Liens vagabonds : Twitter et les médias, je t’aime, moi non plus

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Partir ou rester sur Twitter ? Cette semaine, les enfantillages de son propriétaire, Elon Musk, ravivent les craintes au sujet de l’avenir du réseau social et renforcent le dilemme des journalistes. Lundi dernier, Twitter a déployé son nouveau plan de certification, désormais accordée à tous les comptes qui paient pour l’obtenir. Le New York Times et plusieurs autres grands médias ont d’ores et déjà prévenu qu’ils ne souscriront pas à un abonnement “qui  ne valide plus l’expérience ni l’expertise”. Dans la foulée, Elon Musk a fait retirer le badge doré du New York Times, comparant le media, dans un tweet, à un organe de “propagande”. Le même jour, le compte de NPR, radio américaine en partie financée par des fonds publics, mais totalement indépendante éditorialement, était, lui, labellisé… de “média affilié à l’État ».

Pire, les journalistes qui cherchent à contacter le service de presse de Twitter reçoivent désormais une réponse automatique : l’emoji 💩Même Reporters sans Frontières s’en est ému. Pour beaucoup, ces décisions inacceptables devraient convaincre les journalistes d’abandonner le réseau social. Alex Kantrowitz y voit une opportunité pour eux de développer leur propre média.  Mais Twitter reste un outil essentiel pour trouver des sujets et des sources (notamment sur l’actualité de l’IA générative), développer son réseau, engager son audience, légitimer son expertise, et construire sa propre “marque”.

Alors, “je pars où je reste ?” La solution consisterait peut-être à suivre le conseil que le NYT délivrait il y a déjà un an à ses équipes : Tweet less, tweet more thoughtfully, and devote more time to reporting.”

Cette semaine en France 

3 CHIFFRES

300 millions – c’est le nombre de postes qui seraient menacés par les IA

60% – C’est la baisse estimée des revenus des employés de Twitter en 2022

14,5 millions d’euros d’amendec’est la sanction de TikTok au Royaume-Uni pour ne pas avoir assez protégé les données des enfants

 

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Quels sont les pays où l'on investit le plus dans l'IA ? | Statista

Source: Statista 

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

Le Stanford Institute for Human-Centered Artificial Intelligence (HAI) publie son rapport 2023 sur l’IA. Que faut-il en retenir? 

  1. Le nombre total de publications consacrées à l’IA a plus que doublé depuis 2010. 
  2. Les nouveaux modèles d’IA sont aujourd’hui des millions de fois plus entraînés qu’il y a 10 ans.
  3. En l’espace de seulement trois ans, les modèles linguistiques sont devenus beaucoup plus puissants [cf Transformers].
  4. Le financement des startups d’IA a triplé au cours des 10 dernières années. 57 des 273 entreprises du dernier lot YC travaillent avec l’IA générative.
  5. Les Chinois croient davantage en l’avenir de l’IA que les Américains.
  6. Les entreprises ont aujourd’hui remplacé la recherche universitaire dans le développement de systèmes d’IA de pointe.

et aussi :

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Myriam Hammad et Erwan Le Gal

Liens vagabonds : Doit-on tout arrêter ?

A RETENIR CETTE SEMAINE

Cette semaine, une lettre ouverte appelant à une « pause » de six mois dans les travaux sur l’intelligence artificielle avancée divise l’industrie tech, non seulement entre partisans et sceptiques de l’IA, mais aussi entre les différentes factions de ses critiques. Elon Musk, Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, et plus de 1000 autres personnalités apellent à se poserr poser quelques questions avant de lancer la version 5 de GPT, notamment autour de la désinformation, du remplacement des travailleurs humains (y compris des cols blancs cette fois-ci), et de la finalité de ces IA. Voeu pieux, qui semble irréalisable face à la vitesse des développements (cf la liste ci-dessous) et aux enjeux économiques. Même s’il arrangerait bien ceux qui semblent en retard, comme la Chine, qui vient encore de repousser la sortie de sa réponse à ChatGPT. Sundar Pichai, PDG de Google, prévient à propos de ce momentum de l’IA : « Vous nous [Google] verrez faire preuve d’audace« .

Mais il s’agit aussi de revenir sur terre et de sortir des scénarios dystopiques d’une IA surpuissante, prête à éradiquer l’humanité (certains ont définitivement regardé trop de films de science-fiction). L’IA n’est ni artificielle ni intelligente. On peut même essayer de la réguler (le European AI Act est en train de trouver le bon curseur pour évaluer la dangerosité des derniers modèles de fondation). Le régulateur italien vient de bannir (temporairement) ChatGPT sur son territoire. Plutôt que d’arrêter le progrès (notamment rendu possible par la large diffusion de ces outils), il semble urgent de mieux comprendre les opportunités et risques des IA génératives. Les algorithmes sont définitivement en train de changer nos vies, à nous de faire en sorte que cela soit pour le mieux. 

Mars 2023, le mois de l’IA : 


Les IA de la semaine (non exhaustif) :  +de 360 outils fabriqués à partir de l’IA en 7 jours

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

1/4 du travail peut être automatisé avec l’IA 

Près de 50% des Américains approuvent le ban de TikTok selon une étude récente du Pew Research Center

3000 dollars pour des lunettes de réalité augmentée chez Apple, une bataille entre développeurs et designers

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Source : https://francedigitale.org/publications/mapping-startups-ia 

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

GAFA / BATX

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

ENVIRONNEMENT 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

ES avec Kati Bremme et Myriam Hammad 

 

IA générative : refermer la boîte de Pandore ou saisir les opportunités pour un journalisme de qualité ?

Dans la mythologie grecque, Pandore, première femme humaine, a été dotée de tous les plus beaux attributs par plusieurs dieux qui lui conféraient l’esthétique, le charme et la voix. Connue pour avoir ouvert la fameuse boîte avec laquelle elle était arrivée sur terre et qui contenait tous les maux de l’Humanité, l’on oublie parfois que lorsque la boîte maléfique a été refermée, c’est aussi l’espérance qui y est restée coincée. Face à l’explosion des outils de génération de contenu par l’IA et les craintes émergentes de ceux qui les ont créés, l’humanité semble se retrouver devant un dilemme semblable : refermer la boîte des possibles de l’IA générative ou l’adopter malgré ses biais ? Comment se positionner en tant que média pour amorcer ce tournant et endosser un rôle responsable face aux IA ?

Par Myriam Hammad, MediaLab de l’Information

L’irruption du faux dans la réalité : des outils de plus en plus perfectionnés

Depuis quelques jours, les exemples de deepfakes à l’instar du pape en doudoune Balenciaga, de l’arrestation de Donald Trump  ou bien encore d’ Emmanuel Macron poursuivi par des CRS en plein Paris, connaissent un succès viral sur les réseaux sociaux. Elles sont le résultat de photos de plus en plus réalistes générées par la version 5 de Midjourney. Le 30 mars dernier, le laboratoire de recherche a d’ailleurs annoncé avoir mis fin à la génération gratuite d’images par IA en raison d’”abus extraordinaires. Auparavant, chacun pouvait générer près de 25 images/photos avant de payer un montant équivalent à 10 dollars/mois. Un modèle également partagé par Dall-E d’OpenAI.

Chaque jour, les IA génératives s’améliorent. On retrouve désormais même des guides pour pouvoir perfectionner ses prompts, et donc ses créations, peu importe le domaine concerné. Depuis le 1er mars 2023, l’API de ChatGPT est ouverte. Toutes les heures, on voit apparaître de nouveaux plugins, extensions et fonctionnalités. Newsletters et comptes Twitter spécialisés relaient en quasi temps réel ces développements.

Quand Midjourney 4 permettait encore facilement de détecter des deepfake, Midjourney 5 a corrigé presque toutes les erreurs...
Quand Midjourney 4 permettait encore facilement de détecter des deepfake, Midjourney 5 a corrigé presque toutes les erreurs…

Lorsqu’on y regarde de plus près, on observe que tous les secteurs professionnels sont concernés : assistance administrative, création de vidéos à partir de textes, création de morceaux de musique, design de sites internet, IA pour générer des formules Excel et Google Sheet, ou bien encore écriture d’articles dans des styles “académiques”.

