Futur de la TV : 10 enjeux de transformation

Du PAF au PAP, le paysage audiovisuel personnalisé. La télévision devient une expérience personnelle sur écrans individuels où les attentes, en matière de découverte, d’accès et d’expérience se transforment aujourd’hui très vite.

Nouveaux formats, nouveaux codes, nouveaux écrans : streaming vidéo via Internet, TV à la carte, personnalisée, mobile, en mode immersif et en ultra-haute définition, vidéos en direct liées aux réseaux sociaux, séries feuilletonnantes distribuées mondialement, consommation en différé, pubs zappées mais ciblées en temps réel, dégroupage des bouquets de chaînes, jeux vidéo en ligne multi-spectateurs, e-sport, nouveaux formats de l’info, applis, réalité virtuelle … etc

Choix infini de contenus, fragmentation de l’audience, éclatement des usages, basculement vers une distribution généralisée via Internet caractérisent un univers beaucoup plus complexe, où les plateformes numériques du web remplacent les grands networks et les chaînes de télévision.

On le voit, à la télévision, le changement, c’est maintenant. Ce média dominant vit le « moment Ketchup » de sa transformation numérique : côté production, diffusion et surtout consommation d’infos et de divertissements, tout déboule très vite, et en même temps. Les coutures ont lâché. Tout change avec rapidité et ampleur.

Voici 10 enjeux de transformation à l’œuvre en ce moment :

(ces points de disruption seront détaillés et chiffrés dans 10 fiches en début du Cahier de Tendances Printemps – Eté) 

1Les jeunes ne reviendront pas

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Les jeunes ne reproduiront pas les usages de leurs aînés, mais –pour la première fois dans une inversion générationnelle inédite– ce sont ces derniers qui deviendront bientôt tous des « millenials » !

Des jeunes, qui délaissant parfois le monde offline, ne parlent même plus de numérique, tant il est intégré et naturel. Leur vie connectée empiète sur leur vie off line. Pour leur parler, il faudra utiliser leurs codes.

La TV pourra–t-elle survivre à la désaffection des jeunes qui pilotent aujourd’hui les usages ? Et à quelle vitesse les plus âgés, voire les séniors, vont-ils eux aussi migrer et délaisser la TV classique ?

2Le mobile est devenu le 1er écran

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L’écran le plus important aujourd’hui est celui que vous avez dans la poche ! Il transforme notre quotidien. A tous les âges. Et a modifié pour toujours les attentes du public.

Le mobile n’est pas un nouveau canal de distribution, un mécanisme à diffuser des contenus, un simple ajout, mais un tout nouveau monde. Un média de relation, de contexte, d’expérience, de personnalisation. Pas une technologie, mais un comportement ! Nous sommes tous des « screenagers » ! Le défi est d’engager l’audience dans un monde « mobile first ».

Même si rien ne replace le confort des grands écrans, le futur de la TV sera-t-il une appli mobile ? Pour servir tous les publics sur tous les écrans, les stratégies « mobile first » se mettent en place. Des rédactions aussi. Car il ne s’agit plus seulement de créer POUR le smartphone, mais AVEC le smartphone !

3TV à la demande et personnalisée

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Chacun le sent bien : le prime time devient anachronique.

La télévision de rendez-vous ne fait plus la loi. Il n’est plus possible de dicter la nature et l’heure du prochain programme ! Le sur-mesure, permis par le streaming, devient grand public.

Internet est, avant tout, un outil pratique qui donne aux gens ce qu’ils veulent, bien mieux que les dispositifs antérieurs !

Le web audiovisuel est en train de basculer du « search » (on cherche, mais on a du mal à trouver) au « push automatisé ». Qui l’emportera alors de la programmation éditoriale, la recommandation sociale ou la prescription algorithmique ?

L’idéal serait un mix du meilleur des trois mondes (éditeurs, amis et algorithmes) combiné à la liberté de la consommation à la demande et à la simplicité de la consommation en linéaire: en somme un « push personnalisé ».

4Les nouveaux formats de l’info

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L’info ne sera désormais plus forcément télévisée…

Même si, plus que jamais, les fondamentaux du journalisme restent les mêmes, une nouvelle syntaxe est en train d’apparaître sur les nouvelles plateformes et messageries avec sa grammaire, son vocabulaire, ses codes, ses formats et ses durées qui varient en fonction du contexte de consommation (domicile, bureau, transports…).

Forcément sociale, mobile, interactive. En direct !

Mais le direct live venant du public va encore accroître le bruit d’Internet. D’où le besoin encore plus pressant de tri, vérification, contexte, mise en perspective et valeur ajoutée, apportés par les journalistes professionnels et parfois les marques.

Le vieux partage (la radio annonce, la TV montre, la presse explique) est en passe d’être remplacé : la notification annonce, le réseau social montre, la vidéo explique).

5Fiction, séries, magazines, jeux, sports : des millions de nouveaux concurrents

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Nous sommes au tout début d’une incroyable hyper-offre, d’un foisonnement de contenus vidéo sur tous les écrans. Et en streaming ! De nouvelles plateformes se disputent notre attention, notamment les messageries instantanées, les objets connectés sur soi, demain l’Internet industriel et les voitures autonomes.

Mais l’OTT libère la TV de ses contraintes historiques.

Conséquence dans les pratiques professionnelles : le jargon et les pratiques TV se développent chez les geeks (et inversement) ; et les responsables de programmes intègrent de plus en plus en amont les réseaux sociaux et pensent en aval aux déclinaisons en ligne.

6Business model à réinventer dans un marché en croissance mais instable

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Contrairement aux autres médias traditionnels chahutés par Internet, la vidéo est un secteur en plein boom. Mais les fruits de cette croissance ne profiteront pas à tous. Et pas forcément aux acteurs historiques, confrontés à l’exode de la pub, et pour qui l’enjeu, dans un environnement devenu instable, est aussi d’exploiter les immenses opportunités d’Internet, souvent mieux et plus vite saisies par les nouveaux acteurs.

La valeur viendra notamment à ceux qui sauront trier et agréger socialement la multitude de contenus dans une offre nouvelle et pertinente, développer des partenariats intelligents entre contenus (exclusifs, différenciants) et distribution, recruter à l’extérieur du monde des médias. Mais aussi inventer d’autres modèles hybrides, notamment ceux qui vont raccourcir la durée entre le concept et sa commercialisation (comme YouTube et Netflix).    

7Une mondialisation inévitable

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La vidéo est un média qui voyage bien, Internet (comme le buzz) n’a pas de frontières, les utilisateurs des nouvelles plateformes se comptent en centaines de millions, voire en milliards. Mais les règlementations ne suivent pas.

Combien de temps tiendront ces protections ? Comment fluidifier la distribution légale sur des marchés multiples ? La SVOD changera-t-elle les frontières de consommation ? Dans ce nouveau marché mondialisé, comment financer les contenus, sinon par la co-production avec une grande variété d’acteurs ?

8Les données, oui, mais aussi la confiance

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Avec le « big data », nous passons de l’image filmée à l’image calculée. Il faudra en profiter.

Des équipes « big data » commencent à se mettre en place un peu partout pour trouver du sens à des données générées par les nouveaux services, les appareils, les applications, etc.

Mais la protection des données est une composante de la vie privée. La confiance et la transparence constituent donc de nouveaux services différenciants. Les « smart data » et les « lean data » aussi.

9L’innovation, facteur clé de succès

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La vitesse actuelle des changements dans la vidéo et la télévision, et leur complexité, imposent une adaptation qui passe par l’innovation et la transformation organisationnelle des acteurs de la TV classique.

Le numérique pose un gros problème culturel dans les entreprises où les personnels, mal formés se sentent souvent débordés et se sentent obligés de s’appuyer sur des experts externes. D’où la nécessité de favoriser une culture d’adhésion et d’appropriation, où l’innovation est au cœur des projets, comme la rapidité d’exécution avec la mise en place d’une agilité managériale autour d’équipes soudées solidaires et rendues responsables.

