#MWC2021 : 5G, cloud, hardware et humains connectés
Compte-rendu du Mobile World Congress 2021 par Vincent Nalpas, Yves-Marie Poirier, Jean-Paul Chevreux et Océane Lauro
Durant quatre jours, les plus grands noms mondiaux de la téléphonie mobile se sont réunis à Barcelone pour le Mobile World Congress (MWC 2021). Au programme de cette édition encore marquée par la crise sanitaire mondiale et donc hybride : l’émergence de la 5G et les nouvelles opportunités qu’elle apportera, le Cloud une nouvelle fois, les nouveaux hardwares et l’humain connecté.
Le (presque) nouvel eldorado de la 5G
Elle était sur toutes les lèvres, la grande favorite de cette année et ses cas d’usages ont jalonné les 4 jours de salon et la plupart des interventions. Si celle-ci adresse principalement les entreprises et ce sur de nombreux champs d’actions (industrie, robot, drônes, AR, VR, 360, smart cities, edge computing…), les usages grand public n’ont pas été marqués par des annonces significatives.
Parmi les acteurs qui ont fait sensation, Qualcomm, société américaine de référence sur la conception et la commercialisation de processeurs pour téléphones portables, et son tout nouveau Snapdragon 888+ 5G. La promesse ? « Des expériences haut de gamme avec des divertissements profondément intelligents, y compris des jeux, du streaming, de la photographie et bien plus encore améliorés par l’IA, le tout soutenu par des performances accrues, une vitesse inégalée et une connectivité de premier ordre ». Tout un programme à découvrir en images :
Autre annonce et pas des moindres, celle d’Elon Musk. Lors de sa très attendue keynote, c’est en tant que CEO de SpaceX que l’Américain est venu parler de Starlink, le service internet haut-débit reposant sur un réseau de satellites en orbite terrestre basse.
Elon Musk annonce qu’« en août, nous devrions avoir une connectivité globale partout sauf aux pôles« , laissant entendre que le lancement est imminent. Il présente et voit Starlink comme un moyen de combler les vides entre la 5G et la fibre pour les 3 à 5% des personnes ayant besoin de haut débit et étant dans des territoires difficiles à atteindre. Musk déclare avoir dépassé les 69.000 utilisateurs actifs et estime qu’ils seront 500.000 d’ici 12 mois.
Pour servir son ambition, Starlink est déjà en partenariat avec deux opérateurs mobiles majeurs (dont les noms n’ont pas encore été divulgués) et serait en discussions avec d’autres acteurs du secteur. Il faut dire que le dispositif est alléchant : il nécessite seulement un terminal utilisateur très simple à installer et à un prix abordable : 500$ au lancement ce à quoi s’ajoute un abonnement de 100$ environ. Ainsi le projet de Musk est en passe de remporter son pari puisqu’il pourrait permettre aux FAI de répondre à leurs engagements de fournir une couverture internet en zone rurale.
Par ailleurs le lancement du projet Starship pourrait avoir lieu dans les prochains mois. »Nous espérons faire notre première tentative de lancement en orbite dans les prochains mois« . Sky is not the limit pour Elon !
« There’s a need for #connectivity in places that don’t have it & where it’s limited or expensive. You can think of #Starlink as filling in the gaps between #5G & #Fibre to reach the most difficult 3-5% » @elonmusk, @SpaceX
Watch the full Keynote on-demand: https://t.co/apg3DxHPcJ pic.twitter.com/yqaZCTAiNb
— #MWC21 Barcelona (@MWCHub) June 30, 2021
La 5G toujours, mais sous un autre angle et avec une autre tête d’affiche : Eugène Kaspersky. L’éditeur russe d’anti-virus revient sur la menace croissante des cyberattaques et le besoin de mettre en place des stratégies fortes notamment dans le cadre du développement de cas d’usages dans l’Industrie et l’IOT (favorisés par l’essor de la 5G). Un constat partagé par un autre intervenant, Stéphane Richard, Président de GSMA et PDG d’Orange, qui lors de sa keynote a déclaré « La 5G suscite de nouvelles craintes en matière de cybersécurité, car l’écosystème devient plus vaste et plus fragmenté et d’autres parties de nos activités deviennent numériques et vulnérables […]. Il s’agit d’une course permanente, qui nécessite le meilleur de la technologie développée collectivement, car plus personne ne peut être protégé derrière une porte fermée numérique.” Un point de vue qu’il développe dans un post LinkedIn publié en marge du MWC.
Outre, les opportunités d’attaques multiples que peut permettre la 5G, et auxquelles il convient d’apporter des réponses évolutives, ce qui se joue derrière cette nouvelle technologie va encore au-delà. En effet, le déploiement, l’accessibilité du réseau 5G sur le territoire, européen en l’occurrence, et la mise en place d’applicatifs concrets est un véritable enjeu de compétitivité pour les entreprises du continent. Aujourd’hui, la Chine et les Etats-Unis d’Amérique ont pris une avance certaine quant aux usages (notamment industriels). Un delta qui impactera nécessairement les entreprises européennes et leurs capacités à délivrer un service/produit à la hauteur du marché ainsi que de l’innovation.
Une idée sur laquelle Alex Sinclair, CTO de GSMA, est revenu dans un entretien réalisé par Euronews Next lors du salon : « Si vous n’adoptez pas la 5G maintenant, les entreprises qui le font vous devanceront à coup sûr. D’un point de vue national, cela signifie que les pays qui prennent plus de temps pour adopter la 5G vont être à la traîne ». Cette réalité n’empêche pas le directeur technique de rester optimiste « Même si nous sommes en Europe un peu en retard dans le déploiement effectif des réseaux, je crois que nous avons un retour d’information très, très impressionnant de la part des clients. Je ne pense pas que l’Europe soit à la traîne dans l’étude des différents cas d’utilisation en collaboration avec l’industrie. Je pense qu’en Europe, nous sommes plutôt en avance ». Tout reste donc encore à jouer !
Connnected People & hardware everywhere
Parmi les autres tendances de MWC, nous avons pu retrouver l’humain connecté et les nouveaux hardwares. « Quel est le summum de la connectivité ? C’est l’homme qui ne fait plus qu’un avec l’univers. Un avec notre environnement. Nous devons créer un pont entre nous et les objets qui nous entourent« , voici la volonté de Zina Jarrahi Cinker, DG d’AMPT, qui s’est exprimée lors d’une keynote particulièrement suivie.
The motivation of PUZZLE X™ is to bring #frontiermaterials to the forefront of our minds to aid the Sustainable Development Goals set out by the @UN. ⚛️🧠🌱
📸 of Dr. Zina Cinker’s launch keynote in Barcelona#quantum #puzzlex #impact #science #sustainability #tech #venture pic.twitter.com/PLxnxyKhkR
— PUZZLE X™ 💡 (@puzzlex_io) June 30, 2021
Sur ces aspects, Samsung a aussi fait sensation en présentant comme prévu One UI Watch, fruit de son rapprochement avec Google et disponible sur leur plateforme commune Wear OS. L’interface One UI Watch, qui sera disponible pour la Galaxy Watch, propose de meilleures performances, une expérience utilisateur sans couture entre la montre et les smartphones Android ainsi qu’un accès facilité à un plus large catalogue d’applications. Une stratégie qui place l’utilisateur au cœur de l’écosystème Galaxy (smartphone, montres, tablette, laptop…). A noter également que le fabriquant a remporté le prix du « Meilleur smartphone » pour son Samsung Galaxy S21 Ultra 5G lors du GLOMO (Global Mobile Awards).
Autre acteur et autre nouveauté qui a retenu notre attention, les lunettes Nxtwear G de TCL. Ces dernières se branchent à un device pour simuler un écran full HD 140 pouces placé à 4mètres, pour des contenus classiques ou en 360 (et non en réalité augmentée ou virtuelle).
Enfin dernière annonce côté hardware mais pas des moindres ; avec Lenovo qui frappe un grand coup avec ses cinq nouvelles tablettes. A tous les prix et pour tous les usages (basics avec la M7 et la M8 3ème génération, travail nomade avec la Tab P11 Plus et ses 490 grammes ou encore qualité optimale sur les aspects multimédias pour les Yoga Tab 13 et Tab 11, leurs quatre haut-parleurs JBL et leur connectivité certifiée wifi 6), certaines de ces tablettes seront disponibles en France dès septembre.
Le Cloud encore et toujours
Toutes ces innovations ne pourraient exister sans le Cloud. Une technologie qui se met, elle aussi, au service de l’humain comme a pu le démontrer Neuroelectrics lors de la présentation de son un traitement révolutionnaire des désordres cérébraux par une neuromodulation personnalisée basée sur le cloud, la plateforme Starstim (des négociations sont en cours avec la FDA pour le mettre à disposition du grand public). Celle-ci devrait également permettre, dans un avenir proche, aux chirurgiens de bénéficier de l’IA lors de leurs interventions.
