Liens vagabonds : Le NYT arrive sur TikTok, sérieusement

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Le NYT arrive sur TikTok – Avec seulement trois ans de retard par rapport à ses principaux concurrents, le New York Times a finalement rejoint TikTok cette semaine. Lorsque le New York Times a lancé son TikTok le 24 janvier, il a commencé par des « hard news » dans un ton loin des comptes des autres médias « sérieux » qui s’essaient dans l’info-divertissement, en présentant Brandon Tsay, le jeune homme de 26 ans qui a désarmé un tireur dans une salle de danse à Alhambra, en Californie. Tout le contraire du Washington Post, qui avait ouvert son compte en mai 2019 avec le sketch de 15 secondes devenu viral mettant en scène le sénateur Cory Booker et Dave Jorgenson, reporter vidéo senior du Post. Le Times a peut-être quelques années de retard sur les autres éditeurs (même s’il avait des verticales sur TikTok avec NYT Cooking, Wirecutter et le podcast Hard Fork), mais l‘attente pour ouvrir ce compte ne transcrit certainement pas un manque d’innovation. 

Il a été l’un des premiers éditeurs à offrir une expérience numérique immersive à ses lecteurs avec sa couverture révolutionnaire de la tragédie de l’avalanche de Snow Fall à Tunnel Creek en 2012, et en 2021, il avait lancé la campagne The Truth Takes a Journalist. En exploitant les vidéos courtes, le journal avait déjà adopté la nouvelle norme en faisant tomber les barrières entre les créateurs (ou dans ce cas, les journalistes) et le public. Selon le NYT, “le contenu publié sur ce compte reflétera la substance et le style du reportage du Times et le dynamisme de notre narration multimédia.” En pleine crise réglementaire aux US, les éditeurs de presse continuent donc de se ruer sur TikTok pour trouver de nouveaux publics ; avec  +700 exemples d’éditeurs dans le monde sur la plateforme rassemblés dans ce document 


Finalement pour le NYT, TikTok ne serait plus une opportunité gâchée ? Mais TikTok n’était-il pas censé être drôlePourquoi Vice, la BBC, le WaPo et d’autres considèrent les nouvelles équipes TikTok comme la prochaine vague de talents de l’édition.

TikTok attaque –  Le réseau social chinois en a assez d’être “diabolisé” et a décidé de changer de tactique dans ses négociations en cours avec les États-Unis, en choisissant de rendre publics ses efforts pour devenir plus transparent et protéger les données des utilisateurs. L’entreprise chinoise a récemment invité des journalistes dans son « Centre de transparence et de responsabilité » et a rendu publics les détails de sa proposition de « projet Texas« , qui décrit comment l’entreprise dépenserait 1,5 milliard de dollars pour donner la priorité à la sécurité des données. Comment TikTok pourrait devenir une entreprise américaine avant qu’une commission de la Chambre des représentants des États-Unis ne votera le mois prochain sur une éventuelle interdiction nationale de la populaire application de vidéos courtes ? Lors d’un appel vidéo avec le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, le commissaire européen Thierry Breton, de son côté, avait déjà déclaré la semaine dernière qu’il n’était « pas acceptable » que « les utilisateurs n’aient besoin que de quelques secondes pour accéder à des contenus préjudiciables« .

Win-Win pour Meta et l’IA –  Meta versera 10 millions de dollars à Buzzfeed pour développer du contenu pour Facebook et Instagram. Ce partenariat mutuellement bénéfique devrait permettre d’attirer davantage de personnes sur les plates-formes sociales de Meta tout en contribuant à augmenter le temps que les gens passent sur les sites web de Buzzfeed. C’est aussi la dernière étape d’une relation de plusieurs années entre l’éditeur numérique et le géant des médias sociaux. Après l’année la plus difficile de son histoire de Meta, la société mère de Facebook commence à rebondir grâce à l’IA. Les utilisateurs regardent ses vidéos de format court, le ciblage publicitaire s’améliore et la société de médias sociaux est en bonne voie pour se remettre de l’impact des modifications de la confidentialité imposées par Apple. D’après les entretiens et les documents partagés avec le WSJ, les investissements importants dans les outils d’intelligence artificielle ont permis à l’entreprise d’améliorer les systèmes de ciblage publicitaire afin de faire de meilleures prédictions à partir de moins de données.

Bien que Mark Zuckerberg ait déclaré l’année dernière que l’entreprise serait « metaverse-first, not Facebook-first », la plupart des efforts portent sur l’optimisation de ses plateformes de médias sociaux traditionnelles, en particulier Facebook.  Des sources détaillent la pression exercée au sein de Meta et de Google pour accélérer le développement de l’IA dans le contexte de la vague d’attention suscitée par ChatGPT, en balayant potentiellement les problèmes de sécurité. BuzzFeed, de son côté, prévoit de s’appuyer sur OpenAI pour améliorer ses quiz et personnaliser son contenu, tandis que les humains offrent des idées, une « monnaie culturelle » et des « incitations inspirées ». Pour finir, Springer Nature, le plus grand éditeur universitaire du monde, ne permet pas aux LLM comme ChatGPT d’être crédités en tant qu’auteurs, mais autorise l’IA à aider à la rédaction d’articles, si elle est clairement affichée. Malgré l’accident CNET, les rédactions doivent décidément faire face à l’IA. Ce que CNET a appris de son utilisation de l’IA : veiller à ce que les signatures et les déclarations soient visibles et que les contrôles de plagiat soient effectués correctement 

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ES avec Kati Bremme, Myriam Hammad & Victor Lepoutre 

 

Baromètre Kantar-La Croix : La confiance des Français dans les médias remonte

Après une année 2022, où l’intérêt dans l’information était tombé au plus bas chez les 18-24 ans, plus de trois quarts des Français déclarent cette année suivre « avec un grand intérêt » l’actualité, selon le baromètre annuel de La Croix, réalisé avec Kantar Public et onepoint. Une proportion qui bondit de 14 points pour atteindre un niveau semblable à 2015, malgré une défiance vis-à-vis des médias qui reste endémique.