“Deus ex Machina” : des titans de la Tech qui partagent leurs inquiétudes

Dans une lettre ouverte publiée le 29 mars 2023, signée à date par près de 1800 experts de l’intelligence artificielle, ces derniers appellent à une pause de six mois avant de poursuivre de futurs développements concernant les larges modèles de langage sur lesquels est basé, entre-autres, GPT-4, pour en examiner les possibilités et les risques et en tirer les conclusions nécessaires pour protéger la société d’impacts dangereux. L’on retrouve parmi les signataires Elon Musk, Emad Mostaque fondateur de Stability AI, Steve Wozniak co-fondateur d’Apple, ou bien encore des universitaires à l’instar de Gary Marcus. 

L’annonce n’a pas laissé indifférents les nombreux commentateurs : si certains y voient des intérêts stratégiques pour des acteurs qui n’auraient pas encore eu le temps de développer des technologies similaires – et donc l’occasion de pouvoir se “mettre à niveau” -, d’autres pensent la démarche réellement sincère et appellent à une véritable réflexion concertée sur l’éthique à adopter au regard du potentiel disruptif de l’intelligence artificielle. L’absence de Samuel Altman co-fondateur d’OpenAI parmi les signataires est également remarquée : l’entreprise appelait pourtant en février 2023 dans un communiqué à la nécessité d’avis indépendants pour penser l’éthique du développement de l’intelligence artificielle et de la super intelligence artificielle (AGI).

L’UNESCO a aussi appelé l’ensemble des pays à adopter le plus rapidement possible ses recommandations sur l’intelligence artificielle. En France, le gouvernement avait annoncé au début du mois de mars sa stratégie nationale pour l’IA. Plusieurs programmes de recherche sont en cours sur les manières d’utiliser l’IA, dont le programme national de recherche en intelligence artificielle avec l’INRIA. La Commission européenne met également à disposition son guide éthique pour une IA de confiance à destination des organisations et des entreprises pour appréhender l’utilisation de l’intelligence artificielle sur le portail ALTAI, et le parcours d’adoption d’une législation européenne, le European AI Act, avait été lancé avant l’arrivée de ChatGPT.

Mais comme il était souligné à l’occasion d’une conférence tenue par Digimind le 29 mars dernier à la Banque Publique d’Investissement (BPI) nous sommes face à un tournant : celui des entreprises qui vont embrayer sur le virage de l’IA et celles qui ne le feront pas. Bien sûr, ces nouveaux outils doivent faire l’objet de formations et d’accompagnements. Un besoin très présent auquel les médias sont confrontés ces derniers jours.

L’opportunité de signer un journalisme de qualité ?

De par le potentiel exponentiel ouvert par ces IA à la désinformation, le positionnement des médias apparaît comme un rempart premier, un repère pour les citoyens à l’ère où l’on ne peut véritablement plus savoir de ce qui est de l’ordre de l’Humain ou de la machine. 

Les rédactions endossent alors un double rôle : celui de montrer la voie sur les bonnes pratiques et les usages de ces nouveaux outils, et celui d’être un “phare dans la nuit” – notamment en décryptant les images et les textes issus des réseaux sociaux et en poursuivant un travail de qualité en continuant de démontrer et de décortiquer les sources utilisées. Récemment, Wired et le New York Times ont partagé leurs politiques utilisations de l’IA en se fixant certains principes et en expliquant les justifications : 

Mais surtout : être transparent dans leurs utilisations pour donner confiance, inspirer et sensibiliser l’ensemble des créateurs de contenus à faire de même.

 

Liens vagabonds : Apple, grand absent de la course à l’IA ?

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

La bataille de l’IA continue de plus belle cette semaine : Google dévoile Bard, Bing lance “Bing Creator” basé sur DALL-E, Opera ajoute des outils d’IA génératives dans son navigateur, Microsoft sort Loop, l’outil basé sur des IA pour concurrencer Notion. La suite design de Canva se dote d’une suite d’IA, OpenAI ajoute des plugins à ChatGPT, Plasma Punk, et Runway 2 font du texte 2 vidéo, en générant des vidéos à partir de quelques lignes de texte, Adobe propose le générateur d’images Firefly et NVIDIA adapte les IA génératives en entreprise. Un feu d’artifice de nouveautés, qui prédirait l’avènement de l’IA générale, selon certains. Mais les chatbots de Google et de Microsoft se crêpent déjà le chignon dans le cadre d’une campagne de désinformation, et la politisation des IA génératives est actée avec le lancement d’une version « de droite » de ChatGPT (un modèle entrainé avec des articles et informations de droite).

Pendant ce temps, éditeurs et médias, inquiets pour leur trafic en ligne et leurs revenus publicitaires, se préparent à une nouvelle épreuve de force avec Microsoft et Google au sujet des outils d’IA. Ils entendent être indemnisés pour l’utilisation de leur contenu dans ChatGPT, Bing, Bard et Cie… 

Seul grand absent de la course (pour le moment) : Apple. Les recherches d’Apple dans le domaine de l’IA datant de plusieurs dizaines d’années, il serait absurde de considérer Apple comme étant en retard dans la course à l’IA…

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

43 millions d’euros – c’est le montant levé par les startup de la French Tech cette semaine

950 euros/mois – c’est le prix du nouvel abonnement Twitter destiné aux entreprises

$335k pour écrire des prompts

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographic: Will AI Go Rogue? | Statista

Plus d’infographies sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

GAFA / BATX

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

ENVIRONNEMENT 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

Un thread d’outils d’IA


ES avec Kati Bremme et Myriam Hammad 

SXSW 2023 : Who cares about reality ?

Le flou autour de l’avenir de la créativité, du travail ou tout simplement de notre façon d’affronter la réalité s’épaissit à SXSW avec l’IA, qui a remplacé cette année dans les discussions le métavers et autres web3 (dont on retrouve quand même des traces sous 365 définitions différentes). Quand, à l’époque des réseaux sociaux et du smartphone, tout le monde pouvait être journaliste, aujourd’hui, avec les IA génératives, tout le monde peut être artiste. Ou c’est même l’IA, qui, dans un esprit très communiste au-delà de toute considération de propriété intellectuelle, devient créatrice.

Par Kati Bremme, Direction de l’Innovation et de la Prospective

Que l’on appelle cette nouvelle façon de vivre avec l’intelligence artificielle AIsmosis (mot-valise étrange qui a raté son momentum après la présentation de la gourou des futuristes, Amy Webb), une nouvelle relAItion, une rAIpture, l’Intimité Artificielle ou encore une relAIté améliorée – l’IA va changer le cours du monde, en tout cas, c’est ce que l’on aura compris après quelques jours à Austin. Alors que le métavers est plutôt parti en hibernation en attendant les avancées technologiques nécessaires, l’IA est définitivement passée en pleine canicule.

Capture du film projeté par Ian Beacraft pour illustrer la capacité de l’IA à intégrer des caractères dans des films par simple prompt, proposée par Wonder Dynamics

Dans la session intitulée « Comment l’IA et le métavers vont façonner la société », Ian Beacraft, PDG et futurologue en chef de Signal and Cipher, n’accorde au métavers qu’une brève mention. Et encore, il attribue le succès futur du métavers à l’IA : « Le métavers a besoin de l’IA pour devenir ce qu’il va devenir« . « Chaque aspect de la vie sera en quelque sorte amplifié par [l’IA] », déclare de son côté Greg Brockman, cofondateur et président d’OpenAI, créateur de ChatGPT, « ce sera un outil, au même titre que le téléphone portable dans votre poche. » Avec les LLMs, l’IA a été équippée d’une bouche et d’oreilles pour mieux interagir avec nous. Et comme le remarque à juste titre le même cofondateur d’Open AI : « Tout est langage » – le marché pour son produit est donc infini (surtout si on oublie l’Open Source…).

