Les 5 priorités de l’info à la BBC

Par Jérôme Cathala, Directeur des affaires internationales, Secrétaire général adjoint

Il n’y a pas que les tweets incendiaires de Donald Trump ou, en France, les propos insultants de certains politiciens : c’est bien la confiance des publics dans les journalistes professionnels et les médias traditionnels qui s’érode gravement. Le constat est connu : le fossé s’élargit, et il faut trouver les moyens d’en comprendre les raisons et de le combler. Mais comment ? se sont demandés il y a quelques jours plus de 600 journalistes venus à Edimbourg pour l’édition 2018 de NewsXchange.

Le patron de la BBC Tony Hall a proposé ses réponses –ou plutôt sa réponse: remettre le public au centre de nos réflexions.

BBC News : « nous n’avons rien à vendre mais un service à rendre »

Dans un monde interconnecté et compliqué, plus agressif aussi, le rôle du journalisme de service public est majeur, plus important que jamais, a-t-il rappelé. « Nous n’avons rien à vendre mais un service à rendre » dit Tony Hall, qui propose une façon de faire de l’info plus horizontale : « it’s not broadcast to anymore but broadcast with ». Pour le broadcaster britannique public, la feuille de route dressée par Tony Hall –ancien directeur de BBC News- tient en 5 points :

Back to basics !

L’ancien journaliste Tony Hall affirme ainsi l’utilité de, sans cesse, revenir aux sources du métier.

Et le président de CBS News, également présent au NewsXchange 2018, n’a pas dit autre chose : « arrêtons, dit-il par exemple aux journalistes américains, de suivre les polémiques lancées par le président Trump. Quand il met en scène lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche une algarade avec le correspondant de CNN Jim Acosta, puis lui fait retirer son accréditation, il fait cela pour plaire à son public, à ses électeurs qui détestent les journalistes. En rajouter signifie rentrer dans son jeu. »

Le représentant de CNN acquiesce. Les journalistes doivent rester neutres et impartiaux lancent d’une même voix CBS et CNN. Restons pros ! car en ces temps de polarisation des débats, avec les désintermédiations de type Twitter qui permettent à chacun de s’exprimer sans filtre et sans médiateur, et ainsi de donner un avis mais pas une information, le public a plus besoin que jamais de journalisme professionnel.

Quant à se rapprocher de son public en lui ressemblant, deuxième point majeur pour le DG de la BBC Tony Hall, les médias du monde entier ont ce même souci. Et les expériences sont très diverses.

Fossé de génération

Concurrent de la BBC en Grande-Gretagne, Sky News a compris comme d’autres qu’ils avaient un problème de fossé de génération : le public jeune ne se retrouve pas dans les informations diffusées par le groupe privé. Pour tenter d’y remédier, Sky a choisi de former lui-même des apprentis-journalistes sans diplômes ni expériences, mais issus des quartiers populaires. La jeune Kumba Kpakima, apprentie à Sky news, est venue au NewsXchange expliquer, images à l’appui,  comment elle a réussi à faire un reportage à Brixton –son quartier d’origine- avec des dealers.

« Sky n’en revenait pas, dit-elle en substance, mais moi, je les connais ! » Cette démarche « communautaire », très anglo-saxonne, n’est sans doute pas dupliquable partout.

La YLE (télévision publique finlandaise) a détecté le même désintérêt du public jeune, et mène une expérience éditoriale proche de ce que Radio Canada a fait avec RAD. Elle a lancé une offre numérique pour les jeunes appelée KIOSKI et réalisée uniquement par les jeunes journalistes qui disposent d’un espace à part de la rédaction classique.  En fait, tout le monde essaie de s’adapter, même les « nouveaux médias ». Instagram, à l’écoute de son milliard d’abonnés, a lancé il y a 4 mois Instagram TV qui veut présenter des vidéos plus longues et plus didactiques.

Vieux broadcasters  ou médias numériques, chacun remet donc au goût du jour la vieille formule journalistique « écrire pour son public ». La grande télévision japonaise NHK aussi. Mais elle essaie, elle, de combler un fossé générationnel assez différent des autres. Le problème japonais est celui du vieillissement de sa population. Les plus âgés, qui par ailleurs habitent majoritairement à l’extérieur des centres urbains, ne se retrouvent pas toujours dans les informations ou les programmes habituels.

La NHK a donc créé une équipe de journalistes pour s’adresser spécifiquement aux séniors et produire des sujets proches de leurs préoccupations…

Liens vagabonds : Facebook de nouveau dans la tourmente

A RETENIR CETTE SEMAINE  :

Nouveau scandale chez Facebook dont les dirigeants auraient tout fait pour cacher l’implication russe dans les élections. Le modus operandi de Facebook dans la crise : retarder, nier et détourner. Voici les 6 choses à retenir de l’enquête du NYTimes. Même si Facebook répond aux critiques et Sheryl Sandberg nie, les annonceurs déplorent le manque d’éthique de la firme. Mais ne vont probablement pas modifier leurs engagements. Le staff de Facebook n’a pas le moral, c’est une des raisons de l’agressivité dans les relations publiques. L’entreprise de Marc Zuckerberg veut à tout prix éviter le départ d’employés.  D’ailleurs, les étudiants codeurs ne veulent plus aller travailler chez Facebook. Dans les coulisses de la fabrique de lobbying. Un problème qui s’étend aussi aux autres marques propriétaires de Facebook. Déjà, les premiers employés d’Instagram n’y croient plus. Pour le patron de Salesforce, Facebook est aussi dangereux que les cigarettes : « le gouvernement doit intervenir« . Mais le vrai problème de Facebook, c’est Facebook. 

Pendant ce temps, Apple accélère dans les contenus, tandis que YouTube ajoute discrètement une centaine de films d’Hollywood à son catalogue.  LinkedIn table lui sur 2 milliards de $ de revenus cette année avec son activité Médias. En France, Médiamétrie intègre enfin Netflix dans ses études, et Radio France fait un tabac dans les audiences face aux groupes privés.

YouTube menace de bloquer ses vidéos en Europe en raison de l’article 13 de la directive européenne pour les droits d’auteur. 

La presse se fait aussi insulter en Italie par les partis au pouvoir. CNN attaque en justice la Maison Blanche qui a supprimé l’accréditation de son journaliste, soutenu en cela par les grands médias US, même Fox News. En France, le président Emmanuel Macron lance l’Appel de Paris pour instaurer la paix dans le cyberespace. 

The Correspondent lance une campagne de souscription aux US.

3 CHIFFRES

+23% de croissance au 1er semestre 2018 pour la publicité en ligne, un marché de 49,5 Mds €

39% des Français pensent que le numérique renforce les inégalités sociales

10 000c’est le nombre d’employés chez Amazon qui travaillent sur Alexa (x2 en un an)

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE (en partenariat avec Statista) Infographie: Le top 10 des objets remplacés par les smartphones | Statista

Vous trouverez plus de infographies sur Statista

DIGNE DE VOTRE TEMPS

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

USAGES ET COMPORTEMENTS

SURVEILLANCE, CONFIANCE, DONNEES

LEGISLATION, REGLEMENTATION

RÉSEAUX SOCIAUX

PLATEFORMES VIDEOS, OTT, SVOD

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

IMMERSION, 360, VR, AR

FAKE NEWS

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, BLOCKCHAIN

5G / MOBILES / TELCOS

CINEMA

PUBLICITE, MONETISATION

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Bientôt l’ère post-news ?