Par Myriam Hammad, MediaLab de l’Information
L’édition 2023, qui a a interrogé un plus grand échantillon représentatif de la population française, en ligne ou par téléphone, comporte pluseiurs bonnes nouvelles : à côté du regain d’intérêt dans l’information sur fond de guerre en Ukraine, de crise énergétique et de disruptions mondiales, et même si les Français multiplient les sources d’information, avec en moyenne quatre canaux consultés quotidiennement, la télévision « garde une place centrale » dans leur consommation d’actualité. Les JT sont privilégiés par les Français pour s’informer au quotidien, quel que soit l’âge (35 % sur l’ensemble du panel).

La fatigue informationnelle toujours d’actualité 

Mais 51% des sondés ressentent souvent de la lassitude par rapport à l’actualité face à seulement 5 % qui disent ne jamais se lasser de l’actualité. La raison pour ce manque d’intérêt se trouve principalement dans une absence de diversité des sujets (pour 45%), une angoisse ou une impuissance (pour 35%) ou bien encore un manque de confiance dans les médias (22%). Un constat également à mettre en parallèle avec un contexte anxiogène (guerre en Ukraine, crise énergétique…) et une « infobésité » avec l’actualité qui est largement devenue multicanale, pour arriver jusque sur TikTok. Un sondé sur cinq (21 %) s’intéresse moins qu’avant à l’actualité, et même un sur trois (33 %) chez les moins de 35 ans. 

Une confiance dans les médias en hausse, et en particulier pour l’information provenant d’internet

Radio, journaux, télévision et internet sont en progression (avec une évolution de 9 points pour internet). Parmi les sondés qui s’informent via les JT, 73 % leur font confiance. Cette proportion est aussi de 73 % pour la radio , 66 % pour les quotidiens nationaux, mais seulement 46 % pour les émissions d’actualité et de divertissement à la télé et 40 % pour les influenceurs, qui viennent d’intégrer l’enquête. Les réseaux sociaux arrivent avant la presse comme média privilégié au quotidien pour s’informer. 

 

A la question “A propos des nouvelles que vous lisez sur Internet, est-ce que vous vous dites plutôt que les choses se sont passées vraiment“, 55% des répondants considèrent qu’il y a de nombreuses différences ou que les choses ne se sont vraisemblablement pas passées comme racontées. 

Clivage générationnel sur la perception de l’information sur les réseaux sociaux

Après 35 ans, six sondés sur 10 pensent que la diffusion sur les réseaux d’informations par « des personnes qui ne sont pas des médias ou des journalistes » est une mauvaise chose. Une proportion qui s’inverse chez les plus jeunes : la moitié des moins de 35 ans juge au contraire que c’est une bonne chose. Pour les 18-24 ans, ainsi que les 35-49 ans, les réseaux sociaux arrivent parmi les trois médias privilégiés au quotidien. 

Là où les plus jeunes voient un moyen d’avoir plus de diversité, ce sentiment peut être contré dans les générations plus anciennes par la perception d’être confronté à de fausses informations sur ces réseaux.

Médias publics, médias privés : le paradoxe français

48% considèrent que le service audiovisuel public est majoritairement une “bonne chose”, mais la suppression de la redevance télé est pour 62% un fait positif, s’agissant d’une taxe de moins à payer.

Traitement médiatique des grands évènements 2022

La Coupe du monde de football, la mort de la reine Elisabeth II et la pénurie de carburant dans les stations-services sont les 3 évènements dont les médias ont trop parlé en 2022 selon les Français. Le débat sur la fin de vie, les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique et le mouvement de protestation en Iran sont les 3 évènements dont on n’a pas assez parlé.

Les chaines d’information en continu, autre paradoxe

Pour 70% des sondés, les chaines d’info en continu permettent d’être rapidement informé de l’actualié. Mais il est intéressant de constater que parmi ceux qui les regardent tous les jours, ils sont 76% à considérer qu’elles ne se concentrent que sur un seul sujet d’actualité, 66% à trop donner la parole à des personnes pas assez expertes du sujet.

 

Une méfiance persiste : 54% des répondants considèrent qu’il faut se méfier de la façon dont sont traités les grands sujets d’actualité dans les médias et 59% considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants des pressions politiques et du pouvoir. C’es chiffres sont parmi les niveaux de croyance en l’indépendance les plus faibles depuis la création du baromètre en 1993. Parmi les réponses pour lutter contre la désinformation, deux points sont particulièrement intéressants : le besoin d’une vérification des informations circulant sur les réseaux sociaux, et la nécessité de comprendre comment les journalistes travaillent.

Illustration : Laura Ohanessian, Unsplash 

Liens vagabonds : ChatGPT, petits mensonges entre amis

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

ChatGPT, fabulateur ? – Grosse surprise : Le robot d’écriture d’OpenAI ne sait pas de quoi il parle. Outre l’enchaînement de phrases fluides dignes d’un être humain en plus de langues qu’il ne s’en doute lui-même, l’une des compétences de ChatGPT semble être de se tromper. Dans le but de générer des paragraphes, le programme d’IA fabrique des informations et mélange les faits comme personne. Le site CNET en a payé les frais. A l’instar d’Associated Press, pionnier de l’utilisation de l’IA pour la rédaction d’articles avec Wordsmith en 2014, CNET avait expérimenté l’écriture de plusieurs dizaines d’articles (environ 75) avec ChatGPT entre novembre et le 13 janvier. Le tout sans grande transparence, la signature sur tous ces articles se limitant simplement à « CNET Money ». Après des révélations d’erreurs dans le texte, le site a finalement modifié la signature en « Cette histoire a été assistée par un moteur d’IA et revue, vérifiée au niveau des faits et éditée par notre équipe éditoriale. » Buzzfeed s’est amusé de cette mésaventure en publiant sa propre version de contenu généré par IA. En l’absence de régulation, ChatGPT est même déjà cité comme co-auteur dans des travaux de recherche scientifique. Pendant ce temps, Microsoft lance le service Azure OpenAI avec ChatGPT, et Google se prépare à concurrencer ChatGPT avec son propre chatbot intelligent [selon un article d’un journaliste de CNET]. 