Par ailleurs, pendant cette semaine d’annonces de rupture autour de l’IA, tout le monde semble un peu dépassé par l’actualité.

A-t-on encore besoin des journalistes ?

Après une session d’ouverture avec des journalistes qui se prennent pour des futuristes (« Les futurs sont faciles à inventer. Surtout, les futurs peuvent être élaborés avec les gens »,… ou avec ChatGPT), la BBC, Associated Press et Twitter se retrouvent pour une séance plus professionnelle autour de « L’IA dans les rédactions : Quel est l’impact sur le journalisme ? ». Aimee Rinehart d’Associated Press, pionnier de l’IA pour les journalistes depuis 2014, met en avant leur façon d’aider les rédactions locales (dotées de peu de moyens) à être plus efficaces (notamment avec Whispr et de la technologie GPT) et Laura Ellis, Head of Technology Forecasting à la BBC y détaille le rôle des moteurs de recommandation, la balance entre personnalisation et sérendipité, et l’importance d’intégrer les bonnes règles et standards dans les modèles d’IA.

Face à l’accélération des évolutions technologiques, il devient difficile d’anticiper les bonnes lignes de conduite. Surtout quand on est confronté à un changement de paradigme de taille : autrefois, la technologie était utilisée pour délivrer du contenu, aujourd’hui le médium devient encore plus le message. Tout le monde est d’accord sur l’importance de la transparence autour de l’utilisation de l’IA dans les rédactions, d’ailleurs, pour Aimee Rinehart, « La transparence est la nouvelle objectivité pour les journalistes ».  

Bientôt un label bio pour les médias sans IA ? https://notbyai.fyi/

Dans sa table ronde « L’avenir de la créativité alimentée par l’IA« , le CEO de Buzzfeed, Jonah Peretti fait l’annonce de son tout premier format de jeu alimenté par l’IA qui « révolutionne la consommation de contenu et le divertissement« . Un chatbot, comme on en a déjà vu des centaines, mais peut-être un peu plus impertinent que ses prédécesseurs. Pas vraiment l’avenir du journalisme et de la créativité.

https://www.buzzfeed.com/buzzfeedlabs/under-the-influencer

Des contenus personnalisés, il y en a pour le divertisssement aussi. Justement, c’est une des opportunités que Greg Brockman d’Open AI voit pour son IA : « Peut-être que les gens sont encore bouleversés par la dernière saison de Game of Thrones. Imaginez que vous puissiez demander à votre IA de créer une nouvelle fin et peut-être même de vous y intégrer en tant que personnage principal…« . Comparant sa technologie à un groupe d' »assistants » qui ne sont pas parfaits mais qui sont « enthousiastes et ne dorment jamais », le cofondateur d’Open AI déclare que ChatGPT pourrait aider à faire le « travail de corvée » pour l’écriture et le codage, mais qu’il aurait également la capacité d’ajouter une expérience de divertissement plus « interactive« .

15 Non-Obvious Trends Shaping Our Future Normal

Dans « Des Deepfakes à DALL-E : de vraies règles pour de faux médias« , Claire Leibowicz de Partnership on AI et Andy Parsons d’Adobe discutent avec d’autres sur l’éventail des possibilités et l’impact des deepfakes et autres médias générés par l’IA, pour se mettre d’accord que les médias synthétiques sont une nouvelle technologie, mais ne créent pas de nouveaux problèmes. L’occasion de présenter le livre blanc sur la bonne utilisation des médias synthétiques, établi avec la BBC, Adobe, Bumble et CBC Radio Canada. En conclusion, Adobe remarque très justement : nous parlons beaucoup d’IA responsable mais nous ne disons jamais QUI est responsable.

Shutterstock a intégré son outil de génération d’images avec ses propres images pour rester du bon côté de la discussion autour de la propriété intellectuelle.

Le stand Shutterstock à l’Expo Industries Créatives

Un travail d’explication, de formation, de compréhension est à lancer au plus vite dans les rédactions, pour ne pas se faire dépasser par les algorithmes. Selon certains, souvent, ce n’est pas ChatGPT qui est meilleur que l’article, c’est juste l’article qui est moins bien que ChatGPT…

Travailler avec l’IA, ou ne plus travailler du tout  

Après nous avoir laissé le soin de remplir Internet pendant des années, l’IA est en train de nous restituer toute notre connaissance sous forme de dialogue interactif qu’il s’agit de maîtriser. Elle automatise des tâches et crée de nouveaux emplois, avec un impact sur toutes les industries. L’une des premières sessions de South by Southwest 2023 traite d’un sujet qui est au cœur des préoccupations de l’industrie technologique depuis que les inquiétudes suscitées par la pandémie se sont estompées : Comment la main-d’œuvre se transforme-t-elle dans un contexte d’énormes changements technologiques et culturels ?

Ellen McGirt, rédactrice en chef de Fortune, y interroge Chris Hyams, PDG d’Indeed sur les technologies qui perturbent l’emploi. Pour ce dernier, cette fois-ci, « tout va plus vite » – les annonces et avancées sont exponentielles -, et sera plus impactant que tous les changements précédents : Certains de ces changements pourraient prendre une telle ampleur et se produire si rapidement (ie. l’IA) qu’ils entraîneront des bouleversements sociétaux irréversibles.

Présentation de Kevin Kelly, Senior Maverick chez Wired

Charlotte A. Burrows, de la Commission américaine pour l’égalité des chances en matière d’emploi (EEOC), s’est également intéressée à ces questions dans sa table ronde « L’IA est-elle la nouvelle RH ? Protéger les droits civils au travail« , quand 99% des entreprises Fortune 500 utilisent des outils automatisés pour la sélection de candidats. Dans un écosystème où le Myers-Briggs est toutjours utilisé même s’il est problématique, maintenant, on y ajoute de l’IA.

Présentation de Kevin Kelly, Senior Maverick chez Wired

Dans la session « Le stagiaire et partenaire universel : Comment l’IA générative change notre façon de travailler« , Kevin Kelly, Senior Maverick chez Wired, nous fait comprendre que la plupart de nos activités n’étaient en fait pas si intelligentes que cela (reconnaître une image, jouer aux échecs, mener une conversation…). Notre calculatrice est plus smart que nous (que moi c’est sûr) en arithmétique. Nous aurions en fait une compréhension très faible du fonctionnement de notre propre intelligence.

Kevin Kelly
Présentation de Kevin Kelly
Pour lui, il s’agirait de ”dumbsmarten » (rendre stupide et intelligent à la fois) les IA : on ne pourra pas tout maximiser dans toutes les dimensions (adieu l’AGI ?), on utilisera donc différentes IA pour différentes spécialisations. Une situation qui permet à Ian Beacraft d’introduire l’ère du Creative Generalist au travail. L’intelligence artificielle peut désormais dépasser quiconque dans un domaine spécifique. Ceux qui ont un profil généraliste et curieux auront donc une chance de dominer cette nouvelle ère, en attendant l’avènement de l’AGI (Artificial general intelligence, l’intelligence artificielle forte).
Et faisons peut-être attention aux domaines que l’on abandonne à l’IA : le langage ne devrait pas être une spécialisation mais une compétence à la portée de tous. A l’événement du Future Media Hubs, la start-up allemande SUMM AI a présenté sa solution de traduction de langage classique en langage simplifié. Selon la start-up, 54% des gens ont un niveau d’alphabétisation inférieur au niveau 6ème. Ce chiffre comprend donc aussi des personnes qui ne souffrent pas d’un handicap réel. C’est bien beau de demander à l’IA de nous simplifier le langage, mais on a un peu l’impression de prendre le problème à l’envers : alors que l’IA devient de plus en plus érudite, allons-nous nous contenter de futures générations qui auront besoin que l’IA leur explique le monde parce qu’elles sont incapables de le déchiffrer ?