Autre élément adressé lors du salon : le Cloud public. Alors que le monde consacre de plus en plus de temps au numérique, le mobile reste l’un des moteurs du développement social et de la création de richesses. Pour autant, la pandémie est passée par là et a imposé ses enseignements, dessinant un futur plus connecté encore « Si vous adoptez le cloud public et faites de l’identité #digitale une pierre angulaire de votre super appli, vous pouvez débloquer un trillion de dollars de nouveaux revenus. Plus vous adoptez le cloud public, plus les bénéfices sont importants » déclare Danielle Royston, que l’on appelle « the Elon Musk of telco », CEO de Totogi.
Speed/agility is key to winning and #Cloud is the key to speed/agility!
Day 2 Show Wrap with Danielle Royston @TelcoDR
with @dvellante and @furrier | Cloud City Live 2021 https://t.co/CPlpVNoqe3 #MWC21— Sarbjeet Johal (@sarbjeetjohal) June 29, 2021
Lorsque l’Internet social mine le processus de travail journalistique
Par Jukka Niva*, Directeur du News Lab, YLE, l’audiovisuel public finlandais
Les salles de rédaction ont pour tâche de servir de chiens de garde face au pouvoir. Les plateformes des réseaux sociaux ont un impact toujours croissant sur ce que les gens pensent à propos des questions politiques et de leur environnement. Les flux personnalisés des médias sociaux exercent donc bien un pouvoir sur la société.
Comment le chien de garde face au pouvoir peut-il scanner le pouvoir social alors que ce pouvoir est transféré dans des algorithmes commandés ?
Il y a quelques années, face aux manifestations des gilets jaunes en Europe, un rédacteur en chef de l’UER m’a suggéré une pensée intéressante : Qui faudrait-il interviewer et de à devrait-on demander des réponses si des voitures ont été incendiées dans le centre d’une grande ville, lorsqu’une manifestation a été organisée par un groupe actif sur les réseaux sociaux ? Qui est la personne responsable d’un mouvement qui s’exerce via les réseaux, que les journalistes doivent interviewer ?
Dans le monde d’avant, il y avait toujours eu un chef, un responsable, un président ou un autre référent dans les grèves et les manifestations. Les journalistes qui interviewent cette personne lui posent des questions. Dans le monde des réseaux sociaux, les mouvements populaires naissent à vitesse accrue. Citons par exemple les mouvements nés dans les bulles de filtres qui ont débouché sur #BlackLivesMatter ou encore la prise d’assaut du Capitole de Washington (que Donald Trump n’a pas pu monter à lui seul). Les mouvements des réseaux sociaux ne naissent pas à partir de zéro, mais un mouvement existant peut être renforcé comme on l’a appris à travers le scandale Cambridge Analytica lors des élections américaines en 2016.
Les algorithmes de Facebook, YouTube et Tik Tok relèvent du secret professionnel. Ils décident cependant ce que chacun de nous voit en ligne. Et ils influent sur notre manière de penser. En exagérant, on pourrait dire que le pouvoir d’influence social est devenu un secret professionnel. Avec le ciblage sur les réseaux sociaux, on peut vendre à la fois des baskets et des pensées sociétales.
Nous, les reporters, nous devrions disposer de nouveaux outils de travail pour suivre ce qui se passe sur les différentes plateformes.
En tant que journalistes, nous sommes plus que jamais nécessaires dans un monde confus et chaotique. Cependant, dans le même temps, nous avons besoin de nouveaux moyens et d’un nouvel état d’esprit pour notre réflexion. Si nous sommes des chiens de garde face au pouvoir, nous devons savoir où se trouve le pouvoir et ensuite, nous devons être capables de faire toute la lumière sur ce pouvoir.
C’est ainsi que nous procédons depuis le 19e siècle.
*Jukka Niva est le directeur de USomen Yleisradio Yle News Lab. Il a travaillé en 2018 au Think Tank à Washington DC Woodrow Wilson Center pour étudier le pouvoir des plateformes des réseaux sociaux. Selon lui, le journalisme figure encore parmi les professions les plus passionnantes au monde.
Lutte contre la désinformation : « Pour gagner une bataille il faut commencer par avoir une armée »
Par Nathalie Gallet, MediaLab de l’Information France Télévisions
La Trusted News Initiative et la BBC Academy ont proposé cette semaine une conférence virtuelle de trois jours sur la confiance dans les informations, une vue du front de la lutte contre la désinformation. Toutes les facettes les plus importantes de ce fléau ont été débattues : Pourquoi croit-on ou ne croit-on pas, quels publics sont les plus fragiles devant la désinformation, quel rôle ont les journalistes dans cette lutte, la technologie comme appui, bref, quelles sont les actions concrètes à mettre en place pour regagner la confiance des audiences.
Cette conférence fut aussi l’occasion d’annoncer une nouvelle recherche indépendante de l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme (RISJ), financée par BBC World Service, qui souligne l’importance de labels indépendants de vérification des faits dans la lutte contre la désinformation autour du Covid-19.
Connaître son public, et ses biais cognitifs
Tout le monde peut s’exprimer sur Internet. Il y a tellement d’informations que l’on ne distingue plus le vrai du faux. La désinformation a de plus en plus de facilité à s’immiscer dans l’esprit des gens. Le seul moyen d’y faire face est de connaître son audience pour gagner sa confiance et savoir comment l’atteindre avec la bonne information.
45% des lecteurs ne passeraient que 15 secondes sur un article, et 60% des personnes ne reviendraient pas sur l’article pour approfondir ce qu’ils ont lu. Il y a toujours plus de recherches sur la perception, comment une audience reçoit les informations. Pourquoi une population croit-elle les fausses informations plus qu’une autre ? Dans les résultats d’études on découvre que le cerveau humain est parfois plus à même de se souvenir d’une désinformation que d’une information.
Les fausses informations sont répétées jusqu’à obtenir “satisfaction” auprès de la cible. Elles exploitent par là même le biais de confirmation. C’est un fonctionnement du cerveau qui vous aveugle : tout ce qui peut contredire une croyance devient impensable. Alors si vous avez cru à une fausse information parce qu’elle vous a été délivrée plusieurs fois, relayée par des personnes que vous connaissez, appuyée par une recherche sur internet qui vous a apporté des articles ou vidéos dans le sens de la fausse information, votre cerveau deviendra imperméable à la « bonne information », même si on vous l’explique et que l’on vous prouve que vous avez été trompé. Il y aura toujours un indice qui semblera vous prouver que la fausse information est la bonne. Il y a alors de fortes chances pour que ce soit celle-ci que vous reteniez…
Des études montrent qu’il ne faut pas contrer une fausse information trop tôt sous peine de la diffuser plus largement qu’elle ne l’aurait été sans l’intervention d’une vérification. Cette action mettant la lumière sur la désinformation, elle risque de favoriser plus la fausse nouvelle que sa contre-mesure explicative.
Notre cerveau est si complexe et nos réactions si diverses selon nos origines géographiques, selon notre milieu socio-culturel, notre possibilité d’accéder aux bonnes informations ou non, que le “désordre informationnel” est extrêmement complexe à comprendre. Selon Claire Wardle, cofondatrice et directrice de First Draft, “nous devons [mieux] comprendre l’écosystème à travers des études de chercheurs expérimentés, pas des études d’étudiants de première année”. Un process qui prendra des années, mais qui est indispensable pour nous rapprocher de solutions durables contre la mécanique de la désinformation.
Trouver de nouvelles méthodes pour informer, avec son public
“Pour gagner une bataille il faut avoir une armée”, explique Clara Jimenez Cruz, journaliste, directrice et cofondatrice de Maldita.es.
Le site s’engage dans un dialogue permanent avec ses lecteurs, et la rédaction de Maldita.es s’aperçoit que leur audience devient alors l’ambassadrice et le relais de leur travail.
Les lecteurs des articles de vérification de Maldita.es peuvent atteindre plusieurs personnes avec le message de contre-mesure de la désinformation. Ils partagent leur savoir avec leurs connaissances – familles, amis- , et ont ainsi plus de chances d’être écoutés. Autre technique mise en place : Maldita étudie les acteurs de la désinformation et utilise des visuels ressemblants pour ses articles. Selon Clara Jimenez Cruz, cette technique porte ses fruits, peut-être parce que les personnes attirées habituellement par des sites connus pour leur biais de désinformation retrouvent une sorte d’univers visuel qui les met à l’aise. La tentative de Maldita.es a un sens si cela permet de diffuser une bonne information auprès d’un public mal informé.
