a paru aussi grand !
Qui a regardé la télé hier ?
- Personne
Qui était sur YouTube ?
- Les trois quart d’entre eux
Sur Snapchat ?
- Pareil
Sur Instagram ?
- Tout le monde
Qui s’informe sur Facebook ?
- Tout le monde
Allez-vous sur les sites de médias tradis ?
- De temps en temps, pour vérifier ou creuser un point
Pour vous, Netflix c’est de la télé ?
- Ben oui, bien sûr, pour tous
Quelle est votre part de conso TV non linéaire et à la demande ?
- Bien plus de 50%, pour tous
C’est quoi la TV pour vous ?
- Un terminal, un écran, comme un autre
Que regardez-vous sur mobiles ?
- Tous les formats vidéos, courts et longs
Qui créé, produit et diffuse au moins une vidéo par jour ?
- Tout le monde !
Etc…
Bon, rien qu’un échantillon d’étudiants entre 20 et 25 ans ! Mais tout de même !
Les chiffres confirment !
Eurodata TV Worldwide (Médiamétrie) a confirmé à Cannes ce sentiment : l’an dernier, le temps télé des jeunes a encore diminué de 10 minutes par jour par rapport à 2014 (moyenne sur 88 pays.)

Au Danemark, me confie une responsable de l’audiovisuel public, la chute a atteint 30% en un an dans la tranche 12 à 20 ans. En Grande Bretagne, elle s’est limitée à 7%. Mais aux Etats-Unis, les jeunes regardent déjà deux fois et demi plus la vidéo que la télévision, où la moyenne d’âge continue d’augmenter : 45% a plus de 65 ans.
L’exemple de l’e-Sport
Passé complètement hors des radars des télé ces dernières années, les compétitions en ligne de jeux vidéos sont en train d’exploser et rassemblent des dizaines de milliers de jeunes dans des enceintes de spectacles. Avec 300 millions de fans dans le monde et des milliards de vidéos vues chaque mois, l’audience est en passe d’égaler celle des plus grands sports US, en « ringardisant » les vieux médias.

« C’est aussi une discipline où les fans sont ou deviennent les stars », note Peter Warman, CEO de Newzoo, cabinet d’études dans les jeux vidéos. Tout le monde le sait : la plus grosse chaîne YouTube dans le monde est celle d’un jeune suédois PewDiePie, qui a commencé depuis sa chambre à coucher d’où il commente toujours les compétitions.
Et pour la « génération Z », c’est encore pire !
Cette nouvelle vague de jeunes de 15 à 25 ans, qui arrive derrière celle des millenials, « consomme énormément de médias, mais surtout en produit des quantités phénoménales », décrit Margaret Czeisler, de l’agence Wildness.
Représentant déjà 35% de la population mondiale, « ils sont les nouveaux catalyseurs de cette révolution culturelle qui modifie la manière dont les gens se comportent et communiquent ».
Avec Snapchat et SoundCloud (l’Instagram de la musique) ils produisent chaque jour des contenus pour se forger une identité dans leur propre époque. Un sur 5 publie même de la poésie une fois par semaine. Leur valeur cardinale, nous dit Wildness, est d’être honnêtes avec eux-mêmes. Arrêtant d’avoir peur de paraître normaux, ils sur-jouent l’authenticité, la créativité, l’indépendance, l’aventure, l’acceptation de l’autre.
Nouvelle relation avec les stars

Ayant accès à un volume faramineux de contenus, ils privilégient bien sûr le streaming, la SVoD, et YouTube mais rejettent la pub. Il ne font pas que regarder, ils collaborent et n’hésitent pas à échanger directement avec leurs stars qui a 92% … leur répondent. Et sollicitent même leur avis.