Vivre avec l’IA, et entrer dans une crise d’identité

Dans les innombrables sessions sur l’IA générative, les discussions sont allées bien au-delà de son potentiel créatif immédiat. « Il ne s’agit pas seulement de créer avec l’IA. Il s’agit d’établir une relation avec l’IA« , déclare Ian Beacraft. « Nous allons en fait avoir une sorte de relation avec elle », ajoute-t-il, ce qui conduira à terme à des « interactions où nous ne pourrons pas faire la différence entre un humain et une IA« . Seul problème, l’IA peut se retrouver dans à peu près tous les mots, comme le remarque John Maeda, VP of Design and AI chez Microsoft (celui qui avait proposé d’ajouter un « A » pour Arts dans STEM) en intro de sa keynote, mais pas dans éthique. On entrerait donc dans une crise d’identité, saupoudrée de graves problèmes éthiques.

Présentation de Kevin Kelly

2024, sera la dernière année d’élections « humaines » dixit Greg Brockman d’Open AI. Interviewé par Laurie Segall, le cofondateur d’Open AI rappelle un peu Mark Zuckerberg devant le Congrès : à chaque question qui touche de près ou de loin à des enjeux éthiques il répond « That’s an interesting question« , sans pourtant lever le flou qui entoure la façon dont nous vivrons avec ce nouveau compagnon plus créatif que nous mêmes et qui exploite l’ensemble de nos données. Et en plus, il a préféré annoncer le prochain niveau de son GPT sur YouTube le mardi plutôt qu’à Austin le lundi…

Ian Beacraft donne un exemple anecdotique pour illustrer l’idée de cette nouvelle crise d’identité avec une vidéo de Keanu Reeves qui raconte un moment où il explique Matrix à une enfant de 13 ans qui n’a jamais vu le film en soulignant que le personnage dans Matrix « s’interroge sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, et il veut vraiment savoir ce qui est réel« . La fille répond en demandant  « Qu’est-ce que ça peut faire si c’est vrai ? » Keanu Reeves lui demande : « Tu t’en fiches que ce soit vrai?‘ » Et elle répond : « Oui« .

Après des rires incrédules et nerveux suite à la diffusion de la vidéo, Ian Beacraft insiste sur le fait qu’il s’agit de notre future réalité. « Nous sommes arrivés à un stade où nous devons comprendre combien des amis de la Gen Alpha sont réels et combien sont synthétiques« . « Et franchement, [selon lui], cela peut avoir ou ne pas avoir d’importance ».

Métavers : printemps, été, automne, hiver

En parlant d’identités virtuelles : nous ne sommes peut-être pas dans l’hiver de la XR, mais plutôt en automne. Un moment de stase de l’écosystème, où nous attendons un nouveau saut technologique. Mais en attendant, le métavers dans sa version gaming sans casque n’est pas mort : YLE, la télévision publique finlandaise s’attendait dans son projet Roblox Independence Day à une centaine de visiteurs et s’est finalement retrouvée avec 23,8k visites en trois heures. Pour Kevin Kelly, le vrai superpouvoir de l’IA n’est d’ailleurs pas d’écrire un texte ou de créer une image, mais de générer des univers 3D. Ses Assistants Personnels Universels (UPA) pourront bientôt créer des métavers.

En attendant les évolutions techniques, on a le temps d’acquérir la nécessaire « Metaliteracy » pour les appréhender de façon sereine, et dans tous les cas, selon Sofie Hvitved du Copenhagen Future Institute, l’avenir du métavers se trouve dans le monde physique.

La keynote de Philip Rosedale, fondateur de Linden Lab AKA Second Life, est presque vide (cf. l’hibernation du métavers). Il a donc aussi raté l’occasion d’annoncer la sortie en version mobile de son ancètre du métavers. On se demande d’ailleurs qui est dans la salle. A la question si « vous êtes excité par le festival de musique de Roblox ce week-end » : seule une personne lève la main…

Dans la session « La mentalité du métavers pour le Web3, l’IA et l’avenir de l’entreprise« , Sandy Carter d’Unstoppable Domains (qui a son QG dans le métavers, sans porte d’entrée suite à un problème d’UX), a partagé 10 cas d’usages B2C et 8 cas B2B (ils existent donc). Surtout si on applique sa définition de métavers extrêmement large : « un monde digital où on vit, travaille, interagit et joue, et où on a une présence sociale depuis partout à tout moment », auquel on ajoute un peu de sauce IA (du Manifeste Web3 d’IWC et sa communauté très exclusive de jetons NFT au métavers de John Deere pour tester des tracteurs) et l’importance de la communauté. Et en plus elle a invité Brian David Gilbert de Polygon pour nous rappeler les évolutions du webWeb1 = souris, Web2 = smartphones,  Web3 = avatars pour annoncer (vendre) le lancement de .polygon, un nom de domaine à « l’intersection de la communauté et de l’identité« , la première adresse native de Polygon lisible par les humains…

Le métavers selon Sandy Carter

D’ailleurs, pour remporter un prix de la XR à SXSW, on n’a pas forcément besoin de XR : Consensus Gentium, de la scénariste et réalisatrice Karen Palmer, a remporté le premier prix des XR Awards de SXSW, même s’il ne s’agit pas techniquement d’une expérience XR. Un prix spécial du jury a été décerné à Body Mine de Cameron Kostopoulos, qui permet à un homme d’habiter le corps d’une femme, ce qui constitue un argument de poids en faveur de la VR en tant que machine à empathie…

50 nuances de web3 (ou 2.5) collaboratif, à ne pas confondre avec le Web 3.0 sémantique

Face à l’effondrement de la Silicon Valley Bank en pleine semaine de SXSW, Douglas Rushkoff, l’un des « dix intellectuels les plus influents du monde » selon le MIT, annonce « la fin de l’esprit milliardaire » dans les startups de la tech. En effet, le paysage technologique actuel n’est pas au mieux de sa forme : toutes les grandes entreprises (Meta, Microsoft, etc.) licencient. Et il est bien-sûr plus difficile de trouver des opportunités lorsque les entreprises et les investisseurs sont plus prudents dans leurs dépenses.

Douglas Rushkoff

Selon lui, maintenant que le battage médiatique autour du web3 s’est un peu calmé, la question importante ne semble plus être : « Comment déployer une campagne web3 le plus rapidement possible ? », mais plutôt : « Comment pouvons-nous déployer une campagne web3 en toute sécurité, efficacement et d’une manière qui apportera de véritables avantages à notre public ? » Sous cet angle, le sujet commence donc à être intéressant pour les médias de service public.

Un objet web3 directement impacté par la chute de la SVB : Artifact, la nouvelle application d’actu personnalisée des cofondateurs d’Instagram. Son financement a été pris dans la faillite de la Silicon Valley Bank, et le cofondateur Kevin Systrom pense que d’autres problèmes pourraient survenir dans la Silicon Valley. Dans son entretien à SXSW il s’étale sur le trop plein de spéculation autour du web3 et la mauvaise presse qu’a la tech, mais donne très peu d’informations sur Artifact.

L’une des 365 définitions du web3 est celle avec de la blockchain et des choses que l’on fait en ligne, et c’est celle-ci que Molly White, créatrice du site « Web3 is Going Just Great » (oui, selon elle, toujours) préfère utiliser. Au-delà du web3, elle partage aussi une analyse intéressante du rôle des journalistes « mainstream » (comme Gerrit De Vynck en face d’elle qui est en train de l’interviewer) versus les « citizen journalists » (comme elle) : Selon elle, les journalistes citoyens n’ont pas les compétences nécessaires pour couvrir les événements (vérifier les sources, les rumeurs, etc.), tandis que les journalistes traditionnels n’ont pas de connaissances approfondies du web3. Conclusion : il faudrait donc qu’ils travaillent mieux ensemble. En y ajoutant un autre élément particulièrement révolutionnaire pour le public US : La recherche technologique devrait bénéficier d’un financement public

Molly White et Gerrit De Vynck

Et si les contenus européens étaient la nouvelle K-Pop ?

