BBC News Labs : une cellule dédiée à l'innovation média et au développement produit

Cet article est tiré d’un billet originellement publié sur media-innovation.news. Il est présenté dans le cadre d’un partenariat éditorial entre WAN-IFRA et Méta-Media. © [2018] Tous droits réservés.

Cellule d'innovation de l'audiovisuel public britannique, le BBC News Labs cherche à explorer des solutions innovantes pour améliorer le quotidien des journalistes dans les salles de rédaction, et travaille plus largement sur différentes thématiques liées à l'innovation média. 

Le BBC News Labs a été créé en 2012 comme extension du Connected Studio : le programme d’innovation transverse de la BBC. Il fait partie de la plus grande entreprise média au monde et dispose d’une équipe pluridisciplinaire dédiée à la création et au développement de projets mêlant journalisme, technologie et data.

Son objectif est d’évaluer les usages potentiels que la BBC et les médias en général pourraient faire des nouvelles technologies. Le Lab s’intéresse à la fois aux technologies déployées en interne au sein de la BBC et à l'extérieur de l'entreprise, tout en travaillant au plus près des différentes directions du groupe, notamment BBC Engineering et BBC Research and Development.

Une logique de partenariat

Le Lab a noué des relations fortes avec des organisations externes, des établissements universitaires, et d’autres MediaLabs :

« Le News Labs repose sur une logique de partenariat : nous sommes une organisation transverse de la BBC car nous sommes co-financés et issus d’une véritable collaboration entre différents départements du groupe. »

Main dans la main avec les départements BBC R&D, BBC Engineering ou encore BBC Connective Studio, le Lab analyse les projets de logiciels et autres prototypes pour s’assurer qu'ils répondent aux besoins concrets des journalistes et permettent d’améliorer la qualité des contenus que la BBC propose.

« L’avantage, c’est que nous faisons office de pont et que nous sommes vecteurs d’échange entre ces trois parties de la BBC qui d’ordinaire ne se parlent pas beaucoup - alors que de mon point de vue, c’est une nécessité », explique Robert McKenzie, membre du News Labs. « Il s’agit de tisser des liens avec le monde universitaire et d’autres acteurs de l’industrie pour s’assurer, qu’en ces temps de grands changements, la BBC s'inscrive dans une réflexion plus large sur l’information. »

Et pour maintenir le contact avec des partenaires externes et ainsi favoriser la collaboration, le Lab a mis en place #newsHACK, un événement de deux jours qui réunit les équipes des différents partenaires, y compris des universitaires et des étudiants, pour discuter des différentes problématiques auxquelles les médias sont aujourd’hui confrontés et explorer des pistes de solutions.

Pour se rapprocher des universités et des étudiants, le BBC News Labs organise aussi le University Challenge, au cours duquel des étudiants en journalisme et en informatique travaillent en binôme pour résoudre des problèmes spécifiques à la croisée des deux domaines.

De nombreux projets

Parmi les outils que le University Challenge a permis de lancer, on trouve notamment INJECT, un projet initié en 2017 par des professeurs de différents départements de la City University de Londres qui vise à développer des outils d'aide à la créativité numérique pour améliorer la qualité du journalisme d'information.

Rassemblant quatorze partenaires en Norvège, en Grèce, aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, INJECT cherche à exploiter pleinement les possibilités offertes par les nouvelles technologies numériques dans les entreprises médiatiques afin d’améliorer la créativité et la productivité des journalistes, et d’accroître à terme la compétitivité des entreprises médiatiques européennes. Ce projet à 1 million d’euros a reçu une subvention de la Commission européenne grâce au programme Horizon 2020.

Autre succès, le projet interne du News Labs, News Switcher, un logiciel qui fait désormais partie du système de production des contenus de la BBC. Accessible en ligne, il permet aux journalistes d’afficher la version du site de la BBC telle qu’elle s’affiche sur n’importe quel appareil (smartphone, tablette, desktop), dans n’importe quel pays ou aire géographique et permet ainsi d’optimiser les contenus publiés sur ces différentes versions.

D’autres projets sont actuellement développés par les quinze membres du Lab, parmi lesquels un logiciel de speech-to-text, des outils pour analyser les contenus avec un moteur de recherche, de la reconnaissance faciale et vocale, de l’analyse sémantique et un projet qui vise à réaliser des contenus orientés objet, c'est-à-dire la transformation des contenus audio et vidéo en « objets ». Il s’agit d’adapter les spécificités des contenus en fonction des capacités techniques et des qualités du terminal sur lequel ils sont consommés. Robert McKenzie donne plus de détails à propos de ce projet :

« Pour l’instant, lorsque vous préparez un contenu radio ou TV, vous assemblez tous les éléments en studio ou sur votre ordinateur : la vidéo, les graphiques, l’audio, les effets sonores, l’étalonnement, les sous-titres, etc. Vous réunissez tout ça et vous l’aplatissez dans un simple fichier. L’approche par « objets », c’est exactement l’inverse. »

Il précise que les rédacteurs « continueront d’assembler tous les éléments en studio ou sur leur ordinateur, mais que chaque élément sera un ‘objet’ à part entière ». Cela signifie que les effets sonores déployés, la qualité des images, etc. dépendront de l’appareil sur lequel le contenu est consommé.

Pour Robert McKenzie, « c’est comme si votre appareil disait ‘Je suis un grand téléviseur ultra-haute définition large de 55 pouces avec un excellent système son disposé dans un salon, alors je vais prendre la version haute définition avec les incroyables graphiques, les effets sonores à couper le souffle ainsi que toutes les couleurs et textures que la BBC produit.’ Mais si vous envoyez ce même programme à quelqu’un qui se trouve à l’extérieur avec son téléphone, celui-ci dira ‘Oh, je suis un mobile avec une connexion 3G, je ne peux pas voir la moitié de ces couleurs, je ne peux entendre aucun de ces effets sonores, je n’ai pas besoin de l’étalonnage, mais j’ai besoin des sous-titres’. Tout ceci s’assemblera alors de façon à correspondre au mieux à ce que l’appareil est en mesure de traiter. »

Regard sur l’avenir

Robert McKenzie n’a pas de contrainte sur les livrables à produire et le Lab dispose d’une vraie liberté pour explorer une multitude de projets. Néanmoins, il prévoit que le BBC News Labs continuera à travailler sur les projets en cours et se concentrera tout particulièrement sur le développement des contenus orientés objets.

 

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