« La nouvelle star YouTube a une relation réelle et personnelle avec ses fans ».
Loin des lointaines et intouchables vedettes et divas, chères à … Cannes !
ES
* Ces étudiants venaient notamment de Grande Bretagne, Autriche, Hollande, Grèce et Australie.
Liens vagabonds : bots, Hololens, Oculus, Snapchat, vidéo en grande forme
A RETENIR CETTE SEMAINE
- Microsoft invente l’holoportation et insiste : son avenir est dans les “bots”
- #VR/AR Lancement d’Oculus Rift et Hololens: premiers retours d’expériences (voir plus bas)

- Facebook Live Video : les médias s’engouffrent, malgré les incertitudes sur les revenus ; Quatre exemples d’expérimentations
- Après Vice, BuzzFeed, Vox, Mashable arrive dans la TV avec Turner
“MUST READ”
- La techno nous plaît car elle est personnelle et nous rend moins seul
- Même Der Spiegel admet n’avoir pas pris la mesure du numérique

- Les risques croissants d’un web de l’attention ; Danger : le multi-tasking déplace le plaisir de la procrastination au sein même du boulot

- Gouvts et cies s’approprient la valeur d’Internet => Tout faire pour sauver liberté & diversité du réseau (Yochai Benkler)
A VOIR
SURVEILLANCE vs. CONFIANCE
- Données: la FCC redonne du pouvoir à l’utilisateur face aux FAI
- Google et Facebook devraient être plus surveillés
- Les leçons de journalisme d’Obama passent mal
- De l’intérêt de faire des métadonnées culturelles des communs de la connaissance
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- 5 facteurs clés de la consommation vidéo
- Les jeunes regardent 2,5 fois plus de vidéo que de TV
- Non, les jeunes ne partent pas de Facebook

- En direct de … Facebook
- Spotify : 30 millions d’abonnés
- Periscope : 200 millions de broadcasts
- L’usage OTT grandit en Europe

DISRUPTION, RÉVOLUTION, DISLOCATION
- Time sur les rangs pour reprendre Yahoo
- Comment la 1ère femme patronne du San Francisco Chronicle secoue le vieux journal
- Facebook renoncerait à acquérir les droits de la NFL
- Les TV se mettent à la diffusion pour le binging
- La transformation numérique d’Univision
- Le Times de Londres renonce aux breaking news ; tandis que BuzzFeed entend y être leader mondial sur mobiles
- Pour survivre, les journaux s’entre-dévorent
- Les firmes ne savent toujours pas réagir à la disruption numérique
- Facebook aide les éditeurs à produire de la vidéo de qualité TV
- Le NYTimes se dote d’une équipe podcast ; Quel modèle pour les podcasts?
- Al Jazeera se sépare de 500 personnes, 10% du staff
- Snapchat signe avec la ligue de catch US
- De la nécessité d’avoir un responsable plateforme ; Comment le NYTimes devient mobile grâce à son équipe plateforme
- Portrait/entretien avec Sundar Pichai, le boss de Google
- Le chinois Foxconn rachète le japonais Sharp pour plaire à Apple
- FT : hausse annuelle de 12% des abonnements numériques
- Pourquoi les médias sociaux ne changent-ils pas le monde
RÉALITÉ VIRTUELLE / RÉALITÉ AUGMENTÉE
- celui de Mashable, du WSJ ; pas encore prêt pour l’info pour l’instant
- Hololens: premiers tests
- Microsoft invente l’holoportation
- Comment Oculus a finalement craqué les secrets de la VR
- Open source VR par Google et les kits Hololens de Microsoft
- La caméra de Nokia
ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
- Comment Spotify se sert des data
- Skype se dote de Cortana (bot à la Facebook Messenger)
- Baidu, gros consommateur d’AI
- Les bots conversationnels, ou l’AI comme interface
- Qu’est ce qu’un robot, après tout ? ;
NOUVEAUTÉS
- Instagram : les vidéos peuvent durer 60 s
- Hello, la nouvelle émission tech de Bloomberg
- Google lance Fiber Phone
- Quora rachète Parlio
- Retronews: le média qui remonte le temps

SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS
NETFLIX
4K / U-HD / 8K / HDR
JEUX VIDEOS / eSport
PUB
- Le WashPost va faire des pubs vidéos verticales
- Instant Articles de Facebook intégrent les pubs natives
- The Atlantic : 60% des revenus sous forme de contenus sponsorisés
JOURNALISME 2.0
- Journalisme : 10 compétences clés
- Les formats courts ne gagnent pas toujours
- Le mobile peut-il accroître le champ d’action des TV locales ?
CAMPAGNE ÉLECTORALE US

- Comment Trump a hacké les médias
- Oui les médias sont responsables et Comment les médias US se sont plantés sur Trump, estime CNN qui d’ailleurs revit grâce à Trump
- Comment YouTube influence la campagne US
OUTILS
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
Liens vagabonds : applis de direct live et bots racistes
A RETENIR CETTE SEMAINE
- Attentats à Bruxelles: dilemme éthique pour les rédactions face à Twitter et Facebook; Periscope s’impose dans les minutes après les attentats ; Google veut aussi son appli de direct
- Les « bots » envahissent l’info par les messageries: après Quartz, bientôt Messenger, Kik, Telegram ; mais Microsoft se brûle les doigts et dérape ; puis s’excuse

“MUST READ”
- « The public is way ahead of the government »
- Les stories de Snapchat, un virage important pour les médias
- Pour comprendre la stratégie d’Alphabet, le conglommérat de Google
- Comment Trump profite des médias et inversement
A VOIR
SURVEILLANCE vs. CONFIANCE
- Les risques de Facebook en Chine
- Facebook vous alerte si un autre utilisateur se fait passer pour vous
NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS
- Binge watching adopté par 70% des Américains ; 5 épisodes en moyenne par séance
- UK : un foyer sur quatre est abonné à Netflix ; la moitié des Américains regardent de la SVoD

- La vidéo est devenue une composante de la conversation
- UK : les jeunes continuent de regarder la TV mais baisse de 7% en un an
- La conso média des millenials varie aussi par tranche d’âge
- Mobile First : les méthodes de BuzzFeed, NPR, NBC et du Guardian
- La vie par abonnements
DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION
- Les stratégies plateformes du WashPost et du Guardian
- Turner va investor 100 M $ dans son site de sports
- Comment informer les jeunes
- NowThis tue sa homepage et accroît son audience de 1.500%
- Que faire pour que les gens paient l’info
- Comment Vizio et Google ont réinventé le téléviseur
- Vidéo verticale : pourquoi les éditeurs y vont
- ESPN a perdu plus de 3 millions de clients depuis son arrivée sur des bouquets lights
- The Independant en web only : salaires réduits de moitié et licenciements massifs
- Musique : la migration vers le streaming a fait perdre des milliards
- Microsoft pourrait aider un acheteur de Yahoo
MOBILITES / WEARABLES
ROBOTS, AI, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING
NOUVEAUTES
- Les statistiques vidéos Facebook s’enrichissent avec de nouvelles métriques journalières
- GroundSource aide les rédactions à mettre en place l’info conversationnelle
- Le néerlandais Blendle (iTunes des articles) se lance aux US avec tous les grands éditeurs

- Twitter veut des stickers à la Snapchat sur ses photos
- 7×7: déchiffrez l’info
- Kinfolk, le magazine lifestyle des millenials
REALITE VIRTUELLE / REALITE AUGMENTEE (VR/AR)
- Les médias oscillent entre enthousiasme et questionnements
- L’empathie provoquée par la réalité virtuelle pourrait affecter le storytelling
- On a trouvé bien mieux que l’Oculus
- Pourquoi vous DEVEZ essayez la VR
- Quel avenir pour la VR ? Réponses d’experts
- Lancement low profile des premiers masques Oculus la semaine prochaine
- Discovery va vendre des pubs en VR
- Une salle d’arcades de jeux en VR ouvre au Danemark
- Pornhub passe à la VR , Hulu aussi

SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS
RESEAUX SOCIAUX, PLATEFORMES
4K / U-HD / 8K / HDR
PUB
JOURNALISME 2.0
- Les principes du journalisme de données
- Pourquoi les médias doivent garder le contrôle sur leurs plateformes
CAMPAGNE ELECTORALE US

- Les rédactions US forcées de modifier leur couverture pour rester pertinentes
- La radio publique US NPR entraîne ses journalistes au pire pour la couverture de #Trump
EDUCATION
OUTILS
- Top 16 des outils pour optimiser sa présence en ligne
- Outil du WashPost pour mesurer l’efficacité des ses alertes breaking news
Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools

Twitter a dix ans et nous adorons le détester
Par Clara Schmelck, journaliste médias à Socialter, billet invité
Nid d’algorithmes incontrôlables, infomédiaire menaçant la souveraineté des médias, volatile hasbeen dépassé par Snapchat : en dix ans, Twitter est devenu le réseau social qu’on adore affubler de noms d’oiseaux, comme si nous désespérions des outils que nous utilisons désormais quasi tous pour informer.
En 2016, le site social lancé par Jack Dorsey revendique 320 millions d’utilisateurs actifs mensuels, dont 254 millions hors des Etats-Unis. Un taux stagnant, bien que Twitter fasse gonfler les statistiques d’audience en insistant sur le fait qu’un milliard d’internautes voient des pages Internet où sont incrustés des tweets.
Mais le titre a perdu 80% de sa valeur depuis décembre 2013, juste après son introduction en Bourse. Dix ans après l’envol de l’oiseau bleu, 17% des Français sont inscrits sur ce réseau social, qui obtient un taux de pénétration de 24% chez les 15-24 ans, et de 23% chez les 25-34 ans, soit près d’un quart des jeunes. Et pourtant, l’enthousiasme du début de la décennie a perdu son plumage. Twitter est de plus en plus massivement perçu comme un outil vide de sens qui enferme dans une relation de dépendance à la technologie. Une impression imprimée de craintes multiples.
Dépendance à la technologie
Le modèle de fonctionnement de Twitter s’appuie sur la technologie de la data et des algorithmes. Or, l’idée d’être un usager numérique qui est d’abord une grappe de données livrées au calcul des machines vient contrarier le principe de liberté individuelle.
Surtout, l’hypothèse que certaines de nos informations et de nos idées supposent pour leur extraction, leur traitement et leur diffusion par une plateforme tierce qui ne pourrait exister sans la technologie des algorithmes, « Ces véritables boîtes noires dont personne ne connaît le fonctionnement qui non seulement trient mais choisissent et distribuent l’information », comme le rappelle Eric Scherer dans un entretien début mars à l’hebdomadaire Le 1, a de quoi nous interpeller.
Reprendre la main sur les algorithmes
Comment l’humain peut-il reprendre la main sur ces nouveaux filtres automatiques ? Verra t-on demain des « responsables des algorithmes », à savoir des gens chargés de faire l’interface entre les systèmes techniques et ceux qui les utilisent, d’établir sur Twitter une discussion régulatrice entre les machines, les médias et les lecteurs ? Tant que Twitter n’aura pas imaginé de solution pour rendre à l’utilisateur la maîtrise des algorithmes, la défiance populaire persistera.
Non seulement Twitter se permet de choisir l’info qui vient à nous, mais, plus hitchcockien que jamais, le volatile est entrain de se constituer tel un géant invisible qui aspire l’information conçue et produite par les médias.