A l’événement du Future Media Hubs, Evan Shapiro, génial cartographeur médias, Sander Saar, responsable de la stratégie de Red Bull Media House et Johan Oomen, « Digital vacuum cleaner », parlent de l’avenir des médias américains et européens. MrBeast et d’autres créateurs sont en train de tuer le jeu du contenu en fabriquant plus de propriété intellectuelle que tous les médias associés, mais il y aurait une vraie appétance pour les contenus européens aux US (selon Shapiro, les plateformes américaines auraient sous-estimé l’intelligence de leur public). Il dit aussi que Roblox et Minecraft sont les nouvelles plateformes de divertissement, et qu’il ne comprend pas pourquoi toute l’Europe n’a pas tout simplement adopté le player de la BBC.

Face à la stratégie des jardins clos des plateformes de streaming aux US, qui se voient confrontées à une vague de churn, (notamment sur fond de crise économique), – seulement 7 % des personnes interrogées dans un récent sondage de l’entreprise de Shapiro ont déclaré qu’elles maintiendraient la situation actuelle en matière d’abonnement – , ce dernier remarque « que nous sommes en train de redécorer une salle de bains dans une maison qui est en feu« … L’Europe a une carte à jouer dans sa revanche culturelle sur les US, surtout, si elle arrête de se disperser avec des plateformes limitées aux pays membres (je cite Shapiro).

Sinon, il y avait aussi à Austin des robots très étranges chez Disney et les premières chaussures d’économie circulaire du monde, que l’on peut planter dans son jardin…

ConcluAIsion

Peut-être que l’on devrait tous prendre un grand « sabbatical », faire relâche et abandonner le monde à la nouvelle religion IA en consommant quelques champignons psychédéliques (autre star du festival à Austin, dans un état pourtant connu pour sa législation stricte des drogues). Ou mettre l’accent sur l’amélioration et le renouvellement de nos compétences. Adopter l’apprentissage tout au long de la vie et l’adaptabilité. Développer des compétences humaines uniques (par exemple, la créativité [sic ?], l’empathie, la pensée critique) pour rester pertinents face aux machines.

A SXSW, les multiples flyers Web3 de l’année dernière ont été remplacés par ceux sur l’IA, dont un pour une application de rencontre alimentée par l’intelligence artificielle qui a utilisé le slogan « Qui est mon papa ? » pour promouvoir son générateur d’images de bébés de célébrités, AKA les titans de la technologie Jeff Bezos et Elon Musk… Définitivement #Uncanny et pas vraiment un futur souhaitable. 

En tout cas, on est d’accord avec Rahul Roy-Chowdhury, Global Head of Product de Grammarly, qui répète à plusieurs reprises qu’il préfère le terme « intelligence augmentée » à celui d' »intelligence artificielle« , estimant que le premier met l’accent sur le pouvoir des algorithmes d’améliorer, plutôt que de remplacer, la créativité et les capacités des êtres humains. « Nous voulons que ces outils nous aident ». « Il ne faut pas que l’IA nous soit imposée… c’est nous qui sommes aux commandes. Ne l’oublions pas ».

Il est primordial de chérir notre capacité humaine à rechercher et à évaluer de manière critique les connaissances, notamment au regard des dommages que les entreprises technologiques ont déjà causés aux modes de diffusion de l’information, et aussi pour maîtriser les nouvelles réalités co-créées avec l’IA.

Face à la menace transhumaniste et la fin du privilège humain sur le langage, tout revient à la baseline historique d’Apple : Think different! Car l’IA est désormais Everything Everywhere All at Once.

Couverture : SXSW Art Program / Quantum Jungle by Robin Baumgarten, Photo Andy Wenstrand

 

Liens vagabonds : L’IA passe à la vitesse supérieure (encore)

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Il s’agit peut-être de la semaine la plus mouvementée que l’IA ait jamais connue. Google et Microsoft s’empressent d’intégrer la technologie d’IA générative dans leurs produits suite au succès du ChatGPT d’OpenAI qui a a conquis le monde entier, et Open AI a sorti la version 4 de son Generative Pre-trained Transformer, qui peut raconter des blagues et passer les examens du barreau :

Lundi, 13 mars :
Stanford Alpaca 7B, un modèle de langage entraîné avec Open AI, plus performant et moins coûteux

Mardi, 14 mars :
Sortie de GPT4 ; et sa tempête de buzz et d’effroi – bulle de marketing ou révolution ?
Le chatbot Claude d’Anthropic
L’API PaLM de Google ; l’IA à la portée de tous
AdeptAI lève 350 millions de dollars
Google ajoute GenAI aux espaces de travail

Mercredi, 15 mars :
Pythorch 2.0
Lightning 2.0
– LinkedIn + ChatGPT, pour les profils et autres fonctionnalités
MidjourneyV5

Jeudi, 16 mars :
Baidu révèle son chatbot ERNIE
Microsoft 365 Copilot ; pour « transformer vos mots en l’outil de productivité le plus puissant de la planète » (selon Microsoft) 


Et si face à autant de disruption, vous ne vous sentez plus en mesure d’affronter le monde, Microsoft vous propose des avatars 3D pour vous remplacer dans vos réunions Teams. Pour Le Monde, malgré la fulgurance des progrès, la route est encore longue. Bienvenue dans le grand flou…

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

1 milliard d’eurosc’est ce que représente le marché français de la musique 

16,7 milliards d’euros en 2022 – ce sont les recettes publicitaires de médias en France en 2022 selon l’étude BUMP

1 jeune sur 2 de la GenZ aimerait apprendre avec l’intelligence artificielle

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les principales plateformes de vidéos à la demande par pays | Statista

Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

 

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

https://twitter.com/gdb/status/1636126142993436672?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1636126142993436672%7Ctwgr%5Ea78a9c522be92ed5853cb59f02baf99afbd79b9c%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.meta-media.fr%2Fwp-admin%2Fpost.php%3Fpost%3D70122action%3Deditclassic-editor

 

 

ES avec Kati Bremme et Myriam Hammad 

SXSW 2023 : Amy Webb prévoit la grande « IASMOSE »

Les métavers et autres Web3 décentralisés ne sont finalement que des badineries (ou des supports) qui cachent l' »éléphant dans la pièce » revenu sur le devant de la scène cette année : l’Intelligence Artificielle. Quand, en 2017, Amy Webb ne parlait que de la menace de la distribution de contenu par l’IA, maîtrisée en exclusivité par les GAFAM, cette année, s’y ajoute aussi la création de contenu. Pour le meilleur et pour le pire, la futurologue la plus célèbre de la planète vient de détailler à SXSW 2023 le concept de l’IASMOSE (AISMOSIS en anglais, un mot-valise bizarre formé par IA et osmose), qu’il s’agit de maîtriser pour ne pas passer à côté de la fin d’Internet tel que nous le connaissons et d’une transformation aussi impactante que l’arrivée des réseaux sociaux et du smartphone.

Par Kati Bremme, Direction de l’Innovation France Télévisions 

Face aux conséquences d’explosions cataclysmiques : la publication de systèmes d’intelligence artificielle générative tels que ChatGPT et Midjourney, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’incertitude profonde sur la récession mondiale, et les algorithmes de repliement des protéines d’AlphaFold qui ont prédit les structures de presque toutes les protéines cataloguées connues de la science, pour n’en citer que quelques-unes, elle prévient dès le début de sa conférence : « Il vous faut un estomac solide« . Car ce qu’elle a à dire va être effrayant.