10L’immersion est le nouvel engagement

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Cette tendance lourde vers l’immersion dans l’image passe par l’ultra haute définition (4K), la réalité augmentée et surtout la réalité virtuelle, nouvelle frontière, média vraiment nouveau qui abolit les barrières entre l’auteur et le spectateur, qui devient acteur.

La réalité virtuelle va modifier la manière dont nous voyons le monde.

Venue par les jeux vidéo et l’e-sport, elle devrait toucher le grand public d’ici un an ou deux, mais il reste beaucoup de choses à inventer. Notamment à la faire fonctionner à plusieurs, pour une expérience partagée. Avec Oculus, Facebook entend ainsi créer un univers virtuel où vivent un milliard de personnes en télé-présence immersive.

 

Confrontée donc à la plus grande transformation de son histoire, la TV bascule –-et pourrait bien se dissoudre– dans l’Internet vidéo mondial qui explose et est en train de l’absorber.

Des plaques tectoniques bouleversent le paysage et modifient les frontières de ce qu’on appelait jusqu’ici la télévision, redéfinie désormais par la manière dont on la regarde. D’innombrables nouvelles offres ont surgi –le nombre de plateformes et formats vidéo a explosé— donnant un coup de vieux à la pertinence de la TV, à ses modèles économiques tout en changeant radicalement nos usages.

Connecté en permanence, plus engagé (mais aussi plus distrait) et en tous cas séduit par ces nouvelles propositions, le public a partout pris le contrôle de sa consommation d’images, n’est plus esclave de son guide des programmes, s’informe, se cultive et se divertit à ses conditions sans faire ce que d’autres ont décidé pour lui !

Réussissant bien mieux dans les nouveaux formats, une poignée de startups et géants du web agiles défie l’emprise historique des télés : Vice Media, YouTube, Netflix ou Amazon, sont à la manœuvre. Mais la vidéo a aussi débordé des plateformes classiques pour imprégner toutes les offres en ligne, de Facebook à BuzzFeed, en passant par les journaux ou les vieux portails (Yahoo, AOL) et surtout par les nouvelles messageries instantanées (WhatsApp, Instagram, Snapchat ou Younow) nouveaux hubs média de jeunes qui ne font plus la différence entre les écrans, ni entre l’origine des contenus (auteur, chaîne, site, appli,…).

Imprégnée d’une culture horizontale et intensément visuelle, la génération Y, qui arrive aux commandes de la société, n’a aucune difficulté à laisser Internet prendre le contrôle de l’économie culturelle. Elle entend profiter de contenus auxquels elle peut s’identifier immédiatement, partager, et surtout accéder n’importe où, et n’importe quand.

Le streaming devient plus populaire que la télé en direct, l’OTT, le haut-débit généralisés et la TV sur IP remplacent le hertzien ; et surtout le mobile commence à se substituer à la TV. Les applis remplacent les chaînes.

Même si le mode de narration visuel –point fort de la TV – est en train de l’emporter, Internet est un habitat différent, un mécanisme ultra puissant où une vidéo peut être partagée avec des milliards de gens dès sa création, où tout peut être reproduit sans effort, ni coût marginal. Demain, assure Ericsson, l’expérience télévisuelle sera entièrement personnalisée, sociale, interactive et à la demande.

Les programmes n’échappent pas au branle-bas comme en témoignent les succès dans l’info du journalisme de terrain de Vice News, ou l’arrêt brutal aux Etats-Unis d’émissions et séries cultes comme American Idol et CSI qui ont régné pendant des décennies.

Modèle d’affaires en difficulté

La télé, confrontée à l’accélération des mutations technologiques et d’usages du public, à l’ampleur prise par les mobiles et la suprématie des formats vidéos, a désormais un souci d’audience, de pertinence, de revenus publicitaires et donc de succès. Les jeunes désertent, l’audience vieillit et les annonceurs s’effraient.

Ces bouleversements changent les règles du jeu pour les acteurs : chaînes, producteurs, distributeurs, agences, annonceurs, … qui ne sont pas seuls à réinventer le nouveau paysage : les fabricants d’écrans s’y sont mis, les réseaux sociaux ou les écosystèmes d’applis, aussi.

Dans cette époque de métamorphose d’un modèle quasi unique à un modèle multiple, l’ensemble du secteur grandit vite, se mondialise, les frontières s’estompent entre TV classique et TV sur Internet, mais tous ne sont pas positionnés pour en profiter. La course à l’attention du public est désormais trustée par le web et les mobiles. Et la personnalisation pilote la croissance.

L’audience, dont la loyauté est aujourd’hui davantage basée sur le mérite, n’est plus captive, se fragmente, reste difficile à mesurer, surtout si est pris en compte le continuum des écrans où se mêlent direct, différé, streaming à la carte. La télévision sur Internet a aussi dépassé Nielsen.

La TV classique payante commence à se contracter et la publicité à partir, pour rejoindre –-comme toujours avec retard– la migration du public, et s’automatise à grande vitesse pour être plus efficace dans un marché désormais très morcelé, mais adressable et quasi infini. D’autant que le public, qui programme lui-même ses univers, déteste la réclame forcée et les mauvais programmes de téléréalité des grandes chaînes généralistes.

Dans une nouvelle économie à la demande où le coût de distribution tend vers zéro, la concurrence est exponentielle, de facteur 100, et vient de nouveaux acteurs champions des nouvelles technos et de l’innovation, qui poussent dehors les acteurs traditionnels, en proposant cette TV à la carte, plébiscitée par le public et souvent par abonnement.

Pas facile donc de lutter face à de nouvelles plateformes d’infos, de sports, de divertissement et de communication asynchrones, auto-organisées, qui réalisent des tâches complexes sans contrôler et dont les ressources et les contenus viennent des utilisateurs eux-mêmes, abaissant ainsi fortement les coûts de la création et de l’éditorialisation. Pas facile, non plus, de lutter contre la piraterie audiovisuelle.

Personnalisation, recommandation, découverte

Les écrans prolifèrent et les nouveaux médias se confondent avec les nouvelles firmes de la technologie.

Aujourd’hui les nouveaux acteurs agrègent de multiples sources à destination de multitudes de destinataires qu’ils peuvent cibler. Avec l’ubiquité des contenus TV dans un mode personnalisé et facile d’accès, la TV passe bien d’une écoute collective à une consommation individuelle.

Le rythme et l’étendue stupéfiants de ces changements modifient la structure des formats et la TV elle-même. Mais ils créent aussi de la confusion pour le public qui a de plus en plus de mal à trouver ce qu’il cherche. Il est presque plus facile de faire de la vidéo que d’en regarder…

Loin d’avoir trouvé la solution pour la découverte pertinente des contenus et des œuvres, nous ne sommes qu’au tout début de la diffusion sociale qui repose sur les proches, et de la recommandation algorithmique contextuelle qui s’appuie sur les goûts, le lieu, l’heure de la journée, le temps disponible, l’écran utilisé, les droits associés et l’humeur de l’utilisateur !

La personnalisation, c’est difficile, et c’est surtout bien fait par Google, Amazon, Facebook ou Netflix, dont les machines de plus en plus smart sont en train d’accumuler les informations.

Mais l’expertise des éditeurs professionnels et des pros des programmes additionnée aux algorithmes (et à leurs créateurs, les informaticiens) peut se révéler un mix gagnant.  

Une chose est sûre : dans un web de plus en plus audiovisuel, où les images fixes et animées deviennent le langage commun et mondial d’Internet et la base des échanges, où la valeur se crée de plus en plus dans la bataille des interfaces, où chacun se crée son expérience TV morcelée, modifier les comportements par la loi ou la règlementation semble illusoire.

