Liens vagabonds : Fin de la fête pour la Big Tech
À RETENIR CETTE SEMAINE :
La Big Tech licencie – Après deux années d’euphorie, marquées par une course aux talents et l’inflation des rémunérations, l’arrêt est brutal. La situation de Netflix est symptomatique du secteur. La plateforme a enregistré une baisse de son nombre d’abonnés au premier trimestre et a immédiatement licencié 25 personnes de son service marketing et une part importante dans la division création de la plateforme, tant pour le cinéma que pour les séries, 2% de l’effectif en tout. Après dix ans en Bourse, Meta n’est plus l’enfant chéri de la tech : Si le groupe californien a su multiplier jusqu’à dix sa valorisation, sa cote d’amour s’est effondrée. Les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux, avec de nouveaux embauchés remerciés avant même d’avoir poussé la porte de Facebook. Cisco aussi est frappé de plein fouet par le ralentissement de l’économie mondiale. Techcrunch résume : “A contrecœur, nous rédigeons un compte-rendu des licenciements dans le secteur de la technologie pour la troisième semaine consécutive”.
Des licenciements contrebalancés par des augmentations de salaire pour ceux qui restent chez les géants de la tech, mais pas dans les start-ups. Dans le monde des startups, les investisseurs se retirent, les entreprises licencient et les introductions en bourse sont retardées. Cameo, une des nouvelles licornes de la tech outre-Atlantique licencie un quart de ses effectifs. Thrasio, qui a levé 1 milliard l’année dernière, pour une valorisation de 10 milliards de dollars aurait réduit ses effectifs de 20 %, après avoir «grandi trop vite», de l’aveu même des fondateurs. En même temps, la contestation sociale s’accentue dans la tech américaine. La Big Tech se fait démolir à Wall Street, un bon moment pour eux selon le NYT.
Les réseaux sociaux payants pour les professionnels – Après l’annonce d’Elon Musk de vouloir faire payer les professionnels pour utiliser Twitter (au-delà de ceux déjà abonnés à Twitter Blue), c’est au tour de Meta de se lancer : la version de WhatsApp destinée aux professionnels devrait intégrer très prochainement des options payantes. L’application de messagerie s’apprêterait en effet à lancer une offre Premium dans WhatsApp Business pour permettre à ses utilisateurs professionnels d’avoir accès à des fonctionnalités supplémentaires. Après les annonces d’Instagram et TikTok en début d’année, les abonnements payants sont-ils la prochaine étape pour les médias sociaux ?
Elon contre les bots Twitter – Les bots Twitter posent un problème à Elon Musk, du moins c’est ce qu’il prétend – si gros qu’il dit qu’il fera sauter son accord pour acquérir la plateforme de médias sociaux si l’entreprise n’est pas d’accord avec son diagnostic. Pourtant, les bots ne datent pas d’hier. Andrew Leonard en a déjà parlé dans Wired en 1996. Elon Musk se dégonfle-t-il ? Pourquoi l’entrepreneur essaie peut-être de se retirer du rachat de Twitter. Une chronologie détaillée du feuilleton de l’achat de Twitter par Elon Musk. Elon Musk est probablement la seule option de vente de Twitter, le financement du rachat se tarissant.
Cette semaine en France
- Le festival de Cannes dans le métavers et le 1er Sommet NFTCannes
- Roland-Garros : France Télévisions et Amazon refont le match
- Radioplayer France signe avec Amazon et Renault
- L’explosif débat sur la reconnaissance faciale relancé sur fonds de JO 2024
- Brut dans l’économie de créateurs
3 CHIFFRES
- 71% – c’est la part de marché de Microsoft, Google et AWS dans le cloud en Europe
- Moins 60% – pour la fréquentation des salles de cinéma en Europe
- 376 fois par jour – c’et le nombre de fois que Google nous géolocalise par jour
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE
Vous trouverez plus d’infographie sur Statista
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
- Adam Mosseri dit qu’il veut que les grandes entreprises technologiques abandonnent le contrôle
- Le paradis de la Crypto Arcade : Au cœur de la révolution Web3
- Combien de temps encore Google peut-il posséder l’internet ?
- Meta n’aime pas / plus l’info
- Pourquoi construire dans le Web3
- Les Chinois déjouent le lockdown et la censure avec des NFT
- « The Putin Show », grand format de The Economist
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
- Le lockdown en Chine va coûter des milliards à la Big Tech
- La Chine mise sur l’open source RISC-V pour la conception de puces pour minimiser les risques de sanctions américaines
- La filiale russe de Google s’apprête à déposer le bilan
- La guerre pousse les géants de la tech chinois à réduire leurs activités en Russie, discrètement
- TikTok prévoit de se lancer dans le gaming, en effectuant des tests au Viêt Nam
- La fin de l’ère Uber ?
- Puissance européenne face aux Gafam : mythe ou réalité ?
- Les difficultés de BuzzFeed – annonce d’un avenir difficile pour les médias digitaux ?
DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION
- Twitter annonce une procédure d’urgence contre la désinformation en cas de crise
- Google sait où vous avez été. Doit-il le dire à la police ?
- Le Canada bannit Huawei de son réseau 5G
- Meta Quest intègre le chiffrement de données
- Un rapport décrit comment le gouvernement russe a monté un puissant botnet pour modifier les sujets d’actualité des médias sociaux
LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION
- Le progrès désordonné de la protection des données aux USA
- La Chine promeut l’économie numérique après des mois de répression à l’encontre de ses grandes entreprises technologiques
- Le Canada veut transformer Alphabet et Netflix en source d’argent pour financer la culture
- Comment la campagne des Républicains contre les réseaux sociaux a bouleversé la neutralité du net
- Google riposte à la loi canadienne sur l’information en ligne en affirmant qu’elle « briserait » son moteur de recherche
JOURNALISME
- Neuf conseils aux journalistes pour se lancer sur TikTok
- 5 grands défis de leadership pour les médias
- Quel sera l’héritage durable de la pandémie sur le monde des médias numériques ?
- Les abonnés de USA TODAY peuvent envoyer des SMS à la salle de rédaction sur les principaux sujets du jour
- Axel Springer et Snap lancent un partenariat mondial qui façonne l’avenir du journalisme numérique
- Expliquez à votre public pourquoi vous mettez l’accent sur le journalisme de solutions
- Qu’est-ce qui pousse les gens à remettre en question les journalistes ?
- La vérification des faits, une compétence de base des médias d’information, devient une stratégie commerciale
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
- 27 formats d’information en réalité augmentée
- BBC News crée le plus grand compte Instagram d’information du monde
ENVIRONNEMENT
RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES
-
- TikTok va inciter ses utilisateurs à créditer les contenus de créateurs
- D’Instagram à Spotify, les grandes plateformes testent les NFT
- Somewhere good, une appli qui vous veut du bien
- L’astuce que Facebook a ajoutée pour nous rendre tous accros aux médias sociaux
- Le RCS, le nouveau SMS prôné par Google
- Comment les créateurs de TikTok ont redéfini l’influence
- De nouvelles captures d’écran illustrent le fonctionnement du futur « Family Center » de Snapchat
- Les emojis les plus utilisés sur Twitter par pays en 2022
- YouTube vous propose désormais les meilleures parties d’une vidéo
new today: a graph by the progress bar now shows the most replayed parts of a video!! jump straight to the parts that are most replayed pic.twitter.com/IgEnsRo0pH
— TeamYouTube (@TeamYouTube) May 18, 2022
STREAMING, OTT, SVOD
Disney+ dépasserait Netflix en 2025

[Source : Digital TV Research]
- Netflix veut passer au direct
- Comment l’anime japonais est devenu le genre le plus bancable du monde
BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3
Faire passer un entretien d’embauche face à la mer à Paris : je faisais aujourd’hui mes premiers pas dans le Metavers, sous les traits d’un drôle d’avatar, avec de jeunes candidats data analysts ou data scientists…
Carrefour innove, apprend, surprend ! pic.twitter.com/7ypYEW2vzZ
— Alexandre Bompard (@bompard) May 18, 2022
- Comment Web3 révolutionne l’industrie cinématographique
- L’Internet du futur : Voici les meilleurs exemples de Web3 en pratique
- Robinhood va développer son wallet Web3 pourde profiter de l’engouement pour les NFT
Pour l’écosystème, le crash du marché des cryptomonnaies va assainir le secteur - Le studio de startup européen eFounders lance une verticale Web3
- Le responsable du hardware d’Amazon s’en prend à nouveau au métavers de Zuckerberg
- Bientôt l’odeur dans le métavers
- Zoom dispose désormais d’un mini-métavers disponible pour les réunions
- Qualcomm inaugure le métavers sans fil avec une nouvelle visionneuse AR intelligente
- L’armée américaine construit son propre métavers
- Les questions posées par les NFT pour l’économie de la culture
- Une stratégie évolutive pour le métavers : Un manifeste Web3 pour les marques et les artistes
MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ
- Publicité programmatique : les données personnelles des internautes diffusées à leur insu plusieurs centaines de fois par jour
- Pourquoi le changement de méthode de mesure de la publicité télévisée n’aura pas lieu maintenant
- Bientôt disponible sur un service de streaming près de chez vous : la pub
- De Nielsen à Netflix : Les forces qui déterminent l’évolution de la mesure
- La course des réseaux TV pour lancer des rivaux de Nielsen crée le désordre dans les mesures
- La fidélisation des clients reste le plus grand défi pour les services de streaming
- Les experts en publicité dans les jeux remettent en question les plans publicitaires de Microsoft et Sony
OUTILS
- 6 tactiques simples pour augmenter l’engagement dans les messages sur les médias sociaux sur toutes les plateformes
- 30 applications mojo du formateur de la BBC Marc Blank-Settle
- Comment repérer les comptes de robots et de trolls sur les médias sociaux ?
ES avec Kati Bremme & Louise Faudeux
Presse et démocratie : le noir tableau de Pérouse (et des raisons d’espérer)
Par Pascal Doucet-Bon, Directeur délégué de l’information
Se livrer à une synthèse du Festival International du Journalisme de Pérouse 2022, sous l’angle de l’état de la presse démocratique, c’est risquer le désespoir, tant le tableau est noir. Mais quelques raisons d’espérer émergent, à commencer par l’incroyable affluence, boostée par les étudiants italiens très nombreux, à l’assaut de salles désormais trop exigües.
Choses vues et entendue à Pérouse (et les liens qui vont avec !) :
Concentration, perte d’influence des médias « mainstream »
Aucun pays n’échappe au phénomène : face à la baisse rapide des recettes publicitaires (et face aux plateformes en ce qui concernent la télévision) les médias du monde entier, France incluse, se concentrent.
« Pour les journalistes », déplore Alan Rusbidger, rédacteur en chef du magazine Prospect, et ancien patron du Guardian, « cela signifie moins d’employeurs potentiels », « ce qui est terrible pour les journalistes d’investigation si par ailleurs un Etat contrôle les rares groupes restants ou passe des alliances avec eux, comme c’est le cas au Brésil », précise Daniela Pinheiro, éditorialiste d’UOL et une des cibles favorite du « Hate Cabinet » de Jair Bolsonaro.
« Si vous êtes black listé, vous n’avez pas d’autre choix que de rejoindre une structure indépendante sans grand moyen, ou de créer la vôtre sans modèle économique ».
« On voit apparaître, à l’instar du mauvais exemple américain, des groupes privés cachant à peine l’agenda politique, en général populiste, des milliardaires qui les acquièrent », constate Julie Posetti, du Centre International pour les Journalistes. Toute ressemblance avec la situation en France n’est pas nécessairement fortuite…
Un chiffre paroxystique peut résumer le marché d’aujourd’hui :
« Au Brésil (209 millions d’habitants) la circulation cumulée des trois grands quotidiens est d’1,5 million, comparée aux 140 millions d’utilisateurs de WhatsApp et aux 60 millions d’utilisateurs de Telegram, déclarés comme principale source d’information par une large majorité », déplore Patricia Campos Mello, journaliste à Folha de Qao Paulo.
« Les fils WA et Twitter du [parti fondamentaliste Hindou] BJP sont les médias les plus lus en Inde », constate Rana Ayyub, éditorialiste au Washington Post dans son émouvante conférence relatée par Méta-Media. Dans ces pays, les médias traditionnels ont raté le virage numérique.
« La situation en Europe est moins critique, évidemment, mais la tendance est bien la même », rappelle ce rapport de l’Union Européenne de Radiodiffusion
Des médias publics remis en cause
Le « News report » annuel de l’UER, résumé dans cette conférence par Alexandra Borchardt, qui en a coordonné l’écriture, décrit les deux types d’attaques que subissent les médias de service public en Europe. Le premier vient des acteurs politiques dits « illibéraux », le plus souvent classés à l’extrême droite.
« Il s’en est fallu de peu pour que le service public suisse ne ferme ses portes », rappelle Borchardt. « Il s’en est sorti par une très bonne campagne d’information sur son utilité. Le deuxième type d’attaque vient des politiques les plus libéraux, parfois appuyés par un lobbying efficace des acteurs privés. »
Les journalistes-cibles
Le classement annuel de Reporters Sans Frontières le rappelle : la situation de la liberté de la presse en 2022 est la plus critique depuis 20 ans. La reconnaissance internationale (comme pour Rana Ayyub à Pérouse), protège moins que par le passé.
Maria Ressa, prix Nobel de la Paix 2021 fait face cette année à 16 nouvelles « procédures baillon » diligentées par le pouvoir philippin contre elle et son magazine Rappler.
Les cas de cyber harcèlements orchestrés par les Etats, organisés en armée de trolls, sont désormais monnaie courante.