Dans le chaos, il s’agira de trouver les interconnections entre les tendances

Les principaux enseignements de sa conférence :
1. Se concentrer pour voir les signaux
2. Utiliser l’ADM (Agir, Décider, Monitorer) pour établir des priorités stratégiques
3. L’internet tel que nous le connaissons est terminé. L’IASMOSE est la prochaine étape
4. Tout est information lisible
5. L’ère de l’informatique d’assistance
6. Les nouveaux outils ne sont pas accessibles à tous, ce qui crée une nouvelle fracture numérique
7. Tout le monde aura besoin de se perfectionner (y compris les enfants)
8. Les grandes entreprises technologiques deviennent plus grandes et plus puissantes

Tout (vraiment tout) sera information

« Text-to-Everything n’est que le début », prédit Amy Webb. Alors qu’il existe aujourd’hui des IA pour des applications bien précises, qui génèrent de nouveaux textes, des images, des vidéos ou des sons et de la musique à partir des textes saisis par les utilisateurs, il y aura bientôt des modèles d’IA multimodaux qui maîtriseront tout cela et plus encore – et qui s’immisceront dans chaque coin de notre quotidien numérique. « Cela va arriver très vite », dit Amy Webb. Et : « Nous ne sommes pas préparés à cela ».

Notre odeur corporelle est data

« Et si vous ne fouilliez plus Internet, mais que ce soit Internet qui vous fouille » ?

Contrairement aux années 90 (citées par nombre de conférences cette année à SXSW pour marquer une nouvelle étape d’Internet), on partage nos données non seulement en surfant sur Internet, en publiant et en aimant sur les réseaux sociaux ou en faisant du shopping en ligne et en regardant des films en streaming. Même les odeurs corporelles, l’arrière-plan apparemment insignifiant des appels vidéo ou les informations recueillies par des toilettes intelligentes pourraient devenir du matériel d’entraînement. Les utilisateurs et leurs activités seront des ensembles de données pour alimenter l’IA. Et très vite, l’IA sera nourrie par des contenus créés par l’IA, on entre alors dans une boucle infinie de contenus qui impactera fortement la chance de découvrabilité. Des systèmes IA interagissent avec TOUTES les données. Tout devient information, et on ne trouvera plus rien. Un scénario pessimiste à forte probabilité, prévient la futurologue.

Pourquoi est-elle si pessimiste ? D’une part, parce qu’une entreprise comme OpenAI, qui a déclaré en 2020 au sujet de son IA textuelle GPT-2 qu’elle était « trop dangereuse pour être publiée » en raison de problèmes de sécurité, a malgré tout lancé depuis une IA après l’autre. Et d’autre part, parce que le développement de nouveaux modèles d’IA nécessite une telle puissance de calcul que celle-ci ne peut en fait être fournie que par les clouds d’AWS, Microsoft ou Google…

Des compétences pour éviter une nouvelle fracture numérique

Ce n’est pas tant que l’IA prendra nos jobs, mais que toutes les personnes – et ce, quelle que soit leur génération – qui ne seront pas habilitées à utiliser les nouveaux outils d’IA pourraient bientôt être complètement laissées pour compte. « Nous sommes en train de créer une nouvelle et dangereuse fracture numérique« , prévient Amy Webb.

Mais face à cette révolution, de nombreuses institutions préfèrent fermer les yeux, comme si le problème pouvait disparaître en ne pas y pensant. Le NYC Department of Education a banni les outils d’IA générative (à l’instar de Sciences Po), l’ICML interdit des chercheurs en IA générative. Pour Amy Webb, il ne s’agit pas de remplacer les professeurs par l’IA (et non plus d’investir des millions dans des startups), mais plutôt d’améliorer considérablement les moyens de l’éducation.

Car les IA génératives, à condition de les maîtriser, sont aussi de formidables outils d’efficacité. Une opportunité illustrée avec deux exemples :

Pour les programmateurs :

Pour les designers :

Une réduction biens-sûr un peu caricaturale, mais la possibilité d’utiliser des IA comme ChatGPT pour accélérer des tâches est évidente. Amy Webb a fait en direct la démonstration, en 10,7 secondes, avec la génération automatique d’un business plan d’une nouvelle start-up. Une proposition ensuite à améliorer avec un humain dans la boucle.

Un journalisme intelligent aidé par l’IA

Les outils d’IA générative réécrivent les flux de travail, les modèles de transformation révolutionnent les moteurs de recherche, le manque de confiance dans les informations rend les organismes de presse vulnérables. Les journalistes ont besoin de connaissances techniques pour retracer les histoires, se protéger des cyberattaques et monétiser leur travail. Mais les entreprises de médias traditionnelles restent sceptiques face à l’évolution de leurs activités devant le contexte de la révolution de l’IA.

Il est de plus en plus essentiel pour les journalistes d’investigation de disposer de l’expertise technique nécessaire pour comprendre et expliquer la manière dont la technologie est utilisée pour exercer le pouvoir. L’intelligence artificielle est déjà en train de changer l’industrie de l’information, et elle devient de plus en plus importante, en particulier pour les éditeurs locaux, car les solutions d’automatisation de l’information commencent à prendre de l’ampleur. Combiné à la personnalisation des informations et à la segmentation géographique, il peut être le moteur d’un journalisme de proximité précieux et pertinent dans les rédactions.

L’IA générative facilite également la transformation du format du contenu : Le texte peut devenir de l’audio. L’audio peut être associé à des éléments visuels pour créer une vidéo. La vidéo peut être résumée efficacement en texte. Les créateurs peuvent ainsi distribuer des contenus dans des formats et sur des plateformes qu’ils n’auraient peut-être pas explorées autrement. Dans un environnement où la confiance est faible, les marques qui construisent et entretiennent des relations durables avec les consommateurs prospéreront. Les éditeurs qui ont accumulé de la confiance au fil des décennies peuvent l’appliquer à tous les formats de distribution grâce à un développement de produit réfléchi.

Enfin, l’éducation aux médias est un investissement à long terme. Les outils à court terme pour lutter contre la désinformation sont limités : Dans une étude de l’université de New York, les chercheurs ont montré que le fait d’étiqueter les informations erronées dans les résultats de recherche et les flux de médias sociaux n’avait aucun impact sur l’attitude ou le comportement des utilisateurs à l’égard des informations non fiables.

Et un cas d’usage utile du métavers + IA

Amy Webb a tout de même terminé sa conférence sur une évolution positive très concrète, à savoir le métavers industriel ou le métavers médical. En effet, l’interaction entre les technologies XR, les lunettes de données, les jumeaux numériques, les nouveaux capteurs et l’IA pourrait donner naissance à des systèmes d’assistance numérique qui, en médecine par exemple, pourraient contribuer à des opérations personnalisées et précises, impensables aujourd’hui.

« Je pense que nous regarderons l’année 2023 et que nous ne ferons que secouer la tête », estime Webb. « Les chirurgiens nous ouvraient autrefois sans l’assistance d’ordinateurs dans le Métavers Médical ! »

Face à l’impact des IA génératives sur tous les métiers et sur la façon dont nous percevons l’information, on ne peut pas être observateur passif de cette tendance. La méthode de l’autruche et l’interdiction ne sont pas les bons moyens pour affronter cette révolution qui interconnecte de plus en plus nos vies avec l’IA (que l’on l’appelle « AISMOSIS » ou autre chose). D’autant plus qu’il reste toujours le problème des biais des algorithmes, aussi sophistiqués qu’ils soient  : quand Amy Webb a demandé à Midjourney d’imaginer sa conférence à SXSW, l’image générée montre un homme blanc corpulent face à un parterre d’hommes blancs. On est bien loin de la réalité de la salle à Austin… 

Liens vagabonds : Meta veut se lancer dans le Web3

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Meta, après le métavers, le Web3 ? – L’entreprise de Mark Zuckerberg a déjà copié différents types de formats allant des Stories aux courtes vidéos après avoir constaté leur succès d’autres plateformes. Aujourd’hui, Meta travaillerait sur une application décentralisée basée sur le texte. Le champion du Web2 centralisé se lancerait donc dans une appli Web3 ? Sans plus de détails, Meta a confirmé le développement  de « P92 » (nom de code de l’appli), supervisé par Adam Mosseri, directeur d’Instagram : « Nous étudions la possibilité de créer un réseau social décentralisé autonome pour le partage de mises à jour textuelles. Nous pensons qu’il existe une opportunité pour un espace séparé où les créateurs et les personnalités publiques peuvent partager des mises à jour opportunes sur leurs intérêts« , a déclaré un porte-parole de Meta. Au moment où les fondateur d’Instagram lancent leur TikTok des articles news, le retour au texte (généré par IA) semble être une nouvelle opportunité pour les reséaux sociaux (pour mieux manipuler les décisions des utilisateurs). Le futur réseau social sera-t-il semi-automatisé ? 