CNN, l’infomédie ? –  Face aux audiences de CNN en primetime qui chutent, la chaîne envisage d’ajouter un comédien à sa programmation. Une nouvelle émission de « divertissement d’actualité » de deux heures s’adressera à des téléspectateurs qui opteraient normalement pour des programmes proposés par Netflix, ESPN et HGTV, plutôt qu’aux accros de l’information câblée traditionnels qui passent d’un CNN à un MSNBC. La chaîne d’information, propriété de Warner Bros. Discovery, est loin derrière ses concurrents Fox News et MSNBC dans la course à l’audimat aux heures de grande écoute, malgré les changements radicaux opérés par Chris Licht, le nouveau patron de CNN, depuis son arrivée à la tête de la chaîne au printemps dernier. Il vient de licencier des centaines de personnes le mois dernier, et avait aussi mis fin à la très courte aventure de CNN+, le service de streaming par abonnement / chaîne d’information en ligne arrêté seulement un mois après son lancement. 

 

Adieu Stadia – La plateforme de jeux cloud de Google n’est plus. Le géant de la tech avait annoncé en septembre qu’il mettait fin à Stadia après avoir échoué à séduire suffisamment d’utilisateurs, et mercredi a marqué le dernier jour de la plateforme. Google a cependant reçu des félicitations pour la façon dont il a géré la fermeture. Stadia avait été lancé en 2019 en espérant s’attaquer à un secteur longtemps dominé par Microsoft, Sony et Nintendo. Mais alors que Netflix, Amazon et Disney ont réussi à nous faire adopter en masse le streaming pour les films et la télévision, les espoirs de Google de voir les joueurs faire de même n’ont jamais semblé près de se concrétiser. Pourtant, le cloud gaming a de l’avenir, avec des alternatives chez Amazon Luna, Nvidia GeForce Now, Xbox Cloud Gaming, PlayStation Plus et autres Shadow. Le dématérialisé gagne en poids dans le secteur vidéoludique et la guerre du streaming entre Netflix, Paramount+ et d’autres s’attaque aux jeux vidéo, même si les développeurs de jeux pensent que le métavers est bidon

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Infographie: Hécatombe dans la tech : plus de 190 000 licenciements sur l'année écoulée | Statista

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L’Année TV 2022 – Les 10 chiffres clés Médiamétrie sur Vimeo

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DeepL s’attaque à Grammarly avec le lancement de Write, pour nettoyer votre prose

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BeReal, Hive, Gas, de nouveaux réseaux sociaux pour informer différemment ? 

Moins d’algorithmes, plus de transparence – les nouveaux réseaux, s’ils sont encore parfois à l’état embryonnaire, pourraient représenter de nouvelles opportunités dans la communication des marques et des médias à destination des jeunes générations en quête d’authenticité.   

Par Victor Lepoutre, Direction de l’Innovation 

La génération Z ne va plus délibérément vers les médias pour s’informer. C’est ce que rappelait Amanda Edelman, COO du Gen Z Lab & Associate Director chez Edelman lors de son intervention à Médias en Seine en novembre dernier. “Au lieu de vérifier activement les sites d’information, la génération Z reçoit une grande partie des actualités sur les réseaux sociaux”. Le parcours des jeunes consommateurs d’actualité a donc changé. Les jeunes reçoivent l’information de manière passive entre deux reels ou autres contenus visionnés sur Instagram ou TikTok. De même, rappelle l’experte, “on constate que ce qui compte le plus c’est le messager et non le message. La génération Z fait confiance aux experts, à leurs amis et à leur famille, à des gens comme eux, et c’est de là qu’ils trouvent le contenu qui leur plaît« . La manière dont les jeunes consomment l’actualité dépend donc en grande partie des personnes qu’ils suivent plutôt que du type de contenu en lui-même. 

Un besoin de transparence et d’authenticité 

Selon l’enquête d’Edelman The Power of Gen Z, les membres de cette génération seraient 48% à penser que les médias traditionnels ne sont pas dignes de confiance. Une statistique qui révèle un “besoin de transparence et de responsabilité » selon Amanda Edelman. “Les personnes qu’ils suivent sur les réseaux sociaux – influenceurs, amis et famille – sont beaucoup plus transparentes dans leur contenu que les institutions monolithiques, comme les médias, qui, en raison de leur taille et de leurs modèles opérationnels, sont intrinsèquement moins transparentes” rappelle-t-elle. 

BeReal, une plateforme authentique mais encore trop fragile 

Ce besoin de “transparence et de responsabilité” est également éprouvé par les marques et ces dernières et leurs conseillers regardent largement en direction de nouveaux réseaux sociaux pour optimiser leur image auprès des jeunes générations. BeReal, le réseau social lancé en 2020 par deux Français, incite chaque jour ses utilisateurs à prendre deux photos depuis l’avant et l’arrière de leur téléphone. Une opportunité pour les marques? “Au delà de l’authenticité, BeReal à une belle capacité créative, qui est reprise par un nombre croissant d’utilisateurs sur la plateforme” affirme Jean Baptiste Quesnay, cofondateur et CEO de Trends, une agence de relations presse.

Capture d’écran BeReal

De son côté, Jonathan Noble, CEO de Swello, un gestionnaire de réseaux sociaux, voit BeReal comme “une excellente opportunité pour les membres d’une entreprise de devenir de vrais influenceurs”. En octobre 2022, le réseau social français atteignait les 50 millions de téléchargements dans le monde, de quoi réjouir les social media managers. Un chiffre atténué par un bémol : selon les statistiques de Sensor Tower seulement 9% de ses utilisateurs se connectent de manière quotidienne.Il faut voir si le réseau social parviendra à engager ses utilisateurs. Le concept peut ne pas plaire à tout le monde” précise Jonathan Noble. 

Autre point à ne pas négliger, le modèle économique de l’application. Entièrement gratuite et ne proposant pas de publicité, ni d’achat intégrés, elle survit pour l’instant grâce à des fonds levés auprès d’investisseurs en capital risque. D’après le Financial Times, l’application serait en train d’étudier des solutions d’abonnements et d’options payantes pour éviter de bombarder ses utilisateurs avec de la publicité. Pour le moment, l’appli ne convainc pas encore les professionnels de la publicité.