Par ailleurs, « L’autocensure érigée en culture » est aussi décrite dans de nombreuses tables rondes, comme celle Xiao Qiang, rédacteur en chef du China Digital Times
L’espoir dans l’adaptation
Face aux menaces anti-démocratiques, directes ou économiques, les journalistes inventent, même si le programme de Pérouse peut paraître un peu maigre dans ce domaine. Le monde compte plusieurs collectifs de journalistes indépendants, connus et internationaux comme l’ICIJ, dont la conférence a fait salle comble, ou Splann! , collectif breton cité parmi d’autres alliances de journalistes locaux.
Forbidden Stories, qui reprend les enquêtes de journalistes assassinés, est aussi mis à l’honneur à propos la mise au jour du scandale Pegasus.
Quant à la lutte contre le cyber harcèlement des journalistes , trois conférences en décrivaient les progrès dans les rédactions ainsi que dans les associations internationales.
Les outils et méthodes d’investigation, nouveaux ou pas, s’enseignent désormais en dehors des seules écoles de journalisme. Pérouse comme d’autres événements internationaux, marque l’apparition d’une « culture de la vérité ». « C’est comme si le journalisme se réveillait enfin de sa sieste de nanti » remarque un confrère italien dans le public d’une des tables rondes :
-le géo journalisme sur lequel Méta Médias vous propose ce focus ,
-les techniques de fact checking des manipulations d’Etat à travers les réseaux sociaux dans cet excellent atelier.
-Les progrès du data journalisme tels que les montre le prix Sigma (must see !)
-Le partage sur la protection des lanceurs d’alerte à travers des plateformes sécurisées comme Globaleaks.
Dans une approche plus entrepreneuriale et tournée vers le changement climatique, voir aussi l’excellente synthèse du Reuters Institute.
L’avènement du « géo journalisme » ou journalisme satellitaire
Par Pascal Doucet-Bon, Directeur délégué de l’information
Des corps dans les rues de Boutcha (Ukraine) au 20 heures le 3 avril dernier sur @infofrance2. Des preuves de tirs d’artillerie sur des zones « civiles », mais aussi d’exécutions de personnes attachées. Voilà ce que le monde a découvert après le retrait de l’armée russe. Depuis quand ces corps étaient-ils là ? Avant ou après le repli ? Et donc qui a commis ces crimes de guerre présumés ?
Nous avons pu avoir de sérieux débuts de réponse dès le lendemain de la découverte des corps, grâce au « géo journalisme », ou journalisme satellitaire, que les rédactions commencent à pratiquer, à l’aide d’experts. Vus de l’espace, juste après le repli russe, avant l’arrivée des éléments avancés ukrainiens, les corps étaient bien là. Ils n’ont pas été déplacés ensuite. Le lieu, le moment et le mode opératoire tendent à désigner l’armée russe.
A peine né, déjà indispensable
Vous avez une image géo localisée et horodatée ? Vous pouvez la comparer, pour l’authentifier avec une image prise par un satellite. Vous pouvez aussi en comparer le contenu : les bâtiments, les arbres, le relief… C’est ce qu’ont fait les @RevelateursFTV à propos de Boutcha dans ce thread considéré, dans les allées pavées du festival international du journalisme de Pérouse (Italie), comme le plus complet de tous.
Cette manière d’enquêter est le quotidien de Benjamin Strick, directeur de l’investigation au Centre pour la résilience de l’information, invité du festival de Pérouse. Son équipe compte d’ailleurs parmi les sources des @RevelateursFTV. Rien ou presque n’échappe à ce militant des droits de l’Homme qui se met à disposition des rédactions du monde entier.
« Le géo journalisme, ou géo investigation, est un moyen de vérifier des images très connues, mais aussi de faire émerger des images enfouies, dans des conflits que les rédactions ne parviennent pas à couvrir. Des images d’amateurs qui ne seraient pas diffusables sans nos vérifications. » affirme-t-il.
Quelque part au Cameroun, date inconnue. La vidéo, insoutenable, reçue par plusieurs rédactions en 2018, montre des civils, des femmes et des enfants, assassinés par des hommes en uniforme équipés de fusils d’assaut. Les hommes mettent les victimes à genoux, leur bandent les yeux et les tuent de sang-froid. On entend un commentaire en Français. Est-il fiable ? Il ne précise aucun contexte. Où et quand cela a-t-il eu lieu ? Qui sont les victimes, qui sont les assassins ?
« Nous nous y sommes mis à sept : des membres du centre pour la résilience de l’information, d’Amnesty International, des journalistes de la BBC et de Bellingcat, chacun avec des compétences spécifiques. A ce moment-là, le gouvernement camerounais disait qu’il s’agissait d’une fake news, que cela n’avait pas été filmé au Cameroun.
Nous avons commencé par dessiner les montagnes au loin, sur la vidéo, que nous avons superposées, à échelle égale, à des images publiques de Google earth à l’endroit présumé (…) Nous avons trouvé un relief exactement identique, au Cameroun, tout près de la frontière avec le Nigeria. Nous avons ensuite identifié les circonvolutions d’un chemin de terre, puis chaque arbre, chaque bâtiment. Nous voulions être inattaquables. Nous avions le lieu ».
Confondu par son ombre
Mais quand ces images ont-elles été filmées ?
«Quand vous avez la géo localisation, vous pouvez accéder aux archives », poursuit Benjamin Strick. « Nous avons constaté qu’un bâtiment visible sur la vidéo a été construit à la fin de 2016. Nous avions donc une fourchette de 18 mois. Puis nous avons établi l’angle entre un des hommes en uniforme marchant bien droit au milieu de l’image et son ombre. »
A l’aide d’un site public de modélisation de la lumière en fonction d’un lieu, les enquêteurs déterminent alors la saison. La fourchette est encore réduite.
« Nous savions quel conflit était en cours dans cette zone à ce moment-là », ajoute Strick. « Des réfugiés nigérians étaient alors repoussés par la guerre vers le Cameroun, en conflit avec son voisin. »
Les vêtements des victimes les désignaient comme nigérianes. Pas encore suffisant pour identifier les assassins.
Un mélange avec les méthodes traditionnelles
Le reste est plus classique : identification des armes (un modèle spécifique), utilisées dans cette partie du pays « comme le prouvent d’autres images postées sur Facebook par des soldats camerounais ».
Même chose pour les uniformes, malgré les dénégations répétées du gouvernement camerounais.
« Les images satellitaires nous ont aussi prouvé qu’une unité utilisant ces armes et ces uniformes étaient cantonnée à 880 mètres du lieu de l’exécution. »
L’équipe enquête alors sur le terrain pour savoir qui, parmi les soldats cantonnés, se vantait, exhibait d’éventuels trophées.
« Avec ces recoupements, nous avons identifié trois hommes sur la vidéo. Le gouvernement camerounais a alors changé de stratégie et lâché des noms d’éventuels responsables. Les trois hommes en question en faisaient partie.»
Cette manière d’enquêter rappelle les méthodes du renseignement militaire. Mais elle est désormais accessible aux rédactions, à condition de mobiliser des compétences spécifiques et de trouver de l’aide : analyse des images satellite et capacité à les corréler à d’autres informations sur le web ; enquête de terrain, visualisation de données, et grand esprit de déduction !
Quant aux images satellitaires les plus précises, « elles ne sont pas toutes classifiées, loin de là » précise Strick. Certaines sont proposées par des civils. L’accès est souvent cher, mais bien souvent les images gratuites suffisent. C’était le cas lors de l’enquête au Cameroun !»
Le géo journalisme n’est donc pas réservé aux rédactions les plus fortunées (même si certaines images utilisées dans les vérifications de Boutcha coûtaient cher). Et elles ne dispensent en rien d’enquêter sur le terrain. « C’est un plus, mais un plus déterminant », conclue Benjamin Strick.
Au Cameroun, en 2020, un tribunal militaire a condamné quatre soldats, dont les trois identifiées par l’équipe d’enquêteurs, à… 10 ans de prison. Les victimes, elles, n’ont pas été identifiées à ce jour. L’intégrale de la conférence de Benjamin Strick ici.
« Ne dîtes-pas que je suis courageuse ! »
« Mais dîtes la vérité sur l’Inde d’aujourd’hui », crie Rana Ayyub à une salle pétrifiée. L’éditorialiste du Washington Post en Inde, 1,75 m, tailleur rouge vermillon et cheveux lâchés, est l’invitée du festival international du journalisme de Pérouse (Italie). Au même titre que la Philippine Maria Ressa, prix Nobel de la Paix 2021, directrice du site d’information Rappler elle incarne aujourd’hui la lutte pour la liberté de la presse et contre le cyber harcèlement. Rana Ayyub a failli ne pas prendre son avion pour l’Italie. La police fédérale indienne disait craindre qu’elle organise sa fuite du pays, elle qui fait face à plusieurs enquêtes. « Un policier m’a interrogée sur une facture de 2,5 euros », explique la journaliste.
Par Pascal Doucet-Bon, Directeur délégué de l’information
« Les dossiers Gujarat »
2010, Ahmedabad, capitale de l’Etat du Gujarat, en Inde. Une jeune inconnue de 26 ans, Maithili Tyagi, aborde le parti fondamentaliste hindou au pouvoir dans l’Etat. Elle prétend être une cinéaste universitaire américaine d’origine indienne, « avec l’accent qui va bien », s’amuse-t-elle aujourd’hui, venue réaliser un documentaire sur le parti qui monte, le BJP, organisation fondamentaliste et nationaliste hindoue. Elle aussi est hindoue, croient les politiciens. En fait, Rana Ayyoub est journaliste, citoyenne indienne, musulmane, et porte certes une caméra visible, mais aussi « 8 caméras et micros cachés » ! Pendant huit mois, elle documente l’agenda secret du BJP d’Ahmedabad. Le parti de Narendra Modi n’a pas encore conquis le pouvoir fédéral ; il le fera quatre ans plus tard. Elle publie en auto-édition un livre désormais vendu à 700 000 exemplaires, dans 17 langues : les « Gujarat Files : Anatomy Of A Cover Up ». On y apprend que les meurtres de musulmans dans des émeutes au Gujarat, quelques mois plus tôt, ont été couverts, de manière constante et par l’Etat-BJP. Un documentaire suivra.
Le symbole du cyber harcèlement
Rana Ayyub devient célèbre, « plus que je ne l’aurais souhaité », affirme-t-elle. Les attaques des partisans du BJP commencent. « Elles sont violentes, haineuses. Je comprends qu’elles sont organisées par l’Etat, mais je n’ai pas de raison d’avoir peur à ce moment-là. Je suis concentrée, pugnace. Je réponds aux attaques, et continue mon travail ». Elle révèle d’ailleurs pour plusieurs journaux et sites d’information, plusieurs informations supplémentaires sur la « machine fondamentaliste ». La voici attablée avec des amis, en 2018, « pour l’happy hour. Une source m’envoie une capture d’écran issue d’une conversation sur Whatsapp. Ma tête avait été montée sur des images pornographiques. Je me suis isolée quelques minutes, et j’ai… ».
8,5 millions de tweets
Le martyre de RanaAyyub ne fait que commencer. Plusieurs campagnes pornographiques s’en suivront. La voici taxée de djihadisme, photo truquées à l’appui. Les chercheurs du Centre international pour les journalistes ont analysé les 8,5 millions de tweets concernant Rana Ayyub. « Même pour des analystes distanciés, ce travail a été cauchemardesque sur le plan psychologique, raconte Julie Posetti, qui dirigeait les recherches.
« A cette guerre des trolls, le gouvernement de Ramendra Modi « a ajouté des formes de harcèlement plus traditionnelles », poursuit Julie Posetti. Rana Ayyub et toute sa famille sont accusées de blanchiment d’argent. « Plusieurs accusations s’empilent, sans condamnation à ce jour, dans ce qui ressemble à des « procédures baillon » ». « Mes amis ne voulaient plus me voir en public, moi, la voleuse et l’actrice porno. Les fils Twitter et chaînes Whatsapp du BJP étaient devenus, et sont toujours, la principale source d’information de la population hindoue. Même certains musulmans les consultent. Je ne pouvais pas lutter. Quant aux journaux, ils ne sont pas tous favorables au pouvoir. Mais ils sont obsédés par leurs précieux accès aux sources officielles. Ils sont extrêmement institutionnels. Et puis leurs patrons, tous des hommes, estimaient qu’il n’y avait peut-être pas de fumée sans feu».
L’attaque mentale, nouvelle arme
Grâce à une détermination hors du commun et au soutien de la presse anglophone du monde entier, « arrivé tard mais massif », dit Julie Posetti, Rana Ayyub a pu tenir et continuer à écrire. « Le Washington Post m’a offert un travail autant qu’une protection », reconnaît-elle. « Mais vous devez tout savoir ! Je ne vous cacherai rien de mon cauchemar », crie-t-elle. « Oui, je vis sous anxiolytiques, c’est une des rares choses vraies qu’on a racontées sur moi. Oui, j’ai souvent des pensées suicidaires, parce que ma famille a honte et parce qu’elle est en danger. Oui, je n’ai pas eu mes règles pendant des mois. Vous ne devez rien ignorer, parce que cela peut vous arriver demain. L’Inde est une démocratie, ne l’oubliez pas ! L’apathie de la profession est une des réalités qui m’a le plus affectée. Mais je ne changerai pas. Je ne quitterai pas le pays, et je ne me tairai pas. Les autorités ont peur et j’en suis heureuse. Je ne suis que la plus connue de centaines de reporters indiens. Je ne suis pas plus courageuse qu’eux. Ne dîtes pas que je suis courageuse ! Dîtes la vérité sur l’Inde ! Ceux qui regardent ailleurs sont complices », conclue-t-elle en frappant le pupitre. On devine alors la lividité des visages sous les masques FFP2, dans la salle de l’auditorium San Francesco. Quelques yeux humides, aussi.