Le nouveau PAP, paysage audiovisuel personnel

Mais la qualité d’ensemble progresse grâce aux nouveaux acteurs qui savent proposer avec talent, audace, des idées nouvelles à des niches et des communautés, jusqu’ici mal servies par les généralistes obsédés par le plus petit dénominateur commun et incapables de discerner des variables qu’ils ne voient pas venir. Ces nouveaux venus sont désormais des champions du développement de l’audience, de l’engagement avec elle, de la distribution virale, de l’accès et de l’abonnement. Et dans la révolution vidéo, à l’ère de la génération « tout, tout de suite », les changements sont quotidiens.

YouTube a développé en quelques années sa propre culture, ses codes, ses genres, et chahuté les modèles d’affaires établis. Ses stars montantes font de l’ombre à celles d’Hollywood, qui rêve encore de détruire Internet. Apple, annoncée bientôt dans la TV en ligne, saura-t-elle, à l’image de Netflix, rapprocher la Silicon Valley des studios de Los Angeles ? Steve Jobs était bien l’un des plus gros actionnaires de Disney et le patron de Pixar.

Internet c’est une vaste démocratisation qui court-circuite les acteurs en place en favorisant aussi une ré-intermédiation via quelques nouveaux venus quasi-monopolistiques qui entendent régenter nos vies connectées et deviennent, grâce à l’apprentissage des machines, chaque jour plus pertinents. Internet profite aux très grands, à des géants à la croissance forte, rapide, mondiale, souvent même exponentielle, qui parviennent à rassembler des centaines de millions de personnes autour de marchés multi-faces.

Pistes et perspectives : vers des modèles hybrides

Les changements continuent de déferler, venant d’endroits imprévisibles et obligent les acteurs à rester attentifs, ouverts aux vents nouveaux. Ce basculement vers une consommation à la carte sur mobiles favorise le streaming qui, redessinant l’ensemble du paysage, deviendra dominant.

Dans un secteur où la seule constante c’est le changement, impossible de rester dans le déni ou le marchandage. Seuls sont possibles l’acceptation de ces bouleversements et l’action pour se transformer en complétant les expertises et les savoir faire.

Reste à adopter les technos, langages et codes … numériques des nouveaux barbares pour surmonter le grand défi de l’engagement. A aider au tri, à la curation, à la découverte. A rester pertinent en offrant de nouvelles expériences, à les rendre cohérentes dans de multiples contextes grâce aux données. A changer les méthodes de travail (tester, échouer, recommencer), à accompagner la transition numérique de la société et d’un public de plus en plus exigeant sur la qualité. A revendiquer une ligne éditoriale tout en proposant aussi de l’info-service. A coopérer et nouer des partenariats entre anciens et modernes. La réussite récente des podcasts et des newsletters, par de vieux acteurs, en témoigne. A rapprocher, voire mêler les métiers entre créateurs, développeurs, diffuseurs, producteurs …

A ne pas chercher aussi à se faire plaisir, mais à chérir l’utilisateur et le citoyen en restant le ferment de l’espace public. A expérimenter de nouveaux types d’expériences partagées qui passeront peut être par les technologies de réalité virtuelle, nouvelle frontière et vrai média nouveau à part entière qui arrive et va donner à voir ce qui n’existe pas encore.

Jeunes et vieux allument aussi la télé pour avoir une présence quand ils sont seuls. Mais même si la télé linéaire a encore la possibilité de créer des rendez-vous fédérateurs et non discriminants, notamment dans le sport et les divertissements, la télévision n’est déjà plus un média passif où l’audience regarde passer un flux. Les formats TV et web sont de plus en plus imbriqués dans de nouvelles formes narratives cross média à développer. Multiplier les coopérations avec les start-ups numériques est une des clés de l’innovation indispensable. Tout comme maîtriser les technologies de base du numérique : code, cloud, terminaux connectés.

Dans cette nouvelle ère multi-écrans du streaming, sous influence des « millenials », les acteurs classiques se demandent comment atteindre une audience connectée en permanence et parsemée sur des centaines de terminaux différents. L’exploitation des données multiples et traces fines laissées par le public en ligne — lors de ses passages sur écrans connectés et réseaux sociaux autour des programmes de TV — est une solution moderne pour développer l’audience, améliorer les contenus et plaire aux annonceurs. Et peut être, demain inventer de nouveaux modèles économiques.

La télé libérée

Mais attention, nous sommes dans des modèles instables. Les vagues technologiques continuent de se succéder. Une à une, elles démocratisent les médias de masse dont les vieux modèles s’érodent. Internet, soumis comme les autres à des forces technologiques, économiques et politiques, varie lui aussi chaque jour. Le désordre règne encore dans ce nouveau monde.

Internet est devenu l’agitateur permanent qui s’infiltre dans chaque faille d’inefficacité. Le monde est à portée de doigt 24 h sur 24. Jamais une seule plateforme n’avait autant dominé. Capter l’attention dans un tel environnement sera un sacré défi.

Le streaming vidéo via Internet, l’hyper-abondance de contenus vidéo souvent gratuits, les mobiles et la consommation à la carte ubiquitaire, sont en train de s’imposer et de libérer la TV de ses contraintes historiques : pas de grilles de programmes, pas de limites, ni pour les contenus, ni pour les cibles à atteindre, pas de bon pour tous et pas de mesure unique du succès.

A elle d’en profiter.

Eric Scherer

————

ps : nous développerons tous ces sujets dans notre Cahier de Tendances Méta-Media N°9, Printemps – Eté 2015, et notamment le suivi des nouveaux usages, pistes, modèles et outils de la mutation, mais aussi des indications sur la télévision et les médias de demain. Comme toujours une liste d’ouvrages sera proposée.  

Le cahier sera disponible ici, ici, sur Méta-Media en pdf, début juin.

 (Illustration : Jean-Christophe Defline)

 

Liens vagabonds (l’ogre Facebook, les vieux AOL/Verizon, BBC menacée…)

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Facebook et les médias: 

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REALITE VIRTUELLE

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JEUX VIDEOS :

PUB

JOURNALISME 2.0

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EDUCATION

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Est-ce la fin de l’âge d’or des réseaux sociaux planétaires et anonymes ?

Par Clara Schmelck, journaliste médias à Intégrales Mag, billet invité

Aux Etats-Unis, les réseaux sociaux se voient en plate-formes locales. La tendance est au social network de proximité. Une réaction paradoxale à l’exploitation des données personnelles par les GAFA.

A la faveur du développement des systèmes de géolocalisation et des initiatives de cartographie collaboratives, les plates-formes sociales locales sont en train de se multiplier. A l’instar de Peuplades, à Paris, elles proposent des bons plans, des bonnes adresses et permettent de créer et d’entretenir des liens entre des gens qui habitent à côté sans se connaître pour autant.

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Aux Etats-Unis, ce nouveau genre de réseaux sociaux est à la pointe de la « Hype », au point où certains hipsters de Brooklyn se vantent d’avoir déserté Facebook pour une plate-forme « terroir », selon l’expression consacrée.

Surfant sur cette communication de l’authenticité appliquée au monde virtuel de l’internet, une start-up basée à Portland, dans l’Oregon, va lancer une application pour smartphones et tablettes qui établit de manière aléatoire des conversations vidéo en direct avec des personnes répertoriées sur des listes d’amis. Baptisée Village, la plate-forme sociale devrait être lancée aux Etats-Unis en version iOS et Android ce mois-ci.

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Particularité de ce réseau social ? C’est un algorithme qui décide, en fonction du degré de proximité avec vos différents amis et de vos habitudes de vie, avec qui vous allez conduire des conversations impromptues pendant trois minutes au maximum.