Hive Social, un réseau positif à mi-chemin entre Twitter et Instagram 

Lancé en 2019, Hive Social propose aux utilisateurs de poster des images et des vidéos, mais aussi des GIFs et créer des sondages qu’ils peuvent envoyer à leurs amis. Il est possible de personnaliser son profil avec de la musique, des couleurs et même son signe astrologique, le tout sans subir la loi d’un algorithme: le feed de Hive fonctionne de manière entièrement chronologique. Pour l’une de ses créatrices, Raluca Pop, Hive Social est “bien plus intuitive” que les réseaux traditionnels, mais selon elle, l’équipe a surtout pris soin de créer une culture différente sur l’appli: “nous avons précisé à plusieurs reprise que Donald Trump et Andrew Tate n’avaient pas leur place sur l’application” expliquait Raluca Pop au site web Mashable en novembre 2022.

Capture d’écran Hive Social sur l’AppStore 

Les utilisateurs, eux, y voient un condensé des avantages d’Instagram et de Twitter. Hive permet de concilier le mode conversationnel et le suivi des tendances comme sur Twitter, avec le mode galerie d’Instagram” constate Jean-Baptiste Quesnay. Pour le CEO de Trends, les marques et les médias qui y seront présents le plus tôt possible pourront potentiellement en tirer un fort avantage compétitif. “Avec Hive, il est possible de cultiver la conversation et les réactions au sujet d’un lancement produit par exemple, mais dans un esprit plus bon enfant que Twitter qui attire des utilisateurs ayant parfois un esprit plus extrémiste” rappelle l’expert, en reconnaissant que la haine parfois présente sur Twitter pourrait bien se déverser sur Hive Social.  Enfin, même si l’application jouit d’une bonne croissance, son nombre d’utilisateurs demeure plutôt restreint (2 millions d’utilisateurs en novembre 2022 selon Yahoo).

Succès des applications ‘feel good’ auprès des lycéens 

Autre acteur prônant l’assainissement des réseaux sociaux, Gas a été lancé en août 2022. Ses 7,4 millions de téléchargements et les 7 millions de dollars dépensés par les consommateurs sur la plateforme ont attiré l’attention du réseau social Discord, qui vient d’en faire l’acquisition le 18 janvier dernier. L’application, qui restera dissociée de Discord, a pour objectif d’inciter les jeunes à dire du bien des uns et des autres. Pour l’instant présente dans quelques États américains, elle invite les utilisateurs à s’inscrire via le compte de leur école. Ils peuvent ensuite ajouter des amis et répondent à des sondages sur leurs camarades de classe. Les questions posées dans les sondages sont cependant destinées à renforcer la confiance des utilisateurs, plutôt qu’à la décimer. “Qui est le meilleur DJ du lycée? Qui est la personne que vous admirez le plus? Qui devrait-être le délégué de classe?” Le message reçu est signé par un “garçon de seconde” ou “une fille de première”, une option payante permet au destinataire de découvrir qui se cache derrière cet anonymat. 

Capture d’écran Slay sur l’AppStore 

 “On a une nouvelle génération qui va sur les réseaux pour du positif et pour s’amuser avec ses potes. Les réseaux sociaux seront d’autant plus une extension de notre vie” explique Jean-Baptiste Quesnay. “Le principe du sondage est également intéressant: rapide, il permet  de mieux atteindre une communauté qui à tendance à scroller” rappelle l’expert. En Allemagne, Slay, le “réseau social positif pour les adolescents” a rapidement été validé par ces derniers. L’application a atteint la première place de l’App Store allemand, seulement quatre jours après son lancement et prétend rassembler 250 000 utilisateurs dans les pays où elle est présente (Allemagne, Suisse, Autriche et Royaume-Uni). “Notre application est similaire à Gas, et leur acquisition est une preuve que notre modèle est bon” expliquait Fabian Kamberi, le CEO de Slay. Il affirme cependant que ces systèmes de questions/réponses peuvent elles aussi être source de cyberharcèlement et qu’elles nécessitent une gamification appropriée et surtout une modération rigoureuse. 

Le succès de ces nouvelles plateformes authentiques et positives transcrit la volonté des jeunes de revenir à une interaction plus saine sur les réseaux sociaux. Libérées du scroll et des algorithmes, elles permettront aux marques et aux médias qui les utilisent à bon escient de créer un nouveau contact avec les communauté de jeunes utilisateurs qui leur dédieront plus d’attention. Mais face à la fragilité de modération des réseaux « feel good » et au modèle économique peu développé, les marques ont pour le moment encore du mal à trouver leur place et les formats d’information s’y font toujours attendre.  

 

ChatGPT : le Holy Sh!t Moment

« J’attends le jour où, gagnant un Emmy Awards, ChatGPT se mettra à remercier sa mère et son père ! », a ricané Niclas Molinder, parolier et producteur de musique suédois.

Mais en se retrouvant pour la première fois depuis trois ans, les délégués de DLD — la meilleure conférence européenne sur l’innovation — n’ont pas tous ironisé cette semaine à Munich.

Apparues au grand jour ces dernières semaines, ChatGPt, mais aussi You.com, DALL-E 2, Midjourney, Stable Diffusion, les toutes dernières interfaces conversationnelles étaient bien au centre des discussions. Pas moins de 10 panels leurs étaient consacrés.

La « wow attitude », le « Holly Sh!t Moment » restent bien de mise, mais s’accompagnent de nombreuses interrogations sur les capacités réelles de ces bots :

« ChatGPT ne va pas remplacer un développeur, mais un développeur qui saura l’utiliser dépassera tous les autres de loin », a expliqué Quirin Görz, patron des robots Kuka. Toutes les entreprises, comme avec Internet depuis 20 ans, devront s’y mettre. Microsoft va-t-il l’intégrer dans sa suite logicielle ? 

 « Ils vont faire aux professionnels de l’information ce que les robots ont fait à l’industrie », prédit Scott Gallaway, professeur à l’université de New York.

Non pas remplacer les gens, mais les « augmenter » avec ces nouveaux outils créatifs, les rendre plus productifs, et permettre des discussions avec nos machines, impensables il y a quelques années. Créatifs, mais toujours pas intelligents.

Attention, avait dit McLuhan il y a plus de 40 ans : « L’augmentation conduit à l’amputation ». « Quelles capacités allons-nous encore perdre avec cette technologie ? », s’interroge déjà JP Rangaswanidu du Web Science Trust. Notre sens critique ?

Dores et déjà, les experts s’attendent à voir l’«IA générative ou créative » redéfinir ce que l’ordinateur peut faire. Et déjà avec une seule requête remplacer plusieurs applis. Bientôt probablement écrire un livre. Des modèles de production automatique audio et vidéo sont déjà dans les tuyaux. Tout média numérique sera touché.