« Rana, comme des dizaines de journalistes et d’activistes à travers le monde, subit la forme la plus contemporaine d’attaques contre la liberté d’expression : l’attaque psychique, qui n’était pas possible à une telle échelle avant l’avènement des réseaux sociaux, et qui va plus loin que l’habituel dénigrement », analyse Julie Posetti. « Son témoignage doit amener les rédactions du monde entier, et les associations de journalistes, à s’organiser en fonction de ce risque ».
Un risque supplémentaire qui ne remplace pas les périls déjà connus : assassinats, arrestations arbitraires, torture. Gori Lankesh, ancienne reporter devenue activiste, traductrice des Gujarat files pour le Canada, a été abattue par plusieurs tireurs dans une rue de Bengalore (Inde) en septembre 2017. Elle venait de se moquer, sur les réseaux sociaux, des énièmes trolls qui attaquaient Rana Ayyub. L’enquête n’a pas progressé à ce jour.
Raconter la guerre, documenter les crimes
Par Hervé Brusini, Président du Prix Albert Londres, ancien rédacteur-en-chef de France Télévisions
Au fil des jours, des semaines, la guerre déclenchée par l’agression du Kremlin en Ukraine se donne à voir sur les écrans. C’est le fruit d’un travail. Seuls ou en équipes, des journalistes sont sur le terrain, explorent les zones de combat, vont à la recherche des victimes, font parler les habitants, tentent de comprendre ce qu’il se passe, et d’établir les faits malgré l’extrême difficulté du chaos vécu par tout le pays. Si, comme le veut la fameuse citation, la vérité est la première victime de la guerre, cette même guerre constitue toujours une épreuve de vérité. Elle est la brutale confrontation entre vie et mort, au milieu du fracas des armes.
Les populations soudainement fauchées. Chacun ressent si intensément l’extrême violence que dans l’instant, l’angoisse, les pleurs accompagnent les images. L’émotion qui dévaste, est la première épreuve de vérité, vécue aussi par celles et ceux qui sont à la fois si loin des affrontements et si proches par le truchement des écrans. Le journalisme est alors puissamment présent, puissamment convoqué, lui, le vecteur de ces souffrances partagées, qu’on le veuille ou non. Étonnant retournement de situation. La défiance qui entache les médias d’information est certes toujours là, tapie dans l’ombre des théories de questionnements complotistes, mais la tragédie prend le dessus. Rien à faire, on veut voir plus, savoir davantage, on veut être informé. Cette exigence de citoyen au monde et du monde, a son histoire, le journalisme est son compagnon, la propagande, son ombre portée.
En juillet 1917 dans les colonnes du Petit journal, Albert Londres écrivait ces phrases qui résonnent aujourd’hui : « Que ceux qui n’aperçoivent plus distinctement le paysage tragique de la guerre parce qu’il leur est trop familier, ou qu’ils en sont trop loin, viennent avec moi, – le journaliste – , Nous allons voir ensemble… » C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui.
L’invention de la rigueur des faits
Le récit du choc belliqueux entre les hommes est à l’origine de l’un des fondamentaux de l’information. L’horreur massive des batailles, des tueries, de la douleur des peuples a très tôt imposé, Ô paradoxe, une exigence de rigueur à qui voulait en faire la narration. En tout cas, c’est un stratège qui, le premier, a placé « l’établissement des faits » préférable à la recherche de « l’agrément de l’auditeur ». Thucydide est ce chef militaire déçu, ébranlé par cette violence, qui a souhaité raconter la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte au quatrième siècle avant notre ère. Il souhaitait offrir ainsi un « enseignement pour toujours », en luttant contre « la négligence que l’on apporte en général à rechercher la vérité, à laquelle on préfère les idées toutes faites ». La chasse à la fausse nouvelle avant l’heure. Et de prôner la précision des chiffres, des dates, y compris la météo du jour. Recouper, vérifier sans prêter plus d’attention « au merveilleux, à la poésie qui séduisent si facilement… » Il fut ainsi pourrait-on dire, le premier à documenter scrupuleusement une guerre, une sorte « d’historien de l’immédiat », selon l’expression chère à Jean Lacouture.
L’invention du correspondant de guerre
2000 ans plus tard, cette même question de la vérité du récit de guerre n’a cessé de se poser avec la naissance de l’information de masse au XIXe siècle. Enjeu politique majeur, la guerre était désormais « rapportée » par des gens dont c’était le métier, fût-il alors en cours de définition. L’histoire qui suit est de ce point de vue fondatrice…
C’est au Mexique en 1848 que l’on a vu apparaître les précurseurs du reportage en zone de conflit. A l’époque, les États-Unis annexent là-bas, des territoires et « pour la première fois une nation en guerre doit tenir compte de l’opinion publique et du nouveau pouvoir de la presse qui contribue à la façonner » souligne Adrien Jaulmes, dans son formidable ouvrage « Raconter la guerre ». Car cette fois, des envoyés spéciaux, souvent reporters et combattants, sont présents sur le théâtre des opérations. Et ils écrivent, ils publient, ils sont lus, même si leur statut est alors encore très ambigu.
Le titre de correspondant de guerre au plein sens du terme avec l’indépendance que cela suppose à l’égard de l’armée que l’on accompagne, revient en 1854 à William Howard Russell. Les circonstances qui vont le rendre célèbre, résonnent avec la période actuelle. L’histoire se déroule en effet en Crimée. Elle oppose la Russie, à une coalition qui rassemble, le Royaume Uni, la France, et l’empire ottoman. Le témoin Russell est sans concession. La guerre est décrite dans ses horreurs, jusqu’au « commandement britannique, pas toujours compétent », précise Jaulmes. En haut lieu comme on dit, le journaliste est honni, alors que le public en redemande.
L’invention du photographe de guerre
« Pour donner une autre image du conflit, la couronne décide de recourir à une autre invention révolutionnaire : la photographie », ajoute A. Jaulmes. Un peintre portraitiste officiel de la cour, devient ainsi le premier reporter photo de guerre. Son nom Roger Fenton. A ses côtés, Marcus Sparling. Il n’est pas de trop. L’appareil de prise de vues ainsi que le développement des clichés exigent l’utilisation d’un chariot entièrement dédié à cette activité toute nouvelle de montrer la guerre. Il faut savoir manier l’engin, et les produits chimiques pour obtenir les images. Le temps des dessinateurs de terrain, jusqu’ici chargés de visualiser les champs de bataille, s’achève. Pas le sens de la mise en scène propre à l’artiste.
La présence de boulets de canon tirés par l’armée russe, sur une photo de Fenton intitulée la vallée de l’ombre, déclenche une polémique. Le reporter aurait ajouté les projectiles pour dramatiser le cliché. Un reporter qui de surcroît ne montre aucun cadavre. Son champ de bataille ne connaît pas de victimes. Ce sera tout le contraire pour l’un des élèves de Fenton, Felice Beato. Celui-là n’hésite pas à « exposer » les corps des soldats. Le mot est bien celui-là, car en Inde en 1856 ou en Chine en 1860, où il accompagne le contingent expéditionnaire franco-britannique, Beato dispose sur le terrain, les victimes et les armes comme un peintre compose sa toile. L’esthétique préférée à la véracité, le début d’un débat qui encore aujourd’hui agite les professionnels de l’information. Mais l’essentiel est désormais en place, des témoins de métier, assistent aux scènes de guerre, et en rendent compte plus ou moins fidèlement.
L’invention du reporter cameraman
Il fut de nombreuses guerres, caméra au front, comme le dit A. Jaulmes. Frederic Villiers est cet artiste peintre britannique, qui ouvrit la voie au métier de reporter d’images sur le terrain des affrontements militaires. Pendant la guerre qui opposa la Turquie à la Grèce en 1897, durant le conflit russo-japonais, au Soudan également contre les derviches, Villiers déplace tant bien que mal son encombrant appareil de prise de vues pour filmer le champ de bataille. Une première. Non sans mésaventure. Il fallait tourner la manivelle de l’engin avec la régularité d’un métronome aux pires moments de violence. Et puis, il arrivait que la caméra placée sur pieds ne résiste pas aux secousses et autres fracas des armes, surtout quand elle était juchée sur un bateau…
Avec la première guerre mondiale, le reportage de guerre s’écrit, se photographie, et donc se filme aussi. Le grand écran connaît un grand succès. Une douzaine d’opérateurs se démène pour capter quelques séquences d’une horreur industrielle, dévoreuse de vies par millions. Ils font partie de « la section photographique et cinématographique des armées françaises ». Albert Sammama-Chikli est l’un d’eux. Il a de l’expérience, mais sa lourde caméra est incapable de saisir le mouvement des chocs entre soldats. Alors, on reconstitue, on met en scène…De toute façon, la vérité est sévèrement mise à mal.
L’invention de la censure

La censure surnommée Anastasie
Car, 35 ans après son adoption en 1881, voilà que la liberté de la presse est suspendue aux premiers jours de la grande guerre. Un décret donne aux militaires le pouvoir d’interdire « toute publication jugée dangereuse pour les intérêts français », précise Christian Delporte dans son « Histoire des journalistes en France ». Un bureau de presse est mis en place sous le contrôle direct du Ministère de la Guerre. De fait, le loyalisme du moment prédomine chez les journalistes. L’intérêt supérieur de la patrie, dirige majoritairement les plumes et les consciences. Le bourrage de crâne de la propagande, se fait avec la complicité de nombreux titres de presse. En la matière, on atteint des sommets, allant jusqu’à écrire que les balles allemandes « traversent les chairs sans faire de déchirure », de la camelote en somme.
La suite de l’histoire est connue : Les tranchées sont interdites au regard des reporters. Sauf aux étrangers. Un comble. On ouvre alors une « mission de presse » qui souhaite mettre en coupe réglée les envoyés spéciaux des rédactions françaises. Albert Londres qui est du nombre claquera la porte. Et les poilus finiront par produire leur propre presse dont l’actuel Canard Enchaîné est l’un des rares survivants… Au final, la censure inventée en ce temps de guerre aura aussi et pour longtemps crée, aggravé, une défiance durable à l’égard de l’information.
Voilà pour l’histoire de quelques fondamentaux de ces moments si tragiques. Mais alors…
L’invention d’une guerre documentée

Tribunal pénal international Nuremberg
Thucydide n’est vraiment pas parvenu à ses fins. Les guerres existent encore. Et le journalisme qui ne cesse d’évoluer dans ses arts de faire, est plus que jamais présent pour témoigner. Depuis la première guerre mondiale, les épisodes vécus par ce couple ont été ceux d’une histoire chaotique. De la seconde guerre mondiale avec la révélation filmée des camps d’extermination de la Shoah, à la proximité édifiante d’une guerre du Viêt-Nam, où le reporter a été l’un des facteurs d’influence pour la fin des hostilités, en passant par la première guerre du Golfe et son apparence de jeu vidéo, l’histoire de la représentation de ces guerres, au-delà de la spécificité de chacune d’entre elles, place toujours la vérité au cœur des récits qui en sont faits.
Une vérité appelée et sanctionnée, par des instances pénales internationales. Déjà, en 1945 un tribunal pénal international siège à Nuremberg. 24 hauts dignitaires nazis comparaissent pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Outre les témoins qui déposent à la barre, des images réalisées au nom des alliés, par les membres d’une « Unité spéciale de tournage » à la libération des camps constituent une importante contribution aux débats du procès. Les plans sont méthodiquement produits. Leur grammaire obéit clairement à la volonté de constituer des preuves.
50 ans plus tard, les tribunaux ad hoc – tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie en 1993 à La Haye, et tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha en 1994 – ont également appelé à la contribution des journalistes reporters de guerre. Là encore, il s’agissait de réunir des preuves.
L’agression de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine remet à l’ordre du jour l’exercice d’une justice internationale. D’ores et déjà, Karim Kahn, le procureur général de la cour pénale internationale a ouvert une enquête immédiate sur la présomption de crimes de guerre en Ukraine, avec le soutien de 39 États tous membres de la CPI. Selon les dires du magistrat, « le travail de preuves a commencé. » Ainsi, des équipes légères ukrainiennes prennent le plus d’images possible au gré des frappes russes sur les villes du pays. Ils ne sont pas seuls…
Pour une documentation européenne de la guerre en Ukraine
L’actuelle présence journalistique en terre ukrainienne est peut-être l’une des plus importantes jamais connue lors d’un conflit. Presse écrite, radio, télé, web, la multiplication des supports modernes explique cela outre le fait évident de l’intérêt porté au surgissement d’une telle violence sur le sol de l’Europe. Des médias comme le New York Times ou encore L’Associated Press et la série documentaire d’investigation FRONTLINE de PBS se sont engagés dans le travail pointilleux du relevé des actes de guerre. On rêverait de voir ce même recensement effectué grâce aux reportages des grands médias européens. Souvent présents avant même le commencement des hostilités, ces derniers ont saisi, capté, enregistré des scènes, des paroles, des documents susceptibles de constituer le grand récit documentaire de cette guerre.
Pour l’une des premières fois dans l’histoire des conflits, des médias sont en mesure de produire en temps réel un archivage du champ de bataille. On aperçoit bien l’intérêt d’une telle « réunion des regards ». Bien sûr, une photo, une vidéo, en soi ne prouve rien, mais leur diversité de points de vue, permet une salutaire confrontation pour l’histoire, pour peu que l’exigence clinique du repérage des lieux, du temps et des acteurs soit au rendez-vous. Une aide qui pourrait être accessible à la justice. Et cela sans exclusive, fidèle à l’éthique des médias en Europe avec ses valeurs d’universalité, d’indépendance, d’excellence professionnelle, de pluralisme… Montrer, raconter la guerre deviendrait alors une arme contre la guerre.