Et si finalement, les citoyens, fatigués de réalités parallèles inconnues ou complexes, submergés par les images et les sons, saturés de mauvaises nouvelles, tournaient le dos à une information perçue comme lointaine, partiale, et jugée de moins en moins pertinente ? Au pire moment, en plus : celui où les mouvements extrémistes font l’agenda, celui où les démocraties sont hackées par la désinformation.

Et si après l’ère des fausses nouvelles et de la post-vérité, le redoutable défi des rédactions devenait celui d’une ère post-news ?

Car l’air du temps est bien au repli, à la crainte de l’avenir.

« Bonheur privé, détachement collectif » titrait, cet été, la dernière étude SocioVision, baromètre de la société française depuis 1975. La stratégie de l’autruche fonctionne : le désintérêt des citoyens pour l’actualité internationale et nationale est bien en progression, précise l’Ifop. Et mes collègues des autres télévisions publiques européennes font, tous, cet automne, le même constat.

Back to local !

Face à un monde de plus en plus complexe et incertain, les gens se replient dans leur bulle. C’est le sacre de la vie privée, nouvelle zone prioritaire à défendre et cœur de la vie sociale. Isolés, ils ne se préoccupent plus que d’eux-mêmes et se déplacent moins. Enfermés dans leurs podcasts, ils attendent, chez eux, leur colis Amazon et ils « bingewatchent » les séries Netflix. Même caricaturale, la description sonne vrai.

Il y a peu encore, progrès et modernité allaient dans le sens de l’ouverture, de l’amplification de la diversité. Aujourd’hui, la mondialisation renvoie à une forme rejetée d’uniformisation.

D’où cette tentation du « back to local ».

Si le rêve d’une modernité mondiale s’est envolé, au moins laissez-nous revenir à l’identité, aux frontières, à la protection, etc. Le nouveau clivage politique dominant est devenu « ouverture vs. fermeture », remplaçant « droite vs. gauche ». Le local, voire l’hyper local, l’emporte. La ville, le village, le quartier, l’immeuble, la communauté, la tribu donc, deviennent cruciaux dans un mouvement d’investissement émotionnel naturel vers ce qui est familier, proche, compréhensible, susceptible de partager les mêmes préoccupations. Facebook l’a bien compris en privilégiant, depuis cette année, les nouvelles des amis et de la famille, qui passent désormais devant l’info traditionnelle. Mais aussi en déployant sur son application une section dédiée à l’actu de certaines villes américaines et australiennes.

« Le XIXème siècle était un siècle d’Empires ; le XXème siècle, celui des États-Nations. Le XXIème siècle sera un siècle de villes», avait prévenu en 2009 le maire de Denver, Wellington Webb.

Le reste, on s’en moque !

Dans ce climat, on se protège aussi du chaos du monde, des mauvaises nouvelles, des violences. Surtout si on a l’impression que médias et télévision, créent une réalité parallèle qui n’a rien à voir avec la sienne, voire organisent des débats sans intérêt pour soi.

Ensevelis tous les jours un peu plus, sous un déluge croissant d’images, de sons, de contenus et de données qui déferlent sur tous les écrans, s’accumulant en couches indigestes qui saturent et polluent leur espace mental, nombreux sont ceux qui, dans un phénomène d’auto-protection, expriment désormais leur lassitude à l’égard de l’information. Ils seraient même déjà près de 70% aux Etats-Unis, où on parle désormais de « news fatigue ».

Le flot ininterrompu de mauvaises nouvelles nous ronge, et favorise, selon Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe, la vague populiste mondiale actuelle.

Difficile aujourd’hui de s’en affranchir compte tenu d’une actualité où tragédies, pessimisme et négativité dominent.

Un détachement collectif favorisé par la désynchronisation

Au risque de déchirer encore un peu plus le tissu social ajouré, l’heure est — avec le numérique et la démultiplication des points de contact – justement à la personnalisation des contenus, des loisirs, du divertissement. Mais aussi de l’info. Notamment en raison de la fragmentation des publics et des sources. Chacun, ou presque, a ses propres réglages, son propre flux, ses images, ses vidéos. Son info, et donc sa représentation du monde.

Et avec nos « like », nous sommes chaque jour un peu moins exposés aux informations reçues par les autres. Sauf, s’ils sont dans notre propre bulle de filtre, dans la même chambre d’écho, favorisées par des algorithmes qui privilégient la nouveauté et la popularité de la nouvelle par rapport à son importance ou à sa valeur. La diversité souffre de ces choix mécaniques et tribaux qui favorisent plaisir et habitude dans une vision égoïste axée sur l’immédiateté. Il y a donc danger à voir de larges communautés vivre dans des réalités différentes.

Lassés aussi des réseaux sociaux, le public est aujourd’hui à la recherche de blogs de niche, de newsletters spécialisées, de mini-séries dans des podcasts identitaires, ou même de sites « corporate » dans lesquelles il a confiance (par exemple sur le climat). Loin de la « grande presse », donc. On se moque aujourd’hui des années 1970, durant lesquelles on ne s’informait que sur trois chaînes de télévision et quelques pages de journal. Et on rit déjà de notre addiction à Facebook et Twitter.

Mais aujourd’hui, la Une du journal ou l’éditorial n’ont plus l’impact d’antan et font beaucoup moins réagir. Une des leçons d’Internet, c’est qu’il n’y a plus de monoculture. D’ailleurs, chacun est désormais en relation avec plus de gens qu’il ne l’a jamais été : difficile donc pour un média d’entrer dans le flux de chacun avec le même contenu ou la même info.

Car en dehors des réseaux sociaux, les pages Web existent à peine. Le média social à la mode, Instagram, est un cul-de-sac presque sans lien vers l’extérieur. C’est bien le flux qui a gagné et qui organise l’information. Les gens sont désormais informés via un torrent ininterrompu de notifications, d’alertes, d’infos, d’opinions, d’émotions, distribuées de manière mystérieuse par de complexes logiciels et quelques chaînes en continu. L’info vient à nous. Dans notre poche. A tout moment, et partout. Plus besoin d’aller la chercher le matin dans le journal, le soir au JT.

On se méfie aussi de l’info, et de plus en plus !

Oui, on se défie de façon croissante de rédactions jugées élitistes et déconnectées du terrain, d’éditorialistes vivant dans l’entre soi des puissants et du politiquement correct. De plus en plus, les médias sont classés comme partisans (des présentateurs arrivent même sur scène dans des meetings politiques) et sans grande propension à admettre leurs erreurs.