Désinformation, mésinformation, quelle différence ? Abbie Richards, l’explique à sa manière dans une vidéo sur TikTok
@tofologySome sources in comments♬ Act 2: In the Hall of the Mountain King – Edvard Grieg
Abbie Richards est une jeune scientifique qui a réalisé l’étendue de la désinformation pendant la pandémie. Elle a commencé à créer des vidéos expliquant le conspirationnisme. Son graphique au crayon de papier a fait 1 million de vues. Elle a continué sur cette voie en tentant d’éclairer son public sur les méthodes qui permettent l’aveuglement des esprits, notamment avec une série de vidéos sur le mouvement Qanon. Scientifique, mais pas journaliste, son seul objectif est de permettre aux gens de retrouver leur esprit critique.
Sa méthode est basée sur l’humour, le jeu de rôle, mais aussi des argumentaires sérieux. Abbie Richards réussit là un beau tour de force en embarquant quelques centaines de milliers de jeunes vers des connaissances essentielles pour ne pas “tomber dans le panneau” de la désinformation.
A l’autre bout de la planète, en Indonésie, la BBC réalise aussi des programmes adaptés pour son jeune public. Après l’avoir sondé, ils ont mis en place des petites séries de vidéos, explique Ankur Garg, directeur de BBC Media Action.
Really enjoyed the session on strengthening young people as the first line of defence against disinformation at #TIN21 conference. Thanks to @PhilippaBBC @abbieasr. @BBCAcademy @aksikitaindo https://t.co/YY5MGkhFqH
— Ankur Garg (@gargalal) March 23, 2021
C’est dans toutes ces initiatives qu’un public grandissant, sensible au fonctionnement de la désinformation, aide à lutter contre la désinformation et la mésinformation en relayant son savoir.
La technologie, un complément essentiel
Des médias et des géants de la tech s’allient pour permettre à la technologie d’appuyer les journalistes dans leur quête de la vérité.
Ces deux mondes parallèles se complètent : quand l’œil de l’homme ne peut pas grand-chose, les méta-données cachées ou les modèles entraînés à l’IA peuvent lever le lièvre que l’humain n’aurait pas détecté.
Il y a beaucoup d’initiatives aujourd’hui mais celle qui a été présentée tient dans le fait de “marquer” les contenus proposés par des entreprises fiables pour qu’ils soient repérés s’ils sont réutilisés d’une manière abusive, une sorte de « certification de la bonne information ». La Coalition for Content Provenance and Authenticity (C2PA) s’attaque en effet à la prévalence des informations trompeuses en ligne en développant des normes techniques pour certifier la source et l’histoire (ou la provenance) du contenu médiatique. La C2PA est un projet de la Joint Development Foundation, formé par une alliance entre Adobe, Arm, Intel, Microsoft et Truepic.
Les fact-checkers doivent persévérer
Faire du fact-checking est parfois dangereux, et les fact-checkers témoignent être la cible de certains pouvoirs, de partis extrémistes, de groupes conspirationnistes. Travailler dans l’une des organisations officielles de fact-checking, un media reconnu, peut aider. Les hiérarchies mettent en place des « boucliers » pour protéger leurs employés du harcèlement et des menaces. Parfois ils vont jusqu’au dépôt de plainte pour éloigner le danger. Alors qu’est-ce qui pousse ces professionnels à continuer ? Les journalistes de la Trusted News Initiative, appuyés par le directeur général de la BBC, Tim Davie, évoquent leur foi dans un journalisme d’enquêtes sérieuses essentielles à un monde démocratique.
La Trusted News Initiative (TNI) réfléchit depuis 2019 à la manière dont les plateformes technologiques mondiales et les organisations médiatiques peuvent jouer un rôle en travaillant ensemble pour protéger ce qui est dans notre intérêt mutuel : la confiance en l’information. Composée de quatre grandes plateformes tech et de certains des noms les plus fiables du journalisme mondial, notamment la BBC, l’AFP, AP, l’UER, Reuters et le Washington Post, elle se bat afin d’atteindre son public avec une information vraie, sérieuse et concrète.
Faire son travail d’enquête avec des règles précises, une éthique, des preuves et relayer les résultats de manière transparente constitue l’arme de base des journalistes. Ce fond n’empêche aucunement d’adapter la forme de présenter les enquêtes pour que l’information remporte la victoire devant l’ignorance ou pire, la manipulation.
Faire un excellent travail en présentant l’information “à la manière” de nos publics, ce serait, si l’on écoute les conférenciers du TNI, une des solutions pour démêler quelque peu ce “désordre informationnel” et permettre aux citoyens de savoir à quoi s’attendre quand ils cherchent à s’informer.
#SXSW2021 : Les « Tech Trends » d’Amy Webb, bienvenue dans votre épisode de Black Mirror
Par Kati Bremme, Direction de l’Innovation et de la Prospective, France Télévisions
Disruption du monde oblige, cette année, Amy Webb ne propose pas un « Tech Trends Report » mais douze, à l’occasion d’un festival SXSW entièrement en ligne. Le choc de la pandémie a révélé 500 tendances technologiques et scientifiques, que la fondatrice du Future Today Institute a mis à disposition du grand public gratuitement sur sa plateforme, afin de donner à tout le monde les clés de compréhension de ce « New World Disorder ».
Pilotée par la data en avance sur son temps, « l’Institut de l’Avenir d’Aujourd’hui » incite les entreprises et gouvernements du monde entier à intercepter les signaux forts et faibles pour mieux se préparer à l’avenir. Mais détecter des signaux n’est pas suffisant pour survivre dans un monde en perpétuelle disruption. « Lean into uncertainty » (S’adapter à l’incertitude) est le deuxième leitmotif d’Amy Webb, qui prévient : « Survivre à une pandémie globale […] ne nous rend pas immunisés face au chaos de l’avenir », avec une « Roue des disruptions » qui continue à tourner sans que nous n’ayons de grande influence sur les macroforces externes.

Future Today Institute, Wheel of Disruption
Les tendances détectées sont le résultat de l’intersection des macroforces et des signaux faibles, qui se développent sur une période plus ou moins longue, et qui ont été, pour la plupart, accélérés l’année dernière par la crise du COVID-19.
Des 500 pages du rapport 2021, Amy Webb extrait 3 idées clés :
- YoT, le « You of Things« , avec notre corps comme partie intégrante du réseau,
- Le « Mixed Reality World« , un monde qui crée une nouvelle réalité en s’alimentant du YoT et des informations sur nos comportements,
- Le « New World Disorder« , une nouvelle vie marquée par les applications au service d’une élite privilégiée.
1YoT, le « You of Things »
En 2018, le Future Today Institute avait annoncé la fin des smartphones. En effet, les ventes de smartphones sont en baisse depuis plusieurs années, remplaçées petit à petit par des appareils connectés d’un nouveau genre, que nous allons soit porter sur nous, soit même implanter dans notre corps, comme c’est déjà le cas avec des pacemakers connectés. Des « smart glasses » qui augmentent la réalité, des bracelets qui détectent nos émotions, ou encore des écouteurs qui mesurent notre température, capables de croiser nos données biométriques avec nos comportements, sont autant de points d’entrée pour de possibles attaques sur notre vie privée.
Vendus comme des outils qui nous permettent de mieux vivre, en régulant la température de notre literie pour un sommeil réconfortant (Ooler Smart Sleep Technology), en simulant une respiration pour nous calmer (Somonex Sleep Robot) ou en traquant notre métabolisme (Lumen), ils sont de nouveaux partenaires bien-être alimentés en permancence par nos données.
La pandémie a accéléré la télémédecine, et poussé à standardiser les données de santé électroniques. Face à une population qui se méfie du traitement de leurs données, les vendeurs de ces appareils connectés prônent des réseaux protégés et fermés de proximité, des « Mesh Network », comme Amazon Sidewalk. De nouvelles interfaces homme-machine se développent, et notre moyen d’interaction actuel, la voix, sera remplacé par des « BCI », des Brain Controlled Interfaces, avec des machines directement pilotées par nos cerveaux (Neuralink).
Le problème de ces appareils de plus en plus présents dans notre vie quotidienne ? Ils appartiennent presque exclusivement aux « Big Nine » : les GAFAM du côté des Etats-Unis, et les BAT en Chine. A terme, ces outils seront capables non seulement d’améliorer notre vie, mais aussi de potentiellement la manipuler, à travers des propositions commerciales en rapport avec nos émotions, ou peut-être même en « hackant » directement nos cerveaux…
2« Mixed Reality World », la nouvelle réalité mixte
De plus en plus, les domaines numérique et physique s’entremêlent d’une manière nouvelle dans un monde « phygital ». D’un côté, dans la « Réalité assistée« , le numérique nous facilite déjà la vie depuis longtemps (GPS). On y trouve aujourd’hui des médicaments sous forme de jeux vidéo, approuvés par la FDA, le régulateur américain, qui améliorent la fonction d’attention chez les enfants atteints de troubles de l’attention (TDAH).