SXSW 2022 – Les créateurs à la conquête du Web3
Par Kati Bremme, MediaLab de l’Information
South by Southwest était marqué cette année par la présence des créateurs, mélangés à des geeks de la blockchain, et des investisseurs qui comptent bien tirer profit de la ruée vers l’or du Web3. Il était difficile d’échapper à l’influence de la cryptomonnaie, présente à chaque coin de rue à travers d’innombrables affiches et expériences qui permettaient de se transformer en avatar 3D que l’on pouvait ensuite monnayer sur une blockchain, ou encore de se promener dans l’exposition Doodles aux couleurs pastel parfaitement instagrammables célébrant les jetons non fongibles.
Exit le Monty Python John Cleese, qui n’a définitivement pas compris les sensibilités de notre époque ; la nouvelle star de ce festival qui réunit digital, film et musique au Texas, est la chanteuse body positive Lizzo qui a acquis les cœurs des spectateurs de sa keynote avec cette citation : « On n’a pas toujours besoin d’être cool, parfois on peut juste être gentil ». Les (méta)influenceurs sont devenus créateurs, à la recherche de fonds pour les soutenir, et le Web3, cette troisième génération d’Internet qui reprend le pouvoir aux plateformes, pourrait bien être la solution.
Le Web2 rattrapé par le Web3
Les géants du Web2 essaient tant bien que mal de rester dans la course vers l’économie de créateurs décentralisée. Mark Zuckerberg a annoncé par visioconférence à SXSW l’intégration des NFT dans Instagram, Meta s’est associée à Rolling Stone pour créer une maison des créateurs avec des studios pour réaliser des vidéos et des démonstrations de ses casques de réalité virtuelle, Twitter a installé sa maison éphémère dans la rue historique de Rainey Street à Austin, avec des cabines permettant d’enregistrer des conversations audio en direct sur Spaces. TikTok a organisé une fête le samedi soir pour les créateurs de l’application de vidéos courtes, et on pourrait très bien s’imaginer pour l’année prochaine une marketplace NFT géante par Amazon, qui a ouvert un 2ème magasin Whole Foods juste à côté du centre de conférences. La plateforme de souscription Patreon a également organisé un événement sur plusieurs jours, qui comprenait un salon fermé pour les VIP et les créateurs. Toutes les plateformes ont mis en place des fonds de soutien à la création : Snap, YouTube (depuis ses débuts), Instagram, TikTok, pour lesquels se bat un nombre exponentiel d’artistes créateurs.
D’autres grandes plateformes sociales étaient en revanche absentes du SXSW, notamment YouTube, Snap, Pinterest et LinkedIn. L’économie de créateurs conquiert désormais le tapis rouge du festival de film, avec la première du documentaire controversé de Casey Neistat, vlogueur de longue date, sur son collègue David Dobrik.
Le phénomène TikTok
La table ronde ‘TikTok a-t-il gagné la guerre des créateurs ?‘, a réuni une équipe de choc dans l’espace social/créateur : Kerry Flynn, journaliste de Media Deal pour Axios, Kaya Yurieff, journaliste de Creator Economy pour The Information, et Jules Lund, fondateur de Tribe, ont partagé leurs idées : « TikTok est le média social le plus addictif. C’est comme du crack… Instagram est l’application du vendredi soir quand vous êtes sur le point de sortir, mais TikTok est le dimanche matin quand vous riez en pyjama avec vos amis dans votre chambre. » La formule magique est désormais : « si vous gagnez les créateurs, vous gagnez les utilisateurs, vous gagnez les annonceurs ».
En 2019, Instagram était la star de SXSW. Après deux ans de pandémie, c’est définitivement TikTok qui a gagné la course à l’audience : moins soigné qu’Instagram, plus « humain », plus accessible (par la distribution non connectée, il y est plus facile d’atteindre rapidement une grande communauté), avec un concept de contenu publicitaire organique parfaitement intégré et plébiscité par les utilisateurs. TikTok est aussi une plateforme idéale pour y diffuser du liveshopping, capable de rapporter 1,9 milliards de dollars en 24 heures. Le liveshopping résout d’ailleurs tous les problèmes du marketing avec une mesure qui peut être directement branchée sur les ventes, sans intermédiaire, là ou Instagram Checkout ne publie pas de chiffres depuis 2018.
Dans la session presque scientifique ‘What Makes TikTok Tick‘, Jorge Ruiz, Global Head Of Marketing Science chez TikTok et Pranav Yadav, CEO US & Europe chez Neuro-Insight, ont donné quelques recettes du succès de la plateforme d’origine chinoise, capable de générer une pénurie internationale de Feta suite à un clip vidéo de 30 secondes sur une recette de pâtes de la blogueuse culinaire finlandaise Jenni Häyrinen. Les scientifiques de Neuro-Insights mesurent les flux du cerveau pour comprendre comment au mieux activer notre mémoire à long terme responsable à 80% de nos prises de décision, pour améliorer encore le taux d’engagement de TikTok qui dépasse de loin celui des autres réseaux sociaux, avec des publicités organiques qui ont 44% de plus de succès que sur les plateformes concurrentes.
Prédictions provocantes et non-évidentes
SXSW est aussi l’occasion chaque année de s’inspirer des prédictions de futurologues stars de tout genre. Scott Galloway, professeur de Marketing à la NYU Stern ne déçoit jamais avec ses prédictions provocantes et son approche « tell-it-like-it-is ». Il a fait une entrée fracassante avec son cynisme habituel, passant en revue les grands thèmes de l’année, notamment ‘l’idiotie’ du tourisme spatial, la course aux super-applications et la mort inévitable du Zuckerverse. La grande décentralisation du Web3 est pour lui plutôt une recentralisation, voire même une « bit-centralisation ».
Sa plus grande révélation : selon Galloway, c’est la prise de conscience (ou peut-être le rappel) que notre bonheur est inextricablement lié au nombre de conversations profondes et significatives que nous avons dans nos vies. Des conversations qui nécessitent des relations profondes et significatives. Nous devrions nous concentrer sur la consolidation et la réparation de nos relations clés, que ce soit avec nos parents, nos frères et sœurs ou nos amis. Et il n’y a pas de meilleur moyen d’y parvenir que de se réunir – en personne – quand nous le pouvons, d’ailleurs l’un des leitmotifs de cette année.
Le discours principal de la futurologue Amy Webb (une session incontournable chaque année) est toujours un moment fort. SXSW est la base de lancement de son rapport sur les tendances technologiques émergentes. L’accent est mis cette année sur la re-perception et trois principales tendances : L’intelligence artificielle – l’incroyable accélération, en particulier dans la reconnaissance et la surveillance, le métavers et le Web3 – décentralisation, blockchain et cryptomonnaies, et la biologie synthétique – réseaux informatiques, alimentation, technologies agricoles et santé.
Rohit Bhargava, fondateur de la ‘Non-Obvious Company’, a partagé les meilleures et les pires prédictions issues de plus d’une décennie de curation de tendances à partir de tonnes de notes prises sur des post-its et une intelligence tout sauf artificielle. Voici ses 10 prédictions et opportunités pour notre avenir proche :
1/ Identité amplifiée – essayer de changer la perception de la manière dont nous sommes vus sur les différents médias sociaux et dans les métavers, multivers et métamultivers, il faudra se préparer à notre fracture identitaire
2/ Ungendering – pour dépasser les limites du genre, ou au moins les comprendre, avec des applis comme Woman Interrupted
3/ La connaissance immédiate – des vidéos YouTube ou Tasty à l’apprentissage haptique passif, une opportunité pour le marketing de contenu : comment aider les gens à devenir plus intelligents plus rapidement
4/ Revivalism – Kodak refait des pellicules, le retro pour inspirer la confiance
5/ En mode humain – réalisé avec l’empathie comme stratégie, à l’instar du ‘Slow Checkout’ dans les hypermarchés Tesco pour les personnes en difficulté ou du design produit pour les personnes handicapées
6/ Richesse de l’attention – sensationnalisme
7/ Le profit utile – Inglorious fruits and vegetables, réutilisation, recyclage
8/ Abondance de données – 90 % des données mondiales ont été créées au cours des deux dernières années, posez de meilleures questions cherchez plus d’informations
9/ Technologie qui protège – le four intelligent June, un renifleur d’aliments, donner la priorité à l’utilité
10/ ‘Flux Commerce’ – Crayola se lance dans une ligne de maquillage, un Hôtel Taco Bell, Cleveland whisky vieilli en 2 jours, la perturbation des hypothèses d’un secteur industriel donné
Les communautés au coeur de la création (et du marketing)
Priya Parker, facilitatrice, conseillère stratégique, à l’origine du podcast du New York Times « Together Apart », auteure acclamée de ‘The Art of Gathering: How We Meet and Why It Matters‘ a ouvert cette année le SXSW. Un cours magistral sur la participation du public et la facilitation pour créer des rencontres qui ont du sens, façon interessante de lancer le programme 2022, de retour IRL après deux ans dans l’espace virtuel. Priya Parker a déclaré que ce n’est pas le moment pour les gens de rester séparés. « Nous ne nous rassemblons pas seulement pour nous échapper. Nous nous rassemblons pour nous engager« , a déclaré Parker. « Et nous ne nous réunissons pas seulement pour célébrer. Nous nous rassemblons pour pleurer, pour faire notre deuil et pour donner un sens à ce qui se passe dans le monde en ce moment. »
SXSW était aussi l’occasion de partager des émotions : l’une des plus importantes salles du SXSW n’était pas assez grande pour accueillir la communauté de fans qui voulait voir la superstar Lizzo, lauréate de trois Grammy Awards. Le message de Lizzo sur l’amour du corps et la positivité résonne depuis que son premier tube de 2019, Truth Hurts, est devenu le numéro un le plus long de l’histoire pour une artiste rap solo. Maître de la promotion, Lizzo a présenté sa nouvelle émission Amazon Prime Video ‘Watch Out for the Big Grrrls‘ avec son équipe en soutien dans la salle.
I wish I could post the whole talk cus there’s SO MUCH more to it than this… but thank u @angelayee for kickin it w me at sxsw—ima post alot today… this was such a big deal 🥺 pic.twitter.com/ccvvJ1D9jo
— LIZZOOOOO (@lizzo) March 15, 2022
Dans un tout autre genre, Paris Hilton a appelé à ce que le SXSW « fasse rage dans le métavers » pendant sa performance DJ. Elle a tout intérêt à faire la promotion du métavers et des NFT, ayant créé son propre métavers « Paris World » et étant elle-même heureuse propriétaire d’un NFT Bored Ape qu’elle avait l’occasion de montrer en janvier dans « The Tonight Show Starring Jimmy Fallon ». Une séquence moquée sur les réseaux sociaux, où, à la manière des cartes Panini, les deux stars se sont échangés des photos de leurs jetons non fongibles Bored Ape respectifs – celui de Fallon vaut environ 215 000 dollars et celui de Hilton 300 000 dollars. « Nous faisons partie de la même communauté ! » s’est exclamé Fallon. « Nous sommes tous les deux des singes ! » On assiste certainement à la création d’une nouvelle clique cryptographique à Hollywood.
Du côté de la communauté familiale, Roman Coppola a lancé un projet qui utilise la blockchain pour financer des films, soutenu à hauteur de 300K par Steven Soderbergh. ‘Decentralized Pictures‘ a aussi sa propre cryptomonnaie (ou tokens, comme préfère les appeler Roman Coppola). L’association à but non lucratif cofondée par Roman Coppola, Leo Matchett, vétéran de la technologie et du divertissement, et Michael Musante, cadre d’American Zoetrope, et dirigée par un conseil d’administration comprenant Sofia et Gia Coppola, a pour mission de découvrir et de soutenir les cinéastes sous-représentés. « En un sens, il s’agit d’un fonds cinématographique sélectionné démocratiquement », a déclaré Musante. « Au lieu d’un conseil d’administration composé de cadres, c’est notre communauté qui décide, qui donne son avis et qui dit aux gens ce qu’ils aiment. »
Enfin, ce sont aussi les communautés de sportifs qui sont de nouvelles cibles marketing de l’économie Web3. L’United States Football League (USFL) s’associe aux Blockchain Creative Labs (BCL) de FOX Entertainment pour lancer une place de marché NFT pour les objets de collection numériques, présentée par Daryl Peter « Moose » Johnston, une star du football aux Etats-Unis. Autant de nouvelles façons de s’identifier les uns aux autres par la propriété.
Economie des créateurs contre étoiles filantes des médias, la fin du modèle 100% publicitaire
Alors que Disney Streaming, Amazon et Netflix ont octuplé leur contenu, et que Discovery Inc et WarnerMedia ont fusionné pour former DiscoBros, Evan Schapiro – eshap – affirme que l’on assiste à une bataille entre les créateurs et les plateformes. Steven Rosenbaum, directeur exécutif du NYC Media Lab, s’est entretenu avec lui dans un ‘fireside chat’ sur l’avenir des médias face à l’économie des créateurs. Avec des plateformes comme Apple TV et Netflix qui dépensent des sommes considérables en contenu, les créateurs ne deviendront-ils pas un peu plus que les propriétés hautement rémunérées des plateformes qu’ils servent ? Dans une cartographie impressionnante, Shapiro démontre l’inversion des valeurs dans la grande galaxie des plateformes et des médias, où Nvidia a doublé de valeur quand Meta en a perdu la moitié, et où Apple pourrait facilement acheter toutes les entreprises sur la carte.