L’attitude protestataire, antisystème, « dégagiste » a atteint, dans les grands pays, la sphère médiatique, souvent accusée de faire grimper l’audience avec du sensationnel et de proposer une perspective de mondialisation automatique qui ne séduit plus, qui effraie même. Ces mêmes courants protestataires sont bien souvent eux aussi transnationaux, en témoignent les rapprochements entre nationalistes américains, européens, voire russes.

Cette fracture touche les jeunes générations qui, en Europe, ont moins confiance dans l’info traditionnelle que leurs aînées, et ont deux fois plus de chances de s’informer en ligne qu’à la télévision, notamment auprès de leur YouTubeur préféré.

Des rédactions dépassées ?

Oui, souvent dépassées par les nouveaux médias, les bots, les algorithmes invisibles des géants du Web qui maîtrisent et manipulent ces réseaux sociaux où s’informent pour l’instant des milliards de personnes. Dépassée par les trolls, manipulée par des intérêts économiques surpuissants ou par des gens radicalisés qui l’utilisent pour aggraver les fractures dans la société, sans grande culture économique et scientifique, et encore moins numérique, la presse apparaît souvent incapable d’expliquer le monde qui vient.

Des rédactions fautives aussi

Fautives de ratages magistraux et d’un manque coupable d’attention aux signaux faibles. Si le journaliste rapporte ce qu’il juge important à la société et organise souvent le débat, il doit aussi avoir le doigt sur le pouls de cette société et tenter de ne pas rater ses évolutions.

Aux Etats-Unis, la presse, qui a encouragé la guerre en Irak sur la foi de fausses nouvelles non vérifiées, n’a pas été en mesure d’alerter sur la crise financière de 2008 liée au surendettement des ménages et à la folie des banques, et n’a pas cru, ni même vu venir l’adhésion populaire à Trump. Même aveuglement dans les rédactions européennes, surprises par le Brexit ou, il y a quelques années, par le referendum raté en France sur une constitution européenne. D’autres exemples foisonnent : crise climatique sous-estimée, explosion escamotée des inégalités, drame de la tour britannique Greenfell, angles morts sur l’émergence de personnalités (Jeremy Corbin, Macron, Fillon, Hamon, …) avec une autocritique hélas toujours quasi absente.

Et après l’assassinat du journaliste Kashoggi à Istanbul comment ne pas se poser des questions sur 70 ans de couverture du « New York Times » décrivant systématiquement la famille royale saoudienne comme réformiste ?

Des rédactions suivistes en tous cas

Pas facile pour le public d’être en phase avec les moments hystérisés où les médias vont ensemble vers celui qui fait le plus de bruit, notamment parfois au détriment de la science.

Ridicule tendance aussi des journalistes, notamment politiques, à ne se mesurer que les uns par rapport aux autres dans un entre soi, excluant le grand public, et seulement ouvert au microcosme de la classe politique ! Ridicule tendance aussi d’envoyer tout le monde au même endroit pour couvrir la même chose : a-t-on besoin de plusieurs milliers de journalistes pour couvrir une réunion qui débouche sur un communiqué ? Difficile d’y voir de la valeur ajoutée.

Et dans le domaine de la science, que dire de la tendance à mettre au même niveau les phobies de quelques-uns et les avis partagés de la communauté scientifique ? N’est-elle pas à l’origine de la perte de confiance du public dans la science, rabaissée au rang de simple « opinion » ?

Un suivisme aussi hélas désormais favorisé par les algorithmes et les systèmes de recommandations des réseaux sociaux. Un « like » produit un signal et a un effet sur l’info. En quelques heures, une nouvelle bien packagée chasse l’autre, qui, elle, tombe aussitôt dans l’oubli malgré son importance.

Trump l’a compris et a su dompter l’intensité du fameux « news cycle ».  Chaque matin, il le kidnappe à sa guise, essentiellement grâce à Twitter, et les rédactions américaines, qui continuent d’établir pour l’instant l’agenda des préoccupations, sont obligées de suivre. Au risque bien réel d’amplifier elles-mêmes la progression d’une propagande extrémiste. Or la lumière ne désinfecte pas ! Au contraire, l’oxygène qui lui est donné ranime le feu. Sans faire acte de censure, n’est-il pas légitime de s’interroger sur la pertinence de donner la parole aux extrémistes sous prétexte d’entendre les points de vue ? Faire des choix est pourtant légitime.

 Crise existentielle du journalisme

Jusqu’ici le journalisme a joué un rôle central dans l’élaboration du discours public. Mais la presse n’est plus le mode principal de délivrance de l’information et il est possible qu’à terme le journalisme ne soit plus non plus la manière dominante de rapporter cette information.

A-t-on donc atteint le « peak news » ? A-t-on dépassé, en quelque sorte, l’âge d’or d’une certaine manière de faire de l’info ?

Nous vivons depuis 30 ans, une transformation totale des structures de communication avec la démocratisation (idéaliste ?) de la prise de parole, son transport aisé, l’apparition de nouveaux outils d’amplification qui ont élargi considérablement l’éventail des voix pouvant être entendues. Sans bien réaliser qu’on armait ainsi les extrémistes radicaux, le harcèlement et la haine. Les réseaux sociaux — Facebook, Twitter, YouTube, … – ne sont pas en mesure, on le voit chaque jour, de nous proposer un forum acceptable et représentatif de la démocratie, qui se fonde sur l’idée que l’électeur sait à quoi s’en tenir.

Mais du côté des médias, les indicateurs ne sont pas bons : la presse va mal, les kiosques sont désertés dans les rues et les gares, les JT déclinent, les rédactions sont décimées, l’audiovisuel public est sous pression, partout dans le monde, pour réduire la voilure. Et surtout la défiance vis-à-vis des journalistes et des médias d’information, qui ont perdu le contrôle sur la distribution de leurs nouvelles, s’est installée et grandit. Mais le journaliste, semble avoir renoncé à étudier la transformation de son métier.

Et désormais, la vérité est attaquée. Attaquée par la crise de confiance que traversent les grands pays, la radicalisation toxique et partisane du climat politique, associées au sensationnalisme des médias, aux réseaux sociaux débridés, aux algorithmes programmés pour la viralité. Attaquée aussi par un flot de faits alternatifs, de « junk news », qui mêlés à l’information vérifiée, renforcent la confusion des citoyens, en asphyxiant la démocratie.

Pire ! Le problème n’est même pas que les gens consomment des fausses nouvelles, c’est qu’on ne les atteint plus avec des vraies ! La vérité elle-même est démonétisée, discréditée. On a tellement avalé de couleuvres qu’on ne veut plus croire en rien.

Sans valeur, la vérité est remise en cause sans vergogne dans un scepticisme général mortifère où les faits sont moins importants que les croyances et les convictions. « Le vrai a perdu de sa valeur face au vraisemblable », écrit justement « Libération » cet automne.