Solidarités horizontales, civilité, care  

Aux Etats-Unis, Village apparait comme une version en ligne du neighborhood house, ces « maisons de voisinage » qui créent une intimité collective entre habitants d’un même quartier, et où sont organisés des événements à petite échelle: fêtes, aides scolaires, jobs datings… Village pourrait d’ailleurs créer des groupes clos, rassemblant par exemple les membres d’un club de sport ou d’une paroisse.

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Il est significatif que la civilité, qui définit les rapports sociaux dans la vie réelle, est entrain de devenir une préoccupation sur les réseaux en ligne. Village vous permet de dialoguer avec des parents, des amis ou des vagues copains, sans être obligé de prendre l’initiative de les appeler – donc sans prendre le risque d’importuner. D’ailleurs, l’application prévoit aussi de d’entamer petit à petit une relation suivie avec une nouvelle connaissance, pour ne pas brusquer les choses. Si votre liste compte plus de dix noms, le système ne vous mettra pas en contact avec la même personne plus d’une fois par semaine.

Aussi, ce type d’application de proximité revendique une sociabilité plus solidaire que Facebook ou Twitter, dans la mesure où ce sont des plate-formes qui misent sur une plus grande réciprocité entre individus. L’idée n’est pas de gagner toujours plus en visibilité, mais de ne pas se perdre de vue, pour s’apporter au besoin de l’aide mutuelle. Reste à savoir si ce concept très américain du care, cette sorte de solidarité horizontale si typique de la vie en collectivité outre-atlantique, traversera l’Atlantique, et si Village, commercialisé sur les Apple Store européens en septembre, rencontrera un succès.

Anonyme, le réseau social est un non sens

Signe que le vieil adage « Sur internet, personne ne sait que vous êtes un chien », est plus que jamais entrain de disparaître.

Les gens étant de plus en plus sensibilisés à l’exploitation de leurs données personnelles par les GAFA, on aurait pu s’attendre au succès des d’applications qui garantissent un anonymat complet. Et pourtant, une application aussi récente que Secret, malgré ses 15 millions d’utilisateurs revendiqués, a rapidement fermé. Anonymiser les utilisateurs au point de les désincarner générait des échanges verbaux automatisés et sporadiques. Sur ces plate-formes, impossible de tisser des dialogues animés et suivis, car raconter et argumenter implique nécessairement de se dévoiler. Le réseau social anonyme est un non sens.

Pis, les sites anonymes, où chacun ne se sent plus vraiment responsable de soi-même (puisqu’il ne parle pas en son nom propre), s’avèrent propices au harcèlement en ligne. Whisper, en dépit de ses 10 millions d’utilisateurs revendiqués à travers le monde, est confronté à de tels cas. After School, qui vise les adolescents, a dû restreindre ses conditions d’utilisation pour le même motif.

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Paradoxalement, les réseaux sociaux locaux pourraient même concilier partage de la vie privée et maitrise des données personnelles. Tout simplement, un suivi à la trace n’est pas vraiment nécessaire aux annonceurs – comme cela le serait pour les utilisateurs de Google ou de Facebook. Dans une communauté très restreinte et définie, les investissements publicitaires se porteront sur des services sur lesquels le ciblage est aisé, cela même sans que les utilisateurs ne s’en aperçoivent.

Dans un village, tout le monde se connait…

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par @ClaraSchmelck

Liens vagabonds (le géant Vice, Periscope/piratage, Spotify/vidéo …)

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MOBILITES / WEARABLES :

ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING :

PERSONNALISATION

MONDIALISATION

NOUVEAUTES

REALITE VIRTUELLE

SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS

YOUTUBE, FACEBOOK, ….

JOURNALISME 2.0 :

 

Les box IPTV basculent dans la 4K, l’OTT et Android

Par Jérôme Derozard, consultant pour France TV Editions Numériques, et entrepreneur

Les opérateurs de TV sur IP réunis à Londres cette semaine se préparent eux aussi à ouvrir leurs box et leurs réseaux à la 4K, aux services OTT et à Android.

Cette semaine se tenait à Londres le salon TV connect (anciennement IPTV World forum), salon télécom s’adressant principalement aux opérateurs de télévision sur IP et aux câblo-opérateurs, même si on y a croisé nombre de diffuseurs, éditeurs de services vidéo ou développeurs d’applications TV. Aucun appareil grand public n’est présenté ici, les « box » s’achètent par milliers d’unités et ne sont pas vendues, mais généralement fournies gratuitement aux abonnés. La plupart des exposants se concentrent donc sur l’aval de la chaîne de diffusion vidéo.

Les chinois présents en force

Les années passent et les fournisseurs chinois sont de plus en plus nombreux à faire le déplacement à Londres. Initialement présents uniquement sur le secteur des décodeurs d’entrée de gamme, ils remontent la chaîne de valeur pour proposer l’ensemble des infrastructures nécessaires à l’IPTV. Ils capitalisent sur leur expérience sur leur propre marché, la Chine étant devenue en quelques années le premier marché IPTV mondial en nombre d’abonnés, devant la France.

Top-10-IPTV-countries-in-Q4-2014

Cette année les grands équipementiers comme Huawei ou ZTE proposaient les plus grands stands, où ils exposaient leurs derniers produits n’ayant pas à rougir face à leurs concurrents européens ou américains.

L’un des plus grands stands du salon, celui de Huawei
L’un des plus grands stands du salon, celui de Huawei
Son compatriote ZTE n’est pas en reste
Son compatriote ZTE n’est pas en reste

Dans ce secteur, comme pour le mobile à Barcelone les industriels chinois ne se positionnent plus seulement sur l’entrée de gamme mais proposent également aux opérateurs des produits de pointe, capitalisant sur les milliers d’ingénieurs télécoms qu’ils forment chaque année.

Outre les équipementiers on pouvait croiser la société « leTV », qui comme son nom ne l’indique pas est un des principaux sites de streaming vidéo en Chine. LeTV proposait ici aux opérateurs l’accès à sa plateforme de diffusion «cloud»,

On parle encore beaucoup français dans les allées du salon, ou franglais dans les présentations officielles (notamment grâce aux nombreux « speakers » venant d’Orange). Les principaux fabricants de box hexagonaux (Netgem, Sagemcom, Wyplay) ne disposaient pas de stand cette année, mais de simples « meeting rooms ». A noter aussi de grands absents toutefois, comme Technicolor ou le suédois Ericsson.

L’IPTV aidera à la distribution de la 4K, la 4K aidera la diffusion de l’IPTV

Au niveau technologique, comme au dernier IBC à Amsterdamla 4K est poussée par tous les fournisseurs, avec pour objectif de déclencher un renouvellement de tous les équipements depuis les encodeurs vidéos jusqu’aux décodeurs chez les abonnés. C’est également une opportunité pour les opérateurs d’accélérer le déploiement des réseaux à très haut débit, indispensables pour fournir les débits nécessaires à la diffusion 4K. La 4K permet donc aussi de promouvoir la diffusion via IPTV.

Pour réduire les besoins en bande passante il faut aussi améliorer l’encodage ; outre le codec « standard » HEVC (ou H265) les équipementiers supportent aussi VP9, le codec « made in Google », « gratuit » mais surtout indispensable pour pouvoir diffuser des vidéos YouTube en 4K.

A Londres, tout le monde s’accorde pour dire que même si le linéaire a perdu de sa superbe, il reste le roi de la TV en termes de temps passé, et se doit être au cœur de tous les services IPTV proposés. Le linéaire emprunte de nouveaux canaux de diffusion, comme le « LTE broadcast » qui propose d’utiliser le réseau mobile pour multi-diffuser un contenu vidéo dans une zone donnée, pour couvrir un évènement par exemple.

