Bascule : la vaste majorité des grandes offres d'infos US désormais "mobile first"

Oubliez le virage "digital first" et passez vite au "mobile first" ! L'édition 2015 de l'Etat des médias américains du Pew Research Center's Project for Excellence in Journalisme, publiée ce matin, a confirmé le nouveau et violent virage dans les usages numériques du public : près de 80 % des grands médias d'informations aux Etats-Unis (39 sur 50) sont désormais consultés en priorité sur terminaux mobiles. 

Mobile Drives Online Traffic         MobileAdRevenue

 

Parallèlement à cet usage mobile massif, Pew a observé le basculement des news vers le web social : près de la moitié des adultes américains a ainsi admis s'être informée Sur Facebook en matière d'infos politiques au cours de la semaine écoulée. Une consommation pilotée par les recommandations de ses amis et les algorithmes de Facebook.

Key Audience Trends Mais les plateformes classiques ne sont pas pour autant abandonnées. L'info sur les télévisions locales et régionales continuent de se bien porter aux Etats-Unis et enregistre même de légers gains le matin et le soir. Même les grands networks ont vu leurs journaux TV progresser pour la deuxième année consécutive (+5% le soir et +2% le matin).

Mais les chaînes d'infos en continu ont encore connu une année difficile avec un recul moyen de 8 points d'audience pour les trois grandes : Fox News, CNN et MSNBC. Seule cette dernière a vu toutefois ses revenus diminuer.

Côté presse écrite, les journaux US, après une très légère embellie en 2013, ont continué leur plongeon: leur diffusion a perdu près de 20% depuis 2004.

Les radios profitent elles du boom du numérique et des mobiles, visible par l'engouement nouveau pour les podcasts. La radio publique NPR a vu les siens bondir de 41% d'une année sur l'autre.

Key Economic Trends

Côté revenus, même si ceux du numérique ont progressé dans les médias d'informations US de 18% en 2014, ils ne représentent toujours qu'une petite partie du chiffre d'affaires total.

La pub mobile (+78% en un an) compte pour 37% des revenus tirés du numérique, contre 25% en 2013. Mais les plateformes technos raflent la majeure partie de la croissance: Facebook engrange ainsi près du quart (24%) des revenus des bannières et plus du tiers (37%) de ceux des bannières sur mobile.

Même les pure-players digitaux de l'info connaissent des difficultés: First Look Media, créé par Pierre Omidyar a vu nombre de ses grandes signatures partir, GigaOm a fermé et BuzzFeed s'est retrouvé au centre de conflits d'intérêts entre sa rédaction et la pub.

Mais d'autres ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu : Vice News et ses 1,1 million d'abonnés et 15 millions de v.u avec a même interviewé Barack Obama, Vox.com et ses 14 millions de vu en moins d'un an, Politico et son expansion internationale, Quartz et son expansion africaine.

D'une manière générale, conclut Pew, les initiatives deviennent si nombreuses qu'elles sont difficiles à suivre. Aucun signe de ralentissement non plus n'est signalé ni dans le rythme d'évolution technologique, ni dans la multiplicité croissante des choix proposés au public. Ces nouveaux venus viennent s'ajouter aux offres classiques et compliquent la déjà délicate situation financière de l'ensemble du secteur. D'autant que la consommation d'infos sur les réseaux sociaux, plus accidentelle que dans le passé, est chaque jour davantage dans les mains des recommandations des amis et des algorithmes, et échappe de plus en plus à la maîtrise des éditeurs en fragilisant leur modèle d'affaires.

Enfin, les rédactions américaines ont continuer de voir fondre leurs effectifs : -3% après -6% l'année précédente.

Newsroom Employment

 

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