Et il ne suffit plus de rapporter l’info, même importante. Le « New York Times » peut publier une vaste enquête sur l’histoire fiscale de Trump, tout le monde s’en moque ! Ou plutôt, cela n’a aucun impact, car ceux dont l’enquête est censée changer l’avis ne la lisent pas !

 « Il est peu probable que fournir des informations plus nombreuses et plus fiables arrange les choses (…) La plupart des gens n’aiment pas l’excès de faits et ont horreur de passer pour des idiots », juge l’historien Yuval Noah Harari.

Des faits avérés ne parviennent donc plus à convaincre les électeurs. La priorité est donnée aux émotions et aux opinions. La réalité des faits et la véracité des propos sont secondaires. Le sensationnel l’emporte sur le rationnel, le divertissement sur le fond, et souvent l’image sur le texte. Des menteurs ont pris le pouvoir dans les plus grands pays. Aux Amériques, en Europe, en Asie. Et ils s’attaquent aux journalistes, devenus « ennemis du peuple ».

Le conspirationnisme n’est pas loin : peu importent les accusations. Ceux qui les profèrent se moquent de la réalité, pervertissent les preuves et confondent sciemment corrélation et causalité. En niant la conspiration, les médias alimentent paradoxalement encore davantage la méfiance du public, et l’encouragent à aller enquêter dans des recoins du Web et les bas-fonds de YouTube, qui fait remonter très haut les contenus les plus problématiques, alerte la sociologue américaine Dana Boyd.

Comment restaurer la confiance ?

Qui du gouvernement ou des plateformes va décider de la liberté d’expression ? Et qui des deux profite le plus d’une population non éduquée et sans esprit critique ? Les populistes, qui la rassurent à bon compte, ou les élites amorales de la tech qui s’en moquent ?

 

Le journalisme pourra-t-il encore éclairer et guider le débat public en confiance ? Continuer à écouter les citoyens, leur donner la parole et l’amplifier, les faire dialoguer, les aider à prendre des décisions informées ? Peut-il faire face à la désinformation, à la chute de la publicité, à l’expansion des technologies numériques ? Peut-il encore empêcher l’inexorable progression vers des régimes populistes autoritaires ? A-t-il une place dans des sociétés où les institutions démocratiques s’effondrent ?

Il existe des pistes auxquelles je crois plus que d’autres. Ce ne sont pas que des « y a qu’à ». Elles demandent des efforts de la part des rédactions, mais aussi des dirigeants (souvent très riches) de médias, et surtout des changements d’habitudes des journalistes. Cela prendra du temps, mais il faut réagir vite car la maison est en train de brûler !

Voici quelques-unes de ces pistes :

« Le président a réussi à faire des journalistes les principaux acteurs de son émission de télé-réalité sans fin, pour le plus grand plaisir de ceux qui l’acclament lors des rassemblements », déplore le « New York Times ».

Surtout quand on sait que l’attention du public se limite aux titres ou à quelques secondes sur une alerte mobile ! Il faut aussi éviter le plus possible les sources anonymes, le fameux « off » qui alimente la suspicion de l’entre-soi, et la relecture des interviews ! 

 

L’appétit morbide pour le dramatique, qui passait souvent par l’actualité où les faits divers servaient d’anxiolytiques, se reporte d’ailleurs sur la fiction délivrée par les séries, nous explique Hossein Derakhshan, chercheur en journalisme au Harvard Shorenstein Center et au MIT MediaLab, qui se demande ce qu’il va rester comme rôle au journaliste, coincé désormais entre divertissement et propagande. 

Et la technologie ? L’intelligence artificielle (IA) peut-elle résoudre le problème des fausses nouvelles ? C’est la conviction de Mark Zuckerberg et de nombreux experts en intelligence artificielle. Un peu comme on a pu réduire considérablement le spam de nos boîtes email. Mais rares sont ceux qui prévoient ceci à court terme. Il faudrait pour cela que l’IA puisse comprendre les liens pertinents entre les idées et soit accompagnée d’une charte éthique. Il faudra aussi contraindre d’ici là les plateformes à faire vraiment le ménage puisqu’elles ne s’y résolvent pas d’elles-mêmes. 

L’IA peut à court terme aider les journalistes eux-aussi confrontés à de larges volumes d’informations à détecter des tendances, des déviances ou des manipulations de masse. A condition de ne pas être eux-mêmes manœuvrés faute de connaissances techniques.

Ce sont les gens qui sauveront le journalisme !

 Ce qui va sauver le journalisme, comme l’a dit cet automne la journaliste américaine Heather Bryant, ce ne sera pas l’accent mis sur la vidéo, les médias sociaux, l’organisation d’événements, les podcasts, les newsletters, l’IA ou la blockchain (…) mais les gens.

 « L’avenir du journalisme est et sera toujours l’homme, précise-t-elle si justement. Ce qui sauvera le journalisme, ce sont les gens. Ceux qui sont dans nos salles de rédaction et ceux qui sont à l’extérieur. Des gens de tous horizons et de toutes sensibilités. Les gens qui cherchent à utiliser leur voix pour donner du pouvoir aux autres. Des gens qui travaillent ensemble. Notre avenir dépend de la façon dont nous les traitons, dont nous les intégrons ou les excluons, dont nous les représentons et les servons et dont nous investissons en eux. »

 Certains vieux médias tirent déjà des conclusions de cette situation préoccupantes et essaient de revenir aux sources en privilégiant le contact direct avec le public pour mieux saisir les attentes, mieux comprendre leurs frustrations, tenter de combler le fossé entre vieux « émetteurs officiels d’infos » et ceux qui les reçoivent ou ne veulent plus les recevoir. La télé publique suédoise a ainsi lancé un « Coffee with SVT ».

On sauve bien les banques, pourquoi pas le journalisme dans des démocraties et un Etat de droit désormais sous pression ? Mais on ne pourra pas longtemps continuer comme avant. Il est peut-être encore temps, si l’existence n’est que rapport de forces, de se rappeler que nous, journalistes, avons encore un peu de pouvoir. Celui d’aider nos concitoyens à vivre dans une même réalité partagée. A condition que nous partagions aussi une même culture.

Car les faits ne tiennent pas tous seuls, rappelle Bruno Latour dans son dernier essai « Où atterrir ? »: « Sans monde partagé, sans institution, sans vie publique, (il ne suffira pas) de ramener tout ce bon peuple dans une bonne salle de classe à l’ancienne, avec tableau noir et devoirs sur table pour que triomphe la raison (…) La question n’est pas de savoir comment réparer les défauts de la pensée, mais comment partager la même culture, faire face aux mêmes enjeux, devant un paysage que l’on peut explorer de concert».

Aider à tenter de refaire société est un nouveau et grave défi pour les rédactions et nos nouvelles tribus éclatées. L’information est un bien commun. Y accéder, un droit de l’homme. Mais des communautés solidaires ne peuvent fonctionner que si nous nous sentons aussi connectés à ceux qui ne pensent pas comme nous.

Eric Scherer

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PS : nous développerons ces sujets dans notre Cahier de Tendances Méta-Media N°16, Automne – Hiver 2018/2019 , avec de nombreux témoignages et analyses d’experts et comme toujours notre sélection des meilleurs livres qui en parlent.