Autre canal de diffusion du linéaire et du « on demand », l’OTT (« over the top », ici la diffusion vidéo sans passer par des réseaux managés ou des décodeurs dédiés) est mise en avant notamment par des opérateurs « virtuels » comme l’anglais TV Player. Celui-ci n’opére aucun réseau et ne propose aucun équipement dédié, la réception TV passe par des applications pour mobiles, TV, box.

Le business modèle ? « Aucun pour l’instant, nous attirons des utilisateurs et leur offrirons des bouquets premium ultérieurement. »

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Stand de TV Player qui propose un bouquet de chaînes OTT au Royaume Uni
Stand de TV Player qui propose un bouquet de chaînes OTT au Royaume Uni

Android, solution à la fragmentation des plateformes ? En attendant la nouvelle Apple TV !

« Nous aussi nous faisons de l’OTT » disent en cœur les opérateurs. Mais d’abord sur les plateformes des autres… Encore faut-il savoir sur quelle plateforme développer, avec la multiplication des fabricants de TV ou box connectées.

Multiplication des marques de TV et box connectées
Multiplication des marques de TV et box connectées

Pour faire face à ce problème le standard HbbTV est de plus en plus supporté par les fabricants de box et opérateurs IPTV  ; au Royaume-Uni c’est même la technologie retenue par Freeview (la TNT anglaise) pour sa plateforme interactive. Un exploit pour un standard conçu initialement en France !

Mais l’autre plateforme vers laquelle tous les opérateurs se tournent pour faire fonctionner leurs box c’est Android. Le phénomène n’est pas nouveau mais gagne en ampleur. Problème : Android est lui aussi fragmenté ! Rien que sur la TV, entre Google TV, l’ancienne plateforme officielle de Google, Android TV, sa nouvelle plateforme officielle lancée en Juin dernier, et Android « open source » (AOSP), la plateforme officieuse, les opérateurs ont le choix.

Trois box sous Android étaient cette année les stars du salon : la box TV 2.0 de Swisscom , une box sous Android AOSP (sans services Google) ; la BBox Miami de Bouygues Télécom fonctionnant sous Google TV (avec services Google donc) et la freebox mini 4K , première box IPTV et 4K sous Android TV (également avec services Google).

Quelle approche choisir ? cela dépend du degré de confiance de l’opérateur envers Google, et de son goût du risque (certaines fonctionnalités sont encore assez instables comme ont pu le constater les abonnés free).

Chez Comigo, société israélienne, une box 4K Android AOSP sans Google

Chez Comigo, société israélienne, une box 4K Android AOSP sans Google

Pour lutter contre le risque de fragmentation, et convaincre tous les opérateurs de rejoindre Android TV « officiel », le salon s’est terminé par une opération de charme du responsable partenariat d’Android TV, Thomas Riedl. Son message : face à toutes les plateformes de TV connectée, Android TV est la solution pour lutter contre la fragmentation, car basée sur la dernière version d’Android et supportée directement par les équipes de Moutain View.

Android TV permet de dépasser la fragmentation des autres plateformes
Android TV permet de dépasser la fragmentation des autres plateformes

Android TV permet d’abord aux développeurs, éditeurs de jeux et de contenus vidéos d’avoir un environnement homogène, d’un opérateur ou d’un fabricant à l’autre. Elle leur offre des possibilités de paiement direct, via Google ou le système de facturation de l’opérateur. Enfin Google fournit de nombreux outils permettant de développer rapidement des applications « leanback » pour la TV.

Pour les opérateurs et fabricants l’avantage principal est qu’Android TV est gratuit (et sans publicité…), intègre des fonctions avancées comme la recherche vocale (elle aussi gratuite) et offre un accès aux contenus de YouTube ainsi qu’au catalogue de jeux d’Android. Les fonctionnalités autour du jeu sont d’ailleurs fortement mises en avant sur Android TV ; comme sur mobile, Android TV est une opportunité pour amener de nouveaux utilisateurs à découvrir et consommer des jeux vidéo. Enfin les industriels qui adoptent Android TV sur leurs produits restent maîtres de l’expérience utilisateur, et peuvent facilement intégrer leurs bouquets TV comme ils le souhaitent.

Finalement pour les utilisateurs, outre l’accès à un large catalogue de contenus Android TV permet aussi de simplifier la communication avec les autres appareils qu’ils possèdent (mobiles, tablettes, ordinateurs), qu’ils fonctionnent sous Android ou sous iOS grâce à Google Cast, le protocole développé pour Chromecast.

Aun final certains des participants à la présentation semblaient encore avoir du mal à comprendre la différence entre Android TV et Google TV, et beaucoup restaient méfiants vis-à-vis des visées de Google sur leurs abonnés (comme on dit, si vous ne payez pas, c’est que vous êtes le produit). Ils s’interrogeaient aussi sur les réelles possibilités de différenciation vis-à-vis de leurs concurrents, certains éléments de l’interface utilisateur étant obligatoires sur Android TV. Ainsi la « home » Android TV doit être identique sur tous les appareils certifiés :

Nouvelle home de la box Miami sous Android TV aperçue sur un stand du salon
Nouvelle home de la box Miami sous Android TV aperçue sur un stand du salon

Même si les bénéfices d’Android TV pour un opérateur IPTV sont réels en terme de réduction de coûts et d’amélioration de l’offre, il est probable que le rythme d’adoption restera lent au moins jusqu’à ce qu’un autre acteur ne se positionne sur le marché et provoque un « instant iPhone ».

Cela tombe bien, Apple devrait annoncer une nouvelle Apple TV en Juin !

Liens vagabonds : le règne de la vidéo mobile

A RETENIR CETTE SEMAINE :

“MUST READ”

A VOIR

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SAUVONS LA NEUTRALITE DU NET !

ABUS DE POSITION DOMINANTE  – The winner takes all !

SURVEILLANCE vs. CONFIANCE :

NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS

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DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION

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MONDIALISATION

MOBILITES / WEARABLES :

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NOUVEAUTES

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REALITE VIRTUELLE

 

SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS :

NETFLIX

YOUTUBE, FACEBOOK, ….

PUB

JOURNALISME 2.0 :

OUTILS

Bascule : la vaste majorité des grandes offres d’infos US désormais « mobile first »

Oubliez le virage « digital first » et passez vite au « mobile first » ! L’édition 2015 de l’Etat des médias américains du Pew Research Center’s Project for Excellence in Journalisme, publiée ce matin, a confirmé le nouveau et violent virage dans les usages numériques du public : près de 80 % des grands médias d’informations aux Etats-Unis (39 sur 50) sont désormais consultés en priorité sur terminaux mobiles. 

Mobile Drives Online Traffic         MobileAdRevenue

 

Parallèlement à cet usage mobile massif, Pew a observé le basculement des news vers le web social : près de la moitié des adultes américains a ainsi admis s’être informée Sur Facebook en matière d’infos politiques au cours de la semaine écoulée. Une consommation pilotée par les recommandations de ses amis et les algorithmes de Facebook.

Key Audience Trends Mais les plateformes classiques ne sont pas pour autant abandonnées. L’info sur les télévisions locales et régionales continuent de se bien porter aux Etats-Unis et enregistre même de légers gains le matin et le soir. Même les grands networks ont vu leurs journaux TV progresser pour la deuxième année consécutive (+5% le soir et +2% le matin).

Mais les chaînes d’infos en continu ont encore connu une année difficile avec un recul moyen de 8 points d’audience pour les trois grandes : Fox News, CNN et MSNBC. Seule cette dernière a vu toutefois ses revenus diminuer.

Côté presse écrite, les journaux US, après une très légère embellie en 2013, ont continué leur plongeon: leur diffusion a perdu près de 20% depuis 2004.

Les radios profitent elles du boom du numérique et des mobiles, visible par l’engouement nouveau pour les podcasts. La radio publique NPR a vu les siens bondir de 41% d’une année sur l’autre.