Meta IA, la fuite – La fuite massive de Meta va-t-elle démocratiser l’IA – et à quel prix ? Des utilisateurs de 4Chan ont mis en ligne le nouveau modèle linguistique de type ChatGPT du géant de la technologie une semaine après sa sortie, plaçant l’avenir de l’IA à la croisée des chemins – et ouvrant la voie à toute une série de dangers. « Nous sommes à la croisée de deux avenirs très différents en matière d’IA. Dans le 1er, les entreprises qui investissent des milliards dans la formation & l’amélioration de ces modèles agissent comme des gardiens, prélevant une partie de l’activité économique qu’ils permettent. » « L’autre monde est celui où les modèles d’IA qui définissent la prochaine décennie du secteur technologique sont à la disposition de tout un chacun qui peut s’en inspirer. » La fuite du LLaMA est également intéressante parce qu’elle s’inscrit dans une lutte idéologique permanente dans le monde plus large de l’IA : la bataille entre les systèmes « fermés » et les systèmes « ouverts ». Déjà, d’obscurs algorithmes administratifs prennent des décisions qui changent la vie de millions de personnes dans le monde.

TikTok montre patte blanche – Sous le crible des gouvernements nord américains et européens, TikTok essaie de se montrer collaboratif. Aux Etats-Unis, la Maison Blanche soutient un projet de loi qui pourrait lui donner le pouvoir d’interdire TikTok dans tout le pays, et un ancien employé de TikTok déclare au Congrès que l’application ment au sujet de l’espionnage chinois. En Europe, l’interdiction de TikTok au sein des institutions européennes provoque la colère de Pékin. TikTok tente alors à nouveau de convaincre l’UE qu’il ne communiquera pas ses données à la Chine avec l’opération de charme ‘Project Clover’. TikTok va stocker localement les données des utilisateurs européens dès cette annéeTikTok : piratage de données ou piratage des cerveaux ? La guerre contre TikTok pourrait bien créer des dommages collatéraux, en paralysant Shein, Temu et même Apple.

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

Près de 40 milliards $ de recettes l’an dernier pour Amazon Pub, soit plus que l’ensemble du secteur mondial de la presse et probablement plus que les recettes que Prime a générées grâce aux abonnements

1 point : c’est la progression de la présence de femmes sur les chaînes de radio et de télévision par rapport à 2022 selon un rapport de l’ARCOM

150 milliards de dollars cette année – ce sont les dépenses estimées en IA pour l’année 2023 par IDC

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les principaux générateurs de trafic Internet dans le monde | Statista

Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT 

 

 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

GAMING

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS


ES avec Kati Bremme et Myriam Hammad 

Recommandations artificielles : Artifact, l’app qui génère de l’information personnalisée par IA

Lancée il y a quelques jours en accès anticipé, Artifact se présente comme une sorte de TikTok du texte, soit un lecteur d’information alimentée par l’intelligence artificielle. Ses fondateurs, Mike Krieger et Kevin Systrom, étaient déjà à l’origine d’une autre application à fort impact : Instagram. La version est toujours en cours d’évolution, mais donne à voir les premières fonctionnalités qu’elle propose. Si les premiers retours sont plutôt mitigés, le développement de son usage pourrait constituer une petite révolution dans la personnalisation de l’information.

Par Myriam Hammad, MediaLab de l’Information 

Les promesses d’Artifact : un contenu personnalisé qui s’améliore au nombre de lectures réalisées

Lors de son installation (gratuite) disponible sur  iOS et Android – et qui ne nécessite pas de donner son numéro de téléphone –  Artifact donne à voir une série de 10 thématiques à choisir, pour pouvoir personnaliser son “feed”. Un message apparaît également pour partager son profil et inviter ses contacts à rejoindre l’application, l’idée étant ensuite de se “suivre”,  de voir les articles les plus consultés par son réseau ainsi que leurs commentaires. 

Elle propose également d’ajouter ses propres abonnements médias au contenu à lire. Si l’utilisateur n’en dispose pas, ne seront sinon affichés que les articles gratuits. La base de médias présentés à ce jour reste uniquement anglo-saxonne. A l’avenir, l’application pourrait aussi introduire des contenus issus des réseaux sociaux.

Artifact permet également de réagir aux contenus avec un système de “pouce” – indiquant ainsi si le contenu proposé a satisfait le lecteur – dans une optique de pouvoir donner à voir les articles les plus susceptibles de l’intéresser. Sur une période de deux semaines, 25 lectures sont recommandées pour personnaliser au mieux son feed.

Artifact se présente comme une application fonctionnant à partir d’une intelligence artificielle : qu’en est-il exactement ?

Les fondateurs ont créé la gestion du flux présenté à l’utilisateur à partir d’un algorithme qui se base sur les textes précédemment lus. Plus vous lisez certains articles, plus vous serez susceptibles de voir apparaître dans votre feed des contenus du même genre – de la même manière que fonctionne l’algorithme de TikTok aujourd’hui. Il ne sera donc pas nécessaire de s’abonner à des flux éditeurs – à l’instar de ce qui existe aujourd’hui sur feedly par exemple.  

Mike Krieger et Kevin Systrom ont précisé qu’ils avaient attendu que l’intelligence artificielle soit « suffisamment performante », mais ne sont pas revenus avec précision et détail sur les technologies utilisées. Les premiers retours utilisateurs semblent d’ailleurs mitigés – beaucoup ne parviennent pas à voir la différence avec des lecteurs d’information personnalisés déjà existants

Personnaliser l’information pour se “démarquer” et améliorer l’expérience utilisateur n’est pas une idée nouvelle

Depuis le début des années 2010 et l’avènement des réseaux sociaux et des plateformes comme source de consultation de l’information, nombreux sont les médias qui ont essayé d’en adopter les codes et de proposer des manières de personnaliser leurs contenus pour pouvoir continuer à capter l’attention de leur audience. Il s’agissait alors de repenser le parcours utilisateur du lecteur et de lui proposer une expérience adaptée à ses usages – supposés . En 2015, Méta-Média publiait d’ailleurs déjà un certain nombre de recommandations en lien avec la personnalisation de l’information.

Aujourd’hui, les médias  abondent en formats ou contenus perssonnalisés : comme la newsletter Weekly edition du NewYorkTimes ou bien encore l’onglet “For You”.  Apple News propose également un contenu adapté à ses sujets d’intérêts et l’application francophone Flint s’inscrit également sur ce segment. Mais cette tendance a pu avoir du mal à séduire les lecteurs.

Ce mouvement de personnalisation n’a pas forcément eu  l’écho attendu auprès des lecteurs

L’arrivée et le développement de  l’infotainment – dont on retrouve une analyse descriptive ici –  a entraîné un mouvement d’hybridation des formats et des contenus qui est parfois venu brouiller le message de l’actualité et de l’information. Tout ne peut pas être transposé aux courts formats vidéos et tout ne doit pas être recherché à être transposable – sous peine de surenchérir la fatigue informationnelle existante et d’inverser le rapport éditorial avec les plateformes. Les stratégies qui ont pu conduire certains médias à se sur-adapter, ont pu avoir des conséquences sur leur modèle économique – à l’instar du pivot vidéo en 2021 – qui avait notamment touché Vice, qui tirera d’ailleurs son “ clap de fin” à la fin du mois de mars 2023 en France.