Selon un expert, 90 % du contenu en ligne sera « généré par l’IA d’ici 2025« .

On le devine : ces bots vont donc désintermédier encore bien davantage notre information. Changer l’éducation. Et entraîner rapidement une course aux armements entre ceux qui voudront influencer nos décisions et ceux qui défendront comme ils le pourront une certaine éthique de l’IA.  

Est-on donc dans un épisode de Black Mirror ?

« Mis entre de mauvaises mains, ChatGPT sera-t-il capable de provoquer des dégâts ? » s’est inquiété la ministre du numérique de Bavière, Judith Gerlach.

Si on ne peut plus croire ni nos yeux, ni nos oreilles, il nous faudra être encore plus éduqués, davantage formés pour mieux résister. Il suffit d’imaginer des milliards de contenus artificiels, très temporaires, peut-être vus une seule fois, créés via ces requêtes individuelles. Et quand ChatGPT compose une chanson, qui a les droits ?

« Avec l’IA nous vivons la 3ème révolution des plateformes, après l’Internet rapide et le cloud », estime Ludwig Ensthaler de la société de capital risque 468 Capital. Mais nombreux sont ceux qui estiment que comme pour les deux autres, « l’Europe est en train de rater le train ». (Tina Kluwer, de l’incubateur berlinois K.I.E.Z)

Dores-et-déja, les illustrateurs sont inquiets. L’IA créative fait souvent mieux, plus vite. Les juristes aussi.

Mais si comme toujours, cette nouvelle technologie est probablement surestimée à court terme mais sous-estimée à long terme, une certitude fut très partagée cette semaine à Munich : « 2023 sera bien l’année de l’intelligence artificielle ».

 

ES

 

Liens vagabonds : Après DALL-E, voici VALL-E, ou comment l’IA crée une nouvelle réalité

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

VALL-E et la réalité parallèle – L’essor des IA créatives comme DALL-E, ChatGPT, divers algorithmes deepfake et d’innombrables autres semble avoir atteint un point d’inflexion au cours des derniers mois, commençant à sortir des laboratoires pour entrer dans le monde réel. Le dernier en date : VALL-E, un nouveau modèle de langage pour synthèse vocale (Text-To-Speech) dévoilé par Microsoft, qui a été entraîné sur 60 000 heures de parole en anglais et peut simuler la voix d’une personne à partir de seulement trois secondes d’échantillon audio. En 2017, l’algorithme Lyrebird de 2017 de l’Université de Montréal avait encore besoin d’une minute complète de discours à analyser. VALL-E de Microsoft semble être le logiciel d’escroquerie le plus dangereux qui soit, s’il devait devenir accessible au grand public, comme c’est déjà le cas pour ChatGPT. Un rapport des analystes de risques géopolitiques du groupe Eurasia alerte sur les risques désinformation par les nouvelles IA. En termes d’émotion, les résultats sont cependant (pour l’instant) moins impressionnants. L’utilisation d’échantillons de discours marqués comme étant en colère, somnolents, amusés ou dégoûtés semble faire dérailler les choses, et la synthèse produit un son étrangement déformé. Un peu comme les nouveaux livres audio racontés par l’IA d’Apple qui sont censés avoir un « son naturel », mais dont les critiques disent qu’ils ne sont « pas ce que les clients veulent écouter ». Pendant ce temps, OpenAI a ouvert une liste d’attente pour sa version professionnelle et payante de ChatGPT. Et voici un regard sur l’impact de l’ère émergente de l’IA, menée par DALL-E, Midjourney, Stable Diffusion et ChatGPT, sur Apple, Amazon, Meta, Google et Microsoft.

Microsoft et ChatGPT – Microsoft reste le Goliath des logiciels de productivité, même s’il a déjà été perturbé par Google, puis par une vague de startups de croissance axées sur les produits. L’IA est la prochaine vague de perturbation, mais cette fois, Microsoft est bien positionné : Satya Nadella a déjà investi 1 milliard de dollars dans OpenAI en 2019, et maintenant Microsoft serait en pourparlers pour investir 10 milliards de dollars supplémentaires (et pour gagner 75 % des bénéfices d’OpenAI jusqu’à ce qu’il récupère son investissement). Microsoft pourrait bien essayer d’acheter OpenAI tôt ou tard, bien que cela puisse paraître difficile avec la bataille antitrust en cours pour acquérir Activision Blizzard. La semaine dernière, The Information avait rapporté que Microsoft explore l’intégration de ChatGPT dans Word, PowerPoint, Excel, etc, une information confirmée cette semaine. Le résultat sera, on l’espère, plus réussi que Clippy, l’assistant virtuel que Microsoft a lancé en 1997. L’activité la plus importante de Google, la recherche, où il détient ~90% de part de marché, est déjà menacée par Microsoft qui intègre ChatGPT dans Bing (ce dernier génère quand même 9 milliards de dollars de revenus annuels, soit à peu près autant que Snap et Twitter réunis). Google, dont on dit qu’il dispose d’un modèle linguistique encore meilleur que celui d’OpenAI, va certainement agir de manière agressive pour protéger à la fois la recherche et l’espace de travail. 2023 sera définitivement l’année des disruptions par l’IA. Ce que l’on sait déjà sur la façon dont ChatGPT est utilisé au travail. 

Réseaux sociaux et santé mentale – Après les alertes de France Haugen en 2021, les réseaux sociaux sont (enfin) poursuivis en justice pour « atteintes à la santé mentale » des jeunes. Aux Etats-Unis, une plainte vise Facebook et Instagram, mais aussi Snapchat, Youtube, ainsi que le chinois TikTok et sa maison mère ByteDance, ou encore Google et sa maison mère Alphabet. Depuis longtemps, les experts mettent en garde contre un lien entre l’utilisation intensive des médias sociaux et les problèmes de santé mentale chez les enfants. Les spécialistes des sciences sociales qui étudient les effets de la technologie sur les enfants affirment que les aspects négatifs l’emportent largement sur les aspects positifs. « Il existe un lien substantiel avec la dépression, et ce lien tend à être plus fort chez les filles« , a expliqué à Axios Jean Twenge, professeur de psychologie à l’université d’État de San Diego et spécialiste du sujet dont le livre « iGen » décrit comment la technologie a façonné la génération Z. Dans une décision historique rendue en octobre, une autorité britannique avait déjà jugé Instagram coupable du suicide de Molly Russell, 14 ans, après qu’elle ait été exposée à des contenus d’automutilation sur la plateforme. Jean Twenge et Jonathan Haidt, un psychologue social de l’université de New York, tiennent à jour un document Google de 256 pages regroupant tous les articles publiés sur les médias sociaux et la santé mentale. Les experts ont proposé des solutions que les entreprises technologiques disent essayer de mettre en œuvre – comme une vérification plus stricte de l’âge – ainsi que des solutions plus radicales, comme la désactivation de l’accès des enfants aux plateformes sociales la nuit. Au Canada, c’est le jeu vidéo Fortnite d’Epic Games qui est accusé de créer une dépendance chez ses jeunes adeptes.