Le cahier sera disponible ici, sur Méta-Media en PDF gratuitement début décembre.

 (Illustration de couverture : Jean-Christophe Defline)

Web Summit 2018 : Netflix, un peu d’IA et une pincée de « tech for good »

Par Frédéric Lecoin, France Télévisions, Direction de l’Innovation | Relations avec les start-ups

Le Web Summit a de nouveau ouvert ses portes en se faisant peur, cette semaine à Lisbonne, à grand renfort de déclarations anxiogènes, de critiques des grands acteurs de l’Internet, de profondes inquiétudes sur la tech, sa place dans la société, voire sur le détournement de la technologie de ses louables intentions originelles.

En 2016, l’organisateur du Web Summit Paddy Cosgrave avait appelé les spectateurs à allumer la lampe torche de leur portable en déclarant : « une ère incertaine est en train de s’ouvrir, une ère des ténèbres. Faites de la lumière pour lutter contre cette ère des ténèbres. » Cette année, il parle de « trou d’air », de « peur des conséquences potentiellement néfastes » véhiculées par les nouvelles technologies.

Bref, rien ne change vraiment au plus grand événement tech européen : Facebook est le grand méchant, souvent considéré comme un acteur qui n’adopte pas une démarche partenariale. Apple s’y fait discret tandis que Google, Microsoft, Amazon et IBM y installent de grands stands.

Netflix présent !

Netflix présent sur le Web Summit pour la première fois, de manière éphémère mais tout de même ! Dans une véritable opération séduction, Greg Peters, Chief Product Officer de Netflix, intervenait sur la scène de « Content Makers » pour affirmer l’engagement de Netflix dans la production européenne. A l’origine de l’investissement de Netflix dans les contenus locaux ? Le constat que seulement 5% de la population mondiale est anglophone alors que la grande majorité des contenus était produit aux Etats-Unis. Netflix a donc fait le pari de productions locales qui, par leur authenticité, l’universalité de leurs problématiques et une attention particulière portée aux narrations, doivent pouvoir rencontrer le succès à l’international.

Greg Peters en a profité pour annoncer deux nouvelles productions : l’une, espagnole, « Alma », une série fantastique réalisée par Sergio Sanchez, l’autre norvégienne, « Ragnarok » par le scénariste de « Borgen », Adam Price.

Greg Peters a également insisté sur l’importance, pour Netflix, de l’expérience utilisateur, passant à la fois par une expérience aboutie sur un nombre maximal de devices et surtout par des efforts de la société sur le sous-titrage et le doublage des contenus. Netflix cherche à augmenter le nombre de langues disponibles autant qu’elle travaille sur la qualité des traductions et du doublage (synchronisation, adéquation des voix, etc.).

Crise de confiance ?

La question de la confiance reste au cœur des réflexions, en particulier dans le domaine des médias.

Le sujet « fake news » revient souvent, avec beaucoup de fatalisme (la propagande existe depuis toujours / lutter contre ce phénomène prendra du temps) et peu de solutions (chaque citoyen doit interroger son comportement et ses habitudes en ligne / il faut privilégier l’éducation, le développement de l’esprit critique plutôt qu’instaurer de nouveaux règlements / les plateformes sociales ont un rôle à jouer mais leur modèle économique est en contradiction avec les enjeux démocratiques).

Dima Khatib, Managing director d’AJ+, fait néanmoins part d’une initiative menée au Mexique durant les dernières élections : les citoyens étaient invités à proposer aux équipes d’AJ+, via WhatsApp, des photos ou des vidéos. AJ+ répondaient directement à ses utilisateurs sur ce même canal après avoir vérifié l’authenticité de ces contenus.

Apprendre à connaître son audience, comprendre ses habitudes de consommation, adapter les contenus à chaque canal sont des leitmotivs à Lisbonne, autant que la recommandation pour les médias de refléter la diversité de la société au sein de leurs équipes.

De même, David Pemsel, CEO du Guardian, fait valoir la démarche de ce journal qui, en proposant une offre d’information de qualité et en observant les usages de ces lecteurs, a mis en place une stratégie sur 3 ans visant à s’appuyer financièrement sur ceux-ci. Le résultat ? D’ici mars 2019, The Guardian atteindra son seuil de rentabilité grâce à ses abonnés et aux contributions de ses lecteurs. Il vante également la capacité du Guardian à chercher et trouver des partenariats équilibrés avec les GAFA, annonçant par exemple un projet commun avec Google autour des assistants vocaux dans lequel journalistes du Guardian et ingénieurs de Google seront amenés à coopérer.

L’intelligence artificielle, technologie toujours très prisée

L’IA continue d’être mise à toutes les sauces, dans les start-ups de la finance, de la publicité, de la RH, du marketing, de l’automobile, comme sur les stands d’IBM, Microsoft et Google, ou dans les thématiques des conférences (« quel sera l’impact de l’intelligence artificielle sur l’économie ? », « l’intelligence artificielle et le travail du futur », « L’IA est-elle plus tendance que la réalité ? », « Un monde meilleur grâce à l’IA », « L’IA et son impact sur les applications de rencontre »…).

Le patron de Samsung, Young Sohn, fait part de ses espoirs dans l’IA :

Mais il met également en garde contre les dérives possibles, invitant à une « éthique » de l’intelligence artificielle et de son utilisation.

Shahrzad Rafati, fondatrice de Broadband TV, avertit quant à elle les médias de l’importance et de l’impact de l’IA pour les activités et les métiers de ce secteur, qu’il s’agisse de la production des contenus, de leur distribution, de leur « découvrabilité », des activités publicitaires et marketing ou encore des expériences utilisateurs.

Mais tous ces propos manquent de précision, peu de solutions sont vraiment dévoilées, peu de démonstrations apparaissent vraiment bluffantes. C’est probablement le signe que cette technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements et que sa pertinence ne fera que croître avec l’ingestion et l’analyse de données, c’est-à-dire grâce au machine learning.

Une troisième voie européenne : tech for good ?

Alors que VivaTech à Paris en mai dernier avait été l’occasion pour Emmanuel Macron d’appeler l’univers de la tech à sa mobiliser pour l’intérêt général, sous le slogan « Tech for good », le Web Summit a apporté une timide réponse à cet appel.

Certes, une scène était consacrée durant la première journée aux enjeux de la planète, de l’environnement et du développement durable. Certes, quelques tables rondes abordaient le sujet, essentiellement par l’intermédiaire de Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat au Numérique, ou des représentants de l’Union européenne. Certes, un « Social Innovation Village » faisait son apparition dans les allées du Web Summit, mais celui-ci ne réunissait qu’une poignée de start-ups. La réponse apportée semblait donc plus cosmétique qu’une véritable prise de conscience, surtout au regard des nombreux enjeux actuels (changement climatique, montée des populismes, crise des réfugiés…). Et le sujet ne se retrouvait guère au cœur des réflexions et de l’activité des milliers de start-ups et investisseurs présents sur place.