Mais dans le Web3, à chaque fois que des NFT sont vendus, les taxes vont au créateur, pas à Apple. Patreon a trouvé une nouvelle réponse aux publicités : 1000 personnes paient 5 dollars par mois. Pour Evan Shapiro, la société de création sera égale à la télévision. La recette de survie est la diversification : Apple est un acteur majeur du système d’éducation, le groupe Axel Springer se lance à la conquête internationale et Amazon vient de créer Amp, une appli live radio. La plus grande astuce d’Amazon : prendre les lignes de dépenses les plus importantes et les transformer en revenus. Selon Gavin Bridge et Andrew Wallenstein de la Variety Intelligence Platform (VIP+), Amazon est en train de se transformer en un « réseau de médias de détail ». Amazon a désormais son propre téléviseur, les gens achètent des téléviseurs sur Amazon, entre les wearables et ses magasins Whole Foods, Amazon est capable de contrôler la santé de la population. Amazon vient aussi de conclure son deal avec MGM pour des milliers de films et d’épisodes de séries télévisées, une grande partie de ce contenu finira par apparaître sur IMDb TV, le service de streaming gratuit d’Amazon, financé par la publicité.

Disney est peut-être le plus diversifié après Amazon : le département des parcs de Disney (un métavers en soi) surpasse Netflix qui perd 2% d’abonnés chaque mois. Les chiffres de Netflix en janvier sont en baisse, mais ceux de Disney sont en hausse. Meta, en revanche, vit à 98 % de la publicité, et Alphabet à 89 %. On assiste à une « new quadropoly » : TikTok s’invite dans l’affaire avec une croissance plus rapide que n’importe qui d’autre – il ne s’agit pas d’un simple chiffre mais de l’épicentre de la culture des jeunes. Des modèles entièrement sans publicité ne sont en revanche pas non plus adaptés à tous les marchés (y compris le marché américain et européen, où de plus en plus de ménages souffrent de la crise économique) : Disney a annoncé un volet publicitaire pour son service et Netflix n’a pas d’objection à intégrer des éléments de publicité à l’avenir.
Nicholas Thompson, The New Yorker, Wired, The Atlantic et Adam Davidson, auteur de The Passion Economy, ont essayé de regarder ‘Au-delà du next big thing dans les médias’ qui pourrait consister en des NFT frappés à chaque article avec un biais évident dans le cas cité de Wired qui avait acheté des bitcoins et en retour publié des articles positifs sur le sujet. Pour Nicholas Thompson, notre façon de raconter l’actualité est trop étroite, il faudra trouver de nouveaux formats, et réussir à retenir les talents qui partent sur Substack en leur donnant plus de liberté dans les rédactions pour trouver une nouvelle façon pour les individus de monétiser leurs compétences.
A chacun son service de streaming de news
L’année dernière a été la première année où le streaming a produit plus d’émissions que la télévision. La couverture de la guerre en Ukraine est en train de réorganiser le paysage de streaming autour de l’actualité. Toutes les chaînes américaines d’information par câble ont lancé une chaîne de diffusion en continu, « pour rester pertinent ». Rashida Jones de MSNBC détaille leur stratégie : « Nous avons une sorte de voix unifiée et un message unifié de ce que nous faisons et nous nous rendons disponibles dans plus d’endroits. « Si vous êtes intéressés par ces 24 heures d’informations brutes et non partisanes, vous avez News NOW dans notre portefeuille. Si vous êtes intéressés par le contexte, la perspective et l’analyse de l’actualité pendant 24 heures, vous avez MSNBC sur Peacock. Si vous êtes intéressés par une version hybride de ces informations sur le câble, vous avez MSNBC. Si vous êtes intéressés par le buzz de la journée, vous avez TODAY, Nightly News, Dateline et Meet the Press. […] Nous sommes partout où les gens se trouvent, et nous allons sur ces plates-formes parce que c’est là qu’ils se trouvent, mais nous apportons le même contenu de haute qualité sur chacune de ces plates-formes ».
Introducing a whole new way to interact with the stories you care about. Enjoy access to live interviews and submit questions to experts with our exclusive Interview Club. pic.twitter.com/tmUafjGDeQ
— CNN+ (@CNNplus) March 11, 2022
Pour CNN, SXSW était l’occasion de lancer son service de streaming CNN+ qui proposera à partir du 29 mars des versions quotidiennes des émissions hebdomadaires de CNN, des programmes inédits, des séries et des films originaux, ainsi qu’une bibliothèque complète de contenus CNN d’archives. Proposé au prix de 5,99 dollars par mois ou de 59,99 dollars par an, CNN+ présentera une gamme de visages du réseau, dont certains sont déjà connus des téléspectateurs, tandis que d’autres, comme Chris Wallace, rejoignent l’équipe en provenance d’autres médias. CNN assume l’idée que l’information peut devenir un divertissement.
Amy Webb ne croit pas aux NFT
Des entreprises allant de Doodles au constructeur de voitures de luxe Porsche ont proposé des divertissements autour du thème des NFT aux milliers de participants qui se sont rendus en personne au Texas. Mark Zuckerberg a annoncé que les utilisateurs d’Instagram pourront, à terme, frapper leurs NFT, ou publier une image numérique sur la blockchain. Selon une étude récente de NonFungible.com et de L’Atelier BNP Paribas, les ventes de NFT atteindront 17,7 milliards de dollars en 2021, contre 82,5 millions de dollars en 2020. Mais alors que le nombre d’acheteurs et de vendeurs a considérablement augmenté, le chiffre n’a pas progressé autant que le total des ventes, ce qui peut refléter les critiques selon lesquelles les NFT sont une bulle spéculative, ou un marché frénétique qui se stabilisera avec le temps. Dans sa conférence, Amy Webb a d’ailleurs clairement affiché son scepticisme face aux NFT, tout comme nombre d’autres spécialistes de la tech et des usages, à l’instar de l’investisseur milliardaire Mark Cuban qui a affirmé que les NFT sont dans une bulle.
Malgré ces réticences, SXSW a vu apparaître cette année le concept des « POAP« , des badges NFT uniques de type « protocole de preuve de présence » remis aux participants d’événements virtuels et réels. Chaque participant n’avait qu’à scanner un QR code pendant l’événement, et était récompensé par un moyen unique et gratuit pour se souvenir de son expérience, stocké à jamais sur la blockchain.
Ben McKenzie, l’acteur connu pour ses rôles dans des séries télévisées telles que Gotham et The OC, qui s’est également prononcé contre les personnalités publiques qui soutiennent la crypto-monnaie, a animé un panel au SXSW avec Jacob Silverman, rédacteur de The New Republic, et Edward Ongweso, de Vice Media. Alors que McKenzie a déclaré que l’utilisation généralisée de produits liés à la crypto au festival semblait être un outil de marketing, Ongweso a ajouté qu’il voyait un thème cohérent aux entreprises faisant la promotion des NFT : « Je m’attendais simplement à des gadgets plus intéressants, des démonstrations, des tentatives de montrer l’utilisation réelle de la valeur, quelque chose de fascinant et d’intéressant à ce sujet. Au lieu de cela, une grande partie est vraiment centrée sur une expérience très étroite qui va peut-être vous séduire, mais qui ne va pas loin dans la réflexion sur la façon dont cela peut réellement faire autre chose que vous rapporter de l’argent, si vous avez de la chance. »
Les maisons Meow Wolf et Fluf World ont proposé des expériences sensorielles, une façon d’intégrer les NFT dans un environnement métavers, avec des QR codes partout pour acheter des jetons non fongibles.
Au revoir dans le métavers ?
Cristiano Amon de Qualcomm a cependant déclaré que nous sommes plus proches du métavers que les gens ne le pensent : « Le nombre d’appareils qui sont construits pour la réalité virtuelle, la réalité augmentée, la réalité mixte est important, quelle que soit la mesure. » En Chine, un milliard de personnes sont déjà dans le métavers et l’application sociale virtuelle « Jelly» a dépassé pour une semaine le téléchargement de l’appli WeChat et est devenue l’appli la plus téléchargée avant d’avoir été retirée des stores pour défauts techniques.
Reggie Fils-Aimé, ex-directeur de Nintendo a déclaré dans sa keynote qu’il n’était « pas un acheteur » de la vision de Meta pour le métavers. Bien qu’il reconnaisse les mérites de la VR dans les contextes sociaux et de jeu, selon lui, les gens ne vont pas passer la majeure partie de leur journée avec un casque de VR. « Je ne crois pas qu’il s’agira d’une expérience que vous ferez pendant 100 % de votre temps, ou même pendant 100 % de votre temps de divertissement », a-t-il déclaré. Pour lui, les lunettes AR seraient plus adaptées à un usage quotidien. Niantic (la société à l’origine de Pokemon Go) va dans le même sens avec son « Real World Metaverse » basé sur son SDK Lightship : un métavers non dystopique pour proposer une expérience du monde qui n’était pas possible avant.
Dans une table ronde qui a réuni Edelman, Norton et AWS, Darren Shou, directeur de la technologie de NortonLifeLock a posé la question : « Que pouvons-nous faire pour créer plus d’empathie, plus d’équité, à travers les actions que nous prenons aujourd’hui ? »Cela commence par s’assurer qu’une diversité de voix et de points de vue est incluse dans le métavers, a déclaré Taj Reid, directeur mondial de l’expérience chez Edelman. Cela signifie que les appareils qui permettent le métavers doivent être peu coûteux et largement disponibles, a ajouté Reid. Selon une enquête initiée par Norton, trois quarts des Américains ne sont pas familiers avec le terme de métavers. Mais lorsqu’on leur pose la question de ce qu’ils souhaiteraient y faire, la réponse est claire : des choses qu’ils ne pourraient pas faire dans la vie réelle. Nul besoin donc de créer une copie conforme de notre réalité (avec tous ces défauts), le métavers devra plutôt se concentrer sur des expériences augmentées ou encore sur l’inclusion de personnes en difficulté. Dans ce cas, il pourrait se transformer en véritable machine à empathie, qui nous permettra de mieux comprendre le monde qui nous entoure, après des années de polarisation dans les réseaux sociaux.
Sur la question des contenus média dans le métavers, Shannon Snow, Responsable du divertissement de Meta, avait très peu d’idées, mis à part quelques lenses AR, une Watch Party et des concerts dans Horizon Venues en parallèle d’un Facebook Live. Il reste donc à inventer tout un monde de contenus pour le métavers, pas forcément à destination de la plateforme de Mark Zuckerberg.
Conclusion
Pour Nick De La Mare qui a présenté les Fjord Trends, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de réflexion. Nous avons la possibilité de décider à quoi ressemblera la renaissance du XXIe siècle. Voulons-nous être descriptifs ou prescriptifs au sujet de notre avenir ? Qui aura le contrôle de ce nouveau monde virtuel ? Les méga plateformes de médias sociaux sont aujourd’hui les gardiens du contenu. Dans un web décentralisé cryptographique, aura-t-on encore besoin de gardiens ? Le consensus semblait à SXSW que tout ne peut pas être décentralisé. On aura peut-être bien besoin d’un badge bleu Twitter pour la blockchain.
Sur fond de métavers et de NFT, chaque conférence et table ronde nous affirmait ô combien on était contents de se retrouver In Real Life. Entre hot-dogs gratuits d’Audible et Porsche Unseen, SXSW 2022 a marqué la fin de l’abondance et la nécessité de passer de l’extraction à la régénération. Le festival de la Silicon Valley a cette fois-ci invité les Nordiques. Amy Webb s’est entretenu avec Anna Tillberg Pantzar de H&M (l’avenir est circulaire), Sven Stormer Thaulow de Schibsted et Anssi Komulainen anciennement YLE Beta Lab, qui lui ont appris que la digitalisation de leurs pays est tellement avancée que l’on peut y régler ses impôts par un simple sms. Cela pourra certainement faciliter la déclaration d’impôts des futurs créateurs du métavers.
SXSW 2022 – Amy Webb prédit la fin du marketing dans le métavers
Par Kati Bremme, MediaLab de l’Information
Pour ce 35ème anniversaire de SXSW, et comme chaque année depuis 15 ans, Amy Webb a partagé sa vision du futur basée sur une analyse poussée des données qui lui permet à la fois de détecter des tendances faibles et de confirmer des hypothèses des éditions précédentes. Véritable star de SXSW, la directrice du Future Today Institute et professeure à la NYU Stern School of Business met à disposition son Tech Trends Report en Open Source, accessible à tous, dans la parfaite tradition du Web 3.0. Trois tendances et scénarios clés dans l’édition 2022 : l’Intelligence Artificielle (toujours), la biologie de synthèse (de plus en plus) et bien-sûr le métavers.
Remettre en question nos modèles de pensée établis à l’exemple d’une image du psychologue Karl M. Dallenbach, voilà le leitmotif de sa présentation qui repose cette année sur la « re-perception » : prendre conscience des espaces blancs pour détecter quelque chose de nouveau dans les informations existantes, essence même de la créativité, de l’innovation et de l’entrepreneuriat et élément incontournable pour gérer l’ambiguïté et l’incertitude du présent.
1La révolution de l’IA, reconnaissance et surveillance
Après quelques années de flottement grâce à des technologies pas encore au point, l’IA modifie désormais définitivement notre perception de la réalité. Quand en 2012, il a fallu 16.000 processeurs et 10 millions de vidéos YouTube pour entraîner une IA à reconnaître un chat, et qu’en 2019 on s’est retrouvés devant des générations automatiques d’images de chat plus que douteuses, les images créées par l’IA en 2022, entraînée par le nombre infini de données que nous générons tous les jours avec nos devices connectés, sont plus vraies que la réalité. L’année dernière, DeepMind a publié dans la revue Nature un article décrivant MuZero, qui a maîtrisé les jeux de Go, d’échecs, de Shogi et Atari sans qu’il soit nécessaire de lui expliquer les règles. Ce fut une étape importante vers des systèmes d’IA fonctionnant dans des environnements inconnus – et un signe que les algorithmes à usage général sont à l’horizon.
