Par Barbara Chazelle, Directions Stratégie et Prospective, France Télévisions
Fébrilité du marché TV, fragmentation accentuée, mais poursuite des investissements dans la création, constituent les principales conclusions de la 3e édition de l'étude du CNC sur l’économie de la télévision française, qui suit l’évolution des sources de financement des chaînes, de la consommation télévisuelle des Français, de l’offre de programmes des chaînes et de leurs investissements dans la production audiovisuelle et cinématographique entre 2003 et 2012.
L'audiovisuel, 1er marché média, montre des signes de fébrilité
Les revenus des chaînes de télévision s'élevaient en 2012 à 9.473 M€, en recul de 0,7% par rapport à 2011. Elles sont financées à 35,3 % par les abonnements, à 35,2 % par la publicité et à 29,5 % par la ressource publique.
Les recettes d’abonnement à la télévision payante (Canal+, câble et satellite) sont stables par rapport à 2011 à 3.340 M€ (+0,2 %). Le groupe Canal+, principal acteur du marché de la télévision payante en France, voit son nombre d'abonnés augmenter de 1,3% pour atteindre 11,4 millions en 2012 dont 5,5 millions d’abonnements à Canal+.
Quant au bouquet BeIN Sport (groupe Al Jazira), lancé en juin 2012, il affirme compter un million d’abonnés moins de six mois après son lancement.
La télévision reste le premier média en termes d’investissements publicitaires bruts à 35,2% du marché.
Les investissements publicitaires bruts sont en hausse de 4,5% par rapport à 2011, mais profitent surtout aux (plus si) nouvelles chaînes de la TNT avec une progression de 13,7% contre 1% seulement pour les chaînes historiques et -2,3% sur les chaînes thématiques.
Les recettes publicitaires nettes des chaînes de télévision ont reculé de 4,5% à 3.337 M€ en 2012 selon l’Institut de recherches et d’études publicitaires, dont les 2/3 sont partagés par les trois chaînes privées historiques (TF1, M6 et Canal+).
Quant au financement public, les recettes de la contribution à l’audiovisuel public diminuent de 0,5 % par rapport à 2011 pour France Télévisions mais progressent de 6,5 % pour Arte France.
La contribution à l’audiovisuel public en France est l’une des plus basses d’Europe à 131€ contre 179€ en Grande Bretagne, 217€ en Allemagne ou encore 325€ au Danemark.
Audience : durée d'écoute record, mais poursuite de la fragmentation
En 2012, la durée d’écoute de la télévision en France s’élève à 3h50 par jour en moyenne sur les 4 ans et plus, soit 3 minutes de plus qu'en 2011 et 28 minutes supplémentaires sur les 10 dernières. Les plus de 50 ans consomment désormais plus de 5h par jour la TV !
Quant au 15-49 ans, leur durée d'écoute atteint 3h17. Le rapport ne donne malheureusement pas plus de détails sur des tranches d'âge intermédiaires...
Concernant les parts d'audience, les chaînes de la TNT recueillent désormais plus d’un cinquième de l’audience de la télévision, au détriment des chaînes nationales historiques dont la part d’audience est passée de 89,1 % à 66,7 % en 10 ans.
TF1 ( à 22,7 %) et Canal+ (à 2,9 %) enregistrent ainsi leur plus faible performance annuelle depuis la création du Médiamat, même si le Top 50 des meilleures audiences annuelles est largement dominé par TF1 avec 43 programmes dans le palmarès ! Depuis 2003, la fiction, le sport et le cinéma sont les genres les plus fédérateurs.
Diffusion des programmes: la fiction plébiscitée
L’offre de programmes des chaînes nationales gratuites est passée de 43.000 heures à 160.000 heures en dix ans !
L'offre de programmes (sur 13 chaînes en 2012) est majoritairement composée de magazines et documentaires (à 30,8%), suivit de fictions (25,6%) et d'émissions jeunesse (9,7%).
En termes de consommation, la fiction télévisuelle est le genre le plus apprécié par les téléspectateurs devant les magazines et documentaires et les journaux télévisés. Le graphique ci-dessous fait par ailleurs apparaître une surconsommation de certains genres dont les journaux télévisés, les jeux et le sport.
Quant au cinéma, le nombre de diffusions de films a progressé de 41,1% en 10 ans, malgré une diminution de l'offre cinématographique de 5.5% sur cette période sur les chaînes nationales historiques (TF1, France 2, France 3, Canal+, France 5, M6, Arte).
Dépenses de programmes : record d'investissement pour les chaînes historiques
Le coût de grille des programmes des chaînes nationales historiques s'élève à 4.248,4 M€ en 2012 soit une hausse de 24% sur les dix dernières années.
C'est France 5 qui connait l'augmentation la plus importante sur la période (+59,6 %), suivit de M6 (+46,2%), Canal + (+38%), France 3 (+22,8%), France 2 (+22,8%) et TF1 (+13,9%).
En 2012, Canal+ affiche le coût de grille des programmes le plus élevé du PAF (1.143,0 M€), notamment en raison du coût des droits de diffusion d'évènements sportifs.
En 2012, l’investissement des chaînes de télévision dans la production audiovisuelle aidée par le CNC s’établit à 797,6 M€. Les chaînes historiques demeurent les principaux contributeurs au financement de la production audiovisuelle avec 86,4 % des investissements totaux en 2012 dont 209,1 M€ pour France 3, devant TF1 (151,8 M€) et France 2 (150,6 M€).
De plus, l’apport des chaînes de télévision dans le financement des films agréés s’établit à 359,6 M€. L’investissement des chaînes nationales historiques augmente de 29,9 % à 310,6 M€ pour 3.8M€ pour les chaînes de la TNT.
Au total, l’investissement des chaînes dans le financement de la production audiovisuelle et cinématographique s'élèvent à 1.157,2 M€ en 2012 (vs 843,7 M€ en 2003).