Key Economic Trends

Côté revenus, même si ceux du numérique ont progressé dans les médias d’informations US de 18% en 2014, ils ne représentent toujours qu’une petite partie du chiffre d’affaires total.

La pub mobile (+78% en un an) compte pour 37% des revenus tirés du numérique, contre 25% en 2013. Mais les plateformes technos raflent la majeure partie de la croissance: Facebook engrange ainsi près du quart (24%) des revenus des bannières et plus du tiers (37%) de ceux des bannières sur mobile.

Même les pure-players digitaux de l’info connaissent des difficultés: First Look Media, créé par Pierre Omidyar a vu nombre de ses grandes signatures partir, GigaOm a fermé et BuzzFeed s’est retrouvé au centre de conflits d’intérêts entre sa rédaction et la pub.

Mais d’autres ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu : Vice News et ses 1,1 million d’abonnés et 15 millions de v.u avec a même interviewé Barack Obama, Vox.com et ses 14 millions de vu en moins d’un an, Politico et son expansion internationale, Quartz et son expansion africaine.

D’une manière générale, conclut Pew, les initiatives deviennent si nombreuses qu’elles sont difficiles à suivre. Aucun signe de ralentissement non plus n’est signalé ni dans le rythme d’évolution technologique, ni dans la multiplicité croissante des choix proposés au public. Ces nouveaux venus viennent s’ajouter aux offres classiques et compliquent la déjà délicate situation financière de l’ensemble du secteur. D’autant que la consommation d’infos sur les réseaux sociaux, plus accidentelle que dans le passé, est chaque jour davantage dans les mains des recommandations des amis et des algorithmes, et échappe de plus en plus à la maîtrise des éditeurs en fragilisant leur modèle d’affaires.

Enfin, les rédactions américaines ont continuer de voir fondre leurs effectifs : -3% après -6% l’année précédente.

Newsroom Employment

 

Mon compte rendu de l’an dernier 

 

 

Liens vagabonds (Google et Facebook firmes mobiles, streaming plus fort que la TV, …)

A RETENIR CETTE SEMAINE :

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ABUS DE POSITION DOMINANTE  – The winner takes all !

NOUVEAUX USAGES, COMPORTEMENTS

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DISRUPTION, REVOLUTION, DISLOCATION

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MOBILITES / WEARABLES :

ROBOTS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, AUTOMATISATION, BIG DATA, MACHINE LEARNING :

NOUVEAUTES

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REALITE VIRTUELLE

SMART TV / STREAMERS / VIDEO / MULTI-ECRANS :

NETFLIX

YOUTUBE, FACEBOOK, ….

 4K / U-HD

JEUX VIDEOS :

STORYTELLING :

PUB

JOURNALISME 2.0 :

OUTILS

Robot-rédacteur et méta-journaliste, la nouvelle équation gagnante ?

Par @NicolasBecquetjournaliste et manager des supports numériques de L’Echo, quotidien économique et financier belge. Billet invité

Lors des élections départementales françaises, en mars dernier, Le Monde a inauguré une utilisation massive de la Génération Automatique de Texte (GAT) pour couvrir les résultats de 30.000 communes et 2.000 cantons. Mais si cette pratique fait figure de nouveauté sur le web français, elle fait déjà partie du quotidien de certaines rédactions américaines, et il est fort probable que de nombreux journalistes français aient déjà été en contact avec une dépêche Associated Press rédigée automatiquement.

Si le journalisme n’est pour l’instant qu’un domaine marginal d’application de la génération automatique de texte, les perspectives sont prometteuses face à la montée en puissance du ciblage et la personnalisation de l’information.

Laurence Dierickx est développeuse numérique, elle s’apprête à défendre un mémoire consacré la question. Passée par la case journalisme, elle défendra en juin ses travaux sur « la génération automatique de textes dans un contexte journalistique » dans le cadre d’un master en Sciences et technologies de l’information et de la communication (MASTIC), à l’Université Libre de Bruxelles.

ENTRETIEN : 

 La GAT existe depuis de nombreuses années, mais elle ne fait débat que depuis qu’elle concerne le journalisme…

« Les origines de la génération automatique de textes en langue naturelle remontent aux années 1960 et le monde de la recherche a largement contribué à son développement et à son essor. En 1985 déjà, une chercheuse française, Laurence Danlos, avait déjà mis au point un système de génération des dépêches.

Les systèmes de GAT (NDLR Génération Automatique de Texte), qui sont en fait plutôt des logiciels que des robots, sont capables de produire de grandes quantités de textes à partir de données brutes, principalement financières et économiques.

L’un des premiers systèmes de génération, utilisé de manière opérationnelle, s’appelle FoG : c’est un générateur de prévisions météorologiques, né au début des années 1990. Peu à peu, les systèmes se sont diversifiés et ont été utilisés dans une variété de secteurs pour une palette de finalités très variées : des notices pour arrêter de fumer, des rapports médicaux, des manuels d’utilisation ou encore la description de produits commerciaux. Mais avec l’arrivée de la GAT sur le terrain de la presse, on touche à une profession qui traverse une crise d’identité liée au développement des usages et des pratiques en ligne. A cela, s’ajoute un contexte économique assez difficile. »

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Plus d’un milliard de textes ont déjà été produits, c’est énorme.

« Les deux sociétés qui occupent le marché des médias aux États-Unis, Automated Insights et Narrative Science, ont une capacité de production prodigieuse : la première annonce sur son site un milliard de textes produits en 2014, à un rythme de 2.000 productions à la seconde.

Leurs clients média sont des clients parmi d’autres. On retrouve notamment le magazine économique Forbes, qui fait appel à Narrative Science et sa solution Quill.

Depuis juillet 2014, Automated Insights est partenaire de l’agence de presse Associated Press, avec Wordsmith, pour des dépêches économiques (traitement de bilans trimestriels d’entreprises) et des comptes rendus de rencontres sportives étudiantes. La particularité de ces sociétés est de répondre à une demande croissante en contenus, en occupant aussi des espaces qui ne l’étaient pas jusqu’à présent, faute de moyens et peut-être aussi d’intérêt. »

Dans votre mémoire, vous mettez en lumière que les principaux freins à la GAT ne concernent pas tant la technologie que la qualité des données traitées.

« Sans données de qualité, pas de génération de qualité : c’est pourquoi les sociétés sont très attentives à leur contrôle et à la gestion des erreurs. C’est la base de leur travail.

La question de la qualité des données pose surtout problème lorsque l’on fait appel à des bases de connaissances tierces, comme les données publiques ouvertes, qui peuvent apporter des informations de contexte. Une génération de type journalistique nécessite des données à jour, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type de données.

Pourquoi ? Parce qu’une donnée n’est pas figée une fois pour toutes, elle est susceptible d’évoluer avec le temps. Cela nécessiterait un travail de suivi quasi permanent pour les maintenir à jour. Dans l’open data public, cette question est problématique, car elle suppose des moyens humains et financiers que les administrations ne dégagent pas forcément. La chercheuse Isabelle Boydens souligne aussi que ces données prolifèrent dans l’environnement non contrôlé d’internet : leur qualité est donc potentiellement douteuse. »

Vous faites une distinction entre « journalisme automatique », « journalisme de données » et « assisté par ordinateur », quelles sont les différences ? 

« J’ai utilisé la typologie de Coddington, que je trouve très pertinente pour catégoriser les différentes approches par données du journalisme.

 

Journalismes
Journalismes

Coddington considère que les deux premières approches sont plus ouvertes et transparentes, à l’inverse du journalisme computationnel qui est considéré comme plus opaque. Il « range » le « journalisme automatique » dans cette catégorie – ce qui est toutefois discutable, sur le plan théorique.

Ces deux dernières approches ne correspondent pas aux compétences traditionnellement liées à la pratique du métier : ce qui a très bien été compris aux États-Unis où on a commencé par intéresser les informaticiens au journalisme, faute d’avoir pu réussir l’inverse.