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

Déjà près de 1,4 millions de clients pour Netflix avec publicité en France  [NPA]

Génération TocToc : Seul un jeune sur trois (33%) estime aujourd’hui que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal » alors qu’ils étaient plus d’un sur deux à le penser il y a cinquante ans (55% en 1972)

Alors que 50 % des demandes d’emploi sur LinkedIn souhaitent travailler à distance, seulement 15 % des offres d’emploi proposent le télétravail

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Comment les Français s’informent dans un environnement médiatique fragmenté ?

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

 STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS

ENVIRONNEMENT 

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS


ES avec Kati Bremme, Myriam Hammad & Victor Lepoutre 

 

CES 2023 : Métavers humain, mobilité verte, santé connectée et écrans immersifs

Contrairement aux éditions précédentes, le CES 2023 n’a pas révélé d’innovation très disruptive. Plus orienté consommation quotidienne qu’innovation lointaine, les principales thématiques étaient les expériences immersives, la santé connectée et l’écoresponsabilité, une confirmation de tendances émergentes et une consolidation des développements en cours.  Avec plus de 3 200 exposants venus de 170 pays et plus de 115 000 visiteurs, cette 56ème édition a permis de renouer avec le public après deux années marquées par la pandémie. A noter : près d’un tiers des exposants étaient nouveaux sur le salon. Voici un résumé des éléments qui ont retenu notre attention :  

Vincent Nalpas, Directeur Innovation Produits et Yves-Marie Poirier, Ingénieur Technologies et Innovations

La voiture du futur : une expérience avant tout

L’automobile était particulière mise en avant pendant cette édition du CES. Dans les allées du salon, où l’on pouvait trouver beaucoup de sociétés proposant des systèmes de capteurs à base de LIDAR et d’intelligence artificielle pour la voiture autonome et quelques concepts de transports en communs autonomes pour les smart cities du futur, beaucoup de constructeurs se sont alliés à des piliers du monde des services logiciels pour présenter leur vision de l’automobile. Cette vision est généralement celle d’une expérience centrée sur l’utilisateur, continue entre la maison, le smartphone et la voiture avec les nouveaux systèmes d’infodivertissement sur des écrans toujours plus grands embarqués dans les voitures, généralement électriques et autonomes.  

Ainsi, Sony s’est associé à Honda pour présenter Afeela dont l’intérieur est conçu comme un espace de divertissement interactif pour les passagers où l’on pourra retrouver des jeux de licences Playstation ou Epic Games. Nvidia a mis en avant son écosystème Nvidia DRIVE pour les constructeurs de voitures électriques et a annoncé l’arrivée de Geforce NOW, la plateforme de streaming de jeu vidéo, dans les véhicules équipés de DRIVE mais également la possibilité de l’intégrer dans les autres environnements logiciels d’infodivertissement.

Samsung Electronics a aussi présenté l’écosystème ICX “In Cabin Experience”, pour fournir des expériences personnalisées au conducteur et aux passagers, comme Ready Care qui s’assure de la sécurité du conducteur en analysant ses données physiques en temps réel, ou “Ready on Demand”, une plateforme d’expériences audio.

Afeela, la nouvelle marque de voitures électriques

Fiat s’est allié à Microsoft pour proposer le FIAT Metaverse, une sorte de showroom virtuel qui s’invite chez le consommateur. Google, de son côté, a mis en avant une nouvelle mise à jour Android Auto avec de nouvelles expériences multimédia et notamment une meilleure intégration de Spotify. L’écosystème Android propose désormais une continuité de l’expérience audio qui permet, par exemple, de commencer un podcast en voiture et de le continuer sur son téléphone ou sur sa télé avec le Chromecast.

Sur le stand d’Amazon on pouvait trouver la présentation d’un service permettant aux constructeurs automobiles de créer une version customisée d’Alexa, embarquée dans leurs voitures, et également la vision d’Amazon pour l’expérience automobile qu’ils développent en partenariat notamment avec Stellantis. Peugeot, BMW et Volkswagen ont également présentés leurs prototypes de la voiture électrique du futur.

La société Holoride qui propose des expériences en VR pour les passagers en voiture s’adaptant aux mouvements du véhicule, lauréate d’un prix d’innovation du CES cette année, a annoncé la sortie d’”Holoride retrofit”, boitier qui envoie en Bluetooth les données de mouvement du véhicule au casque, pour rendre sa technologie compatible avec n’importe quel véhicule, technologie à l’origine réservée à certains modèles Audi.

Holoride Retrofit

La XR et le métavers continuent doucement leur développement

Les technologies de la XR (réalité virtuelle, augmentée, mixte…) étaient en effet également présentes au CES, sans toutefois d’annonce majeure qui bousculerait ce marché. Pour les casques de réalité virtuelle, il y a, entre autres, TCL qui présente le prototype d’un nouveau casque autonome à 6 degrés de liberté, le Nxtwear V, équipé à l’instar des principaux casques du marché d’une puce Qualcomm XR2. HTC présente quant à lui le nouveau Vive XR Elite, casque autonome et PCVR de réalité mixte haut de gamme et modulaire, qui pourrait intéresser les professionnels et également les consommateurs de VR fortunés.