De l’autré côté, dans la « Réalité réduite« , on supprime certains stimuli, comme avec les casques réducteurs de bruit. Demain, avec les lunettes et les écouteurs connectés, on pourrait imaginer un monde parfait, où serait gommé tout ce qui ne nous plaît pas (comme les poubelles dans les rues de Paris). Une bulle de filtre poussée à l’extrême, qui, à terme, nous désensibilisera complètement de la réalité.
Want to be scared today? Read @amywebb 2021 Tech Trends Report on Diminished Reality. How do we skip this Black Mirror episode? #intouchwith #SXSW
— juliagilbertosmond (@juliagilbertos1) March 16, 2021
Les réalités mixtes sont aussi le terrain de jeu des « médias synthétiques« , comme les appelle Amy Webb, ou encore des deepfakes. De nouvelles plateformes pour fabriquer son propre deepfake de plus en plus sophistiqué émergent (Synthesia, Alethea), et le numérique, voire même le virtuel a envahi nos vies confinées sous la pandémie. L’industrie de la mode en est un example frappant, avec des vêtements numériques que l’on peut porter dans un monde parallèle digital, alter ego des oeuvres d’art en jpeg qui se vendent désormais aux enchères chez Christie’s.
Les deepfakes préfigurent le possible remplacement de l’interaction commerciale humaine par des machines dont on peut programmer la « likeability » (leur capacité de se faire aimer par la personne en face).
Avec une question fondamentale : comment faire confiance dans un monde de réalités altérées, où certains seront capables de se créer une extension numérique parfaitement réaliste de leur personnalité ?
3Le « New World Disorder »
Le virus a radicalement changé notre réalité, et nous a fait accepter des intrusions dans notre vie personnelle autrefois interdites. Aux Etats-Unis, on échange volontairement les données de santé des enfants pour leur permettre un accès à l’école.
Des « hacktivistes » utilisent leurs compétences numériques pour contribuer à façonner les politiques, les conversations et les pratiques commerciales au niveau local, régional, national et international. Cela va des investigations Open Source (Bellingcat) jusqu’à la prise d’influence sur les réseaux sociaux et des attaques coordonnées sur des sites web des administrations, qu’Amy Webb baptise CDoS, Corporate Denial of Service (dérivé de DDoS, Distributed Denial-of-Service).
Une bonne (et un peu effrayante) nouvelle sur le chemin de la sélection naturelle à la sélection artificielle : grâce à la biologie de synthèse, nous sommes désormais capables de concevoir et construire (« synthétiser ») de nouveaux systèmes et fonctions biologiques, comme avec cette imprimante capable d’imprimer des génomes de synthèse.
Let’s print a new virus …🤯😱… life coding is changing … @amywebb #syntheticbiology #DNA #SXSW #SXSW21ECH pic.twitter.com/5GlqEb4ezP
— Nicolas Diacono #SXSW2021 (@nincoroby) March 16, 2021
On imagine le scénario d’une conquête de Mars où l’on pourrait envoyer depuis la terre des informations à des imprimantes installées sur la planète rouge, pour y fabriquer des organismes vivants parfaitement adaptés aux conditions locales.
Avec le pouvoir de plus en plus grand des plateformes, la journaliste Molly Wood revendique un besoin de « Cloud Neutrality » face à une infrastructure privée qui pèse plusieurs milliards de dollars et qui est désormais essentielle à l’économie moderne de l’Internet.
En conclusion de la présentation des Tech Trends 2021, Amy Webb ne présente pas de scénario optimiste cette année. Au milieu de cette gigantesque transformation du monde, sa seule recommandation pour 2021 sera de détecter les tendances en laissant de la place à l’ambiguïté, tout en ayant le courage d’agir collectivement pour le bien des futures générations.
Le rapport complet est accessible sur le site du Future Today Institute
The Future Today Institute’s 14th annual Tech Trend Report is now available to download. The cataclysmic events of 2020 led to hundreds of new signals. This year’s report covers 500+ tech and science trends — so we’re publishing 12 separate reports. https://t.co/PozMXYXjXI pic.twitter.com/ZVD04ojaMS
— Future Today Institute (@FTI) March 16, 2021
Illustration : Fernando Jorge sur Unsplash
Consommation média : le fossé se creuse entre les générations
Par Kati Bremme, Direction de l’Innovation et de la Prospective France Télévisions
Entre 2015 et 2020, nous sommes passés d’une similitude à 58 % dans la façon de consommer les médias entre les 16-34 ans et les 55+ à seulement 8% aujourd’hui. C’est là l’une des conclusions les plus frappantes de la 3ème édition de « Making Sense : The Commercial Media Landscape », dans lequel l’IPA examine l’évolution du paysage médiatique commercial de la Grande-Bretagne au cours des 15 dernières années, de 2005 à la pandémie en 2020 et au-delà. Ces cinq dernières années ont en effet, pour certains, connu plus de changements que les 50 années précédentes, et l’on observe un fossé de plus en plus grand entre les générations dans leur pratique des médias.
79% du temps d’utilisation des médias commerciaux pour les 16-34 ans est désormais consacré aux médias numériques. Alors que les jeunes adoptent des habitudes de consommation de plus en plus numériques, la génération des 55 ans et plus semble connaître une sorte de mouvement contre-numérique, avec une augmentation de la portée, du temps passé et du temps partagé pour la presse écrite, la télévision linéaire et la radio en direct.
Un comportement média pratiquement inchangé, sauf pendant le confinement
Malgré la pléthore de nouvelles plateformes lancées, les modèles de consommation médiatique des adultes de Grande-Bretagne n’ont pratiquement pas changé en 15 ans : Si l’on compare la forme d’une journée médiatique en 2005 par rapport au début de 2020, on constate que les consommateurs regardent toujours des vidéos le soir, l’audio est toujours à son apogée le matin, l’affichage augmente au fur et à mesure que la journée avance, et la lecture de texte est à un niveau relativement bas mais constant tout au long de la journée. Seule exception : le confinement, qui représente la toute première déviation de ces schémas établis, avec une augmentation des médias textuels tout au long de la journée, un déplacement du pic audio du matin vers le milieu de la journée, une forte augmentation du pic vidéo du soir et une augmentation de l’utilisation d’Internet.
Mais si les formats semblent stables jusqu’au début de 2020, les canaux sur lesquels ce contenu est consommé changent.
Un élément intéressant dans le changement de comportements : ce sont les publics plus jeunes (16-34 ans) qui sont en avance sur le passage vers les services vidéo et audio par abonnement dans les médias non-commerciaux. Les générations plus anciennes restent fidèles à BBC TV et radio, même si ici aussi, les services par abonnement sont en légère croissance.
Une journée média remixée
En comparant le paysage médiatique global pour tous les adultes au début de 2020 par rapport au confinement, on aperçoit l’impact des changements dans la vie quotidienne. L’utilisation d’Internet, largement déterminé par l’usage sur le lieu de travail, l’achat de billets pour les voyages ou des événements et la consultation de la météo baisse naturellement de façon conséquente. La télévision commerciale défend sa première place en termes de portée et de temps passé, quand le temps de visionnage a augmenté sur toutes les plateformes vidéo. Malgré la croissance rapide des plateformes de communication vidéo comme Zoom, l’étude voit très peu de preuves d’une révolution numérique généralisée au cours de l’année dernière, la consommation de vidéos en ligne ayant augmenté en tout de 11 %.
Une utilisation des devices très différente selon les générations
L’étude observe une augmentation significative du temps passé sur un smartphone pour tous les adultes, la part de ces derniers passant de 20 % en 2015 à 29 % en 2020. Cependant, le temps total passé avec des appareils numériques a légèrement diminué pendant le confinement, les personnes ayant moins besoin d’utiliser des appareils pour le trajet domicile-travail, l’utilisation des PC/ordinateurs portables étant passée de 12 % à 10 % et l’utilisation des tablettes de 5 % à 3 %.
La différence de la consommation média entre générations se reflète de manière frappante dans l’utilisation des appareils :
Chez les 16-34, les changements les plus significatifs
Comme les années précédentes, les changements les plus importants ont été observés chez les 16-34 ans, mais l’endroit où ces changements se produisent a changé. Alors que les médias sociaux continuent de dominer le temps consacré aux médias commerciaux par les 16-34 ans, avec 33 % du temps total passé, la plus forte croissance est due aux autres vidéos en ligne, avec une augmentation de 236 % du temps passé entre 2015 et 2020. L’écart de temps passé entre les autres vidéos en ligne et la télévision commerciale en direct/enregistrée était de 27 % en 2015 ; en 2020, il sera réduit à 2 %, la télévision commerciale en direct/enregistrée représentant 16 % du temps consacré aux médias commerciaux en 2020. Alors que les autres vidéos en ligne ont connu une croissance rapide, la télévision commerciale en direct a connu un rythme de croissance légèrement plus lent, avec une portée hebdomadaire de 31 % en 2020 et en 2020.
