Baromètre Kantar-La Croix : La confiance des Français dans les médias remonte

Après une année 2022, où l'intérêt dans l'information était tombé au plus bas chez les 18-24 ans, plus de trois quarts des Français déclarent cette année suivre « avec un grand intérêt » l'actualité, selon le baromètre annuel de La Croix, réalisé avec Kantar Public et onepoint. Une proportion qui bondit de 14 points pour atteindre un niveau semblable à 2015, malgré une défiance vis-à-vis des médias qui reste endémique.

Par Myriam Hammad, MediaLab de l'Information
L'édition 2023, qui a a interrogé un plus grand échantillon représentatif de la population française, en ligne ou par téléphone, comporte pluseiurs bonnes nouvelles : à côté du regain d'intérêt dans l'information sur fond de guerre en Ukraine, de crise énergétique et de disruptions mondiales, et même si les Français multiplient les sources d'information, avec en moyenne quatre canaux consultés quotidiennement, la télévision « garde une place centrale » dans leur consommation d'actualité. Les JT sont privilégiés par les Français pour s'informer au quotidien, quel que soit l'âge (35 % sur l'ensemble du panel).

La fatigue informationnelle toujours d'actualité 

Mais 51% des sondés ressentent souvent de la lassitude par rapport à l’actualité face à seulement 5 % qui disent ne jamais se lasser de l’actualité. La raison pour ce manque d'intérêt se trouve principalement dans une absence de diversité des sujets (pour 45%), une angoisse ou une impuissance (pour 35%) ou bien encore un manque de confiance dans les médias (22%). Un constat également à mettre en parallèle avec un contexte anxiogène (guerre en Ukraine, crise énergétique...) et une "infobésité" avec l'actualité qui est largement devenue multicanale, pour arriver jusque sur TikTok. Un sondé sur cinq (21 %) s'intéresse moins qu'avant à l'actualité, et même un sur trois (33 %) chez les moins de 35 ans. 

Une confiance dans les médias en hausse, et en particulier pour l’information provenant d’internet

Radio, journaux, télévision et internet sont en progression (avec une évolution de 9 points pour internet). Parmi les sondés qui s'informent via les JT, 73 % leur font confiance. Cette proportion est aussi de 73 % pour la radio , 66 % pour les quotidiens nationaux, mais seulement 46 % pour les émissions d'actualité et de divertissement à la télé et 40 % pour les influenceurs, qui viennent d'intégrer l'enquête. Les réseaux sociaux arrivent avant la presse comme média privilégié au quotidien pour s'informer. 

 

A la question “A propos des nouvelles que vous lisez sur Internet, est-ce que vous vous dites plutôt que les choses se sont passées vraiment“, 55% des répondants considèrent qu’il y a de nombreuses différences ou que les choses ne se sont vraisemblablement pas passées comme racontées. 

Clivage générationnel sur la perception de l'information sur les réseaux sociaux

Après 35 ans, six sondés sur 10 pensent que la diffusion sur les réseaux d'informations par « des personnes qui ne sont pas des médias ou des journalistes » est une mauvaise chose. Une proportion qui s'inverse chez les plus jeunes : la moitié des moins de 35 ans juge au contraire que c'est une bonne chose. Pour les 18-24 ans, ainsi que les 35-49 ans, les réseaux sociaux arrivent parmi les trois médias privilégiés au quotidien. 

Là où les plus jeunes voient un moyen d’avoir plus de diversité, ce sentiment peut être contré dans les générations plus anciennes par la perception d’être confronté à de fausses informations sur ces réseaux.

Médias publics, médias privés : le paradoxe français

48% considèrent que le service audiovisuel public est majoritairement une “bonne chose”, mais la suppression de la redevance télé est pour 62% un fait positif, s'agissant d'une taxe de moins à payer.

Traitement médiatique des grands évènements 2022

La Coupe du monde de football, la mort de la reine Elisabeth II et la pénurie de carburant dans les stations-services sont les 3 évènements dont les médias ont trop parlé en 2022 selon les Français. Le débat sur la fin de vie, les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique et le mouvement de protestation en Iran sont les 3 évènements dont on n’a pas assez parlé.

Les chaines d’information en continu, autre paradoxe

Pour 70% des sondés, les chaines d’info en continu permettent d’être rapidement informé de l'actualié. Mais il est intéressant de constater que parmi ceux qui les regardent tous les jours, ils sont 76% à considérer qu’elles ne se concentrent que sur un seul sujet d’actualité, 66% à trop donner la parole à des personnes pas assez expertes du sujet.

 

Une méfiance persiste : 54% des répondants considèrent qu’il faut se méfier de la façon dont sont traités les grands sujets d’actualité dans les médias et 59% considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants des pressions politiques et du pouvoir. C'es chiffres sont parmi les niveaux de croyance en l’indépendance les plus faibles depuis la création du baromètre en 1993. Parmi les réponses pour lutter contre la désinformation, deux points sont particulièrement intéressants : le besoin d'une vérification des informations circulant sur les réseaux sociaux, et la nécessité de comprendre comment les journalistes travaillent.

Illustration : Laura Ohanessian, Unsplash