HTC Vive XR Elite

TCL Nxtwear V

Le CES est également l’occasion pour Sony de faire essayer son casque PSVR 2 avec son jeu exclusif de lancement Horizon : Call of the Mountain, qui sort en février prochain. Sony présentait aussi sur son stand un certain nombre d’innovations pour la captation de sports en 3D et leur diffusion dans le métavers, grâce à la vidéo volumétrique ou la motion capture par analyse d’images IA avec ses sociétés Hawk-Eye et Beyond Sports. Sony montrait également le système de motion capture sans fil grand public “Mocopi” qui, grâce à six capteurs appairés à un smartphone, permet de tracker les mouvements de l’utilisateur pour les répercuter sur son avatar, par exemple sur les plateformes de réalité virtuelle sociales.

Casque de réalité virtuelle PSVR2

Sur le stand de Panasonic on retrouvait un système de motion capture similaire “Haritora X Wireless” de la société Shiftall. Elle dévoilait également le casque VR PCVR et autonome “MeganeX”  (Panasonic en fournit les lentilles pancake), compatible SteamVR, qui se démarque par son design orienté confort et légèreté et son affichage 5,2k OLED.

Haritora X Wireless

Côté réalité augmentée, Magic Leap confirme sa nouvelle orientation vers le marché professionnel avec par exemple son partenariat avec la société Brainlab qui développe des applications en réalité augmentée pour le domaine médical, en permettant aux chirurgiens de visualiser les données d’imagerie médicales en AR.

Un des leaders en neurotechnologie, OpenBCI, a annoncé une nouvelle version de leur plateforme d’interface neuronale non-invasive Galea sur le casque Varjo XR-3, permettant d’ouvrir les cas d’usages à cette technologie d’interface cerveau-ordinateur à la réalité mixte. Ce casque permet de mesurer un grand nombre de signaux de l’utilisateur comme son cœur, ses muscles, ses yeux ou encore son cerveau.

On retrouve également de nombreuses solutions de contrôle par les gestes ou “Hand tracking” comme “Ultraleap” et de dispositif à retours haptiques comme les vestes et gants bHaptics, HaptX ou encore Owo, permettant de réduire encore la frontière entre la réalité et les mondes virtuels au niveau de l’interaction et des sensations.

Les fabricants de composants pour casques et lunettes de réalité augmentée continuent d’améliorer leurs produits, que ce soit en termes de champ de vision, de résolution et luminosité, etc… Par exemple la start-up Petaray démontrait sur son stand sa technologie LiFiD qui devrait permettre à l’avenir de diminuer la fatigue des yeux lors de l’utilisation de lunettes de réalité augmentée en permettant d’accommoder la netteté des objets virtuels 3D en fonction de la distance par rapport à l’utilisateur. La société Lumus a de son côté présenté les lentilles pour lunettes AR Z-Lens avec une résolution de 2k x 2k qui pourrait permettre à l’avenir de réduire drastiquement la taille des lunettes de réalité augmentée et d’atteindre un facteur de forme très proche de celui de lunettes classiques.

lunettes AR Z-Lens

Au-delà des annonces et présentations de nouveaux matériels, les métavers qui se reposeront en partie sur ces technologies ne semblent pas aussi présents qu’annoncé dans les allées du LVCC Convention Center, même si le sujet reste assez répandu à l’Eureka Park du côté des start-ups. L’utilisation du mot “Metavers” n’est pas toujours utilisé à juste titre. Il y a bien quelques stands qui se démarquaient comme Lotte Group, Data communication, qui proposait de tester son futur métavers “Caliverse” sur PC, en RA tablettes et sur casques VR, et un certain nombre de propositions de métavers autour du spectacle et de la musique comme Melo-Scene ou la start-up française VRrOOm, qui lance sa nouvelle plateforme métavers  proposant des spectacles en réalité virtuelle, présente au sein de la délégation French Tech venue en force cette année.

Les Startups sont également présentes en masse cette année à l’Eureka Park

La France est même la première délégation étrangère avec pas moins de 200 sociétés qui couvrent un spectre large allant de la santé, au métavers, à l’analyse d’image par IA jusqu’à la sourdine connectée pour clarinette. Impossible donc de les citer toutes…

Illustration vidéo French Tech

A noter également la forte présence des délégations du Japon, de l’Italie, de la Suisse, d’Israël  et d’une puissante délégation néerlandaise engagée sur le thématique de la «Responsible Tech».

Les écrans TV : Toujours plus grands et plus lumineux

OLED, QD OLED, Mini LED, Micro LED, Néo QLED… en 4K ou en 8K … Les écrans TV sont toujours à l’honneur avec des technologies d’affichages différentes selon les marques mais toujours au service d’une qualité d’image jamais égalée et d’un contraste saisissant.

Nouveauté cette année, les écrans sans fil et sur batterie qu’on pourrait presque accrocher partout.

LG annonce un écran 4K UHD de 97 pouces sans connectique grâce à un boitier distant « zéro connect », tandis que Displace TV propose un téléviseur OLED 55 pouces avec une autonomie annoncée d’un mois pour une utilisation moyenne de 6h par jour.

Le secteur de la santé est toujours bien représenté au CES et cette édition 2023 n’a pas dérogé à la règle

Parmi les différentes innovations remarquées dans le domaine de la santé, on notera celles de la société française Withings, déjà bien implantée dans le domaine de la santé connectée, qui a dévoilé cette année le produit « U-Scan », une nouvelle famille d’appareils connectés dédiés à l’analyse d’urine. Le dispositif, qui a nécessité 4 ans de travaux et pas moins de 13 familles de brevets déposés a reçu cette année un CES Innovation Award. Il permet l’analyse de biomarqueurs urinaires via une simple cartouche installée dans ses toilettes et dont les données sont envoyées sur une application mobile.

La société Abys Médical, basée à la Rochelle et au Canada, a présenté Surgiverse® , sa solution logicielle disponible sur casque de réalité mixte Hololens 2 qui offre aux chirurgiens une aide à la décision en permettant de visualiser un jumeau numérique sous forme d’hologramme avant ou pendant l’intervention. Ces produits seront distribués aux états unis avant l’Europe fin 2023.

La brosse à dents Y-Brush, fabriquée en France dans les usines lyonnaises, promet d’assurer un brossage rapide et efficace des dents en seulement 10 secondes, grâce à 3 500 filaments en Nylon combinés à une technologie de vibration sonique qui assurent un brossage de l’ensembles des dents sur toutes leurs faces. Ce dispositif, très médiatisé, a été primé par un CES Innovation Award.