Pendant le confinement, pour la première fois, les 16-34 ans ont passé plus de temps à regarder d’autres vidéos en ligne que la télévision commerciale en direct ou enregistrée. Autre fait intéressant de noter : au cours de cette période, les emails ont connu une augmentation de leur portée (+10%) et de la part de temps passé pour les 16-34 ans. Ces changements peuvent s’expliquer par l’augmentation du temps passé à la maison, la nature physique et tangible du courrier et le lien avec le monde extérieur qu’il offre devenant des facteurs importants pour les 16-34 ans.
Chez les 35-54 ans, une évolution de la consommation des vidéos en ligne
Comme pour les 16-34 ans, la réduction du temps passé avec la télévision commerciale en direct/enregistrée est l’un des changements les plus importants entre 2015 et 2020. En 2015, la télévision commerciale en direct/enregistrée représentait 42% de la journée consacrée aux médias commerciaux pour les 35-54 ans ; en 2020, cette part est tombée à 29%. Cependant, la télévision commerciale en direct/enregistrée détient toujours la plus grande part de tous les médias commerciaux et la deuxième plus grande portée hebdomadaire.
Pendant le confinement, la télévision commerciale en direct/enregistrée a connu une augmentation significative dans la part de la journée de médias commerciaux, avec une part de 36%, la plus élevée depuis avant 2018. Cependant, la portée hebdomadaire est restée relativement constante à 87%, ce qui signifie que c’étaient des téléspectateurs existants qui regardaient davantage la télé. La plus forte croissance de la portée hebdomadaire a été enregistrée par les autres vidéos en ligne (+17%) et les informations commerciales en ligne (+17%), ce qui pourrait s’expliquer par l’augmentation du temps libre et l’intérêt accru pour l’actualité.
Chez les 55+, un retour en arrière
De tous les groupes d’âge, c’est celui des 55 ans et plus qui a le moins changé de comportement vis-à-vis des médias commerciaux. Pour les 55+, la corrélation entre le temps passé sur les canaux médias en 2015 et en 2020 est de 99% et pour la portée hebdomadaire, elle est de 94%. La télévision commerciale en direct/enregistrée continue de dominer le temps d’antenne des 55+, avec seulement une légère réduction du temps passé au cours des cinq dernières années, passant de 53% à 49% du temps. Même à ce niveau, la télévision commerciale en direct/enregistrée occupe toujours quatre fois plus de temps que tout autre canal de médias commerciaux pour les 55+. La croissance la plus importante a été celle des actualités commerciales en ligne, qui a augmenté de 261% au cours des cinq dernières années, mais sa portée reste nettement inférieure à celle des marques d’actualités (imprimées) et des marques d’actualités (en ligne). Les magazines (en ligne) ont également connu une croissance rapide, augmentant leur audience hebdomadaire de 149% au cours des cinq dernières années.
Le confinement a ramené la consommation médias des 55+ cinq ans en arrière. La part de la télévision commerciale en direct/en différé est remontée à 52 %, celle des marques d’actualité (presse écrite) à 10 %, comme en 2015, et celle des médias sociaux à 8 %, soit un point de pourcentage de moins. Comme en 2015, les consommateurs ont passé plus de temps sur les marques d’information (presse écrite) que sur les médias sociaux, un résultat surprenant étant donné que de nombreux magasins étaient fermés pendant le confinement, on s’attendait à ce que les sources d’information en ligne soient privilégiées pour des raisons de commodité. Ces changements se sont également reflétés dans les changements de la portée hebdomadaire.
Conclusion
Si l’étude s’était seulement concentrée sur le paysage médiatique commercial du point de vue de tous les adultes, elle aurait dressé le portrait de changements qui correspondaient globalement aux attentes compte tenu des circonstances. Cependant, en creusant plus profondément dans les différents groupes d’âge, elle met en exergue les dangers de la » moyenne « , à savoir que la cause de cette stabilité relative et de ce changement prévisible au niveau de l’ensemble des adultes n’est pas due au fait que tous les groupes d’âge évoluent dans la même direction au même rythme, mais plutôt l’inverse dans des directions très différentes, souvent à des vitesses très différentes.
Pour les plus de 55 ans, il semble presque que sous le confinement, les actifs tangibles des médias physiques (Print, TV linéaire, Radio) soient devenus une référence rassurante, tandis que les médias numériques ont permis aux 16-34 ans de maintenir un lien avec un monde qui change à une vitesse effarante.
Clubhouse et la révolution de la radio
Par Ezra Eeman, Senior Manager Digital, Transformation and Platforms, EBU
Comment les applications audio sociales modifient le paysage sonore
« Un, deux, trois, quatre. Est-ce qu’il neige là où vous êtes, M. Thiessen ? » La toute première transmission radio d’une voix en 1900 par Reginald Fessenden* n’était guère plus qu’un simple échange sur la météo. Le nom de Fessenden est oublié depuis longtemps, mais ce premier aspect conversationnel de la radio semble plus vivant que jamais. Qu’elles soient numériques, distribuées, dans des salles organisées spontanément, les conversations audio prennent d’assaut l’internet. Je parle bien sûr de Clubhouse et de diverses autres applications audio sociales qui connaissent actuellement une hausse de popularité considérable.

Un simple buzz ? Peut-être. L’écosystème est encore nouveau et fragile et le business model encore flou. Cependant, cette cartographie ne cesse de s’étendre. Le monde étant confiné, nous semblons tous aspirer à plus d’intimité dans nos expériences numériques. Là où la vidéo peut vite être accablante, l’audio offre un niveau de sensibilité plus faible pour les échanges spontanés.
Donc, plutôt que de considérer cela comme une mode passagère, je pense qu’il est intéressant d’examiner la dynamique générale qui se cache derrière la situation actuelle. Une troisième génération d’audio fait son apparition ; mais elle est à la fois singulière et dotée d’éléments proches des talk-shows radiophoniques en direct.
Est-ce donc la prochaine étape dans un grand processus de décloisonnement de la radio ? (Mention spéciale à Ben Evans qui a su capter l’air du temps en début d’année)
Qu’est-ce que la radio ?
Étonnamment, on retrouve encore aujourd’hui les caractéristiques qui ont fait la singularité de la radio pendant plus de cent ans. Appelons cela la Radio 1.0 : Une radio linéaire terrestre en direct, avec toute la magie qui en découle. Elle connecte les gens, les idées et la musique dans un programme qui guide les auditeurs tout au long de la journée. Bien sûr, il ne s’agit plus seulement d’une antenne qui diffuse du contenu. Les moyens de production et de distribution ont radicalement changé, mais d’un point de vue stratégique, la radio numérique est essentiellement la même radio de diffusion enveloppée dans un format de distribution différent.

L’expansion de la sphère audio
La radio 2.0 a introduit un certain contrôle des utilisateurs grâce à l’interactivité et au contenu à la demande. Grâce à d’ingénieux dispositifs de rattrapage, personne n’a plus jamais eu le malheur de manquer une émission de radio. Et lorsque l’iPod a vu le jour, la frontière entre la radio et le son s’est définitivement estompée. Soudain, la musique et les programmes sont devenus transportables à grande échelle et les limites de la radio ont été repoussées. Le podcast d’une émission de radio est-il toujours de la radio s’il est stocké à côté de livres audio et de récits originaux à la demande ?
Le flux linéaire a également évolué. Les services de streaming Web et mobile reproduisent désormais des flux semblables à ceux de la radio, ce qui permet de mettre en file d’attente de la musique, un talk-show et bien plus encore.
Spotify et Deezer sont des exemples évidents, mais les offres sont innombrables et même les services vidéo comme YouTube et Vimeo peuvent désormais être considérés comme des stations de radio alternatives.
Voyons la grille des possibilités : la radio linéaire en direct (Radio 1.0) fait place à des épisodes et des flux à la demande (Radio 2.0).
Ce qui reste, c’est le volet moins exploité des séquences en direct : de prime abord spontanées et sociales, mais également très ciblées ou personnalisables. C’est la troisième vague : la Radio 3.0.
La Troisième vague
La dernière génération d’applications audio possède une dimension sociale particulière. Elles peuvent être des extensions de réseaux sociaux existants permettant de discuter ou d’envoyer des messages audio (par exemple, Twitter lance des tweets audio).
Ou alors, il s’agit de tout nouveaux écosystèmes sociaux qui mettent l’audio au cœur du dispositif, comme Clubhouse, Space ou Voicehub. Ces dernières peuvent être assez déroutantes avec des centaines de personnes réparties dans des « salons », encadrées par des modérateurs plus ou moins compétents. Néanmoins, même dans ce cas, on commence à entendre des talk-shows très bien produits et exécutés. Avec des invités de choix, des règles de participation claires et un planning que vous pouvez ajouter à un agenda pour ne pas manquer les conférences à venir.