Quand on se pose encore des questions sur l’encadrement juridique de la reconnaissance faciale, l’IA est déjà capable d’identifier une personne par son rythme cardiaque ou par sa respiration. L’armée américaine travaille sur la reconnaissance de micromouvements et en 2024 l’IEEE, l’Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens, prévoit de nouveaux standards Wifi. Non pas pour nous aider à mieux communiquer entre-nous, mais pour traiter les données biométriques plus efficacement. Des métahumains d’Unreal Engines, à la plateforme Synthesia pour créer des acteurs synthétiques en 60 langues en passant par GPT3 qui sait générer des textes de plus en plus pertinents, l’IA nous inspire désormais davantage confiance que la réalité.
Deux scénarios pour 2027, selon la direction que nous allons donner à ces développements technologiques : l’un positif, où la transparence règne, les systèmes de reconnaissance biométriques sont interdits dans l’espace public, la recherche est plus accessible car partagée, où nous sommes aidés par des coachs d’emploi en IA et où l’Intelligence Artificielle nous permet d’être plus productifs (20% de probabilité). L’autre scénario est négatif (80% de probabilité selon Amy Webb), où nous sommes exposés en permanence à la désinformation en images et vidéos, conçues pour tromper notre confiance ou manipuler nos émotions, où nos données sont détenues par des tiers qui peuvent les vendre et où nous aurons besoin de brouilleurs, peut-être sous forme de maquillage, pour échapper à la surveillance totale par l’IA.
2Métavers, Web3 et décentralisation
Voilà pour la liste des buzzwords que l’on croise cette année à SXSW. Pour Amy Webb, la prochaine itération du web est réelle. Mais les objets de collection numériques (NFT) ou encore la spéculation immobilière dans le métavers ne lui paraissent pas comme des tendances à fort potentiel durable. A vérifier dans quelques années. La prochaine version d’Internet sera en tout cas plus incarnée, plus sensorielle. Une interface plus humaine où l’on utilise davantage notre corps pour communiquer, à travers des wearables, des secondes peaux digitales.
Un monde où nous pourrons créer plusieurs versions de nous-mêmes, en agissant de différentes manières, un peu comme nous le faisons déjà sur les médias sociaux avec différentes facettes sur LinkedIn, Instagram, Twitter ou TikTok. Au concept du métavers manque aujourd’hui l’interopérabilité : il n’est pas possible de transporter nos données dans différents espaces virtuels. En effet, si nous pensons déjà qu’il est difficile de gérer plusieurs mots de passe, qu’en sera-t-il de la gestion de nos multiples avatars dans les différents métavers, chacun avec sa particularité ? Dans ces nouveaux espaces plus ou moins virtuels, il n’y aura plus d’anonymité, mais une pseudonymité, poussée sous forme de Digital ID par plusieurs gouvernements.
Des entreprises comme Golem Network proposent déjà des modèles économiques pour monétiser nos vies (et nos données) dans ces univers connectés. Une sorte de AirBnB des données, selon Amy Webb. Pour la futuriste, les NFT, sans valeur intrinsèque, ne sont en revanche pas un modèle d’avenir, mais l’infrastructure et les protocoles sur lesquels ils reposent le sont d’autant plus. La 5G est déployée dans le monde entier. Que se passerait-il si tout ce temps d’activité pouvait être regroupé dans un seul tableau de bord – notre maison connectée entière gagnera-t-elle de l’argent pour nous ?
Les possessions virtuelles évoluent, passant de l’art, des objets de collection, de la mode et de l’immobilier à des articles dotés d’une fonction ajoutée unique dans le métavers, comme les NFT liés à l’art qui versent un dividende au propriétaire lorsque l’œuvre réelle correspondante est vendue ou consommée, ou qui donnent accès à des environnements virtuels exclusifs. Mais le métavers de Horizon montre déjà ses côtés négatifs avec des accusations de harcèlement. La réponse désormais classique de Facebook – « Nous ne sommes qu’une plateforme » – sera peut-être moins bien acceptée dans le Web3. Grâce à la TDI, la Targeted Dream Incubation, on peut prendre influence sur nos comportements.
Dans le métavers, les médias devront également commencer à réfléchir à leur proposition de valeur à long terme : Si une plus grande partie de notre vie se déroule sur des plates-formes dotées de fonctions intégrées d’archivage et de lecture, le rôle d’un journaliste doit-il encore être de raconter ce qui s’est passé ?
Le scénario optimiste pour 2032 prévoit une prise de conscience : le Web3 n’est pas décentralisé, mais il est radicalement inclusif, reposant sur la sécurité de la blockchain, accessible à tous. Dans son scénario négatif (auquel Amy Webb attribue 70% de probabilité), nous nous retrouvons avec 12 itérations de nous-mêmes, essayant désespérément de nous souvenir de nos identités. Face à cette abondance d’identités, le marketing numérique est mort.
3Biologie de synthèse
Les ordinateurs et la biologie ne font plus qu’un. Google, Facebook et Microsoft investissent largement dans la biologie. Nous n’avons pas encore de bébés sur mesure et d’eugénisme, mais des poulets qui arrivent à pleine maturité en 7 semaines. Entre un poulet génétiquement modifiée et un poulet créé dans un bioréacteur, le choix peut s’avérer difficile. La viande synthétique apparait pourtant comme une solution dans un pays où l’on consomme 1,45 milliard d’ailes de poulet en une seule journée à l’occasion du Superball. La viande de culture est d’ailleurs déjà en vente à Singapour, ce qui transformera l’état insulaire en un important exportateur de poulets.
La biologie de synthèse est un domaine scientifique interdisciplinaire relativement nouveau qui associe l’ingénierie, la conception, l’informatique et la biologie. Les chercheurs conçoivent ou redessinent des organismes au niveau moléculaire à des fins nouvelles, en les rendant adaptables à différents environnements ou en leur donnant des capacités différentes. En biologie synthétique, les séquences d’ADN sont chargées dans des outils logiciels – on imagine un éditeur de texte pour le code ADN – ce qui facilite les modifications. Une fois que l’ADN a été écrit ou modifié, une nouvelle molécule d’ADN est imprimée à partir de zéro à l’aide d’un outil semblable à une imprimante 3D.
La technologie de synthèse de l’ADN (transformation du code génétique numérique en ADN moléculaire) s’est améliorée de manière exponentielle et permet aujourd’hui des applications à haute valeur ajoutée, telles que les biomatériaux, les carburants et les produits chimiques spéciaux, les médicaments, les vaccins et même les cellules modifiées qui fonctionnent comme des machines robotiques à l’échelle microscopique. On peut même utiliser l’ADN pour stocker des données, un espace supplémentaire bienvenu face à la gourmandise en termes de données du métavers.
Les deux scénarios prévus par Amy Webb pour un futur à horizon 2037 : du côté positif, la mort devient facultative, tout est génétiquement modifié pour le mieux, la blockchain garantit les développements réglementés au niveau national et international, les collaborations mondiales soutiennent le progrès pour le bien-être de tous. Le scénario catastrophe : 2022 n’aura pas su voir le point d’inflexion, n’aura pas écouté les scientifiques, et des hackers nous font du chantage biologique avec des virus ultraciblés personnalisés.
Nous sommes dans une période d’accélération intense. Les biais persistent, et il s’agit de les fixer. Le rêve de la décentralisation va bénéficier à quelques-uns, mais certainement pas à tous, d’autant plus en l’absence de stratégie nationale et de garde-fous. Nous allons devoir redéfinir ce qu’est la réalité.
Pour accéder au rapport complèt des Tech Trends 2022
Guerre en Ukraine : le Kremlin se bat pour gagner les cœurs et les esprits dans son pays
Le président russe Vladimir Poutine est enfermé dans une lutte vicieuse non seulement pour soumettre l’Ukraine, mais aussi pour garder ses propres citoyens unis pour soutenir la politique du Kremlin. Mais alors que les combattants ukrainiens suscitent l’admiration du monde entier dans les messages Twitter et les vidéos TikTok, même l’illusion de l’unité russe commence à s’effriter.
Par Cynthia Hooper, Professeur associé d’histoire, College of the Holy Cross
Une lutte générationnelle est en train d’éclater à travers la Russie. Elle oppose souvent ceux qui croient aux histoires de la télévision d’État à leurs propres enfants, dont beaucoup vivent et travaillent actuellement à l’étranger. Ces derniers se tournent vers les médias sociaux pour exprimer leur choc et leur honte face à la guerre, et pour contester le récit du régime de Poutine.
C’est une réalité que je vis dans ma vie personnelle, et pas seulement en tant que spécialiste de l’histoire et des médias russes. Lorsque mes deux belles-filles, âgées de 28 et 29 ans, ont téléphoné à leur grand-mère à Moscou pour lui poser des questions sur l’invasion de la Russie, la réponse a été déchirante : « Comment pouvez-vous poser une telle question ? La Russie ne commence pas les guerres. La Russie n’envahit pas d’autres pays. »
Le consensus de la famille était que les jeunes femmes avaient « totalement changé » depuis qu’elles étaient devenues citoyennes américaines il y a 15 ans.
Le Kremlin resserre son emprise sur les médias
À l’intérieur de la Russie, le gouvernement a diffusé des messages pro-russes destinés à remplir les téléspectateurs de fierté pour leur patrie ou de colère envers de prétendus ennemis extérieurs. La télévision contrôlée par le Kremlin rapporte – dans des reportages très léchés et crédibles, truffés d’interviews et de vidéos sur place – des détails sur les atrocités prétendument commises par des Ukrainiens « néo-nazis » contre des civils russes. Les correspondants russes dans la région ukrainienne de Donbas parlent de « fosses communes » et de « génocide », en montrant ce qu’ils prétendent être des ossements humains.
Roskomnadzor, l’agence de censure de l’État, a interdit à tous les médias, même aux journaux et stations de radio indépendants, d’utiliser le mot « guerre » au lieu d' »opération spéciale ». Les médias ont reçu l’ordre de cesser de diffuser des informations « non fiables » et ont reçu l’instruction de ne se fier qu’aux sources gouvernementales russes. À la télévision d’État, l’Ukraine est qualifiée de « territoire » et non d’État indépendant.
Lorsque des documents contredisant les déclarations officielles ont commencé à circuler sur Twitter, le Kremlin a limité l’accès des citoyens. Lorsque les vérificateurs de faits de Facebook ont mis en doute l’exactitude de certaines informations diffusées par les médias d’État, le Kremlin a également empêché une grande partie des quelque 70 millions d’utilisateurs russes de Facebook de se connecter à la plateforme.
⚠️ Confirmed: Facebook content servers are now restricted on #Russia‘s leading internet providers; the incident comes shortly after the restriction of Twitter as Russia clashes with social media companies over the invasion of Ukraine 📉
📰 Report: https://t.co/PzFZ662LyN pic.twitter.com/cOWMs731sO
— NetBlocks (@netblocks) February 27, 2022
Le 1er mars, le gouvernement a annoncé qu’il fermait la légendaire station de radio Echo Moscow et qu’il retirait des ondes la seule station de télévision indépendante restante, Rain. Le gouvernement les a accusées de violer les règles de couverture et de diffuser des « fake news ».
Récits officiels
Les récits officiels de l’invasion surprise de la Russie cherchent à justifier les actions du Kremlin. Un reportage diffusé le 27 février sur la chaîne de télévision Russia-1, intitulé « Ukraine : How It Was », décrit le conflit actuel comme trouvant son origine dans une prétendue trahison de la Russie par les États-Unis en 2014.
On y voit Poutine expliquer, dans des séquences archives, comment les dirigeants occidentaux l’ont supplié à l’époque d’empêcher le président ukrainien pro-russe d’utiliser la violence pour disperser les manifestants rassemblés sur la place centrale de Kiev. Comme le raconte Poutine, il a tenu parole, mais les manifestants ont évincé le président élu et les États-Unis ont applaudi le « coup d’État » comme un acte courageux et démocratique.
De telles productions sont intelligentes, bien produites et très convaincantes. Un organisme de sondage gouvernemental affirme que 68 % des Russes soutiennent les actions du pays en Ukraine. De nombreux citoyens ont fait part aux journalistes de leur gratitude pour l' »assistance » russe dans les républiques séparatistes ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk.
Néanmoins, le gouvernement ne peut pas contrôler totalement le récit. Le 26 février, RIA Novosti, une agence de presse publique, et plusieurs autres médias ont accidentellement publié un essai rédigé par un idéologue pro-Poutine célébrant prématurément ce qui s’est avéré être une victoire russe inexistante. Cet essai félicitait Poutine d’avoir « réglé la question ukrainienne pour toujours » et annonçait l’aube d’un « monde nouveau » maintenant que « l’unité de la Russie » a été « restaurée ».
Se battre pour une autre (H)istoire
Alors que les combats se poursuivent, de nombreux médias semblent ne pas savoir quoi dire et combien en parler. Sergey Aleksashenko, ancien vice-ministre russe des finances dans les années 1990 sous Boris Yeltsin, s’est dit choqué par le fait que le 27 février, l’influent journal économique Kommersant ait réussi à éviter toute mention de la mobilisation contre l’Ukraine. « Il y a [une couverture des] manifestations anti-guerre, mais pas de guerre », a-t-il tweeté.

Des manifestants anti-guerre en Russie ont tenté de contester l’histoire officielle du soutien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. AP Photo/Dmitri Lovetsky
Pendant ce temps, les jeunes journalistes russes utilisent les médias sociaux pour diffuser une histoire différente, tout comme un grand nombre des presque 2 millions de Russes – sur une population de 145 millions – qui ont émigré à l’Ouest pendant l’ère Poutine.
Beaucoup sont incrédules à la fois sur la guerre et sur la répression intérieure. « C’est comme si tout le monde en Russie s’était endormi mercredi soir dans son propre pays et s’était réveillé le lendemain matin en Corée du Nord », a déclaré un ancien résident de Moscou travaillant comme administrateur informatique à New York, qui a souhaité rester anonyme par souci pour ses proches.