 

Quant au Web Summit d’ailleurs, son engagement initial pour une meilleure représentation des femmes se dilue progressivement. Malgré la persistance de son programme et de son espace « Women in Tech », le Web Summit se contente d’une très faible progression parmi ses participants (44% en 2018 vs 42% en 2016) et des panels rarement paritaires.

Si le modèle américain semble aujourd’hui questionné, il l’est davantage par les pouvoirs publics qui en appellent à une troisième voie européenne, cette fameuse « tech for good », ne cherchant pas seulement le profit, ni le contrôle par les données, mais replaçant la technologie au service de l’humain.

Au final, le Web Summit reste un formidable espace pour analyser et comprendre les tendances et les mouvements en cours dans l’univers de la tech, même si celui-ci apparaît souvent très autocentré. Surtout, cet événement est l’occasion de milliers d’échanges entre grands groupes, start-ups, investisseurs avec l’objectif de découvrir de nouvelles pépites et de nouveaux terrains de collaboration.

L’infographie :

Les chiffres clés du Web Summit : 

 

Les secrets du service Infographies du Washington Post

Le principal atout c’est d’abord une grosse équipe : 25 personnes, toutes journalistes ! Soit une des plus importantes équipes, sinon la plus importante des médias américains, ont assuré ce week-end à Postdam, ses responsables Chiqui Esteban et Reuben Fischer-Baum lors de la seconde conférence internationale Information+ sur le design informationnel et la visualisation.

C’est aussi un état d’esprit: ne pas être au service des autres ! 

Au Washington Post, « l’infographie n’est pas une fonction support au service du texte ou d’autres services ! C’est un département qui propose, collecte, écrit, code ses propres projets ! ».

« C’est-à-dire, bien sûr des visualisations de données, des cartographies, de l’interactivité, mais aussi des illustrations, de l’enquête par les données, des expériences narratives, de la 3D, de la réalité augmentée, ou même simplement des textes bien présentés. »

Ces infographies sont diffusées sur le papier (de moins en moins), le web et doivent toujours être parfaites pour le mobile. Elles nécessitent une durée de fabrication évidemment variée : de quelques heures à une journée pour les breaking news, plusieurs journées de travail, quelques semaines ou parfois plusieurs mois, comme récemment pour cette expérience sur la frontière américaine avec le Mexique. 

Ce sont des expertises diversifiées…

Pas de journaliste couteau suisse ou de shiva qui saurait faire tous les métiers dans cette équipe !

« Tout le monde ne sait pas forcément coder en Javascript, se servir d’Adobe Illustrator, dessiner une carte ou jongler avec les données via Json ». Or il nous faut aussi des compétences en intelligence artificielle, en montage vidéo, en animation 3D, etc… Les gens ne sont pas interchangeables. Mais il faut que chaque reporter infographique dispose d’un mix de compétences à la fois très spécialisées et très étendues. »

Avec un socle commun de quatre qualités… 

« Tous les membres de l’équipe doivent savoir proposer des sujets, collecter de l’info, écrire un article et expérimenter de manière visuelle ».

Et dans un mode de fonctionnement souple, mais rigoureux… 

Souple, car les chefs ont des rubriques mais les journalistes sont tous terrains.

Rigoureux, car les outils et les modèles (templates) sont standardisés pour aller plus vite et renforcer la cohérence. Les équipes utilisent le même générateur de projet, le langage de code ArchieML,

Qui n’hésite pas à recourir aux autres équipes de la maison…

Notamment auprès des puissantes équipes techniques d’ingénieurs et de développeurs imposés par Jeff Bezos dans la rédaction, ou des équipes de design, de vidéo, d’animation, et de data-journalisme.

D’ailleurs, sans objectifs chiffrés.

La mesure du succès ne s’y mesure pas en nombre de visites ou en temps passé.

« L’important est d’être lu, regardé (des infographies du Washington Post ont été parmi les pages les plus vues en 2017), de contribuer à la progression des abonnements, d’être innovant, d’avoir un esprit d’équipe, de chercher à avoir un impact ».  

En résumé ?

C’est donc « chercher à raconter les choses de manière différente, tester des choses, et être … journaliste ! « 

 

 

Liens vagabonds : “Pivot to video” – une fake news inventée par Facebook ?

A RETENIR CETTE SEMAINE  :

On se souvient : en 2016, Facebook avait avoué avoir surévalué son audience vidéo. Entretemps, nombre de rédactions avaient entamé leur “pivot to video”, la vidéo (virale et sociale) semblant la clé pour la survie des rédactions, malgré des chiffres contradictoires. Mais des annonceurs américains ont porté plainte contre Facebook l’accusant de les avoir trompés en ayant gonflé ses performances publicitaires sur les vidéos. Les plaignants avancent que l’indicateur de Facebook était en réalité faussé de 150 à 900 % (au lieu des 70 avoués), et que Facebook a délibérément attendu plus d’une année avant d’admettre cette irrégularité. Le pivot des médias vers la vidéo a-t-il été provoqué par ces chiffres bidons de Facebook ? 

Certains estiment que ces mensonges ont coûté leurs emplois à des centaines de journalistes tandis que Facebook dément avoir caché la vérité. D’autres éditeurs affirment, que leur bascule vers la vidéo n’a pas été (uniquement) influencée par Facebook. Une preuve supplémentaire en tout cas (s’il en fallait une) qu’il ne faut pas vouer une confiance aveugle aux données publiées par nos « frenemies ».
La série de scandales n’empêche pas la firme de Menlo Park de vouloir brancher une box équipée d’une caméra sur la TV de notre salon. Et surtout de nommer en fin de semaine son nouveau lobbyste en chef, Nick Clegg, ex vice-premier ministre britannique chargé de réparer son image (tout en gagnant une fortune!) tandis que le New York Times demande à Facebook d’arrêter aussi de compter sur les journalistes pour nettoyer son mess systémique.

Pendant ce temps, l’action Netflix s’envole en bourse : Netflix a gagné près de 7 millions de nouveaux clients au 3ème trimestre !  Mais les conditions de travail dans l’entreprise et la culture interne font l’objet de questionnements. 

Un milliardaire tchèque (déjà propriétaire de Marianne, Elle, Télé 7 jours…) veut aussi racheter Le Monde

3 CHIFFRES

61% des Français utilisent un assistant vocal plus ou moins occasionnellement, 19% sont des utilisateurs réguliers

10 milliards $ – c’est la somme que l’Arabie Saoudite a investie dans les start-ups de la Silicon Valley depuis 2016

77% des internautes français ont consommé au moins un bien culturel dématérialisé au cours des 12 derniers mois

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE (en partenariat avec Statista)

Infographie: L'incroyable potentiel de l'Internet chinois | Statista Vous trouverez plus de infographies sur Statista

Le patron de Google justifie son retour en Chine par l’incroyable potentiel de l’Internet chinois. En effet, d’après le CNNIC, le nombre d’utilisateurs d’Internet en Chine a passé la barre des 800 millions en août. En comparaison, c’est déjà près de 100 millions de plus que dans l’ensemble de l’Europe alors que le taux de pénétration en Chine n’est que d’environ 58 %. 