Une deuxième évolution tout aussi importante de la Radio 3.0 est l’avènement de la radio personnalisée et personnalisable. Avec des médias basés sur des objets, elle permet aux utilisateurs de composer en direct des flux radio avec la musique qu’ils aiment, d’accélérer, de sauvegarder, de passer un morceau, etc. Une émission de radio devient un million d’expériences individuelles – tout en conservant une trame en direct partagée.
Le grand éclatement
Cette troisième vague permet de mieux décomposer le flux radio traditionnel composé de matinales, de bulletins d’information, des hit-parades et d’interviews intimistes. Chaque partie de la grille horaire peut maintenant être vécue de manière isolée.
- La matinale : Spotify s’attaque clairement à ce segment traditionnel de la radio avec de nouveaux formats comme « Your Daily Drive » et « The Get Up ».
- Le bulletin d’information : Google et Amazon redéfinissent tous deux ce format et expérimentent de nouveaux modes d’agrégation des nouvelles comme « Your News Update ».
- Les hits : Spotify et d’autres plateformes de streaming musical ont défini leurs propres classements et remettent en question les hit-parades classiques.
- Le talk-show : Clubhouse et les applications audio sociales innovent avec de nouveaux débats et talk-shows en direct programmés et accueillent des personnalités comme Elon Musk et Mark Zuckerberg.
- Les sujets de fond ou sessions d’interview : Les podcasts d’interviews sont un genre populaire qui imite l’intimité d’une conversation radiophonique.
Réinventer la radio
Plutôt qu’une menace, ce pourrait être une opportunité pour les radiodiffuseurs traditionnels. Jamais auparavant n’y a-t-il eu un paysage aussi riche pour les expériences audio. De mon point de vue européen à l’UER, je constate que de nombreux radiodiffuseurs publics sont prêts à saisir l’occasion.
- Le podcast est en plein essor et une grande partie de ce nouveau temps d’écoute en Europe est consacrée aux contenus produits par des média de service public. Au Royaume-Uni, les podcasts de la BBC représentent 34 % de la production de podcasts. Alors qu’en France, les données de la nouvelle étude eStat Podcast de Médiamétrie illustrent clairement le leadership de Radio France dans le paysage français du podcast.

- Les médias de service public réinventent la radio de multiples façons. En expérimentant des flux intelligents et des contenus atomiques qui peuvent être réorganisés afin d’améliorer l’expérience de l’utilisateur. Les nouvelles fonctionnalités que le radiodiffuseur public allemand SWR explore dans sa nouvelle application mobile en sont un exemple impressionnant.

- Les médias de service public se développent également en mettant en avant des talents plus locaux et plus variés, en mélangeant différents médias et styles pour répondre aux goûts d’une nouvelle génération. RTBF Tarmac en est un parfait exemple. De plus, les nouveaux espaces audio sociaux sont un terrain naturel pour approfondir la connexion avec le public et engager de précieux échanges.

Ce ne sont que quelques exemples de l’évolution de la radio et de l’audio. Nous ne sommes qu’au début de la troisième vague. Beaucoup de nouvelles perspectives devront être explorées et mises à l’épreuve. Tout ne marchera pas, mais l’expérimentation est essentielle et n’a pas besoin d’être complexe. Je suis toujours curieux et j’ai hâte d’en savoir plus sur les initiatives en cours. Alors, envoyez-moi de nouveaux cas prometteurs !
Ps : Je ne suis pas un expert de la radio mais plutôt un expert du numérique passionné par l’audio. Peut-être ai-je manqué une nuance importante. Si c’est le cas, n’hésitez pas à me le faire remarquer ou à me contacter.
*Tout le monde se souvient de Guglielmo Marconi mais le vrai père de la radio pourrait aussi être Reginald Fessenden qui a été le premier à transmettre la voix humaine. Voici un bel article de fond à son sujet. Merci beaucoup Reginald !

Le « Social Reset », un concept applicable aux médias
Par Lisa Rodrigues, MediaLab de l’Information, France Télévisions
Repenser le social, c’est la ligne directrice de la nouvelle étude de l’agence internationale We Are Social. L’année passée a vu les internautes redoubler d’efforts et de créativité pour maintenir un lien social au travers des plateformes et réseaux digitaux. Les relations humaines n’ont pas eu d’autre choix que de se créer et de vivre par écrans interposés, avec les limites que l’on connaît. Pourtant, des enseignements sont à tirer de cette expérience particulière du social en 2020.
Si les possibilités marketing et communicationnelles de ces outils digitaux sont évidentes, le social reset plébiscité par l’étude permet également d’envisager des pistes d’innovation et d’amélioration pour le journalisme. De la collaboration accélérée à un réajustement de l’audience cible, en passant par une digitalisation intelligente et raisonnée, petit tour d’horizon des principaux chantiers du social à lancer dans les médias.
Un véritable journalisme de co-construction
Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, les citoyens ont montré leur intérêt pour des sujets d’actualité et les grandes questions de société. Pour pouvoir en discuter ou s’informer pendant la pandémie, ils ont aussi – et surtout – démontré une incroyable capacité d’adaptation. Ainsi, paradoxalement, si les contacts physiques sociaux ont été diminués, les connexions entre personnes n’ont jamais été aussi rapides et faciles grâce aux messageries en ligne et autres réseaux numériques.
La communication est la clé pour continuer à lancer des projets et à produire des contenus collaboratifs. Elle s’est fortement développée entre les membres des rédactions en télétravail, mais elle doit aussi s’améliorer entre citoyens et journalistes. Intégrer son audience à la vie du média permet de co-construire une dynamique de travail bénéfique à tous, tout en mettant à profit la créativité du public.
Les médias doivent ainsi utiliser les nouveaux canaux de socialisation pour créer une passerelle entre citoyens et journalistes. Dans la presse écrite, le traditionnel courrier des lecteurs devient peu à peu digital, et est de plus en plus pris en compte dans la réflexion des rédactions pour mieux rendre compte de l’actualité. Côté nouveaux formats, Brief.me demande chaque semaine à ses lecteurs de choisir le sujet de la newsletter du weekend. La BBC propose régulièrement aux auditeurs et téléspectateurs de donner leur avis sur les programmes ou la stratégie du groupe. Ces initiatives sont appelées à se multiplier, à s’enrichir et à prendre de nouvelles formes.
Des journalistes plus proches de leur audience
Lors des confinements, la population a surtout construit des réseaux sociaux et d’entraide de proximité au travers, par exemple, de groupes Facebook ou de discussions WhatsApp. Ces chaînes de solidarité se sont souvent maintenues après les déconfinements, rendant encore plus visible l’importance des communautés locales. Cette volonté de réajustement d’échelle du social se perçoit aussi avec la belle audience de la presse quotidienne régionale : 19,3 millions de Français – soit presque un tiers de la population – la lisent chaque jour, tous supports confondus, selon une étude ACPM-One Next.
Pourtant, la proximité ne doit pas seulement être géographique, elle doit aussi être humaine, relationnelle. Et pour cela, rien de mieux que les réseaux sociaux, devenus un des canaux d’accès les plus utilisés pour interpeller ou attirer l’attention des médias et des journalistes. Les rédactions sont plus proches des citoyens et peuvent suivre leur communauté de lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs pour adapter leurs contenus, notamment. Les équipes en charge des plateformes sociales pour les médias enfilent ainsi de plus en plus souvent la casquette de médiateur.
Même si les réseaux sociaux sont loin d’être la seule manière pour les journalistes de s’adresser au public, il n’en reste que ces outils les rendent plus accessibles, à condition de faire une distinction très claire entre compte professionnel et compte personnel. Les contenus publiés sur des comptes personnels pouvant être perçus par certains internautes comme étant publiés « au nom de » la rédaction génèrent parfois des mésaventures, comme récemment au New York Times.
La transparence et les valeurs claires
Se montrer sur les réseaux sociaux, être présent et créer du contenu ne suffit plus. Désormais, pour les internautes, les personnalités et entités publiques doivent être plus transparentes sur leurs valeurs et leurs convictions et, d’une certaine manière, s’engager.
L’engagement en ligne sur des sujets de société est maintenant chose courante et débouche de plus en plus sur des actions dans le monde physique, à l’instar du mouvement Black Lives Matter. Il n’est plus seulement demandé aux médias de couvrir ces évènements, il leur est aussi demandé de prendre en compte certaines revendications dans leur travail. Par exemple, pour rester sur le sujet de l’égalité et de la diversité raciale, le Kansas City Star s’est excusé en début d’année de sa couverture de l’actualité des Afro-Américains sur plusieurs décennies, et de plus en plus de rédactions se posent la question de la diversité dans leurs équipes.