Aujourd’hui, il existe plusieurs masters en journalisme computationnel, qui est devenu une vraie spécialisation dans le monde anglo-saxon, et on y apprend aussi le « journalisme automatique ».

Vous concluez que la GAT peut instaurer un nouveau rapport homme-machine, dans quel sens ?

« Les témoins sollicités et les sources analysées convergent dans le même sens : celui de faire des machines des alliées plutôt que des adversaires, en leur confiant des tâches répétitives et chronophages qui permettent aux journalistes de dégager du temps pour l’enquête et le reportage.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’accord entre Automated Insights et Associated Press a été conclu. Toutes les dépêches n’y sont d’ailleurs pas entièrement automatisées : l’analyse de certaines sociétés nécessite des informations de mise en contexte dans le traitement de leurs bilans financiers, et cette tâche est confiée aux journalistes. La GAT donne aussi l’occasion de se repencher sur la valeur ajoutée du journaliste et sur la nécessité démocratique de la cultiver. »

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La GAT alimente les spéculations sur la théorie de « la fin du travail« . Fantasme ou réalité pour le futur des rédactions?

« Depuis l’essor du World Wide Web, les discours les plus pessimistes circulent sur la fin du journalisme. Voilà qui fait farine au moulin alors que rien ne permet d’affirmer que la GAT fait perdre leur emploi aux journalistes américains.

La GAT peut appuyer le travail journalistique, à condition de ne pas être traitée par les éditeurs comme une nouvelle forme de journalisme bon marché. On ne peut pas non plus affirmer qu’il n’y a pas de risque zéro pour l’emploi. Mais vu le contexte – un métier souvent précaire, dans lequel il est de plus en plus difficile de faire carrière, et où le nombre de candidats à l’emploi est disproportionné par rapport au nombre de places disponibles – les craintes sont compréhensibles.

Par ailleurs, ING a publié récemment une étude prospective sur l’impact de l’automatisation sur l’emploi. On y constate que les journalistes n’y sont pas les plus menacés ».

Des études ont été menées sur la manière dont sont perçus des articles générés de manière automatique. Avantage au robot-rédacteur ?

            « Deux recherches ont été menées récemment en Suède et aux Pays-Bas. Celle de Clerwall montre que les articles générés présentent plusieurs qualités (objectivité,   fiabilité, cohérence…) mais qu’ils sont moins plaisants à lire, plus ennuyeux, moins bien écrits. Elle montre aussi que les lecteurs ne font guère de différence entre les articles générés par des logiciels et ceux rédigés par des humains. L’étude de Krahmer et van der Kaa conclut également que la perception est identique pour les deux types de textes ».

 Humour, ton, angle, style, autant de paramètres déjà disponibles pour personnaliser l’écriture.

« Après la question du paramétrage, il s’agit surtout d’une succession de choix qui s’opère au sein d’un processus modulaire. Plusieurs phases de transformation linguistique s’y succèdent. Elles vont permettre de transformer des données structurées (aux formats JSON, XML…) en phrases construites et intelligibles par un humain. Ce processus répond à deux questions : « Quoi dire ? » et « Comment le dire ? ».

Les deux sociétés américaines, actives depuis le début des années 2010, sont assez fortes dans la variété de types de récits qu’elles proposent. Pour Robbie Allen, fondateur d’Automated Insights, « the sky is the limit ». Cependant, il existe tout de même une limite aux récits générés : tout ce qui relève de la critique, du commentaire, de l’opinion et du sentiment humain. »

Justement, quelle est la place pour l’humain, pour le journaliste, dans la procédure de la GAT?

« L’humain a sa place dans ces processus et son rôle varie d’une société à l’autre. Chez Narrative Science, ils font appel à des méta-journalistes (ou méta-écrivains) qui définissent le cadre du récit. Chez Syllabs, ce sont des ingénieurs-linguistes qui paramètrent le système Data2Content. Le paramétrage est, bien sûr, fonction du domaine d’application. C’est ce qui explique pourquoi il n’est pas possible de tester ces systèmes en direct.

Un danger pourrait consister dans l’introduction de biais lors des paramétrages et, en la matière, on n’est pas si éloignés des biais pouvant être induits par des choix éditoriaux. Le contrôle doit donc se faire en amont de ces systèmes et certains, comme le journaliste Tom Kent, plaident pour une éthique du « robot journaliste »« .

Dans votre mémoire, vous affirmez qu’il y a une différence d’approche entre les firmes américaines et la française Syllabs.

« Oui, dans la mesure où les technologies américaines s’appuient sur des systèmes experts qui relèvent du machine learning, un des champs de l’intelligence artificielle. Ce sont des systèmes très complexes qui reposent sur un apprentissage automatique. Ils sont souvent qualifiés de boîtes noires. Data2Content consiste en un système à base de règles, c’est assez différent. Mais c’est un fait, il est difficile de savoir exactement comment fonctionnent ces programmes informatiques, secret industriel oblige ».

Entretien réalisé par Nicolas Becquet

Aller plus loin :

Journalistes, il est grand temps de prendre soin du « How » !

L’an dernier, le plus grand festival européen de journalisme, escamotant le « What », avait célébré l’avènement du « Why » : le journalisme d’explication déboulait à grand fracas en ligne (Vox, 538, UpShot, The Intercept, De Correspondent...) et donnait un coup de vieux au journalisme de flux et à ses breaking-news en série.

Cette année à Pérouse, c’est le « How » qui a pris toute la place, glorifié par les pros des médias du monde entier, à la recherche d’une martingale pour que survive un journalisme utile dans un monde saturé d’infos.

« Process, expérience, relation, engagement, personnalisation, co-production, activisme,… » y furent les maîtres-mots.

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C’est donc, en matière d’informations –secteur qui ne connaît pas de crise de la demande — la grande mutation vers des médias expérientiels.

« Nous devons réaliser que nous ne sommes plus dans le secteur des contenus, mais dans celui des services », a martelé Jeff Jarvis, prof de journalisme à l’Université de la ville de New York, qui rappelle que le concurrent aujourd’hui est plus l’intelligence artificielle de l’assistant personnel Google Now et les algorithmes de Facebook qu’une autre rédaction.

Capture d’écran 2015-04-19 à 12.42.33« Il faut donc arrêter de traiter le public comme une masse à qui on balance de manière indifférenciée la même chose. Nous sommes désormais en mesure de le connaître au niveau d’une communauté ou d’un individu, et d’accomplir des tâches pour lui ».

Federico Badaloni, directeur de l’architecture de l’information pour le grand groupe italien de médias L’Espresso résume bien la nouvelle donne : « nous ne sommes plus dans le secteur de l’information, mais dans celui de la relation (…) nous passons donc de la monétisation de l’attention à celle de la confiance ».

« Après les visiteurs, les lecteurs et les abonnés, l’heure est aux +membres+ à qui est proposée un sens d’appartenance à un club et qui doivent se sentir spéciaux et uniques », décrit Raju Narisetti, vice-président de News Corp.

Pour Jarvis, les journalistes « doivent donc avant tout écouter les besoins de leurs communautés, pas chercher à les créer », puis en devenir des leaders d’opinion, y organiser les débats, être des éducateurs, des activistes de cause, à l’image du Guardian qui vient de s’engager avec force dans la lutte contre les énergies fossiles. « Son succès ne sera pas mesuré en clics mais au nombre de fonds financiers qui se seront engagés à ne plus y investir ».

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Co-production sur des plateformes, et non déclamation sur une publication

« Nous avons créé +Fanpage+ car l’info disponible était ennuyeuse et l’audience déconnectée de l’actu », résume Francesco Piccinini, le directeur de ce site italien d’infos (33 millions d’utilisateurs) qui défend un « journalisme constructif », qui aide les gens et dessine des pistes de solutions.