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Liens vagabonds : féroce bataille de géants pour prendre le contrôle de votre salon

A RETENIR CETTE SEMAINE  :

Les GAFAs se battent pour contrôler votre salon (et accéder à vos données personnelles) : la tendance de l’enceinte connectée qui se dote d’un écran, introduite avec l’Amazon Echo Show l’année dernière, se poursuit chez l’ensemble des acteurs. Facebook a présenté cette semaine Portal son assistant personnel vidéo qui intègre Alexa, Facebook Messenger et une caméra. Portal n’aurait qu’un problème selon le « Washington Post »  : avoir « été créé par Mark Zuckerberg ». Même si Facebook affirme que ses caméras ne violeront pas notre vie privée, son nouvel assistant fait peur à tout le monde. 

36 heures après c’était au tour de Google de présenter ses nouveaux écrans, notamment son écran connecté Home Hub. Dans l’ensemble, un timing pas très heureux pour demander l’accès au coeur de notre vie privée après les multiples scandales concernant le piratage des données dans lesquels sont empêtrés Facebook (depuis longtemps), et Google depuis cette semaine avec une faille de sécurité qui l’a contraint de fermer Google+; faille qui avait été longtemps cachée, tout comme le fait que les dirigeants de Google ont abandonné Google+ il y a déjà 3 ans. Et puis enfin, peut-on vraiment faire confiance à Alexa ?

Pendant ce temps, Apple fidélise ses clients et ne les fera pas payer pour ses contenus TV / vidéo sur ses terminaux. Par ailleurs, AT&T compte lancer un service de streaming en 2019 avec WarnerMedia et HBO, tandis que la 4K est en passe d’envahir les salons. Malgré ses soucis, Snap lance un nouveau format TV de 5 minutes. Magic Leap sort l’artillerie lourde ! Un jeu et même une IA à visage humain. 

Après la pub sur Instagram, est-ce qu’une célébrité pourra-t-elle réussir à faire voter les jeunes Américains aux mid-terms ?

 

3 CHIFFRES

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE (en partenariat avec Statista)

Cette semaine, les grandes valeurs de la tech ont vu leur capitalisation boursière fondre. Amazon, Apple, Facebook, Alphabet et Netflix ont perdu 172 milliards de capitalisation boursière en quelques heures. C’est la firme de Jeff Bezos qui a été le plus touchée.

Infographie: Les géants de la tech en chute libre à Wall Street | Statista Vous trouverez plus de infographies sur Statista

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Liens vagabonds : Netflix intègre l’interactivité et Amazon la 4K dans la télé

A RETENIR CETTE SEMAINE  :

Netflix se lancerait dans l’interactivité pour les blockbusters. La firme de Los Gatos avait testé les premiers récits en mode « Choose-Your-Own-Adventure » en 2017, sur les émissions pour enfants comme le « Chat potté ». Selon Bloomberg, Netflix serait en train de développer de nouvelles fonctionnalités d’interactivité qui seront intégrées d’ici la fin de l’année dans un épisode de « Black Mirror« . Les spectateurs pourront alors choisir entre plusieurs options qui modifieront le déroulé d’un épisode de la série récompensée aux Emmy Awards. 

Déjà annoncé fin août par The Information, Amazon concrétise le lancement d’un service de vidéo gratuit payé par la pubet décorélé de son offre Amazon Prime. Dans la tendance 4K, après Roku la semaine dernière, Amazon a aussi présenté sa clé 4K. Elle sera livrée avec une nouvelle télécommande vocale Alexa qui peut contrôler le téléviseur sur lequel la clé est branchée. L’opérateur français Orange n’est pas en reste : il présente sa nouvelle box 4K, tout comme Sky qui propose la sienne avec une recherche vocale.

Avec « Project Stream » Google se lance à son tour dans le jeu vidéo en streamingLe «cloud gaming» est en effet l’horizon de l’industrie vidéoludique, qui rêve à ce que n’importe qui, sur n’importe quel appareil connecté, puisse jouer à n’importe quel jeu comme il regarde aujourd’hui une vidéo sur YouTube. 

Facebook présente de nouveaux outils pour les vidéos en direct avec Premieres qui permet de créer des vidéos pour annoncer un live, à l’instar de YouTube et déploie des sondages vidéo et badges pour les fans. On a aussi découvert le premier réseau social par télépathie. 

L’AFP a annoncé un plan social.

3 CHIFFRES

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2018 est une année riche en anniversaires : après Android, ce sera le tour de Spotify de fêter ses 10 ans le 7 octobre. Puis suivra en novembre la plateforme Airbnb :
Infographie: Ces 11 produits tech qui n'existaient pas il y a 10 ans | Statista Vous trouverez plus de infographies sur Statista

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Liens vagabonds : tsunami de nouveau produits Amazon qui démode Apple

A RETENIR CETTE SEMAINE  :

« There is no place like home » – Amazon annonce un tsunami de nouveaux produits destinés à l’imposer dans la bataille contre Google et Apple. Jeudi, l’entreprise a présenté une quinzaine de produits hardware pour chaque pièce de la maison connectée. Enceintes, pendules, voitures et micro-ondes, Amazon installe Alexa partout. En parallèle, la firme de Jeff Bezos se fait aussi une place dans la publicité en ligne et devrait occuper cette année le 3e rang sur le marché américain, derrière le duopole Google et Facebook. L’Europe s’inquiète.

En avril, Apple avait annoncé le chiffre impressionnant de 50 milliards de téléchargements de podcasts sur iTunes et nombre de médias se sont lancés dans le « pivot to podcast ». L’industrie pèse 314 millions de dollars, et même Hollywood y cherche une source de revenus. Or, après Panoply la semaine dernière c’est au tour de BuzzFeed d’annoncer l’arrêt de son activité podcast, au profit de la vidéo et de re-basculer vers un modèle qui ressemble plus « à leur production télé ». La bulle des podcasts, serait-elle déjà en train de crever ? Par ailleurs, la tendance des assistants vocaux équipés d’écrans se poursuit, avec Google, qui proposera son assistant avec image en octobre

Pendant ce temps, Spotify permet aux musiciens un accès direct à la plateforme en court-circuitant les majors YouTube lance ses premières séries payantes en France et Netflix remporte autant d’Emmys que HBO.

Après Jeff Bezos avec le Washington Post, un autre milliardaire de la tech devient magnat des médias : Marc Benioff de Salesforce s’offre le Time Magazine. « Aux Etats-Unis, la presse d’information entre dans les eaux profondes du mécénat ». A quelques semaines du Mid-term VoteInstagram diffuse de la pub pour inciter ses jeunes utilisateurs à voter aux élections de mi-mandat aux US. Facebook met en place une “War Room” pour s’attaquer aux éventuelles interférences et autres fausses informations. Le Times demande à ses lecteurs de signaler des désinformations. Google News Lab a développé une page Google Trends dédiée aux élections de mi-mandat, et s’est associé à ProPublica pour un bot alimenté avec les données des élections.