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Le 24 février, la journaliste russe en ligne Ksenia Sobchak a filmé un reportage spécial destiné à un public russe national et conçu pour dénoncer les mensonges du gouvernement. Il comprenait des entretiens Skype en direct avec l’acteur Sean Penn et, pour les Russes, avec une autre célébrité renommée, le producteur ukrainien de vidéos musicales Alan Badoev. Les deux hommes se trouvaient séparément à Kiev, subissant séparément les bombardements. Tous deux étaient au bord des larmes.
Oser être ne pas être d’accord ?
Sous Poutine, la critique publique de la politique du gouvernement peut être qualifiée de crime. Mais quelques personnes à l’intérieur de la Russie utilisent les médias sociaux pour dénoncer à la fois la guerre extérieure du gouvernement en Ukraine et sa guerre intérieure contre la liberté d’expression.
Le vlogueur Yury Dud a publié sur ses 4,9 millions d’abonnés Instagram des exemples de Russes courageux s’opposant à la guerre. Il a également fait référence au silence de la dissidence, déplorant ce qu’il appelle la « suppression de la volonté humaine en Russie » sous le régime de Poutine.
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La Galerie Tretiakov de Moscou a posté une photo Instagram qui ressemble, à première vue, à une visite de musée ordinaire, mais qui contient un message fort, bien que codé. Le guide est photographié debout devant une peinture de Vasily Vereshchagin représentant une montagne de crânes humains, intitulée « L’apothéose de la guerre ». L’artiste du XIXe siècle a dédié son œuvre « à tous les grands conquérants, passés, présents et à venir ». Pour les Russes éduqués, l’allusion à Poutine est évidente.
Alors que les élites russes, comme l’ancien Premier ministre Dmitri Medvedev, font profession de soutenir Poutine, certains de leurs enfants ont fait part de leurs doutes. Une fille du secrétaire de presse du Kremlin, Dimitri Peskov, a posté un message « Pas de guerre en Ukraine » sur sa page Instagram le jour de l’annonce de l’invasion. L’homme fiancé à la fille du ministre de la défense russe a posté que ce qu’il souhaitait le plus pour son anniversaire (le même jour) était la paix.
Toutes ces publications ont depuis été retirées. Mais selon Instagram, environ 50 000 photos avec le hashtag #nowar ou son équivalent russe #нетвойне ont été postées rien qu’entre le 26 et le 27 février et au 28 février, elles étaient plus de 330 000. Une étude de The Economist a trouvé des messages anti-guerre sur les médias sociaux provenant des 50 plus grandes villes de Russie et de 91 autres pays.
La ville occidentale de Pskov a projeté « Non à la guerre » en lumières sur ses murs du Kremlin, le 1er mars, date du 22e anniversaire d’une bataille en Tchétchénie qui a tué la plupart d’une unité de parachutistes basée dans la région. Le gouvernement de la ville a publié des images de l’illumination sur Twitter.
Это вчера в Пскове, если вы ещё не видели pic.twitter.com/uKHe9v77eE
— Псковская губерния (@PskovGubernia) March 1, 2022
Mais les médias sociaux constatent simultanément un regain apparent de patriotisme russe. Le 1er mars également, le hashtag Twitter le plus utilisé au cours des dernières 24 heures était le pro-russe #ДаПобеде, qui signifie « Oui à la victoire ».
Les gens protestent, mais des dizaines de policiers sont toujours prêts à les arrêter – plus de 5 000 jusqu’à présent. L’opinion publique russe reste divisée.
Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article original
Liens vagabonds : Facebook veut montrer patte blanche en France avant les élections
À RETENIR CETTE SEMAINE :
Facebook en guerre contre la désinformation ? – Facebook propose depuis le 15 février en France « Facebook News », un service où les utilisateurs pourront retrouver des titres et liens d’articles de plus d’une centaine de médias français ayant négocié des licences commerciales avec la plateforme. Avec le lancement de ce service existant déjà aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni, Facebook souhaite remédier aux accusations de propagation de fausses informations et d’enfermement des internautes dans des « bulles de filtre » en y proposant exclusivement des informations vérifiées et diversifiées. Concrètement, « Facebook News », présentera « à la une », des articles sélectionnés par les journalistes d’une filiale de l’Agence France-Presse. Les utilisateurs pourront également consulter une liste de contenus personnalisés et des listes thématiques.
Quelques heures seulement après l’arrivée de « Facebook News » en France, Meta a annoncé la création d’un centre opérationnel virtuel, dans le but d’observer l’activité de ses plateformes tout au long de la campagne présidentielle française. Autre signe de la volonté affichée du groupe de lutter contre la désinformation, Facebook a renommé cette semaine l’historique « News Feed » en simple « Feed ». Incitation à consulter « Facebook News » ou mirage justifiant les contenus toxiques présents dans le « Feed » ?
La limitation du ciblage publicitaire d’Android – Cette semaine, Google a annoncé un processus de refonte du suivi publicitaire sur les téléphones Android. Alors qu’actuellement, les appareils Android se voient attribuer un identifiant publicitaire unique utilisé pour la publicité dans les applications, l’objectif de Google, sur les deux années à venir, serait donc de progressivement le supprimer au profit d’autres mécanismes de ciblage, qui seront, d’après Google, davantage favorable à la vie privée des utilisateurs.
Bien que les comparaisons avec l’App Tracking Transparency d’Apple soient évidentes, Google semblerait vouloir adopter une stratégie différente : “Nous pensons que, sans proposer d’abord une voie alternative préservant la vie privée, de telles approches peuvent être inefficaces et conduire à des résultats pires pour la vie privée des utilisateurs et les activités des développeurs”. L’enjeu semble donc double pour Anthony Chavez, Vice-Président d’Android : préserver la vie privée des utilisateurs ainsi que l’écosystème publicitaire. Pour rappel, l’activité publicitaire de Google est sa source de revenus principale, s’élevant à 61 milliards de dollars au dernier trimestre de 2021.
YouTube plonge dans le Web3 – Après les récentes annonces de sa CEO, Susan Wojicki, laissant planer le doute sur ses projets NFT, YouTube rend un peu plus concrètes les nouveautés à venir sur la plateforme. Dans un article de blog, Neal Mohan, chef de produit de YouTube, s’est penché sur les nouvelles opportunités qui s’offriront aux créateurs de contenus, en faisant entre autres allusion à l’adoption de NFT afin d’accélérer son intégration au Web 3.0. Pour YouTube, ces nouvelles technologies “peuvent permettre aux créateurs d’établir des relations plus profondes avec leurs fans”. A aussi été brièvement été évoqué le projet de YouTube de rendre son affichage plus interactif et immersif pour entrer dans un possible futur métavers.
L’intégration d’une expérience de live shopping pour accompagner le succès des vidéos en direct, ainsi que de nouvelles fonctionnalités pour les Shorts afin de continuer à concurrencer TikTok sur les formats courts seraient aussi au programme.
Cette semaine en France
- La France peut-elle (enfin) entrer dans l’ère d’Internet ?
- Présidentielle 2022 : les idées des médias afin de stimuler l’intérêt pour l’élection
- Le grand jeu des émissions politiques
- Comment Wikipédia a été trompé par une cellule de militants pro-Zemmour
- Emmanuel Macron a-t-il tenu ses promesses de 2017 concernant la tech et le numérique ?
- Ouverture du campus Cyber à Paris : 26 000 mètres carrés au cœur de La Défense
- Cryptomonnaie : 8% des Français ont passé le cap
3 CHIFFRES
25% des gens passeront au moins 1 heure dans le métavers en 2026, selon Gartner
28% – c’est la part des 7-10 ans qui utiliseraient les réseaux sociaux
1.1 milliard d’individus devraient avoir expérimenté l’AR en 2022
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE
Vous trouverez plus d’infographie sur Statista
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
- Dans l’atelier de misère africain de Facebook
- Le piège de la satisfaction
- Comment CNN, le New York Times et d’autres grands médias monétisent vos données et font pression contre la réglementation
- Prolonger les enquêtes, créer le débat : pourquoi Mediapart sort le film « Media Crash »
- Ordres et désordres de l’espace public médiatique français
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
- Pour le Pakistan, les risques liés aux cryptomonnaies surpassent leurs avantages
- C’est quoi le wash trading, la technique de fraude qui se diffuse sur le web3 ?
- Comment les Îles Marshall tentent de devenir une plaque tournante mondiale pour l’incorporation des organisations autonomes décentralisées ?
- Bored Apes vs BuzzFeed : la bataille pour l’avenir d’Internet
- Pourquoi on ne peut pas reconstruire Wikipédia grâce aux cryptomonnaies ?
GAFA / BATX
- Le Conseil des éditeurs européens dépose une plainte contre Google
- Google étend la Privacy Sandbox aux applications
- Meta va payer 90 millions de dollars pour régler un procès vieux de dix ans sur la confidentialité des données
- Que signifie la promotion de Nick Clegg pour Meta ?
- Présidentielle : Meta détaille son dispositif de lutte contre la désinformation
- Mark Zuckerberg a commencé à appeler ses employés des Metamates
– “be open” is becoming “live in the future”
– “be direct and respect your colleagues” is a change to “be open”
– Zuck says employees are not supposed to “nice ourselves to death”— Alex Heath (@alexeheath) February 15, 2022
DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION
- Pourquoi les fake news sont-elles si difficiles à contrer sur TikTok ?
- Euro numérique : quels enjeux pour la vie privée et la protection des données personnelles ?
- Données de connexion : recours devant le Conseil Constitutionnel
- Le métavers, le marketing et l’avenir de la vie privée – avec le lanceur d’alerte de Cambridge Analytica
LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION
- Des NFT saisis par les autorités fiscales britanniques pour la première fois
- Le Texas poursuit Meta pour collecte de données biométriques
- Les électeurs suisses rejettent le plan d’aide publique aux journaux et aux médias
- Meta accepte de payer 90 millions de dollars pour régler une affaire de collecte de données
JOURNALISME
- Pour sauver le journalisme indépendant, les médias doivent s’adapter au web3
- Comment le journalisme innove pour servir les communautés locales du monde entier et lutter contre la désinformation
- Comment la diversité des rédactions des audiences influent sur la couverture des candidats politiques
- Les éditeurs utilisent le Mois de l’histoire des Noirs pour couvrir ce qui n’est pas enseigné à l’école
- Comment les journalistes et les universitaires peuvent lutter ensemble contre la désinformation
- Dans le journalisme, la transparence des salaires ne devrait pas être une idée radicale
Oh! Before I forget — if you apply for my old job as Senior Travel Reporter, you should ask for no less than 115k, a signing bonus &a relocation bonus if you’re moving to NYC. In full transparency, I was at 107k. I believe being transparent is one way to achieve equity in media.
— Victoria M. Walker (@vikkie) February 2, 2022
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
- La Croix enrichit son offre numérique
- Télévision linéaire en 2022 : l’année pour toucher de nouveaux publics
- Photo-reportage et vues satellites de Reuters pour documenter l’agitation russe près des frontières ukrainiennes
- Les graphiques de The Pudding sur la représentation altérée des femmes dans les titres de presse
- Les portraits vidéos d’abonnés du NY Times
- Les articles immersifs du NY Times sur les peurs des athlètes des Jeux Olympiques
ENVIRONNEMENT
- Le Washington Post annonce l’ajout de vingt postes de reporters climatiques
- La transition écologique dans la presse française
- “M’impliquer personnellement dans mes articles sur changement climatique a fait de moi un meilleur reporter”
- Plongée dans le monde de la fintech verte
RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES
- En Inde, Moj et MX TakaTak fusionnent pour former la plus grande plateforme de vidéos courtes du pays, où TikTok reste interdit
- Les super-utilisateurs de Facebook lui posent un problème de suprématie
- « La notion de communauté est au cœur de tout ce que nous faisons » : Q&A avec la vice-présidente de la sécurité de Twitch, Angela Hession
- Féminisme et réseaux sociaux : des liaisons dangereuses ?
- Twitter a commencé à bloquer le porno en Allemagne
- L’application de Trump est disponible pour quelques centaines de testeurs avant son lancement
STREAMING, OTT, SVOD
- Netflix commande une série documentaire sur le blanchiment de cryptomonnaie
- Netflix et Disney font face à un défi croissant : les mercenaires du streaming.
- Pourquoi Netflix doit-il trouver de nouveaux moyens de croissance ?
- Élysée 2022 : comment Twitch devient une salle de meeting politique
- Comment la télévision en streaming élève les créateurs de contenu indépendants
- « Une affaire un peu mondiale »: comment BuzzFeed Studios tire parti de ses hubs internationaux pour créer des films pour les streamers et les studios
- La plateforme SVOD Paramount+ débarque en France en partenariat avec Canal+
AUDIO, PODCAST, BORNES
- Un site vend des NFT de chansons connues, sans aucun accord
- Le Sénat lance sa plateforme de podcasts
- Des éditeurs de podcasts français testent les offres d’abonnement sur les plateformes
- Près d’un quart des Américains s’informent via les podcasts
- Acast : forte croissance du chiffre d’affaires en 2021
- Spotify rachète les sociétés Chartable et Podsights, spécialisées dans les podcasts.
DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
- Analyse d’audience : Quelles sont les technologies utilisées par les éditeurs ?
- Une méthode pour étudier les recommandations de l’algorithme de Netflix
- Algorithmes, intelligence artificielle : quelle est la différence ?
- La révolution de la reconnaissance faciale est en marche
- Algorithmes, IA: Qui sont les ouvriers du numérique ?
- À quoi pourrait ressembler la confidentialité des données dans le métavers ?