Enfin, la société de biotech Aevice, basée à Singapour, a présenté son Stéthoscope portable « AeviceMD », alimenté par l’IA pour détecter les maladies respiratoires. Le capteur, qui analyse en permanence les fréquences respiratoires et cardiaques permet d’obtenir sur une application l’évolution clinique du patient entre chaque consultation. 

Beaucoup de gadgets, mais un eu moins d’enthousiasme, voici peut être le résumé de cette édition 2023. Google qui s’est présenté comme une entreprise automobile, des voitures et bateaux électriques aux téléviseurs sans fil en passant par les derniers téléphones et tablettes et le métavers odorant, un large éventail d’innovations a été présenté au salon technologique CES de Las Vegas la semaine dernière. Certaines d’entre elles visaient à résoudre les grands problèmes du monde réel. D’autres visaient à rendre votre vie plus amusante. Et certaines d’entre elles étaient juste un peu excentriques.

 

Article mis à jour le 10 janvier 2023

Liens vagabonds : 2023, année difficile pour la télévision, et le streaming

A RETENIR CETTE SEMAINE : 

Une année difficile en perspective pour la télévision et le streaming – 2023 devrait mettre un terme à la forte croissance des dépenses dédiée aux programmes de télévision originaux. Une mauvaise conjoncture économique et une baisse du nombre de nouveaux abonnés forcent les différents acteurs à se serrer la ceinture. Les dépenses globales en contenus originaux devraient chuter de 6% en 2022 à juste 2% cette année. La tendance touche les grandes chaînes de télévision comme RTL, ITV ou l’italien Mediaset mais aussi les principaux services de streaming. Disney avait rattrapé rapidement Netflix dans une année 2022 où l’AVOD a percé. Les géants du streaming observent un nombre d’abonnés moins important qu’attendu, et doivent faire face à des coûts d’exploitation de leur plateforme en hausse. En conséquence, les investissements de HBO Max, Disney Plus et Netflix resteront en hausse mais de seulement 8% contre 25% en 2022. Certains, comme l’américain Roku, cherchent de nouvelles sources de revenus en commercialisant leur propre gamme d’écrans optimisés pour streaming. Nul ne sait cependant, si ces derniers pourront rivaliser sur ce marché. Les grands studios d’Hollywood sont eux aussi en difficulté. Disney, Warner Bros Discovery, Paramount et NBC Universal ont perdu 10 milliards de dollars cumulés en investissant dans leurs propres plateformes de streaming. Ils subissent aussi un retour moins important des spectateurs dans les salles de cinéma suite à la pandémie de Covid. Le streaming a changé la télévision. La télévision, en retour, est-elle maintenant en train de changer le streaming ?

Dure défaite pour Meta, accusée de non-respect du RGPD – La maison mère de Facebook, Instagram et Whatsapp s’est vu infliger une amende de 390 millions d’euros par l’Union Européenne pour non-respect du RGPD. La procédure, à laquelle Meta a fait appel, implique que l’entreprise imposerait à ses utilisateurs de partager leurs données, sous peine de ne plus pouvoir utiliser ses applications. Meta qui invoque un flou juridique a trois mois pour se plier aux demandes de l’Union Européenne. Elle affirme que ces décisions n’empêchent pas la publicité ciblée ou personnalisée et que  les annonceurs peuvent continuer à utiliser ses plates-formes pour “atteindre des clients potentiels, développer leur activité et créer de nouveaux marchés”. L’entreprise estime en outre que la commission irlandaise pour la protection des données, à l’origine de la plainte, ne lui impose pas de mettre en place une option de consentement et dit évaluer une variété de solutions pour changer la base légale du traitement des données. Une telle option de consentement pourrait laisser la porte ouverte au refus d’un grand nombre d’utilisateurs européens et pousser l’entreprise à revoir (encore plus) sa stratégie publicitaire dans un contexte où le duopole Google-Meta perd de sa puissance : face à Amazon, Apple et TikTok, les deux géants ont vu leur part de marché passer sous les 50 % en 2022

CES 2023, moins de gadgets et plus de métavers – 2023 signe le retour en grandeur (avec une présence en masse de la presse internationale) du CES. Après deux années de pandémie mondiale, le salon a donné cette année la part belle à la smart health, avec comme thème central la “sécurité humaine pour tous”. Le métavers est l’autre grand thème du CES 2023, et de nombreuses entreprises ont profité de l’occasion pour dévoiler leurs dernières offres en matière de réalité virtuelle, de réalité augmentée et de Web3. C’est le cas de LG qui propose son “blade wallet” permettant de à ses utilisateurs d’acheter, de vendre et d’échanger des NFTs à domicile en utilisant leurs Smart TV LG. De son côté Samsung a dévoilé une nouvelle version de son “Freestyle”, un projecteur portable dont la nouvelle version propose un “dual screen” développé pour les nouveaux usages interactifs dont le métavers. Enfin, Lenovo a présenté cette semaine son “Project Chronos”, un dispositif qui capture les mouvements de l’utilisateur. Il lui permet d’interagir et d’effectuer des activités dans le métavers sans lunettes ni autres accessoires. Une innovation qui facilite grandement l’accès aux environnements virtuels en 3D. Comme les années précédentes, le CES est aussi de plus en plus un salon d’automobile, avec Google désormais en pool position

NB : Cette première édition 2023 comprend aussi les points clés à retenir des deux dernières semaines de décembre 2022

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

8 millions d’euros, c’est le montant de l’amende infligée à Apple par la CNIL pour ne pas avoir recueilli le consentement  préalable des utilisateurs français d’iPhone avant de lire et/ou d’écrire des identifiants utilisés à des fins publicitaires 

220 millions d’utilisateurs de Deezer seraient concernés pas une fuite de données

29 milliards de dollars serait la valeur estimée de ChatGPT, suite à des discussions entre Open AI et des investisseurs 

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographic: Big Tech, Big Fines | Statista

Plus d’infographies sur Statista

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Le reportage multimédia sur une avalanche dans l’État de Washington, qui a remporté le prix Pulitzer, a changé la façon dont le New York Times aborde la narration.

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

MÉTAVERS, IMMERSION, 360, VR, AR

Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION


ChatGPT

Prévision pour l’IA en 2023 

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

OUTILS

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