La ré-industrialisation est rétrograde (Ph. Colombel)

Philippe Colombel, un des plus grands capital risqueur français du numérique, associé de Partech International nous répond sur la crise et les souhaits des politiques de ré-industrialiser la France, depuis le stand de France TV au Web11 à Paris,

Que pensez-vous du discours actuel sur la nécessaire ré-industrialisation ?

"Je suis très inquiet de ce discours. Parce que le tertiaire c'est plus de 70% des emplois. On va pas revenir à une situation d'avant guerre où on avait un tiers, un tiers, un tiers. J'ai peur que ce soit un mouvement un peu rétrograde. Mais si ré-industrialiser la France c'est aller plus vite vers le numérique, je ne peux qu'adhérer. On voit aussi dans certains secteurs un regain de compétitivité de l'industrie comme le meuble. Ce qui est produit en Europe de l'est est compétitif par rapport à la Chine.


Il y a une capacité réelle mais très limitée de ré-industrialisation, qui passe par la technologie. Ce qui veut dire qu'on ne peut pas retrouver le même niveau d'emploi. On va pas refaire des boulons. Penser l'industrie, comme on l'a vu dans les années 60/70 c'est juste rétrograde. "

(...)

Ma prévision pour 2012 : l’économie numérique dans son ensemble va souffrir, notamment celle qui est sujet aux revenus publicitaires. Elle va continue de se développer à un rythme important et elle va sortir plus forte de la crise. "

Mais "je ne crois pas que l'économie numérique peut compenser le reste de l'économie en raison des ratio. L'économie numérique c'est 3,5 à 4% du PIB français. Soit un tiers de la croissance (...) les seules petites mains de l'économie numérique ne vont pas compenser cette crise"

EN revanche, pour notre pays, il est stratégique d'accélérer la transition vers l'économie numérique et non pas de la freiner comme parfois on a tendance à le faire. En France on a tendance à freiner les tendances (de Schumpeter) de destruction créatrice. On est à un stade maintenant où il faut les accélérer. On le voit dans le e-commerce. Le retail traditionnel est en panne et on voit les acteurs intelligents du retail traditionnel s'intéresser réellement au e-commerce.

Dans quels secteurs prendre des risques aujourd'hui ?

Ce que je vois émerger c'est deux choses :

1/ le social commerce et le e-marketing.

2/ la gamification de la vie. Tout ce qui est autour d'une approche des tâches quotidiennes par le jeu.


(interview réalisée avec François Bourboulon, rédacteur en chef au journal Les Echos)