En 2024, la moitié de la population mondiale devrait être couverte par la 5G

Par Alexandre Bouniol, France Télévisions, MédiaLab

La bataille pour la 5G fait rage entre les télécoms. Les enchères pour l’attribution des fréquences ne finissent plus de monter en Allemagne, la Chine a récemment déclaré qu’elle accordera bientôt des licences pour son exploitation commerciale et les premières offres grand public commencent à apparaître dans différentes villes aux États-Unis. Pourquoi tant d’engouement dans le monde ? Le rapport Ericsson sur la mobilité nous donne quelques premiers éléments de réponse.

Le mobile connecté, premier levier de croissance pour la 5G

L’avenir de la 5G s’annonce radieux. En l’espace de 6 ans, sa mise en réseau passe de quelques laboratoires de recherche des télécoms à une couverture de près de 65% de la population mondiale en 2024 pour les estimations les plus ambitieuses.

Estimations du pourcentage de la population mondiale couverte par la 5G

Le rapport souligne l’indissociabilité de la croissance de la 5G avec celle de l’adoption du mobile connecté (smartphone) dans le monde. Ne serait-ce qu’au premier trimestre 2019, on compte plus de 44 millions nouveaux abonnements à une offre mobile. L’équivalent de l’ensemble de la population de l’Argentine. Au total on en recense 7,9 milliards dans le monde, dont 6 milliards comprenant une connexion à internet (au moins 2G).

Le marché mobile de la 5G est potentiellement énorme. Le rapport estime à « 10 millions le nombre de souscriptions à une offre 5G à la fin de l’année 2019 ». Chiffre qui devrait atteindre les « 1,9 milliards à la fin de l’année 2024 », soit environ « 20 % de l’ensemble des souscriptions mobile dans le monde ».

La croissance de la 5G n’atteindra pas la même vitesse selon la partie du monde dans laquelle on se trouve.

Sans surprise, c’est en Amérique du Nord où la croissance sera la plus forte. « La commercialisation de la 5G s’impose à un rythme rapide » alerte le rapport. Les offres mobile 5G devraient même être majoritaires en 2024, puisqu’elles représenteraient 63% du total des offres mobile.

L’autre partie du monde où la 5G croît rapidement est l’Asie du Nord Est ; entendez par là la Chine, le Japon et la Corée du Sud. En 2024, les offres 5G devraient représenter presque la moitié des offres mobile, soit plus que les offres 4G.

L’Europe Occidentale complète ce trio de tête avec des prévisions estimées à 40% d’offres mobile 5G en 2024, mais minoritaires par rapport aux offres 4G. Le rapport n’en fait pas état, mais ce retard pourrait s’expliquer par la guerre commerciale que se livre Etats-Unis et Chine. Il se pourrait que Huawei se retrouve privé du marché Européen et ralentisse le taux de couverture européen.

Des usages propices au développement de la 5G

On le sait, le potentiel des usages de la 5G est démentiel, surtout dans l’univers mobile. La 5G devrait évidemment s’appuyer sur ces tendances lourdes pour continuer son développement. « Plus d’utilisateurs, plus de connexions, une vitesse accrue, et plus de vidéo mobile » affirme Jean-Paul Simon,  Directeur et fondateur de JPS Public Policy Consulting, une société de conseil spécialisée en stratégie et réglementation des médias et des télécommunications. L’ensemble de ces tendances engendre la même conséquence : une hausse considérable du trafic mobile. Entre les premiers trimestres 2018 et 2019, le trafic mobile a augmenté de 82%. Le poids de la vidéo est majeur et est même amené à s’accentuer dans les années à venir.

« La prise de pouvoir » de la vidéo dans le volume de données est à associer à « la croissance des services SVoD […] et à la perpétuelle évolution d’une meilleure résolution des écrans ».

La 5G permettra de lire quasiment instantanément les vidéos, mais ouvre aussi de nouvelles perspectives. Notamment en ce qui concerne « les médias immersifs comme le streaming de vidéos 360 ou la réalité augmentée et virtuelle » qui pourront être diffusés de manière beaucoup plus fluide.

Des médias expérimentent déjà la 5G, principalement dans la transmission en direct d’événement sportifs. C’est déjà le cas de France Télévisions à l’occasion de Roland Garros ou encore du diffuseur Telstra en Australie « avec des matches de l’Australian Football League ».

L’IoT, l’autre enjeu de la 5G

Smart cities, voitures connectées, montres connectées, etc. Les mobiles ne sont pas seuls. L’univers de l’Internet of Things est également amené à jouer un rôle dans le développement de la 5G, d’autant plus lorsque l’on sait l’importance qu’il est amené à prendre dans les années à venir avec des dizaines de milliards d’objets connectés dans le monde d’ici 2025. Le rapport distingue quatre catégories d’IoT qui ne nécessitent pas tous les mêmes besoins en connectivité.

  • Massive IoT: ils relèvent de l’IoT du quotidien, « peu cher, peu énergivore et demandant un faible volume de données ». Pour fonctionner, une connexion 5G n’est pas indispensable.
  • Broadband IoT: ce segment demande « un latence plus faible et un plus grand volume de données que le Massive IoT ». Il concerne par exemple l’utilisation de la réalité virtuemme en ligne ou la livraison par drones. Là aussi, la 5G n’est pas un élément indispensable au bon fonctionnement de ces objets, elle augmentera simplement la qualité du service.
  • Critical IoT : cette catégorie d’IoT ne peut fonctionner sans 5G, car elle demande une latence extrêmement faible et une fiabilité très importante. Elle englobe notamment l’ensemble des voitures connectées, de la gestion des trafics ferroviaires ou encore de la gestion de réseaux automatique par exemple. « Les premiers cas d’usages devraient être déployés en 2020. Seulement une infime partie des connexion propres à l’IoT appartiendra à cette catégorie en 2024 ».
  • Industrial automation IoT: ce segment n’implique que des cas très spécifiques d’usages dédiés aux industries lourdes. Aucune prévision n’est faîte quant à cette catégorie d’IoT. Mais elle ne pourra fonctionner sans 5G là aussi.

 

La 5G devrait a priori connaître deux temps de croissance : un premier intimement lié à l’adoption de smartphones de plus en plus performants dans le monde dont on pourra percevoir directement les effets dans les cinq ans à venir. Une première forme de démocratisation réservée aux territoires les plus riches de la planète. Un second lié au développement d’industries qui demande un maillage particulièrement efficace de la 5G dont on ne pourra voir les premières applications qu’aux alentours de 2024.

 

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