- Twitter permet désormais aux développeurs d’ajouter des étiquettes aux comptes bots
BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3
- YouTube présente ses projets crypto et métavers pour 2022
- Intel annonce une puce dédiée au minage de cryptos
- Comment le métavers a envahit l’App Store
- 80 % des éditeurs ne voient pas d’avenir pour leurs activités dans le métavers
- Disney nomme un responsable pour superviser la stratégie métavers
- Comment acheter et vendre des NFT
- Les applis crypto gagnent en popularité après le Super Bowl
IMMERSION, 360, VR, AR
- Le casque VR d’Apple pourrait bénéficier de ces fonctionnalités iOS
- Snap met en place une équipe de direction pour son studio de création AR
- Top 5 des tendances de réalité augmentée pour 2022
MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ
- Comment les éditeurs peuvent acquérir et conserver des abonnements numériques
- Ce qu’une publicité de 6,5 millions de dollars pour le Super Bowl peut acheter en médias numériques
- Snapchat va introduire un partage des revenus sur les publicités dans les stories des créateurs
- Des publicités dystopiques pour les entreprises de la Tech lors du Super Bowl
- Que peut signifier web3 pour l’édition et la publicité ?
- La BBC double son équipe numérique en Amérique du Nord pour développer le volet commercial
- Le New York Times se fixe un nouvel objectif de 15 millions d’abonnés d’ici 2027
JEUX VIDÉO, eSPORT
- La stratégie d’abonnement de Nintendo est passée de médiocre à prometteuse
- Nintendo garde un œil sur les NFT et le métavers
- Epic déclare qu’il y a maintenant plus de 500 millions de comptes Epic Games
- Pourquoi l’Afrique risque de devenir le marché du jeu vidéo à la croissance la plus rapide au monde
5G, 8K
- Réseau 5G : déploiement en France, débit, couverture, smartphones compatibles
- 10 ans après l’arrivée de la 4G en France, des localités l’attendent toujours
- Apple compte lancer un nouvel iPhone et un iPad 5G début mars
TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM
- Comment passer à l’édition numérique pour rester compétitif ?
- Le métavers de Mark Zuckerberg nécessitera des technologies informatiques que personne ne sait construire
- Startups françaises : investir en tant que particulier est encore plus facile
- Pourquoi Dubaï est un lieu en plein essor pour les start-ups de la fintech
OUTILS
- L’AirTag, la mini-balise de localisation d’Apple, peut-il servir à nous espionner ?
- La prochaine génération de la vérification d’identité est là
- Qu’est-ce que Google Workspace Individual, et comment cela fonctionne ?
- Le navigateur de Mozilla, axé sur la protection de la vie privée, est en perte de vitesse
ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Evarestos Pimplis
Liens vagabonds : L’Union Européenne tape du poing sur la table des GAFA
À RETENIR CETTE SEMAINE :
Disparition de Facebook et d’Instagram en Europe ? – Position inconfortable pour Meta; dans son rapport annuel remis à la Security & Exchange Commission, le géant de la tech aurait menacé de cesser ses activités en Europe, lui reprochant une réglementation trop stricte sur le transfert de données vers les État-Unis. Le RGPD entraînant la suppression de l’accord Privacy Shield entre l’Europe et les États-Unis, il ne peut alors plus y avoir de transfert de données vers un pays avec un niveau de protection inférieur à celui existant en Europe.
Toutefois, suite aux rumeurs de cessation de ses activités au sein de l’Union Européenne, Meta a souhaité répondre en affirmant que ces allégations “n’étaient pas vraies” d’après Markus Reinisch, président de la politique publique. Dans le même communiqué, Meta demande la mise en place d’un cadre réglementaire clair, sous la forme d’alternative au précédent Privacy Shield.
La CNIL vs Google Analytics – La CNIL a mis en demeure Google Analytics ce 10 février pour transfert de données européennes vers les États-Unis. Le service de Google, utilisé pour analyser les audiences des sites web, utilise un modèle d’attribution par identifiant anonyme, associé à chaque visiteur de sites. Cette donnée personnelle est alors transférée aux États-Unis, ce qui n’est pas sans déplaire à la CNIL.
Malgré que des mesures aient déjà été prises par Google pour se conformer aux transferts de données, la CNIL estime que « celles-ci ne suffisent pas à exclure la possibilité d’accès des services de renseignements américains à ces données ». De son côté, Google a réclamé une action rapide de la part des États-Unis et de l’Union Européenne pour rétablir un cadre pratique en alternative au Privacy Shield, afin de “protéger la vie privée et favoriser la prospérité”. Google a toutefois un mois pour se conformer aux mesures sous peine de suspension du service sur le territoire européen.
Disney+ à la conquête de la SVOD – Agréable surprise pour Disney+, ses résultats trimestriels dépassent amplement ses attentes avec 11,8 millions d’abonnés contre les 7 millions initialement prévus. Des résultats qui ont suscité l’engouement des investisseurs avec une hausse de 9% de l’action en bourse de Disney suite à cette annonce.
Ces résultats contrastent alors avec ceux de Netflix, qui affichent des chiffres en dessous des attentes, en partie dus à un ralentissement des abonnements comparativement à ceux d’avant pandémie. L’objectif de Disney+ est donc clair : devenir le leader du marché concurrentiel des plateformes SVOD dans les années à venir. Un souhait entre autres renforcé par la multiplication de création de contenus originaux sur sa plateforme.
Cette semaine en France
- Le décloisonnement numérique, enjeu du prochain quinquennat ?
- Ressources pour des usages responsables sur Internet
- Qui sont les Français convaincus par les NFT ?
- Pouvoir d’achat, saleté à Paris, wokisme… quels sont les sujets qui ont fait hurler les réseaux en 2021 ?
- Les candidats à la présidentielle ont-ils raison d’aller sur TikTok?
3 CHIFFRES
10 millions – c’est le nombre d’abonnements numériques au NY Times
13 milliards – c’est la somme en dollars dépensée par Amazon en 2021 pour la création de contenu audiovisuel
93% – c’est la part des Français qui utilisent Internet en 2022
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE
Vous trouverez plus d’infographie sur Statista
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
- Le guide pour aider les organismes de presse à découvrir les possibilités offertes par l’IA dans le journalisme
- L’enjeu de la concentration des médias, c’est votre attention
- L’amour à l’ère des applications de rencontre IA
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
- Les enfants affluent vers le métavers de Facebook, les experts craignent que les prédateurs les suivent
- Internet a toujours financiarisé nos vies, le Web3 ne fait que le rendre plus explicite
- Web3 Baddies, Crypto Coven… ces communautés très girl power fanas de NFT
Hey frens! 💖 We wanted to take a moment to open up about our application criteria, and what our decision-making process looks like for prospective baddies. Thread ✨ 👇
— web3 baddies (💖, 💖) (@web3baddies) December 7, 2021
- Au fait, pourquoi tu likes ?
- Les pièges du cerveau : l’effet de vérité illusoire
- Au Royaume-Unis, les utilisateurs de Twitter peuvent toujours être emprisonnés pour des tweets “grossièrement offensants”
GAFA / BATX
- Apple et Google pourraient être contraints de céder le contrôle total de leurs app stores
- Google fait l’objet d’un procès de 2,4 milliards de dollars en Europe pour avoir favorisé son propre service de shopping
- Après avoir créé 4000 emplois en 2021, Amazon France vise les 3000 en 2022
- Microsoft dévoile ses nouveaux principes pour des magasins d’application ouverts
- Un nouveau projet d’algorithme pourrait obliger Facebook à modifier le fonctionnement de son fil d’actualité
DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION
-
- Une cyberattaque contre NewsCorp – maison mère du Wall Street Journal – aurait visé les emails des journalistes
- INRIA, l’Ecole Polytechnique et Radio France se lancent dans le fact-checking
- « Les campagnes russes de désinformation sont pensées pour cibler les points faibles dans chaque société »
- La crise de confiance vis-à-vis des médias se creuse dans le monde, ainsi que les inégalités de maîtrise de l’information
- Pour Elon Musk les médias sont “haineux” et friands de mauvaises nouvelles
Why is the “traditional” media such a relentless hatestream? Real question.
— Elon Musk (@elonmusk) February 7, 2022
LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION
- Conférence « Construire la souveraineté numérique de l’Europe »
- Souveraineté numérique : La Commission propose une loi sur les semi-conducteurs
- Une proposition de loi pour protéger l’indépendance des médias
- « Les autorités chinoises veulent réguler les algorithmes de recommandation, qui font le quotidien d’Internet »
- WarnerMedia et Discovery obtiennent l’approbation du gouvernement américain pour créer leur nouveau géant des médias
JOURNALISME
- 36 blogs de journalistes, pour les journalistes
- Quelles sont les qualités d’un éditeur inclusif et pourquoi c’est important ?
- La dernière campagne du New York Times célèbre le rôle des journalistes indépendants
- À quoi ressemble le parcours professionnel des journalistes locaux d’aujourd’hui ?
- La pandémie a donné un coup de fouet aux blogs d’actualité en direct et a incité les éditeurs à investir davantage
- Quelles ont été les conséquences de la pandémie sur les carrières des journalistes de couleur ?
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
- Couvrir les élections de manière créative (webinaire)
- La visualisation 3D du Financial Times sur le poids écologique de la technologie
- Pour la présidentielle, The Economist publie son outil de probabilité
ENVIRONNEMENT
- Les enfants souffrent aussi d’anxiété climatique et nous pouvons les aider
- Le journalisme visuel et l’innovation éditoriale peuvent permettre de matérialiser des phénomènes climatiques peu visibles à l’œil nu
- Le guide des obstacles à la couverture du changement climatique et comment les surmonter
- Chan Zuckerberg annonce des dizaines de millions de dollars de financement pour le climat dans la tech
RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES
-
- Le design d’Internet vous permet d’harceler et de blesser les gens sans jamais interagir directement avec eux
- Twitter commence à étendre sa fonction de vote négatif, mais est-elle nécessaire ?
- Le test des DM directs de Twitter est une idée terrible
- Bumble s’étend sur le marché européen avec l’acquisition de Fruitz
- Comment Telegram est devenu l’anti-Facebook
- TikTok teste des restrictions d’âge pour les recommandations des jeunes utilisateurs
- TikTok interdit explicitement le mégenrage, l’usage de deadname et la promotion de thérapie de conversion
- Les utilisateurs de LinkedIn en ont assez de la politique, l’entreprise crée une nouvelle fonctionnalité
- LinkedIn : pourquoi on n’en peut plus des posts « inspirants »
La leçon de tout ça ? Il n’y a pas d’âge pour le bullshit. pic.twitter.com/9G22NSyuq9
— Disruptive humans of Linkedin (@DisruptiveHoLin) January 13, 2022
STREAMING, OTT, SVOD
- Cameo ne se contente plus de diffuser des vidéos de célébrités, mais propose également des livestreams, des appels FaceTime (et oui, des NFT)
- Cinéma : le pire mois de janvier depuis 28 ans
- Molotov : les chaînes TF1 reviennent, mais à une condition
- Disney+ vient d’expérimenter son premier livestream
- Harcèlement : Steam, Discord et Twitch sont une catastrophe pour les internautes
AUDIO, PODCAST, BORNES
- Les voix synthétiques veulent prendre le contrôle des livres audio
- Medium teste les articles audio
- Les épisodes du podcast de Joe Rogan disparaissent de Spotify
- Apple rachète la startup d’intelligence artificielle AI Music
- La saga Spotify-Rogan met en évidence la distinction entre éditeurs et plateformes
- Spotify bannit la chaîne de podcasts de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral
DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
- Nous devons découpler l’IA du cerveau humain et de ses préjugés.
- Les médias pourront-ils survivre à la dictature des algorithmes ?
- Biais algorithmique en IA : définition, exemples et techniques de lutte
- L’intelligence artificielle infiltre le monde de l’édition
- Parmi les applications de médias sociaux, TikTok est celle qui suit le plus vos données
- Comment exploiter le biais humain dans la curation de contenu algorithmique ?
- Une nouvelle proposition de loi pourrait rendre Big Tech responsable de ses algorithmes
BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, WEB3
- Les internautes sont-ils prêts à rejoindre le métavers de Facebook ?
- Dans le métavers, il faudra garder ses distances
- Le métavers est « particulièrement difficile à prévoir », selon la responsable AR/VR d’Unity
- Le métavers, un nouveau mot pour de vieilles idées
- Les comparaisons entre le métavers et Second Life : il manque quelque chose
IMMERSION, 360, VR, AR
- Meta s’attaque aux comportements inquiétants de la réalité virtuelle
- La vision de Mark Zuckerberg de la VR a un très gros problème, qui n’a rien à voir avec la vie privée
- Le casque AR d’Apple fonctionnera sous realityOS et sera fourni avec l’App Store
MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ
- 50 façons de rendre les médias payants
- Netflix, le géant du streaming, doit trouver un nouveau modèle économique
- Marketing d’influence : TikTok peut-il détrôner Instagram ?
- Avec la dernière mise à jour de la Privacy Sandbox de Google, les éditeurs européens voient une lueur d’espoir
- Mozilla et Meta collaborent pour mesurer la performance des campagnes publicitaires sans tracking
- L’AdTech en plein doute
JEUX VIDÉO, eSPORT
- Le plan de YouTube de faire des vidéos gaming immersives dans le métavers
- Activision Blizzard a toujours des faits à se reprocher
TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM
- Depuis la crise sanitaire, Bpifrance a injecté 100 milliards d’euros dans l’économie française
- L’Union européenne crée un fonds de fonds doté de 10 milliards d’euros pour financer les scale-up
- Quelle est l’arme secrète des startups pour réussir ?
- « Construire la souveraineté numérique de l’Europe » : quelles annonces retenir ?
- Cédric O veut créer une quinzaine de fonds européens pour soutenir les startups
ES avec Kati Bremme & Louise Faudeux