Pour les médias, ces prises de position montrent aussi une forme de reconnexion avec la réalité. La critique de rédactions hors-sol a souvent été formulée ces dernières années, et cela a certainement joué sur la baisse de confiance envers les journalistes et sur la baisse d’audience de certains formats. Sans pour autant devenir militants, les médias ont une parole publique puissante et doivent, à la demande de leur lectorat, l’utiliser à bon escient. Beaucoup prennent donc des engagements sur des sujets comme l’écologie. The Guardian a ainsi stoppé l’année dernière la diffusion de publicités pour les énergies fossiles.
Une relation raisonnée avec les outils sociaux
Une multitude d’outils sociaux digitaux sont disponibles. Certaines plateformes en particulier se sont révélées lors de la pandémie. Les challenges TikTok, les réunions Zoom, ou une session ClubHouse par Elon Musk en personne sont la « nouvelle normalité ». Les applications permettant de se retrouver au travers d’avatars ont également cartonné, en particulier dans le monde de l’entreprise, où l’on essaie de reproduire numériquement une vie sociale professionnelle et un semblant de relationnel au travail.
Les réseaux sociaux intègrent progressivement de nouvelles fonctionnalités pour répondre à cette demande d’humanisation dans les interactions sociales en ligne. Twitter, par exemple, développe des outils audio et Instagram a introduit des formats longs, des vidéos et plus d’écrit. Les médias sont, globalement, tous présents sur ces plateformes, en essayant de se tenir au courant des derniers outils à leur disposition, en gardant leurs distances avec certains d’entre-eux, et en les utilisant à bon escient dans le respect de leur propre charte éditoriale et de leurs valeurs.
L’apparition de nouveaux formats et de nouveaux réseaux peut être vue comme une possibilité d’innovation et de rapprochement avec le public. Il ne s’agit pas pour les médias de se lancer tête baissée dans la création de comptes tous azimuts, mais plutôt de tirer le meilleur de ces outils d’interactivité sans perdre leur propre personnalité. Le « Social Reset », ce n’est pas juste la présence sur les réseaux sociaux, c’est la mise en place d’un véritable dialogue avec l’audience, n’importe le canal ou la plateforme.
Avec le Social Reset, le journalisme de demain ne peut et ne doit plus rester dans l’entre-soi.
Des chatbots ressemblent de plus en plus aux humains, …avec tous leurs défauts
Par Mathilde Caubel, MediaLab de l’Information à France Télévisions
Les chatbots sont au centre des tendances technologiques depuis le milieu des années 2010. Mais ces compagnons algorithmiques sont loin d’avoir atteint le brillant avenir que certains leur promettaient. Si l’utilisation de chatbots n’est plus perçue comme révolutionnaire, les progrès de l’Intelligence Artificielle ont permis d’étendre et de diversifier leurs usages. Grâce au Deep Learning, un chatbot peut tenir un discours aussi pertinent et idiomatique qu’un être humain, à condition d’avoir préparé le sujet.
Mais qu’en est-il des thématiques complexes et des questions éthiques autour des données qui alimentent les algorithmes ? Le récent dérapage du chatbot coréen Lee LuDa a ouvert un débat sur les zones d’ombre des bots alimentés à l’IA, et a soutenu l’appel actuel pour un cadre éthique autour de leur utilisation.
Des IA conversationnelles de plus en plus humaines ?
Il est vrai qu’au travers de chatbots commerciaux, l’IA a permis d’automatiser beaucoup de tâches dans les relations clients. Conjointement, l’utilisation des chatbots pour le suivi de santé est un réel progrès pour les personnes vivant dans des déserts médicaux. Comme beaucoup de technologies de l’E-santé, les bots sont particulièrement sollicités en temps de pandémie mondiale.
Bien que le “Machine Learning” et le “Deep Learning” aient rendu la création et l’éducation de chatbots plus rapide et accessible, un problème d’automatisation persiste. Face à la complexité de certaines thématiques, où à la spontanéité des utilisateurs, les chatbots demandent un travail conséquent d’alimentation et de modération de la part de l’être humain.
Certains rêvent toujours d’une IA conversationnelle plus vraie que nature. En effet, le brevet du chatbot Microsoft approuvé fin 2020, semble relever de la science-fiction. L’objectif serait de pouvoir interagir avec une personne décédée grâce à un chatbot alimenté avec des données recueillies sur les réseaux sociaux et messageries. Cet ersatz pourrait aussi remplacer une personne bien vivante mais inaccessible, une célébrité par exemple. Ce projet relativement optimiste quant aux pouvoirs de l’IA a rappelé à beaucoup d’internautes un épisode de la série Black Mirror et beaucoup s’inquiètent du cadre juridique et éthique d’une telle innovation.
Imaginez un chatbot qui parle comme vous, qui a votre personnalité, car il a été créé à partir de toutes les données qu’on peut trouver sur vous en ligne (avant ou après votre mort).
Microsoft vient de déposer un brevet pour ça 🤖https://t.co/8MPqCcr8Re pic.twitter.com/nJl9KV8V5P— Leïla Marchand (@LeilaMarchand) January 25, 2021
Des zones d’ombre du côté de la modération et de l’éthique
Dès son lancement, l’IA conversationnelle coréenne Lee LuDa a rencontré un succès retentissant. Incarnant une jeune étudiante de 20 ans, ce chatbot compte bien devenir l’amie virtuelle des jeunes Coréens. Lancé début janvier par l’entreprise ScatterLab, ce chatbot Messenger est loin d’être le premier de ce type en Corée du Sud. Mais il a rapidement gagné une notoriété internationale à cause de ses nombreux dérapages, qui rappellent la mésaventure de Tay, le chatbot Microsoft sorti pour une très courte vie en 2016. Des utilisateurs ont partagé des conversations où le bot tenait des propos haineux sur des minorités, en plus de discours sexuellement explicites. Malgré une rectification de l’algorithme par le créateur et son optimisme quant à l’éducation du bot, le service a été interrompu moins d’un mois après son lancement.
Cette affaire a aussi éveillé des interrogations sur la légalité de la collecte des données grâce auxquelles le programme de Deep Learning de ScatterLab a été alimenté. En effet, il a été nourri de conversations de la messagerie KakaoTalk, une autre application de la start-up. Le pot-au-roses à été découvert lorsque le chatbot LuDa a énoncé des noms de proches ainsi que des numéros de compte en banques, échangé dans les conversations privées sur KakaoTalk. L’entreprise clame n’avoir utilisé ces conversations que dans le seul but de rendre le discours du robot plus naturel, et affirme avoir demandé l’autorisation aux utilisateurs. Mais les conditions de confidentialité ont été jugées trop obscures, et un recours collectif a été déposé contre Scatter Lab pour violation de l’Acte de Protection des Données Personnelles.
Dans le thread Twitter ci-dessous, un journaliste anglais basé à Séoul explique l’évolution de l’affaire Lee LuDa, des premiers dérapages jusqu’aux poursuites judiciaires qu’encourent ses créateurs.
So there’s this new Korean chatbot called Iruda (이루다) doing the rounds online at the moment, making headlines for being sexually harassed.
The bot is also homophobic and transphobic. People on forums wondering how its algorithm works… pic.twitter.com/mjTTkowc0c
— Raphael Rashid (@koryodynasty) January 9, 2021
Ce dérapage d’une intelligence artificielle est arrivé peu de temps après celui du modèle de traitement du langage naturel GTP-3 d’OpenAI, pourtant l’un des plus perfectionnés sur le marché. Pendant les phases de tests de ce modèle pour des bots médicaux, un des bots avait conseillé à un faux patient de mettre fin à ses jours. Cet accident éthique a provoqué de fortes inquiétudes au sein de la société OpenAI qui a décidé de limiter GTP-3 a une forme bêta privée.
Jack Clark, OpenAI Policy Director “ Nous mettrons fin à l’accès de l’API pour des cas d’utilisation manifestement dangereux, tels que le harcèlement, le spam, la radicalisation ou les fakes news.”
L’erreur reste humaine
Le scandale Lee LuDa a été d’autant plus impactant qu’il fait écho à des problèmes de sexisme et de discrimination auxquels fait face la société coréenne. Il a révélé des questionnements sur la transparence et l’éthique de l’utilisation des bots et de l’intelligence artificielle. Malgré les avancées en matière d’IA et de Deep Learning, ce type de dérapage soutient le besoin d’un cadre légal et d’une modération. La prévention des mauvaises utilisations de l’IA et un appel pour sa régulation ont d’ailleurs été au centre des discussions du Forum de Davos 2021.