« Via nos contenus, nous revendiquons une conscience sociale avec un point de vue », explique Felix Salmon, senior editor de Fusion, la plateforme pour millenials basée à Miami et détenue par Disney et Univision.

« L’antidote quotidienne au battage du jour » est ainsi devenu le slogan du site payant (60 € / an) du De Correspondent, lancé il y a un an via une campagne de crowdfunding. Le site d’infos néerlandais travaille avec ses 30.000 membres qui choisissent les sujets et font le plus souvent l’impasse sur les sujets de l’heure. « Nos membres sont non seulement des partenaires mais d’actifs contributeurs. Nous sommes donc bien plus une plateforme qu’une publication », indique le redchef Rob Wijnberg.

Les données remplacent l’instinct  

« Mais en 2015, le travail des journalistes c’est aussi de faire en sorte d’avoir des lecteurs », prévient Jigar Mehta, qui dirige « l’engagement » d’AJ+, la nouvelle plateforme d’Al Jazeera pour les jeunes adultes.

Et pour améliorer le « How », en plus de l’écoute de la communauté et de « ce qu’on appelait autrefois l’audience », il y a aussi désormais l’analyse fine des données numériques, qui est en train de changer la donne.

Passent donc aussi de plus en plus à la trappe le fameux « news judgment » des journalistes, le « gut feeling » de la bonne info, le journalisme d’instinct, qui firent les beaux jours de vieux rédacteurs-en-chefs sûrs d’eux.

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« Jusqu’ici ces redchefs mettaient un truc en Une et … priaient pour que ça marche », dénonce Aron Pilhofer, patron des rédactions numériques du Guardian et transfuge star du New York Times.

Capture d’écran 2015-04-19 à 12.45.58« Aujourd’hui, les outils de mesure permettent des conversations plus intelligentes dans les rédactions. On a besoin de savoir ce qui marche (…) Moi, je suis un dingue de données (a data nerd)».

D’autant qu’avec la personnalisation, la publicité va être de plus en efficace et arrêter progressivement de payer pour des contenus qui ne sont ni lus, ni vus.

Pilhofer a réorganisé ses équipes en 4 départements :

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« Aujourd’hui, tout le monde pense data ». L’engagement est mesuré en permanence et les data, comme ailleurs, sont partout ! « Y compris et surtout dans la rédaction ! », assure AJ+. 

« Il faut ainsi organiser l’info autour des besoins des gens », explique Jarvis. « Au moins à hauteur de 20% ». Les données le permettent. « Pour enfin passer d’une logique de volume (de clics) à celle de la valeur, celle du journalisme ». Les indicateurs de mesure de réussite d’un médias d’infos devraient aussi rapidement intégrer ce qui est utile aux gens. « La conversion des visiteurs, membres et abonnés en membres sera une mesure clé », ajoute Narisetti.

Medium, le YouTube des textes, privilégie lui le temps passé :

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« Mais, attention, choisissez avec le plus grand soin les données que vous allez retenir, car ce sont elles qui vont vous définir par la suite », avertit Matthew Ingram, ancien de GigaOm et aujourd’hui chez Fortune.

Attention aussi à ne pas devenir esclave des données : « sinon on ne parlera jamais de l’Union Européenne ou des guerres oubliées », rappelle De Correspondent. 

Le mobile, un tout nouveau monde, donc de nouveaux formats d’infos

« Les médias d’aujourd’hui vont chercher les gens là où ils vivent », explique Felix Salmon, de Fusion. 

A Pérouse, chacun a donc reconnu que le mobile n’était en fait pas un nouveau canal de distribution supplémentaire, mais bien « un tout nouveau monde ».

Facebook a même admis que « l’expérience news sur les mobiles était cassée » tandis que Google révolutionnait, cette semaine, le search sur mobile.

« Des formes entièrement nouvelles de journalisme sont en train d’émerger », constate Pilhofer du Guardian.

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Pour transmettre un grand nombre d’infos et raconter une histoire en 30 secondes, quelques minutes ou une fiche, les sites d’infos, nouveaux et anciens, expérimentent donc aussi de nouveaux formats – le plus souvent vidéo – comme la BBC sur Instagram ou CNN sur Snapchat, en concurrence avec les talentueux agrégateurs mobiles automatiques comme Circa, Zite ou Yahoo Digest.

L’exemple d’AJ+ : pas de site web et pourtant très moderne !

Lancé il y a 6 mois de San Francisco avec 80 personnes (journalistes, développeurs et community managers), AJ+, nouvelle offre d’infos d’Al Jazeera « à destination des jeunes Américains mobiles, connectés, s’intéressant au monde », est organisée en 3 équipes qui s’entremêlent :

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AJ+ n’a pas de site d’infos dédié mais préfère être présente sur les plateformes où vivent les jeunes aujourd’hui : Facebook, Vine, YouTube, Medium, Twitter, Android, Snapchat, iOS, etc…

« L’essentiel est de permettre le partage des contenus », a expliqué Jigar Mehta, qui pilote « l’engagement » de la plateforme.

Le journalisme mobile est privilégié : « nous créons non seulement POUR le smart phone mais AVEC cet appareil », y compris pour les documentaires et les manifestations de rues, une des grandes spécialités d’AJ+.

Les vidéos, même sur l’actu récente, sont souvent sous-titrées et le plus souvent accompagnées de graphiques et de musique, la contextualisation de l’info régulièrement assurée avec des animations (5 experts dans l’équipe). Le réseau mondial de pigistes StoryHunter est sollicité pour des reportages, notamment en Afrique.

Aujourd’hui la priorité est mise sur les fiches d’infos qui vivent par elles-mêmes et incluent souvent des mots, des photos ou vidéos et des graphiques. Des fiches de conversation et de débat sont même créées.

Depuis 3 mois, AJ+ a embauché un acteur australien pour expérimenter les vidéos satiriques. Ne manquez pas le Greek Starter !

Reste à voir si les jeunes mordent !

Next : le journalisme immersif

La BBC entend mettre l’accent sur une « gamification » de l’info. « Nous sommes désormais surtout en concurrence pour l’attention de gens qui jouent, pas avec des gens qui s’informent ailleurs », dit Jacqui Maher de BBC News Lab et tout juste recrutée du New York Times.

Mais la prochaine grande plateforme de communication passera très certainement par les technologies de réalité virtuelle qui permettent l’immersion au sein des reportages, de l’info, des documentaires.

Capture d’écran 2015-04-19 à 13.58.25 « Vous sauterez dans l’histoire pour interagir avec l’environnement à 360° », sans même utiliser de clavier, souris ou vos doigts, résume Dan Pacheco, qui détient la chaire de journalisme d’innovation à l’Université de Syracuse et a piloté une expérience pour un journal du 1er groupe de presse US Gannett.

« Média expérientiel par excellence, la réalité virtuelle ruse avec votre cerveau et lui fait croire que vous êtes ailleurs. Elle transporte votre conscience à un autre endroit et vous fait croire que vous y êtes présents (…) Elle va permettre au public d’interagir avec un événement et ressentir plus d’empathie ».

 Capture d’écran 2015-04-19 à 13.02.03 Déjà des fédérations sportives se préparent à vendre des tickets aux fans qui leur permettront depuis chez eux de se croire au bord du terrain.

« Imaginez Meerkat à 360° !! ». « C’est comme si nous étions aux premiers jours de l’Internet », assure Pacheco. « Mais attention c’est une techno très puissante : si les médias d’infos ne s’en saisissent pas d’autres vont le faire pour contrôler les messages ».

Mais pour réussir ces nouvelles étapes de la mutation des médias d’informations, les développeurs manquent partout, les spécialistes de l’expérience utilisateur (UX) aussi, sans parler des « data scientists » ! Et parfois encore aussi, la volonté dans les rédactions !