L’information se consomme-t-elle comme du divertissement ou de la musique ?

Le recours aux algorithmes intelligents pour générer du contenu d’information personnalisée peut aussi nous interroger : l’information se consomme-t-elle comme du divertissement ou de la musique ? D’autant que ce fonctionnement de recommandations apprenantes peut créer les fameuses bulles de filtre, des chambres d’écho définies de la sorte par la CNIL

Phénomène principalement observé sur les réseaux sociaux où les algorithmes de recommandation – qui alimentent par exemple les fils d’actualité des publications susceptibles d’intéresser les utilisateurs– peuvent parfois ne proposer que des contenus similaires entre eux. Ce phénomène intervient lorsqu’un algorithme est paramétré pour ne proposer que des résultats correspondant aux goûts connus d’un utilisateur, il ne sortira alors jamais des catégories connues.

Les premières recherches sur les effets des recommandations sur les utilisateurs sont en cours notamment en ce qui concerne les plateformes de streaming. Le projet de recherche RECORD a été lancé en 2020 par le CNRS et s’achèvera en 2024. Il s’agit de pouvoir observer comment ces recommandations sont maniées par les utilisateurs.

Mais dans le cadre de la transmission d’une information, l’individualisation du contenu à consulter peut sembler contre-intuitive. Pouvoir se repérer parmi les médias, les papiers d’opinion, savoir construire sa pensée critique et son avis sont des compétences qui sont enseignées à l’école notamment à travers l’EMI – l’éducation aux médias et à l’information et qui permettent de se former en qualité de citoyen. C’est aussi le travail quotidien de journalistes professionnels de pouvoir venir mettre à la Une les sujets qui rendent compte du monde environnant et de ses complexités. Même si l’expression d’Emond Burke rencontre des critiques, c’est l’affaiblissement du rôle de “quatrième pouvoir” qui pourrait être à venir à travers une grille de lecture de l’information réduite par la personnalisation.

Et Artifact dans tout ça ?

Les fondateurs d’Artifact ont précisé veiller à ce que l’IA continue à proposer des articles qui soient en dehors des intérêts marqués de l’utilisateur. Mais ils n’ont pas dévoilé les mécanismes qui permettront de le vérifier. L’une des forces de l’application cependant, pourrait reposer sur le fait qu’elle permette de pouvoir échanger avec ses contacts sur l’application et de  commenter l’information. A l’heure où les Français considèrent leurs proches comme étant la source d’information la plus crédible, l’on distingue ici le potentiel d’un tel outil qui se situe alors à mi-chemin entre le lecteur d’information et le réseau social.

On remarque  donc bien  que c’est dans la recommandation humaine, dans le fait de pouvoir voir les articles consultés par ses pairs et ses proches  et d’échanger sur ces derniers que réside l’intérêt réel d’Artifact News. Une appli, qui reste pour le moment encore en phase d’observation, mais qui pourrait eut-être avoir le potentiel de sortir quelques-uns de la news fatigue. 

Liens vagabonds : La prochaine guerre du streaming ? TikTok contre Netflix

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Le numérique devant la télé – Pour la première fois, les adultes américains passeront plus de temps cette année à regarder des vidéos numériques sur les plateformes Netflix, TikTok et YouTube qu’à regarder la télévision traditionnelle, a prévu Insider Intelligence mercredi. Pour cette première historique, l’observateur du marché s’attend à ce que la « télévision linéaire » représente moins de la moitié de l’écoute quotidienne, tombant à moins de trois heures, tandis que l’écoute quotidienne moyenne de vidéos numériques grimpe à 52,3 %, soit 3 heures et 11 minutes, tout âge confondu. Netflix et YouTube sont les leaders « au coude à coude » pour l’audience de la vidéo numérique, les adultes américains écoutant chaque plateforme pendant environ 33 minutes par jour en moyenne. Le sport en direct sur les plates-formes de streaming vidéo contribue largement à l’abandon de la télévision traditionnelle. « TikTok contre Netflix sera une tendance majeure à surveiller cette année« , selon Insider Intelligence. « Les frontières entre le social et le divertissement se sont estompées, et TikTok s’attaque maintenant aux joueurs vidéo sur grand écran. » En juillet 2022 déjà, les plateformes de streaming, dominées par Netflix, avaient dépassé pour la première fois la TV par câble aux US pour s’approprier la plus grande part de l’audience de la télévision américaine pour le mois. De nouveaux signaux d’alerte apparaissent dans le lent déclin de la télévision linéaire. En même temps, sur YouTube et TikTok, la prolifération de « chaînes de clips » empoisonne les streamers stars.

Roblox aime les créateurs – Roblox, comme de nombreuses plateformes qui avaient bénéficié des confinements, a vu son activité s’effondrer l’année dernière, quand nous sommes retournés aux activités “en présentiel”. Mais au quatrième trimestre, la plateforme de jeux virtuels a enregistré une augmentation de 17 % de ses recettes, c’est-à-dire des revenus générés par la vente de sa monnaie virtuelle, les Robux, aux utilisateurs, pour atteindre 899 millions de dollars mercredi, après avoir attiré davantage d’utilisateurs âgés de 17 à 24 ans dans ses jeux en ligne générés par les utilisateurs. Le bond de cette mesure clé, ainsi que la hausse de 20 % des recettes en janvier, ont éclipsé une perte nette plus large pour le trimestre et une légère hausse de 2 % des revenus.  Roblox a versé 182 millions de dollars en frais de développement, le montant versé aux créateurs des dessins et des jeux virtuels sur sa plateforme. Il s’agit d’une augmentation de 14 % et du montant le plus élevé jamais versé par Roblox en un seul trimestre. Et avec la publicité immersive à venir, ce chiffre devrait encore augmenter. En parallèle, Roblox travaille sur des outils d’IA générative qui permettront de créer des mondes virtuels à partir de quelques mots qui seront déployés dans les « prochaines semaines ».

ChatGPT, Bing et les autres« On pardonne facilement les erreurs d’un projet de recherche (ChatGPT), mais pas d’un produit grand public (Bing)« .  Dans la bataille des moteurs de recherche, Bing, qui est soudainement sorti de son image d’outil ringard, s’est vu cette semaine attaquer de façon bien plus virulente que son cousin ChatGPT après son dérapage. Les cas d’usages s’enchaînent, les éditeurs de presse se méfient de l’alimentation en infos du Chatbot Bing, qui supprime le besoin de cliquer et risque de disrupter leurs modèles économiques – chatter avec Bing Chat, dont le nom de code est Sydney et parfois Riley, donne l’impression de franchir le Rubicon car l’IA tente de communiquer des émotions et non des faits. Malgré ces quelques défauts, Bing songe déjà à intégrer de la publicité dans son moteur de recherche intelligent. Opera, de son côté, a annoncé qu’il testait une nouvelle fonction « raccourcir » de son navigateur, alimentée par ChatGPT, qui fournit des résumés à puces d’articles ou de pages Web dans la barre latérale. En attendant, il fait toujours beau dans une conférence sur l’IA générative.

Et si les chatbots de Bing et Google étaient un désastre ?

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

Microsoft et le nouveau Bing : 71 % des utilisateurs ont approuvé les réponses de l’IA, les réponses de Bing ne sont pas « nécessairement utiles » ou dans le bon ton après plus de 15 questions

3,75 milliards d’euros, c’est le budget alloué par un nouveau fonds d’investissement européen dédié aux jeunes pousses de la tech en Europe

Snapchat atteint les 750 millions d’utilisateurs actifs mensuels

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT 

Les éditeurs s’engagent pour l’environnement et partagent un livre blanc

Deux nouvelles études publiées mercredi dans la revue Nature fournissent certains des résultats les plus détaillés sur la fonte des glaces obtenus dans le cadre d’une campagne de recherche internationale de 50 millions de dollars sur cinq ans

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION


MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme et Myriam Hammad