Liens vagabonds : Wall Street piégé par Reddit
A RETENIR CETTE SEMAINE :
Wall Street piégé par Reddit – La Big Finance prise en otage par les geeks : des traders amateurs ont fait explosé l’action GameStop à Wall Street, entreprise de distribution de jeux vidéo en difficulté, pour contrer la spéculation à la baisse. Cette “révolte populiste” au sein de la bourse new-yorkaise a donné des sueurs froides aux professionnels du secteur et mériterait peut-être que l’on revenienne sur quelques vieilles notions de finance afin de mieux comprendre la folle envolée de GameStop. Ces fameux traders amateurs — ici un portrait de l’initiateur— se sont organisés via un forum Reddit qui a brièvement fermé quelques jours plus tard, victime de son succès ainsi que grâce à une application de trading. Depuis, d’autres groupes de trading populaires ont été fermés par les plateformes après cette frénésie. Un écho à la capacité d’influence des tweets d’Elon Musk :
Facebook News arrive en Europe – Facebook a lancé son portail d’information au Royaume-Uni. Annoncé depuis déjà plusieurs mois, Facebook News est déjà présent aux Etats-Unis et devrait arriver bientôt dans d’autres pays européens. Pour contrer les accusations de manque de transparence et de propagation de fake news, en particulier en période d’élection, le réseau social a déclaré définitivement arrêter de recommander des groupes et contenus politiques à ses utilisateurs, y compris dans Facebook News.
Les profits records des GAFA – Toute au long de la semaine, les entreprises de la tech ont présenté leurs bilans de l’année écoulée. En résumé : elles ont réussi à accumuler des gains, malgré – ou justement grâce à – la crise du Covid-19. Apple a ainsi annoncé un revenu record de 110 milliards de dollars sur un trimestre. De son côté, Microsoft annonce des profits en hausse de 17%, grâce en grande partie aux technologies du cloud.
Cette semaine en France
GaiaX présente sa feuille de route 2021
3 CHIFFRES
- 50 millions d’euros – c’est l’amende que WhatsApp pourrait devoir payer pour atteinte à la vie privée
- 263,4 milliards de dollars – c’est ce que vaut aujourd’hui Apple, faisant de la marque à la pomme l’entreprise à la plus forte valeur boursière devant Amazon
- 78,4% – c’est la hausse du temps de visionnage de live streaming en 2020 sur les principales plateformes, soit 27,89 milliards d’heures
Vous trouverez plus d’infographie sur Statista
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
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GAFA / BATX
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PATENT WARS in DIGITAL ERA
In China there is a great 4 namely BATH (Baidu Alibaba Tencent Huawei). The BATH companies Baidu, Alibaba Group, Tencent and Huawei are the driving force behind China’s patent war blitz. #innovation #patentwar #china #emergingtech pic.twitter.com/bU6zdw5oW1
— Bayu van Adam (@bayuvanadam) January 28, 2021
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LEGISLATION, REGLEMENTATION
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STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
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ES avec Kati Bremme, Mathilde Caubel & Lisa Rodrigues
[Baromètre Kantar-La Croix] Internet et désinformation : une relation toujours ambivalente des Français envers les médias
Par Lisa Rodrigues, MediaLab de l’Information, France Télévisions
Selon le 34e Baromètre Kantar-La Croix, 67% des Français portent « un grand intérêt » au suivi de l’actualité, 8 points de plus par rapport à l’année dernière où la confiance envers les médias était au plus bas. Une des raisons à ce regain d’intérêt est très certainement l’épidémie de coronavirus. La pandémie a, en effet, été omniprésente dans l’actualité en 2020, et le besoin de s’informer n’a jamais été aussi fort.
A retenir aussi, tout d’abord, l’importance d’Internet – et de ses limites – dans les habitudes d’information des Français. Cette tendance se confirme d’année en année. Ensuite, les différences flagrantes entre générations dans leur manière de s’informer. Et enfin, les fake news qui sont toujours autant présentes, mais qui sont aussi de mieux en mieux identifiées par la population.
Les Français restent méfiants face aux médias
Même si le suivi de l’actualité des Français s’est accentué cette année, ils continuent à avoir une attitude plutôt suspicieuse envers les médias. Ainsi, la crédibilité de la radio, de la presse et de la télévision s’établit respectivement à 52, 48 et 42% des sondés seulement. Près de la moitié de la population doute donc de la véracité des faits présentés par les médias. Autre conséquence de cette méfiance, la perception plutôt négative du travail des journalistes par les personnes interrogées. Elles voient majoritairement le métier comme étant dépendant aux instances politiques et aux pouvoirs financiers. Une perception inchangée depuis 20 ans.
La radio, média le plus crédible, mais la télévision reste le format privilégié
La télévision reste le médium privilégié en France pour accéder à l’information. 46% des personnes interrogées suivent l’actualité par son biais. On remarque cependant que moins de la moitié (42%) estiment les faits présentés par la télévision comme étant crédibles. Le média le plus digne de confiance pour les Français reste la radio (52%) alors qu’elle n’est utilisée « que » par 14% de la population pour s’informer. Du côté de la presse écrite papier, seuls 5% l’utilisent pour accéder à l’actualité. Un bien triste écho aux 22% des Français déclarant ne jamais lire la presse dans son ensemble (édition numérique ou papier, magazine).
Internet : je t’aime moi non plus
Un des paradoxes déjà relevé par le baromètre les années précédentes est la perception des Français vis-à-vis d’Internet. Alors que 28% seulement estiment les informations diffusées sur ce canal crédibles, ils sont tout de même 34% à l’utiliser pour suivre l’actualité. En regardant plus précisément les sources d’information en ligne consultées par la population, notons les 29% de Français allant surfer sur les sites et applications de titres de presse écrite – 4 points de plus par rapport à l’année dernière. 20% s’informent via les réseaux sociaux, devant les sites de radio et de télévision ou les médias uniquement en ligne.
Un écart entre les générations
Autre point important, la différence dans la manière de s’informer s’accentue entre les générations. Un premier chiffre retient l’attention : seulement 51% des 18-24 ans suivent avec intérêt l’actualité, proportion identique à l’année dernière. Parmi ces jeunes suivant l’actualité, ils sont une large majorité – 66% des moins de 35 ans – à utiliser Internet comme moyen d’accès privilégié à l’information, le plus souvent via leurs smartphones. Chez les plus de 35 ans ce ne sont que 23% qui utilisent Internet pour s’informer. Ces derniers plébiscitent plutôt la télévision pour suivre l’actualité (53%), alors qu’un peu plus d’un quart des moins de 35 ans « seulement » allume le téléviseur pour s’informer.
La couverture de l’épidémie a (un peu) amélioré l’image des médias
Même si pour 74% des Français, les médias ont trop parlé de l’épidémie de coronavirus – en faisant l’évènement le plus couvert en 2020 –, cela a permis à beaucoup d’entre eux de mieux vivre cette période. Ils sont 64% à déclarer que la couverture médiatique de la pandémie leur a permis de « bien comprendre » la situation. 43% estiment, de leur côté, que le sujet a été mal traité. En lien avec ce dernier chiffre, 73% des sondés pensent que « trop de place » a été laissée aux personnes non spécialistes du sujet. Pour 61% des Français, on a même donné trop de place à des personnes exprimant des positions extrêmes sur la situation.
Certains sujets ont été vus comme mieux couverts que d’autres. Quelques exemples : 90% des sondés déclarent avoir été bien informé sur « l’application des gestes barrières et le port du masque », mais 54% estiment avoir été mal informés sur les débats à propos de la chloroquine. Quand 77% estiment avoir été bien informés sur « les règles touchant au confinement ou au déconfinement », ils sont aussi 57% à déclarer avoir été mal informés sur l’origine du virus. En conclusion, même si le coronavirus a été LE sujet d’actualité en 2020, il n’a pas pour autant permis de renouveler de façon flagrante la confiance des Français envers les médias et leur travail.
La désinformation, encore et toujours présente
Les fake news sont toujours aussi présentes dans le flot d’informations reçu par les Français. Pour rester sur la thématique du Covid, 58% estiment que les médias « ont relayé de fausses informations » sur la pandémie. Autre donnée inquiétante, 44% pensent être confronté au moins une fois par semaine à de la désinformation. Les médias perçus comme les plus gros diffuseurs de fake news sont – encore et toujours – les réseaux sociaux. La crédibilité des informations circulant sur ces plateformes en pâtit. Ainsi, 66% des Français ne font pas confiance aux informations publiées par un ami, et ils sont également 47% à ne pas avoir confiance en celles publiées par un média.
Pour autant – et c’est une petite consolation –, 64% des personnes interrogées déclarent suivre l’actualité pour, justement, « distinguer le vrai du faux ». Peut-être un prélude à un regain d’intérêt pour l’information lors du prochain baromètre ?
Illustration : Bernard Hermant sur Unsplash