Infomédiaire vs. souveraineté des médias
Dans une tribune parue début mars dans la Columbia Journalism Review intitulée « La fin du monde tel que nous le connaissons : comment Facebook a avalé le journalisme », et reprise par Le Monde, Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, à New York, et ancienne patronne des activités numériques du Guardian, met en garde les médias face à l’essor des réseaux sociaux comme intermédiaires de distribution qui, estime-t-elle, détraquent leur écosystème.
A la place de chaînes TV et de journaux, des milliards de pages Web de contenus épars se trouvent « réintermédiés », c’est-à-dire ré-agencés avec une méthode dépendent désormais de la plate-forme de distribution. Conséquence : le réseau social est devenu un infomédiaire, qui met en place des dispositifs de lecture de la presse « pluggés » sur sa plateforme, au risque que certains articles soient pourvoyeurs de trafic sur Twitter plutôt que sur les sites dont ils sont issus.
Twitter est ainsi entrain d’aspirer la presse d’information en ligne au point de remettre en question l’existence autonome des médias qui produisent et signent des contenus d’information. De surcroît, en devenant plus puissants que les médias, les infomédiaires encouragent la concentration des entreprises de médias, aux dépends de la pluralité de la presse : des empires médiatiques, tels Bolloré, Lagardère ou Drahi en France se justifient aisément d’être bâtis pour faire bloc contre les géants GAFA américains.
Usage « médias-friendly »
Cependant, un nombre croissant de médias de petite portée en terme d’audience, locaux ou alternatifs pourraient se servir de la puissance de l’infomédiaire Twitter pour s’intégrer au maillage de l’information. 140 caractères composés tels une accroche attirent des lecteurs vers l’article d’un site qui resterait confidentiel sans le relais du média social.
On peut également penser qu’il existe un usage de Twitter qui soit « Médias-friendly ». Avec son hashtag qui trie et indexe les informations, Twitter est, en plus d’un outil de veille et d’être finalement une agence de presse gratuite mondiale et personnalisée, un moteur de recherche efficace, à condition qu’il soit utilisé dans l’esprit de lire les médias eux-mêmes. Il offre en outre la possibilité de remarquer rapidement plusieurs points de vue sur un même événement, et d’interagir de manière intuitive sur un sujet d’actualité. Il convient alors de le voir commun moyen technologique par lequel nous produisons et pensons l’information, et non comme un service qui distribue l’information.
Twitter, dépassé ?
Enfin, le jaune de Snapchat serait-il le nouveau bleu de Twitter ? Seuls 3 à 4% de français sont inscrits sur Snapchat, et pourtant, le réseau jouit d’une notoriété de 39 à 41%. (Source : enquête d’Aura Mundi, décembre 2015). Avec Story, les utilisateurs de Snapchat, éditeurs compris, peuvent compiler de manière chronologique les snaps d’une journée, ce qui permet à leurs abonnés d’avoir une revue accessible pendant 24 heures. De quoi séduire les médias, le WSJ et MétaMédia parmi les premiers.
Reste à voir si n’importe quel réseau social à venir sera à même de devenir un phénomène de société comme l’est Twitter depuis ses débuts grâce à son hashtag, véritable liant social.
Explicite, original et parfois teinté d’humour, le mot-dièse porte la part la plus expressive d’un tweet, et devient même le mot le plus important quand il vise à dénoncer une situation politique où la liberté d’expression est menacée ou bafouée. Si Twitter est devenu un vecteur incontournable de sensibilisation à la lutte pour la liberté d’expression, et même un outil de subversion dans des pays où l’internet est soumis à une surveillance permanente, cela tient sans doute aussi à la force du signe dièse à incarner une démocratie qui se conquiert de plus en plus à travers les médias sociaux.
C’est ainsi que Twitter est l’endroit où sont nés, ou été amplifiés, quelques grands mouvements sociaux contemporains, des printemps arabes, en passant par #PorteOuverte, lancé par un journaliste pour accueillir chez soi des rescapés des attentats de Novembre à Paris. Un signe, aussi, que l’humain est toujours capable de s’approprier ce qui paraît lui échapper.