Et en contre-tendance aux algorithmes, Twitter annonce le retour à l’ordre chronologique des posts qui va nous rendre à nous-même ;  ou pas !

3 CHIFFRES

-11% – c’est la chute d’audience des Emmy Awards cette année 

1 million – c’est le nombre d’abonnés que Disney annonce pour ESPN+ lancé il y a 5 mois

2 milliards $les revenus pub de l’OTT aux US en 2018 (+40% par rapport à 2017)

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Google et Apple en tête de course à l'intelligence artificielle | Statista
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La blockchain sauvera-t-elle journalisme et médias d’information ?

En tout cas, elle peut sûrement aider. Il faut donc l’essayer, et vite, tant la situation est aujourd’hui inquiétante, a recommandé à Austin cette semaine un nombre croissant d’experts reconnus en médias numériques.

Ni panacée, ni solution miracle, cette technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et décentralisée, constitue toutefois « une piste très prometteuse » face à la double crise qui affaiblit journalisme et médias d’information : le manque de confiance comme de rentabilité, a assuré au Texas Vivian Schiller.

Pour l’ancienne patronne de la radio publique américaine NPR, qui lance en ce moment CIVIL, une ambitieuse initiative pour financer du journalisme de qualité associant un réseau de rédactions éthiques, adossé à une « constitution », et financé par une crypto-monnaie, il n’y pas de temps à perdre. Ses « jetons » seront mis sur le marché ce mardi 18 septembre. L’agence de presse AP est de la partie.

C’est aussi l’avis de la futuriste Amy Webb qui a mis la blockchain au centre de sa fameuse intervention clôturant chaque année la conférence du journalisme en ligne : cette techno « est enfin prête pour la collecte, la distribution et le paiement de l’info générale, et non plus seulement pour des états financiers. Des applications très concrètes sont en train de voir le jour qui peuvent vraiment aider les rédactions. »

Des atouts importants 

Les avantages de cette techno infalsifiable pour l’info sont assez évidents dans notre époque de fake news et de post vérité : les affirmations y sont traçables et vérifiables, le consensus infalsifiable obtenu est distribué, les bases de données sont sécurisées. Sans organe central de contrôle, son processus est totalement indépendant et les ressources informatiques partagées. La propriété intellectuelle des créateurs est garantie et protégée.

En gros, « c’est comme un tableur Google partagé que chacun peut consulter et actualiser, mais sans pouvoir l’éditer », a bien résumé le jeune Orlando Watson fondateur de la start-up Honeycomb qui propose, lui, d’utiliser les importantes capacités informatiques non utilisées des smart phones pour financer les applis mobiles des éditeurs et donc diversifier radicalement leurs revenus via une crypto-monnaie.

Attention, cette techno ne sera pas un arbitre de la vérité, mais permettra d’assurer que telle personne a bien dit ceci, à cet endroit, à ce moment précis.

Pour Amy Web, on peut ainsi imaginer l’apparition de carnets de notes de reporters certifiés prouvant que les citations et les faits rapportés n’ont pas été déformés, de nouvelles formes d’agences de presse d’infos en temps réel auxquelles auront accès tous les citoyens sans le bruit de Twitter, le court-circuitage des autorités là où le journalisme est menacé, voire même la résilience d’un journalisme indépendant des consolidations capitalistiques du secteur des médias.

La mise en commun d’identités anonymisées pourrait aussi être utilisée pour trouver des corrélations entre les communautés, servir la publicité et les sondages, ou juste servir de fichier, personnel, médical, familial, etc…à condition d’être interopérable.

A l’instar de CIVIL ou Honeycomb, des initiatives apparaissent, comme Tron, une plateforme décentralisée de partage de contenu de pair à pair, qui donne aux créateurs de contenus les droits sans les partager avec Facebook ou Google, comme le réseau Golem ou la firme Gridcoin qui partagent les capacités informatiques non utilisées, ou même le projet Po.et qui entend créer le plus grand registre d’actifs médias numériques vérifiables. Deux anciennes journalistes de NPR sont d’ailleurs en train d’expliquer l’aventure de la blockchain appliquée aux médias dans un podcast à succès, ZigZag.

Mais les inconvénients ne sont pas négligeables aussi : cette technologie est récente, elle reste mal vulgarisée et perçue comme complexe.

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Elle est souvent aussi éclaboussée du soufre entourant la forte volatilité du bitcoin. Mais c’est sans doute le lot de toute innovation à ses débuts !

Scénarios optimistes

Après avoir littéralement glacé l’assistance l’an dernier et mis en cause les dirigeants de médias avec ses scénarios catastrophes, la prof/futuriste Amy Web a choisi cette année de regarder les solutions et les voies d’espoir.

A 5 ans : 

Les rédactions auront passé quelques années à expérimenter Civil, HoneyComb et d’autres solutions radicales de modèles d’affaires. Mais côté média, l’affaire est entendue : “Paywalls are gone. Tokens are in.”

Des nouveau outils et méthodes liés au nouvelles certification des identités créeront des opportunités. De manière locale comme nationale. Ils assureront une nouvelle diversification de revenus pour les éditeurs et de la valeur pour le public.

Les médias d’infos utiliseront la blockchain pour plus de transparence. La confiance sera rétabli. Et nous serons mieux informés !

A 10 ans : 

L’informatique sera ambiante. Les smart phones un souvenir. Les reporters utiliseront les fenêtres, miroirs, plantes et autres objets de tous les jours pour distribuer leurs infos. Ils disposeront littéralement de super pouvoirs en voyant à travers les murs ! Des technos du MIT y travaillent déjà.

Les reporters seront à même d’enquêter sur les algorithmes. Ils pourrons nous alerter sur les photos et les vidéos truquées. Les images et les photos fiables seront spécialement dotées de filigranes. Les journalistes retourneront la désinformation contre elle-même. Il n’y aura plus de « fake » news. Il y a seulement des informations, spatialement traitées par les ordinateurs.

Les rédactions des grands journaux utiliseront des techniques de réalité altérée. Nous porterons quasi tous des lunettes intelligentes, qui nous permettront d’assister à plusieurs évènements à la fois, tout en regardant la TV, les résultats des élections, les discussions sur les réseaux sociaux, les fiches d’identité de nos interlocuteurs, leurs moyens de financement, etc… , assure Amy Webb qui croit beaucoup en Magic Leap. Les médias d’information seront à l’avant-garde de ce changement. Ils développeront des applications de réalité altérée pour le business, et l’intelligence professionnelle. Et pas seulement pour le côté cool du récit multimédia. La réalité altérée est devenue une nouvelle source de revenus.

E.S. avec Hervé Brusini, direction de l’Information.

Pour voir la keynote d’Amy Webb, c’est ici ! Son dossier de tendances tech émergentes, là !